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Bolivie : Révolution dans les Andes - CounterPunch.





La prophétie de Castro s’accomplit par l’entrée de la Bolivie dans "l’Axe du Bien" de l’Amérique latine.


CounterPunch, 21 janvier 2006.


Un des évènements les plus significatifs de ces derniers 500 ans d’histoire en Amérique latine se déroulera en Bolivie ce dimanche par l’investiture d’Evo Morales, l’indien Aymara élu président. Il est déjà arrivé que des individus d’origine indienne accèdent à de niveaux élevés en Amérique latine. Mais l’élection écrasante de Morales est arrivée sur une vague de mobilisation indigène particulièrement puissante dans les pays de la région ; des élections cette année au Pérou et en Équateur pourraient bien voir de nouvelles victoires pour les mouvements indigènes.

The Rebellion of the Hanged [ trad. littérale "la révolte des pendus" - ndt ] est une des nouvelles de B. Traven écrites en 1936 et qui se déroule dans la jungle mexicaine. Dans ces histoires, les indiens passent progressivement de la révolte à la révolution, et c’est un peu cet esprit qui souffle sur l’Amérique latine. Les héritiers des civilisations pré-colombiennes ont dépassé le stade de "défiance" à l’égard de la démocratie "blanche" et sont à présent en train de passer à une étape historique. Et ils le font au moment où un des grands cycles économiques de Kondratiev balaient le continent comme un Tsunami. Le terrible impact des économies néolibérales rappellent le crash des années 30 qui provoquèrent des révolutions dans de nombreux pays en Amérique latine.

La victoire de Morales n’est pas uniquement le symbole d’une crise économique et d’une répression qui ne date pas d’hier. Elle accomplit aussi la prophétie de Fidel Castro qui avait déclaré que les Andes seraient la Sierra Maestra de l’Amérique latine - les montagnes cubaines qui ont accueilli pendant des siècles les rebelles noirs et métis ainsi que la guérilla de Castro dans les années 50. Sa prophétie fut défiée par les gouvernements étasuniens dans les années 60. Les gouvernements radicaux qui avaient été élus furent détruits par les forces armées - gardiens des états des colons blancs - soutenues par Washington. Des pays comme le Brésil, le Chili, l’Argentine et la Bolivie furent empêchés de suivre tout ce qui pouvait faire penser au chemin suivi par Cuba.

Aujourd’hui les règles ont changé. La guerre froide ne fourni plus d’excuse pour une intervention et les Etats-Unis sont déjà occupés ailleurs dans le monde. Le bulletin de vote, pour la première fois en Amérique latine, est devenu une stratégie pour les révolutionnaires et la majorité pauvre. Le résultat en Bolivie est l’élection d’un président qui invoque la mémoire des mineurs du Potosi et de Che Guevara, qui rêvait d’une marché commun socialiste en Amérique latine. La prophétie de Castro semble être sur le point de se réaliser alors qu’à 80 ans il se rendra en Bolivie pour savourer ce moment.

Une autre présence historique sera l’ombre de Simon Bolivar, le dirigeant indépendantiste du 19eme siècle qui lui aussi avait foi en la capacité des provinces des andes à changer la face de l’Amérique latine. Il chassa les espagnols des ces montagnes, et mena ses dernières batailles dans un pays qui prit son nom. Hugo Chavez, président du Venezuela, mentor de Morales et largement responsable de la canalisation de ce nouvel état d’esprit vers des chemins révolutionnaires, sera présent aussi ce fin de semaine. L’axe du Bien - comme l’appelle Morales- de Cuba, du Venezuela et de la Bolivie, est une énorme menace à l’hégémonie politique, économique et culturelle des Etats-Unis. Et c’est aussi un défi envers la gauche traditionnelle de l’Amérique latine, qui n’a jamais été très efficace dans la gestion des populations indigènes. A présent le représentant des fermiers, des mineurs, des producteurs de coca boliviens de souches ancestraux revêtira sera investi comme président et tentera de les intégrer dans la vie politique. Ils seront rejoints par des groupes plus ouvertement socialistes qui tirent leur légitimité d’un demi siècle de travail syndical - une alliance qui sera pour le moins aussi problématique pour le président que l’hostilité des Etats-Unis et des sociétés multinationales qui veulent exploiter le pétrole et le gaz bolivien. Ces dernières ne seront pas nationalisées mais devront certainement payer des royalties plus élevés.

Les faux espoirs sont monnaie courante dans l’histoire de l’Amérique latine, mais la puissance de la vague radicale semble indiquer que cette fois-ci, elle ne sera pas contenue, encore moins repoussée.

Richard Gott


Richard Gott is the author of "Hugo Chávez and the Bolivarian Revolution" and "Cuba : a New History" He can be reached at : Rwgott@aol.com..

- Source www.counterpunch.org/gott01202006.html

- Traduction Viktor Dedaj pour Cuba Solidarity Project<BR>
http://viktor.dedaj.perso.neuf.fr/html/

























[ La « guerre de l’eau » d’abord, et la « guerre du gaz » maintenant - qui est la vraie raison du conflit - font de la Bolivie un des pays les plus existants au monde. Un pays très moderne et d’avant-garde. Parce que c’est là que se joue la partie entre la mondialisation néo-libérale et la mondialisation des droits et des ressources humaines. ]
La guerre juste d’un pays à l’avant-garde, par Maurizio Matteuzzi.


Bolivie, 22 janvier : Les mineurs et les paysans escorteront le nouveau président.

Bolivie : « Les cocaleros au pouvoir... » selon le Monde, par Gérard Filoche.


Bolivie, 18 décembre : Evo Morales premier Président Indien ? L’Amérique Latine dit "No mas", par Jason Miller.

Bolivie, Notre Victoire, par Graciela Ramà­rez.

Une nouvelle vague révolutionnaire traverse la Bolivie, par Jorge Martin, + chronologie de la crise bolivienne.



Photos :

www.prensadefrente.org

http://bolivia.indymedia.org


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