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Courrier au médiateur du Monde, concernant le Venezuela

Paris, 19 avril 2014

Médiateur du Monde,
mediateur@lemonde.fr

Monsieur le médiateur,

Avez-vous conscience que votre quotidien accorde infiniment plus d’importance, en nombre de signes, d’articles, de pages (et de virulence) – examinez vos archives récentes, vous serez surpris du résultat ! –, à « la répression sans états d’âme » (28 mars) des étudiants et opposants vénézuéliens par le gouvernement de Nicolas Maduro qu’à (par exemple) la condamnation à mort, le 24 mars, de 529 partisans de l’ex-président égyptien Mohamed Morsi, pour des violences commises durant l’été 2013 ? C’est pourtant ce que tout lecteur du Monde, même moyennement attentif, peut constater. Curieuse disproportion...

Que votre collaborateur Paulo A. Paranagua mène une croisade personnelle et haineuse contre la gauche latino-américaine – et en particulier celle qui gouverne à Caracas, au terme d’élections reconnues par la communauté internationale – est son droit le plus strict. Qu’il entraîne Le Monde – en témoigne votre éditorial «  Les Vénézuéliens dans l’impasse du “chavisme” » (11 mars) – dans sa dérive obsessionnelle participe d’un pic de pollution médiatique particulièrement préoccupant.

Je ne reprendrai pas ici point par point la prose de votre « journaliste », tant il y faudrait de la place et du temps. Elle prête d’ailleurs parfois à sourire quand, par exemple, il présente l’opposant Teodoro Petkoff comme une « figure de la gauche » vénézuélienne : ministre du président néolibéral Rafael Caldera (1994-1999), celui-ci a été à l’époque l’architecte des politiques de privatisation et de démantèlement du système de sécurité sociale ! Sourire encore lorsqu’il s’enprend, régulièrement, aux excellentes relations du Parti des travailleurs (PT) et du pouvoir brésilien avec les gouvernements « socialisants » – rebaptisés par vos soins « populistes » – environnants : si je ne me trompe, ce n’est pas moi, mais bien Le Monde, qui a fait de Luiz Inacio Lula da Silva, en décembre 2009, « l’homme de l’année » (il est vrai qu’à l’époque, il fallait un « bon » chef d’Etat progressiste à opposer à Hugo Chávez, « le méchant ») ! Chávez disparu, la grande Internationale conservatrice peut désormais s’en prendre à la gauche modérée (qui, je le précise, et pas plus que ses homologues se revendiquant du « socialisme du XXIe siècle », n’est exempte de critiques, cela va de soi). Mais le problème n’est pas là... Il réside dans une manipulation grossière de l’information, destinée à transmettre une image désastreuse des pays de la région qui, tout en mettant en œuvre des politiques sociales et en réduisant considérablement la pauvreté, ne se soumettent ni aux dogmes néolibéraux ni aux desiderata des Etats-Unis, de l’Union européenne et de leur excroissance mutuelle, l’OTAN. Il réside, sous couvert de soutien au centre gauche, d’appuyer en sous-main la droite (ce qui, en démocratie, n’a rien de honteux), la droite radicale (ce qui est déjà plus problématique) et même l’extrême droite (ce qui est proprement scandaleux).

Le Venezuela connaît des difficultés économiques réelles – inflation de 56 % (plus de 1000 % en 1996 !, soit dit en passant), insécurité et pénuries (démultipliées par un sabotage économique bien réel lui aussi, bien qu’occulté par votre quotidien). Depuis début février, le président Nicolas Maduro fait face à de violentes manifestations « d’opposants et d’étudiants » « durement réprimées » (vos éditions des 3, 16 et 17 avril, pour ne citer qu’elles). De fait, dans un contexte de violence qui, à l’heure où j’écris, a malheureusement fait quarante et une victimes, on notera que, au 31 mai, la justice vénézuélienne avait déjà ouvert 81 enquêtes concernant les excès des forces de l’ordre – 75 pour mauvais traitements, 2 pour torture et 4 pour assassinats –, dix-sept agents étant détenus. Toutefois, un journaliste professionnel digne de ce nom attirerait également l’attention sur le fait que sept des victimes sont des gardes nationaux (l’équivalent de nos CRS) ou des policiers (la majorité tués par balles) ; que huit des civils décédés ont été atteintspar des tirs de l’opposition, alors qu’ils contestaient, fuyaient ou tentaient de déblayer les barricades ; que six doivent leur mort aux obstacles ou aux fils de fer barbelés tendus dans les rues par les groupes de choc de ce qu’un témoin objectif qualifierait de « guérilla urbaine », etc, etc. Quand le diable se cache dans les détails, mieux vaut évacuer les détails, estime sans doute Paulo A. Paranagua...

Mais vos lecteurs sont trompés.

« Aucun manifestant n’a été arrêté avec une arme de poing », peut-on lire sous la plume de cet « envoyé très spécial » (3 avril)... Les agents des forces de l’ordre tués par balles l’ont donc vraisemblablement été avec des fusils de bois, des pistolets à eau ou à bouchons ! D’ailleurs, l’affirmation s’est révélée quelque peu prématurée : détenu alors qui dirigeait les « guarimbas » à San Cristobal, « épicentre des manifestations », Gabriel Alejandro Reyes est sous le coup d’un mandat d’arrêt d’Interpol pour... narcotrafic. Curieux étudiant ! Mais pourquoi Le Monde devrait-il mentionner les liens entretenus par certains des manifestants de cet Etat du Tachira avec les paramilitaires colombiens ? Ou même la présence de délinquants, rémunérés, au cœur des manifestations ?

