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Bad Gones et Free Tibet

Lors du match de football entre l’Olympique Lyonnais (OL) et le Football Club de Nantes du dimanche 24 septembre 2019, les Bad Gones, club de supporters de l’équipe locale, ont réalisé un « tifo » géant représentant le « drapeau tibétain ». Ils voulaient ainsi protester contre la programmation de ce match à 13 h 30, décidée par la Ligue de Football Professionnel (LFP) afin de le mettre en valeur en Chine où le championnat français est assez prisé. Comme on pouvait s’y attendre, France-Tibet s’est délecté de cet incident.

Qui sont ces Bad Gones ?

« Bad Gones » est le nom d’un club de supporters de l’OL, fondé en 1987 et fort d’environ 6 000 membres, qui ces dernières années s’est illustré par des comportements détestables.

Dans Le Monde du 24/09/2018, Maxime Goldbaum raconte qu’à l’occasion d’un match OL-OM (Olympique de Marseille), ces Bad Gones ont « distribué dans les tribunes un tract dépeignant la ville et les supporteurs de Marseille en des termes peu amènes, voire racistes (...) Ils y appellent notamment à se mobiliser contre la vérole sudiste (...) »

Quelques jours auparavant, après la rencontre Manchester City-OL, « encore un salut nazi parmi les supporters lyonnais », pouvait-on lire en titre d’un article de Bertrand Enjalbal dans l’édition du 20/09/2018 de Rue89Lyon du 19/09/2018. Ce n’était, hélas, pas une première : « Le 15 mars 2018, continue l’article, un policier avait été violemment lynché par des hooligans lyonnais. Durant le match, l’UEFA avait par ailleurs constaté des saluts nazis, des symboles nazis et l’agression d’un supporter de couleur (...). L’actualité récente est ainsi lourde dans les gradins du Groupama Stadium. Elle est toutefois malheureusement récurrente (...). »

Sur le site Olympique-et-Lyonnais, en date du 29/09/2019, Alexandre Ribeiro publie le « communiqué officiel » des Bad Gones, relatif à leur dernier exploit : « Si la vue de quelques drapeaux tibétains peuvent emmerder la LFP et son nouveau diffuseur sous contrôle de l’appareil d’État chinois pour lequel ce sujet est épineux, nous serons ravis de renouveler l’expérience. » On appréciera la franchise du propos, sinon sa vulgarité.

Mon propos n’est évidemment pas d’approuver ou d’excuser les dérives mercantiles du football, amenant à modifier les horaires d’une compétition pour des raisons financières. C’est un mal qui ne touche pas que le football : qu’on songe aux championnats du monde d’athlétisme qui ont dû se dérouler dans l’étuve de Doha, ce qui a nécessité l’installation d’une puissante climatisation, aussi dispendieuse que nuisible au climat. Et l’on peut comprendre l’énervement de certains amoureux des stades.

Ce qui, en revanche, n’est ni compréhensible ni admissible, c’est la brutalité, le racisme et la xénophobie qui caractérisent certains clubs de supporters parmi lesquels les Bad Gones – non moins que la complaisance de France-Tibet à leur égard.

De bien curieux parallèles

Comment France-Tibet et tous les adeptes « non violents » du dalaï-lama ont-ils accepté que la « cause tibétaine » soit associée à des individus pour qui le hooliganisme est un mode d’expression habituel ? Poser la question, c’est sans doute y répondre. Pour les adeptes du « Tibet libre », comme pour les Bad Gones, on a le sentiment que ce qui compte, c’est, veuillez m’excuser, d’« emmerder » la Chine. Et peu importe comment.

On se souvient de l’agression en avril 2008 dont fut victime à Paris, de la part d’activistes tibétains, une jeune athlète chinoise handicapée.

On sait aussi, ou on devrait savoir, que pour Kelsang Phuntsok, le président du Tibetan Youth Congress, « la violence n’est pas un tabou » (1).

On sait encore, ou on devrait savoir, que le nationalisme tibétain, sous couvert de la défense de la culture, a une fâcheuse tendance à flirter avec le racisme : ne plaide-t-on pas à Dharamsala pour la préservation des « entités génétiques » et ne déconseille-t-on pas les mariages mixtes afin de « garder pure la race tibétaine » (2) ?

Et que dire des amitiés jamais démenties du dalaï-lama avec des personnalités aussi peu fréquentables que les Henrich Harrer, Bruno Beger, Jörg Haider, etc. (3) ?

Est-il donc si étrange qu’il ne se soit trouvé aucun responsable tibétain, à notre connaissance, pour se désolidariser de supporters violents, racistes et pronazis ?

(1) Voir http://tibetdoc.org/index.php/politique/exil-et-dalai-lama/474-la-face...
(2) Voir http://tibetdoc.org/index.php/politique/geopolitique/481-le-nationalis...
(3) Voir http://tibetdoc.org/index.php/politique/exil-et-dalai-lama/240-dalai-l... et les articles pointus d’Albert Ettinger dans la rubrique « Histoire », sous-rubrique « 20ème siècle »

LGS : Une des premières écharpes des Bad Gones incluait la formule « Notre honneur s’appelle fidélité », référence explicite à « Meine Ehre heißt Treue », devise des SS (Wikipédia).

ENCOMPLEMENT

De Maxime Vivas
Les Bad Gones ont un train de retard. Les campagnes internationales "Free Tibet" ont vécu. Le dalaï lama a accumulé les déclarations contre productives (sur les femmes, sur la guerre en Afghanistan, sur Pinochet, sur l’homosexualité, etc.) et des scandales de viols de jeunes moines dans les monastères ont éclaboussé les robes safrans. Par ailleurs, les USA ont abandonné l’espoir de voir le Tibet se soulever pour rétablir une théocratie dont j’ai raconté dans un livre qu’elle était d’une cruauté inimaginable. Le dalaï lama ne remettra jamais les pieds au Tibet, d’autant plus que les armées étrangères auxquelles ce pacifiste fit appel pour lui rendre son trône ont définitivement dit non.
Les points chauds pour "emmerder" la Chine sont aujourd’hui le Xinjiang et Hong Kong. Faut suivre, voyons !

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Arundhati Roy - Capitalism : A Ghost Story (2014), p. 37

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