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Les dessous de l’affrontement au Liban.








L’aut’journal, 13 juin 2007.


L’affrontement entre le groupe Fatah al-Islam et les forces armées libanaises dans les camps de réfugiés palestiniens dans le nord du Liban a défrayé la manchette au cours des dernières semaines. Les enjeux en ont été soigneusement camouflés par les médias.

Le groupe Fatah al-Islam est un groupe fondamentaliste sunnite majoritairement composé de non Palestiniens qui intervient dans les camps de réfugiés. Selon les rapports de presse, le nombre de membres du Fatah al-Islam s’élèverait à environ 150 à 200 militants, en majorité des combattants saoudiens, syriens, yéménites et marocains.

La riposte de l’armée libanaise apparaît complètement disproportionnée étant donné la faiblesse du Fatah al-Islam et a résulté en un nombre incalculable de victimes civiles.

Cet assaut disproportionné a reçu l’appui inconditionnel du secrétaire d’État américain, Condoleezza Rice. « Le gouvernement Siniora combat un groupe extrémiste particulièrement redoutable », a-t-elle déclaré en ajoutant que « le Liban fait ce qui est nécessaire pour protéger sa population, asseoir sa souveraineté et c’est pour cela que nous soutenons le gouvernement Siniora ».

Le gouvernement libanais a utilisé cette action contre ce petit groupe pour demander une assistance militaire de 280 millions aux États-Unis afin de mettre fin à ce qu’il a appelé de façon grandiloquente une « insurrection ».

Sean McCormack, le porte-parole du Département d’État, a déclaré que cette requête de 220 millions pour les forces armées libanaises et d’un autre 60 millions pour les forces de sécurité étaient prises en considération par Washington. L’an dernier, les États-Unis ont accordé une aide militaire de 40 millions $ au Liban auquel s’est ajouté un autre 5 millions jusqu’ici cette année.


Le Fatah al-Islam, une marionnette de l’Arabie saoudite.

De façon complètement erronée, les médias ont présenté le Fatah al-Islam comme une organisation lié au Fatah palestinien, une organisation non-confessionnelle fondée par Yasser Arafat.

Selon le journaliste américain Seymour Hersh, le groupe serait plutôt sous l’ombrelle de l’Arabie saoudite qui lui accorde un soutien financier et logistique, avec la complicité de l’administration Bush.

Seymour Hersh pointe du doigt « l’entente privée » intervenue entre des représentants du courant NéoCon aux États-Unis et le Prince Bandar bin Sultan d’Arabie saoudite, qui a travaillé étroitement avec George Tenet, le directeur de la CIA, lorsqu’il était ambassadeur saoudien à Washington.

Dans une entrevue au réseau CNN, le 21 mai dernier, Seymour Hersh déclarait : « Le joueur clef, ce sont les Saoudiens. Lorsque j’ai écrit à propos de cet accord privé intervenu entre la Maison Blanche, je parlais de Richard Dick Cheney et Elliott Abrams, un des principaux conseillers de la Maison Blanche, et du Prince Bandar bin Sultan, le conseiller saoudien pour la sécurité nationale.

«  L’objectif, précise Hersh, était d’obtenir un soutien - pour des opérations secrètes - de la part des Saoudiens à différents groupes radicaux djihadistes, plus précisément des groupes saoudiens au Liban, qui seraient des actifs dans le cas d’une confrontation avec le Hezbollah, le groupe chiite du sud Liban.

«  C’est aussi simple que cela, enchaîne Hersh. Les États-Unis soutiennent aujourd’hui les sunnites partout où ils le peuvent contre les chiites, que ce soit en Iran, en Syrie ou au Liban. Les États-Unis s’affairent à créer dans certains endroits, au Liban en particulier, une violence sectaire. »

Le soutien des Saoudiens à Fatah al-Islam fait partie d’opérations secrètes commanditées par les États-Unis similaires à celles menées en appui à Al-Qaeda par la CIA dans les années 1980.

Dans la même entrevue au réseau CNN, Seymour Hersh nous rafraîchit la mémoire : « Rappellez-vous que les États-Unis sont entrés dans la guerre en Afghanistan en soutenant Oussama Ben Laden et les Moujaheddins avec des gens comme Bandar et Elliott Abrams. Les Saoudiens avait promis qu’ils pouvaient contrôler les djihadistes et les États-Unis ont consacré beaucoup d’argent et de temps en soutien aux djihadistes. Nous faisons face au même pattern. Les Saoudiens soutiennent le Fatah al-Islam en promettant de pouvoir les contrôler. »


Vers l’occupation militaire du Liban par l’OTAN ?

Pendant que l’administration Bush accuse Damas de soutenir le Fatah al-Islam, il y a des signes que les tueries dans les camps de réfugiés palestiniens sont le résultat d’opérations militaires secrètes bien planifiées.

Depuis l’été 2006, à la suite des bombardements israéliens du Liban, les forces de l’OTAN sont présentes sur le territoire libanais et près des côtes de la frontière libano-syrienne. La résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies permettant le déploiement du contingent des forces de maintien de la paix de l’OTAN a été la première étape de ce processus qui a suivi le retrait des forces syriennes du Liban en 2005.

L’objectif de cette feuille de route militaire était de créer une violence sectaire au Liban qui fournirait le prétexte d’une intervention militaire pour « motifs humanitaires » des forces de l’OTAN avec un mandat formel de l’ONU. Cette intervention militaire humanitaire de l’OTAN en liaison avec Israël est une conséquence du retrait des troupes syriennes en 2005 et des bombardements israéliens de 2006. Si elle devait être lancée, elle pourrait conduire à une occupation de facto du Liban et à la mise en place d’un blocus économique dirigé contre la Syrie.

Les prétextes invoqués pour cette intervention militaire sont le soutien présumé de la Syrie à Fatah al-Islam et l’implication présumée de Damas dans l’assassinat de Rafiq Hariri. L’ « enquête » sur l’assassinat de Hariri tombe à point nommé pour fomenter un sentiment anti-syrien au Liban.

D’un point de vue militaire et stratégique, le Liban est la porte d’entrée de la Syrie. La déstabilisation du Liban s’inscrit dans les plans militaires des États-Unis, de l’OTAN et d’Israël contre la Syrie et l’Iran.

Les services secrets américains ont lâché leurs brigades islamiques, tout en accusant leur ennemi de commanditer ces groupes terroristes qui sont, en fait, soutenus et financés par l’Oncle Sam.

Michel Chossudovsky


- Source : L’ aut’journal http://lautjournal.info



La responsabilité de la politique étasunienne dans les nouveaux malheurs des Libanais, par Marie Nassif-Debs.



Liban : les Hariri financent « al-Qaeda », mais c’est pour la bonne cause, par Nidal.


Le bouclier étasunien anti-missile en Europe est un acte de guerre, par Noam Chomsky.

La guerre qui rode, par Vincent Présumey.





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