Je me permets d’insister : est-il tout à fait secondaire que l’une des figures de proue de ce mouvement « pacifique » et « démocratique » que vous soutenez ostensiblement, le dirigeant étudiant Laurent Saleh (bien qu’il ait terminé ses études depuis longtemps !), ait assisté, le 6 juillet 2013, à Bogotá, en tant que représentant de l’ « opposition vénézuélienne », à une réunion politique organisée par un mouvement fascisant, l’Alliance nationaliste pour la liberté, en présence de Diego Cubillos, comandante de Troisième force, une organisation néo-nazie opérant dans la capitale et d’autres grandes villes de Colombie ? Comme l’a rapporté l’un de vos confrères d’El Espectador (21 juillet 2013), Saleh a déclaré à cette occasion : « Je viens vous dire que nous avons besoin de votre appui et que vous avez le nôtre ». Vous l’ignoriez ? Cela ne me surprend pas, si vous ne lisez que la prose de Paulo A. Paranagua ! Sa priorité réside dans la criminalisation des organisations populaires vénézuéliennes, en reprenant la propagande de l’extrême droite sur les fameux « collectifs » chavistes qui sèment la terreur en touteimpunité (on prétendait la même chose des « cercles bolivariens », avant avril 2002, pour justifier le coup d’Etat en gestation).

Puisque j’ai rapidement évoqué la Colombie, permettez-moi une digression (les vacances de Pâques nous accordent un peu de temps !). Ne serait-il pas possible que Marie Delcas, votre correspondante à Bogotá, s’intéresse d’un peu plus près aux événements se déroulant dans ce pays ? On la sent certes passionnée par ce qui se passe de l’autre côté de la frontière : « Au Venezuela, pénurie et petits trafics en série » (12 mars) ; « Nicolas Maduro ne cesse de conforter l’emprise des militaires sur le Venezuela  » (25 février) ; « Au Venezuela, les municipales deviennent un plébiscite » (7 décembre 2013) ; « Nicolas Maduro mobilise l’armée contre l’inflation » (14 novembre 2013 ; « Le Venezuela empoisonné par l’insécurité » (2 avril 2013) – j’en passe, et des meilleurs (façon de parler !), sans toutefois oublier « Les dessous chics de la révolution bolivarienne » (29 mai 2009) ou « Démocratie participative à la Chávez » (20 avril 2007). Curiosité fort légitime, lorsqu’on a compris la priorité qu’accorde Le Monde à la stigmatisation de la « révolution bolivarienne » (bien que Delcas se montre moins caricaturale que Paranagua, ce qui, entre nous, n’est pas trop compliqué). Mais, à trop baguenauder dans le pays voisin, votre correspondante en oublie ce qu’un naïf pourrait considérer comme sa priorité : informer sur la Colombie. Certes, cette terre infiniment moins violente que le Venezuela « populiste » !!! ne mérite guère qu’on s’attarde sur elle, mais je n’en note pas moins que jamais vos lecteurs n’ont été informés, par un article détaillé ou une enquête fouillée, sans même demander qu’elle soit exhaustive, sur :

1) la découverte à La Macarena, en décembre 2009, d’une fosse commune contenant les corps de 1500 à 2000 paysans, syndicalistes, militants, opposants politiques assassinés par les paramilitaires et une unité d’élite de l’armée (imaginez une seconde qu’on ait trouvé un tel charnier au Venezuela... vous auriez mobilisé toute la « une » et doublé votre pagination !) ;

2) le scandale de la parapolitique (liens d’environ un tiers des membres du Congrès avec les paramilitaires) ;

3) le scandale des « faux positifs » : exécutions extra-judiciaires de civils ultérieurement revêtus de tenues de combat pour les présenter comme des guérilleros éliminés lors d’affrontements armés (plus de 1300 victimes identifiées) ;

4) la condamnation (décembre 2012) à treize ans de prison, aux Etats- Unis, pour narcotrafic, du général Mauricio Santoyo, chef de la sécurité et homme de confiance du président Alvaro Uribe au palais de Nariño ;

5) l’assassinat de plus de trente militants de la Marche patriotique, depuis la naissance de ce mouvement social, en octobre 2012 ;

6) la récente affaire de corruption touchant l’armée (fausses factures, détournement de matériel, trafic d’armes se chiffrant en millions d’euros).

Par action ou par omission, en taisant tous ces événements (d’autres parleraient de crimes d’une extrême gravité), Le Monde donne un sacré coup de pouce à l’extrême droite colombienne. J’ose espérer qu’il s’agit-il là d’un effet secondaire non désiré... Mais, dans ces conditions, et puisque Marie Delcas est monopolisée par les avanies du sulfureux régime « chaviste », pourquoi ne nommeriez-vous pas un correspondant à Caracas, qui, lui, pourrait s’occuper des deux ou trois bricoles tout à fait anodines qui se déroulent en Colombie ?

En bref, et revenant au Venezuela...

– La Conférence des évêques vénézuéliens (largement citée dans votre édition du 17 avril) « dénonce la promotion d’un gouvernement de type totalitaire » : le 12 avril 2002, lors du coup d’Etat contre Hugo Chávez, c’est par un décret contresigné par la hiérarchie de l’Eglise catholique, représentée par le cardinal José Ignacio Velasco, que le patron des patrons Pedro Carmona s’est emparé (pour quelques heures) de tous les pouvoirs, a dissout les institutions démocratiques et a déchaîné la répression contre les dirigeants de la « révolution bolivarienne ». La formule « persiste et signe » m’aurait paru assez adéquate pour commenter l’attitude de cette noble institution.

– « Aux élections législatives de 2010, les opposants étaient majoritaires en voix, à défaut de l’être en nombre d’élus » (16 et 17 avril, Paranagua ayant une fâcheuse tendance à rabâcher) : ici, la réalité est « trafiquée ». Le 26 septembre 2010, avec un taux de participation élevé (66,45 %), les candidats du Parti socialiste uni du Venezuela (PSUV) ont rassemblé 5 399 574 voix contre 5 312 293 pour l’opposition (Plateforme d’unité démocratique ; MUD), soit 46,23 % des suffrages exprimés contre 45,48 %. L’ « arnaque » de la droite, reprise par votre employé, a été de s’attribuer le chiffre farfelu de 52% des suffrages en rajoutant à ses voix celles du parti Patrie pour tous (PPT), une formation de gauche critique (mais qui ne s’est jamais revendiquée de droite !) – qui, depuis, a d’ailleurs rejoint le camp chaviste.

Par ailleurs, quitte à évoquer les rendez-vous électoraux, pourquoi ne pas mentionner les deux derniers résultats (hors présidentielles) qui, lors des régionales du 16 décembre 2012, ont vu le PSUV triompher dans vingt des vingt- trois Etats du pays et, à l’occasion des municipales du 8 décembre 2013 – que l’opposition prétendait transformer en plébiscite –, remporter, avec ses alliés du Grand pôle patriotique (GPP), 76,42 % des municipalités, avec 54 % des voix contre 44 % (dix points d’écart) à l’opposition ?

« Maria Corina Machado, l’étoile montante de l’opposition (a été) déchue de son mandat de député pour avoir dénoncé les violations des droits de l’homme devant l’Organisation des Etats américains (OEA) à Washington » (16 avril) : on pourrait – on devrait ! – raconter l’histoire autrement... Le 21 mars, si M.C. Machado a pu s’exprimer devant le Conseil permanent de l’OEA – qui, réticent, n’a accepté de l’écouter qu’à huis clos – pour dénoncer son gouvernement et exprimer son soutien aux violences de l’opposition, c’est parce que le Panamá, aligné sur Washington et très hostile à Caracas, l’a accréditée en tant que représentante (une charge d’ambassadrice auxiliaire !) de la délégation du Panamá. Dès lors, la députée a violé l’article 149 de la Constitution vénézuélienne qui stipule : « Les fonctionnaires publics ne peuvent accepter de charges, d’honneurs ou de récompenses de gouvernements étrangers sans l’autorisation de l’Assemblée nationale. » La Constitution, vous avez dit la Constitution ? Oui, cela existe aussi au Venezuela.

« Maria Corina Machado (...), comme d’autres opposants (entre autres Leopoldo López) était partisane de reprendre la rue aux chavistes sans attendre les législatives de 2015. Leur idée ? Pousser dans les cordes M. Maduro, favoriser une “issue pacifique et constitutionnelle” : un mensonge de la taille du soleil ! En dirigeants de la droite « radicale » ayant personnellement participé à la tentative de coup d’Etat de 2002, Leopoldo López, Antonio Ledezma et María Corina Machado ont annoncé vouloir provoquer « le naufrage du régime ». Dès lors, c’est avec un slogan particulièrement explicite – « la salida » (« la sortie ») – que l’un et l’autre, cherchant à provoquer un chaos débouchant sur la démission du président Maduro, ont appelé à l’insurrection – laquelle, à Caracas, Paranagua oublie ce détail, se cantonne aux beaux quartiers (qui, d’ailleurs, commencent à sérieusement s’en fatiguer). Même si cela ne transpire pas dans vos derniers articles, sous l’égide de l’Union des nations sud-américaines (Unasur), une partie de la droite vénézuélienne négocie actuellement une (difficile) sortie de crise avec le gouvernement et a même, trahissant Paranagua et les siens, « condamné explicitement et clairement toute forme de violence », comme l’a déclaré, ce 17 avril, le ministre des Affaires étrangères équatorien, Ricardo Patiño.

Avant de terminer, car il ne serait pas raisonnable de reprendre toutes les manipulations relevées dans vos colonnes – le Venezuela n’étant pas seul concerné –, permettez moi de mentionner un point non dépourvu de signification.

Dans tous ses articles, je dis bien TOUS ses articles – si vous en avez le courage, relisez-les – Paulo A. Paranagua nous parle du « lieutenant-colonel » Hugo Chávez et du « capitaine » Diosdado Cabello. Curieux : l’un et l’autre ont quitté l’armée en 1994, il y a vingt ans ! Au cas où vous ne saisiriez pas l’intérêt du procédé, je vais vous l’expliquer : il s’agit de la formule qu’utilisent les médias vénézuéliens d’opposition (El Nacional, El Universal, Tal Cual, etc.) pour désigner, depuis 2002, feu le « président » Chávez et l’actuel « président de l’Assemblée nationale », exprimant ainsi qu’ils leur dénient la légitimité et le titre que les élections démocratiques et la Constitution leur ont pourtant octroyé. Tout en rappelant de façon subliminale la tentative de coup d’Etat à laquelle ils ont participé, le 4 février 1992, en omettant de rappeler l’une de ses causes, la terrible répression, trois ans auparavant, d’un soulèvement populaire – le caracazo – qui a fait, selon les sources, entre 300 et 3000 morts (voire même davantage), sous les auspices d’un président social démocrate, Carlos Andrés Pérez, ultérieurement destitué pour corruption. A défaut du prix Pullitzer ou du prix Albert Londres, Paulo A. Paranagua peut donc postuler avec les plus grandes chances de succès au Prix franco-vénézuélien de la connivence et du « copier-coller ».

Néanmoins, cette dernière démarche amène une réflexion. Puisqu’il se plaît à figer, selon son bon vouloir, tel ou tel dans son passé lointain, pourquoi votre collaborateur ne s’appliquerait-t-il pas cette règle à lui-même ? Ainsi, au nom de Paulo A. Paranagua, journaliste, pourrait-il substituer la mention comandante Saúl, pseudonyme qu’il utilisait au sein de l’organisation armée Parti révolutionnaire des travailleurs - Fraction rouge (PRT-FR) lorsque, le 21 mai 1975, en Argentine, il fut arrêté, après une série d’actions que, par pudeur et omettant de les détailler, nous qualifierons de particulièrement musclées (1). Très chanceux – et il y a lieu de s’en féliciter sans aucune arrière-pensée –, Paranagua, en pleine dictature, bénéficia d’un non-lieu et sortit de prison en 1977. Comme Chávez – « le lieutenant-colonel » – et Cabello – « le capitaine » – , qu’il semble tant mépriser, l’ont fait en 1994, dans d’autres circonstances, à leur tour amnistiés.

Cher Monsieur, au début des années 1970, en menant une campagne de haine et de mensonges, le quotidien chilien El Mercurio, a préparé l’opinion de ce pays au coup d’Etat qui, finalement, a bien eu lieu, le 11 septembre 1973, contre le président Salvador Allende. Par son actuelle ligne éditoriale, Le Monde s’inscrit désormais, à l’échelle internationale (et il n’est malheureusement pas le seul), dans cette « glorieuse tradition ». Si, demain, sous une forme ou sous une autre, le président Nicolas Maduro est « sorti » du pouvoir par des voies nonconstitutionnelles, le public français – ou, pour le moins, votre lectorat – n’y verra que du feu, votre version des faits ayant préalablement soigneusement préparé l’opinion à un tel dénouement.

Je vous prie d’agréer, monsieur le médiateur, l’expression de mes sentiments atterrés, attristés – car c’est tout de même du Monde dont il s’agit – , mais aussi excédés.

Maurice Lemoine *

* Abonné parisien, auteur de Chávez presidente (Flammarion) et Sur les eaux
noires du fleuve
(Don Quichotte).

(1) « La policía desbarató una vasta organización subversiva que respondía a instrucciones de la Cuarta Internacional », La Razón, Buenos Aires, 22 mai 1975.

COMMENTAIRES  

19/04/2014 19:38 par V. Dedaj

Paranagua se montre digne héritier de ses prédécesseurs Bertrand De La Grange et Marcel Niedergang en matière de "militantisme". Je n’oublie pas les 4 pages de De La Grange sur le "génocide des indiens Miskitos" au Nicaragua... ni son livre réglements de comptes contre le Cdt Marcos, etc, etc.

Que faire si vous lisez le journal "Le Monde" ?
http://www.legrandsoir.info/que-faire-si-vous-lisez-le-journal-le-monde.html

20/04/2014 03:48 par Juan Manuel Cuesta

Paulo A. Paranagua est un militant avant d’être un journaliste, c’est une évidence. Mais on pourrait dire exactement la même chose de Maurice Lemoine, journaliste au Monde Diplo auquel je suis abonné (comme je le suis au Monde). Et quand il fait reproche au Monde de donner beaucoup plus de place à la répression au Venezuela qu’à celle, bien plus sanglante, en Egypte il oublie que Le Monde Diplomatique consacre, depuis des lustres, bien plus de place à la guerre et à la répression en Palestine qu’à tout autre conflit aussi sanglant soit-il, comme par exemple celui du Darfour qui a fait en 10 ans 20 fois plus de victimes que celui entre Israël et les Palestiniens en 60 ans. Par ailleurs, si Paranagua est aveuglé par la détestation, Maurice Lemoine, lui, l’est par l’amour. Et sous sa plume je n’ai pas encore lu l’explication des amitiés étroites entre le bolivarisme et des régimes aussi peu engageants que celui de Minsk, Harare, Damas et Pyongyang, entre autres. A moins que le dit bolivarisme applique cette magnifique règle très en vogue chez certains altermondialistes : l’ennemi de mon ennemi est (forcément) mon ami. Bien à vous.

20/04/2014 11:13 par Dwaabala

Il est difficile de laisser passer sans rien dire la réaction (au sens personnel mais aussi politique) de @ Juan Manuel Cuesta.
M. Lemoine est un abonné au journal "Le Monde", qui écrit à sa modération au sujet de son

collaborateur Paulo A. Paranagua [qui] mène une croisade personnelle et haineuse contre la gauche latino-américaine

Sans aller sur le fond des réalités vénézuéliennes et colombiennes, la fausseté de l’argument du commentaire de l’autre abonné @ Juan Manuel Cuesta réside dans l’assimilation controuvée de deux niveaux : celui de la ligne politique d’un quotidien entretenue en particulier par la voix de son collaborateur Paulo A. Paranagua qui

est un militant avant d’être un journaliste (dixit @ Juan Manuel Cuesta)

et celui de la protestation d’un lecteur qui n’est même plus un rédacteur du "Monde diplomatique" . C’était une première remarque.

Ensuite, au sujet de "l’excès d’amour supposé" de M. Lemoine, il faut noter que dans la lutte de deux camps, ici l’impérialisme contre l’aspiration des peuples à leur indépendance, @ Juan Manuel Cuesta ne semble pas s’offusquer des alliances du premier avec des régimes qui n’ont rien de particulièrement ragoûtants, et de leur satellisation massive, pour s’en prendre aux seconds qui s’accrochent aux branches qu’ils trouvent.

20/04/2014 11:27 par V. Dedaj

@ Juan Manuel Cuesta

Renvoyer dos-à-dos Lemoine et Paranagua, c’est du pur "trollisme" - et une mode de pensée assez typique d’un lecteur du Monde (on dirait que le titre leur monte à la tête). Et la tentative de bottage en touche finale totalement hors sujet.... Bien joué, mais non.

Le rapport entre Darfour et Palestine ? Zéro. Entre le Venezuela et la Colombie ? Une mince frontière, assez poreuse. Si vous ne savez plus faire la différence entre choix et déontologie, vous avez un sérieux problème.

PS : Paranagua a déjà été pris la main dans le sac en train de bidonner des articles (faux reportages à la Havane) - comme ses prédécesseurs. Sa technique journalistique relève du faux et usage de faux. Et concernant l’amérique latine au moins, ca fait des dizaines d’années que ça dure. Le parti pris systématique des "responsables amérique latine" du journal le Monde, leurs faux, leur agressivité antigauche, etc.

En fait, tout chez eux tend à faire penser qu’ils étaient ou sont des "honorables correspondants...".
En ce qui me concerne, j’en suis convaincu.

20/04/2014 12:38 par triaire

Lemoine ne se trompe pas sur ce qu’est devenu Le monde, journal de référence hier quand je passais mon bac, en 1964-1965 ;c’est devenu un torchon quasiment que je ne lis plus qu’avec des pincettes chez mon dentiste, chez mon médecin..
Tout ce qui est un tantinet progressiste dégoute Le Monde qui préfère parler de Le Pen que des gens de gauche .
Les attaques contre le Vénézuéla sont du même ordre et des mêmes auteurs que " les révolutions orange " qui ont toutes lieu autour de la Russie ou des sources pétrolières !
A part BHL et ses affidés, je pense que aucune personne qui lit et qui a le sens critique très affuté par rapport à la propagande Etasunienne, ne s’interesse plus à ce machin .

20/04/2014 13:45 par Dominique

Juan Manuel,
Libre à vous de qualifier de régimes les gouvernements de n’importe quel pays. On sait tous comment ça commence, l’occident dit que tel gouvernement est un régime, et à la première occasion soit il organise un coup d’état soit il lâche ses fous de guerre. Il se trouve que des pays comme le Venezuela ne suivent pas la même politique, pour eux être indépendant signifie aussi ne pas s’ingérer dans les affaires des autres. Au contraire, pour l’occident et une certaine gauche, être indépendant signifie avoir le droit de s’ingérer dans les affaires des autres. On peut voir le résultat en Libye : 150’000 morts en 6 mois pour tuer sans le juger un seul gars, et cette guerre dite humanitaire n’est pas finie.

Dans les pays que vous citez, il y a le cas de l’infâme Corée du nord. Que je sache ce n’est pas la Corée qui à envahit l’Europe ou les USA au lendemain de la deuxième guerre mondiale, mais bel et bien les occidentaux qui ont envahit la Corée. De même que ce sont bien les occidentaux qui ont livré une guerre sans merci contre la Corée du nord, guerre pendant laquelle ils ont déversé sur ce demi pays plus de bombes que pendant toute la deuxième guerre mondiale. Je vous laisse imaginer les destructions dont ni Le Monde ni Le Monde diplo ne vous ont parlé. Une guerre pour rien vu que les coréens n’ont pas réussi à se débarrasser des occidentaux et que les occidentaux n’ont pas réussi à battre un demi pays. Par contre depuis, les mêmes occidentaux représentés sur place par l’armée US n’ont cessé de masser des armes de destruction massive à la frontière entre les deux demis pays. Ce sont des faits têtus, et plutôt que de juger un pays que je ne connaît pas autrement que par la propagande de guerre des pays occidentaux, et quelques documentaires dont peu ont été tourné sur place, je préfère juger les connards qui en occident continuent à condamner des pays qui ne leur ont jamais rien fait.

La Corée du Nord ne nous a jamais rien fait. Ce sont les occidentaux qui ont bombardé Pyongyang, alors que les coréens n’ont jamais bombardé les Champs Elysées ou Wall-Street. En fait les occidentaux ont foutu la merde sur toute la planète. À l’école occidentale on nous dit que c’est la renaissance, parce que chut, les tyrans et les dictateurs ce sont les autres, comme cet affreux romain nommé Brutus et cet autre nommé Caligula, mais notre empire capitaliste et ses armes de destruction massive n’est pas une dictature. D’abord on l’appelle pas empire mais démocratie, et de toute façon hier comme aujourd’hui, ceux qui ne sont pas d’accord avec nous ne sont que des singes et pas des êtres humains, donc ils ne comptent pas. Et non nous ne sommes pas racistes, la preuve pour nous tous les singes ne sont pas noirs, non, il y a aussi les pauvres, les plus nombreux, puis il y a les pédés, les musulmans, les.., en un mot les autres.

Ce qui nous amène à l’internationalisme. Certains à gauche ont une vision de l’internationalisme qui est une négation coloniale de l’internationalisme. Nous soutenons le Venezuela, mais à la condition que ce pays ne reçoive pas telle ou telle personnalité étrangère que nous n’aimons pas. Voilà toute l’hypocrisie d’une certaine gauche qui n’a pas la franchise de dire : « Allez-vous faire foutre avec votre bolivarisme et la révolution sociale qu’il porte ! » Une gauche qui se cache derrière des faux prétextes pour ne pas faire son travail, une gauche qui confond distribution de bons et de mauvais points de lutte avec lutte des classes, une gauche qui se regarde le nombril en se gargarisant de principes qu’elle est incapable de mettre en pratique.

En effet, être solidaire du Venezuela, de Cuba, des travailleurs libyens en lutte pour leur survie, des ouvriers ukrainiens en lutte contre le fascisme et le nazisme célébrés dans leur pays par l’occident, ou des ouvriers nord-coréens dont le véritable ennemi aujourd’hui n’est pas le régime stalinien du pays mais l’occident qui rêve toujours d’envahir le nord, n’a jamais signifié mettre des bons et des mauvais points aux luttes des autres, mais a toujours signifier mener ici et maintenant nos propres luttes de classe, nos propres luttes solidaires des luttes des autres.

La révolution mondiale sera l’union des luttes locales ou ne sera pas. Chavez l’avait très bien compris avec son appel à une cinquième internationale. Pour lui, la théorie doit être mise en pratique, et le seul moyen pour dépasser nos querelles théoriques est de se mettre d’accord sur des buts pratiques. La Cinquième Internationale est d’abord un appel à la mise en pratique des théories que la gauche agite depuis 3 siècles. Je ne suis pas du tout surpris du peu de succès de cet appel en occident car toute la pratique de la majorité de la gauche de nos pays consiste uniquement à monopoliser le discours politique, c’est à dire a étaler sans fin les divisions de la gauche autour de ses multiples théories, et quand un mouvement comme les alter-mondialistes réussit quand même à émerger, ils se précipitent comme des vautours pour l’étouffer et le faire rentrer dans le rang : dans la plus grande manif de l’histoire, celle contre la guerre en Irak, le mot d’ordre des organisateurs comme Attac, les syndicats et les communistes fut "Rentrez bien chez vous !"

Cette manif fut l’acte de décès de l’altermondialisme, et c’est bien à une certaine gauche que nous le devons, à une gauche qui est institutionnelle avant d’être à gauche, à une gauche qui ne lutte que pour une chose : que ces élus conservent le monopole de la pensée politique et tous les avantages qui vont avec, une gauche qui traite de dictature un pays où ce ne sont pas les partis qui nomment les candidats aux élections mais les citoyens dans leurs quartiers et dans leurs lieux de travail, un pays où ces mêmes citoyens peuvent limoger en tout temps n’importe quel élu. Une gauche qui est l’antithèse de la gauche et des valeurs qu’elle prétend défendre, une gauche pour laquelle internationalisme rime avec colonialisme, une gauche que je vomis car chaque fois que je l’ai vue à l’œuvre, elle faisait le sale boulot de la droite. Voilà où en est la majorité de la gauche occidentale : c’est une droite qui n’ose pas le reconnaître, et ceci y compris et à commencer par sa dialectique.

Vous avez raison sur une chose : l’ennemi de mon ennemi n’est pas forcément mon ami, mais je crois que tout le monde sait très bien se situer par rapport à cette lapalissade. La gauche est l’ennemie de la droite, mais chaque fois que j’ai milité, mon principal ennemi ne fut pas la droite, généralement bien plus pragmatique, mais la gauche. Face à la droite, la lutte se limite généralement à un rapport de force : si tu es seul elle te pisse dessus, si on est beaucoup elle négocie. La gauche c’est plus faux-cul. Elle te fait des beaux sourires par devant et par derrière, elle ne perd pas une occasion pour t’enculer. Et son obsession n’est pas la lutte des classes mais de tout contrôler, à commencer par les luttes des autres. Ayant compris ça et d’autres choses, au lieu de critiquer le Diplo pour nous montrer la Palestine, je préfère joindre ma voix à celle de Maurice Lemoine et critiquer le Monde et les autres médias pour nous montrer des peoples réactionnaires comme BHL ou Leopoldo López quand ils parlent de la Palestine, de l’Ukraine ou du Venezuela.

Quand au fait que le Monde Diplomatique parle beaucoup de la Palestine, je ne peux que le féliciter. Le sionisme est apparu sur la scène politique vers 1860, en même temps que les premières revendication identitaires des palestiniens. Car contrairement aux autres maitres de la Palestine qui se contentaient d’y installer une garnison et d’y prélever un impôt, le projet sioniste est dés l’origine complètement différent et il se heurte frontalement aux habitants de la Palestine qui ne veulent pas se laisser dépouiller de tout par des étrangers. Puis le premier kibboutz anarcho-communiste fut fondé en 1923. Ceci représente non seulement le début de la colonisation forcée de la Palestine ainsi que la création de groupe terroriste comme l’Irgoun et la Haganna qui allaient donner Tsahal, mais aussi le début de la plus grande escroquerie intellectuelle de la politique occidentale : identifier à gauche ce qui n’est rien d’autre qu’une entreprise brutale et criminelle de colonisation.

Dés les premiers kibboutz, des responsables et des militants de toute la gauche occidentale se sont rendus en pèlerinage dans ces postes de l’avant-garde de la colonisation de la Palestine que sont les kibboutz de la même façon que les musulmans se rendent en pèlerinage à la Mecque, ou que les chrétiens se rendent à Rome ou à Lourdes. Et aujourd’hui cette même gauche essaie de nous faire croire que l’internationalisme consiste à nier les luttes locales, comme les sionistes nient l’existence du peuple palestinien dés leur formation vers 1860, et elle se garde bien de nous dire comment, sans lutte locale, elle pourrait bien faire une révolution, même une minuscule !

L’internationalisme n’a jamais été nier les luttes des autres mais au contraire c’est développer ici et maintenant nos propres luttes. Et ceci ne se fera jamais en critiquant les autres, mais en se mettant d’accord, ici et maintenant, entre personne de bonne volonté, sur des objectifs concrets.

21/04/2014 00:01 par Marie CT

Merci, " Dominique" !
Merci, Maurice Lemoine !

Parfois la longueur épuise, mais là elle dynamise.
On en veut encore.
On n’attend que ça : de la clarté, des évidences, des masques arrachés.

Et où trouver cette chance, ailleurs que dans le Grand Soir ?
Ce n’est pas du fayotage, c’est une vraie question.

21/04/2014 02:54 par Juan Manuel Cuesta

@Dwaabala, qualifier Maurice Lemoine de simple lecteur abonné du Monde est pour le moins osé. @Triaire, soyez sérieux, chez quel dentiste trouve-t-on le "torchon" Le Monde ? @Dedaj, aucun rapport entre Darfour et Palestine ? Vous avez raison, dans un cas ce sont des centaines de milliers de victimes dans la plus grande indifférence, dans l’autre la répression mobilise toute la gauche de la gauche. Parce que si c’est l’injustice qui mobilise, et notamment celle dont sont victimes les musulmans (les Darfouris le sont, mais ils sont noirs, pas arabes) il y a de quoi faire partout dans le monde : en Chine, en Tchétchénie, mais aussi en Birmanie, et finalement on en est à se demander si ce n’est pas le fait que ce soit Israël qui tient le manche en Palestine qui mobilise. Après le massacre Sabra et Chatila des mains des milices chrétiennes avec la complicité active de l’armée israélienne (comme vous le constaterez je n’ai aucun problème quand il s’agit de dénoncer ce qui est abominable), la planète entière, indignée, se mobilisa, même en Israël où l’on assista à la plus grande manif de l’histoire de ce pays. Quelques années plus tard, Saddam gaza des villages kurdes faisant des milliers de victimes et pour répondre à cette barbarie pas la moindre manifestation. Vous trouvez ça normal ? Pas moi ! Et c’est d’ailleurs à cette occasion que j’ai rompu intellectuellement avec cette gauche. Ce qui ne fait pas de moi un suppôt de l’impérialisme ou un laquais du PS. Les choses, voyez-vous sont bien plus complexes que votre vision binaire. Et si vous tenez tant que ça à parler de colonialisme je vous recommande la lecture du Génocide voilé de l’historien sénégalais Tidiane Ndiaye. Vous y apprendrez énormément sur ce que les Arabes firent subir aux populations noires sous leur joug. Et les mêmes Arabes, partis de la péninsule arabique, sont maintenant installés sur plus de 10 millions de km2. Mais peut-être croyez-vous que cela s’est fait dans la douceur. Alors les 22000 km2 d’Israël (27000 avec les territoires occupés) que vous considérez probablement comme usurpés dans leur totalité c’est de la gnognotte en comparaison. Ce qui ne justifie en rien l’injustice dont sont victimes les Palestiniens, je m’empresse de le dire au cas où vos douteriez de mon engagement pour les Droits de la personne partout où ils sont bafoués. Je ne défends pas Paranagua que je n’apprécie guère, je dis que Maurice Lemoine est atteint de cécité quand il parle du bolivarisme, nuance. Et si ne pas se mettre au garde-à-vous devant Maurice Lemoine est du "trollisme" alors votre vision d’un autre monde est inquiétante. @Dominique, en quoi les méfaits, et ils sont actés et nombreux, de l’impérialisme occidental, justifient-ils des régimes comme celui de Corée du nord ? Ce pays est un immense camp de concentration à ciel ouvert. Et contrairement aux dictatures occidentales les citoyens des dictatures communistes n’ont même pas la possibilité d’aller voir ailleurs. Sous Franco, on nous laissait partir. Sous Pinochet aussi. A ce propos, savez-vous que le premier pays à reconnaître le Chili de Pinochet fut la Chine et que les militants maoïstes chiliens qui voulurent se réfugier à l’ambassade à Santiago trouvèrent porte close ? Ils durent se tourner vers des ambassades bourgeoises et impérialistes telles que celle de Suède ou de France. Autre chose, l’impérialisme a bon dos, ce n’est pas lui qui imposa à Staline la famine en Ukraine, les purges, les procès et le Goulag. Il fit ça tout seul comme un grand, et au nom de l’idéal communiste, s’il vous plaît ! Je suis un paisible retraité ex-révolutionnaire qui ne veut pas se résoudre au nom d’un idéal, aussi généreux soit-il, à ce qu’on foule aux pieds les libertés fondamentales. Sans celles-ci il n’y a pas de défense possible des acquis sociaux. Il n’y a pas plus de libertés bourgeoises que de science du même nom. En Chine, pays communiste autoproclamé, la situation des travailleurs est bien pire que celle de leurs frères dans les pays occidentaux. Pour finir, je remarque que mon interventions réveillé le blog, et je constate que chez "le grand soir" on goûte modérément la contestation. Bonne nuit à tous !

21/04/2014 11:06 par Dwaabala

Puisque le

paisible retraité ex-révolutionnaire [@ Juan Manuel Cuesta] qui ne veut pas se résoudre au nom d’un idéal, aussi généreux soit-il, à ce qu’on foule aux pieds les libertés fondamentales...

est parti se coucher, il est possible d’observer que sa ligne comptable (très lacunaire : il oublie, entre autres les millions de morts au Vietnam, en Indonésie, en Irak... ) est un moyen commode de choisir son camp : celui de la liberté et de la justice. Il doit avoir "Le Livre noir du communisme" à son chevet.
Cependant, les luttes anti impérialistes n’ont rien à voir avec un idéal comme il le croit : il s’agit d’une question de survie pour la majeure partie de l’humanité, y compris, quel que soit leur degré de conscience pour

leurs frères [des travailleurs chinois] dans les pays occidentaux.

Parce que, non seulement

Sans celles-ci il n’y a pas de défense possible des acquis sociaux.

ce qui est un idéal bien limité, même pour un "ex-révolutionnaire", mais encore la société en gestation dans les flancs de l’ancienne (capitaliste) ne verra jamais le jour.

21/04/2014 12:33 par legrandsoir

@ tous

Merci de ne pas dévier du sujet.

21/04/2014 13:24 par Anne Wolff

Etrange dérive. La seule question qui n’a pas été abordée dans les commentaires est la situation interne du Venezuela et le rôle joué par Washington dans une tentative de renverser le gouvernement et d’éradiquer le chavisme (et les chavistes). Il semble pourtant que le travail de Lemoine, de même que sa critique concernent les mensonges flagrants proférés par le Monde à ce sujet, dans le cadre spécifique d’une tentative de déstabilisation du pays, avec les troupes US qui attendent à la frontière prêtes à une "intervention humanitaire", c’est leur général en chef, Kelly, qui l’a affirmé la semaine passé, pas de la propagande du gouvernement de Maduro. Le Sujet n’est ni la Chine de Mao ou actuelle, ni la Palestine, ni le modèle communiste qui n’est en rien ni un but ni la réalité actuelle du Venezuela. Le communalisme certainement comme but du socialisme du 21ème siècle, mais c’est un modèle qui n’est en rien semblable au communisme réel du 20ème siècle.
Même si je suis de plus en plus critique concernant le gouvernement de Maduro, je constate comme tout le monde que le Monde avait coopéré déjà avec un grand enthousiasme à une diabolisation de Chavez en forme d’intoxication plus que de simple désinformation. C’est d’autant plus intéressant que les programmes du Pentagone et textes de théories militaires US, citent explicitement la diabolisation médiatique des dirigeants qui gênent Washington, comme arme de la guerre de quatrième génération. Cela non plus n’est pas de la propagande communiste mais la lecture de LEURS écrits qui le révèle. Et la concentration des médias, arme de propagande et de conditionnement des consciences et comportement des masses, entre les mains de quelques corporations qui s’est produite sur une durée de quelques décennies fait partie d’un programme tout aussi explicitement avoué.Et c’est un phénomène qui est concrétisé aussi bien au Venezuela que dans toute l’Amérique Latine progressiste.
Si je suis critique envers Maduro et son gouvernement, je constate par contre la vivacité de réaction du Pouvoir Populaire, un acquis de la Révolution, un peuple éduqué, avec un haut niveau de conscience et connaissance politiques, capable de penser par lui-même et de créer ses propres forces de résistance pour défendre ses droits, qu’il connait, et quand il estime que le gouvernement ne le satisfait pas, il agit. Mais en cette période de guerre, la consigne d’Unité avec le gouvernement reste de mise, de manière critique et c’est la preuve de la vitalité de la démocratie.
Quand à la liberté d’expression, j’ai pu constater dans les médias et sites d’opposition qu’elle atteint parfois des proportions qui enverrait devant un tribunal, voir en prison quiconque en ferait le dixième dans nos démocraties occidentales, pratiquant jusqu’à l’appel ouvert au magnicide et cela déjà du temps de Chavez, des gens sont en prison pour moins que cela en Espagne ou aux USA. De cela le Monde ne parle pas.
Que je sache personne n’est empêché de sortir ou d’entrer au Venezuela, pas même des opposants notoires (Vargas LLosa par exemple) au gouvernement qui viennent soutenir la déstabilisation violente et inconstitutionnelle du pays, aujourd’hui désavouée officiellement par une partie de la MUD, alliance de l’opposition qui se démarque des violents rejeté par plus de 80% de la population... De cela le Monde ne parle pas.
Je regrette que parmi les pays où les mouvements sociaux qui vivent un drame humanitaires de répression et de misère des populations dans le monde n’aient pas été cités la Colombie ou le Honduras, Honduras où la police est formée par des instructeurs israéliens et qui par la politique des"quartiers sûrs" vit une situation qui se dirige vers un apartheid social, alors que le pays est littéralement cédé aux "investisseurs étrangers - Cités modèles et lois hypothèques, ce qui implique la militarisation du pays et l’assassinat quotidien de membres de la résistance.... De cela le Monde ne parle pas, comme il a menti effrontément lors du coup d’état de 2009, un coup d’état qui avait pourtant été condamné à la quasi unanimité par l’ONU.
Alors qu’au Venezuela, et ceci après avoir lu leurs commentaires (des Sifrinos oligarchie de droite ayant un pied à Miami et ceux qui veulent leur ressembler), par centaines, sur plusieurs sites, il est clair que pour une bonne partie de l’opposition oligarchique, ce qui les gênent c’est d’avoir à se mêler un peu trop au peuple dans les rues et pire, un peuple qui à l’outrecuidance de pénétrer jusque dans LEURS centre commerciaux de luxe.... c’est cela le ton...
Et ce qu’ils veulent "Tous le pouvoir à l’oligarchie" et le peuple "à sa place" invisible, docile et dans la misère qui est son lot divin... En bon fascistes, (voir les organisations auxquelles appartiennent leurs dirigeants, néonazies pour certaines), ils défendent la "White supremacy" et les privilèges d’une oligarchie blanche. De cela le Monde ne parle pas.
Et oui, il existe une opposition populaire au Venezuela et oui, certains de ces arguments sont fondés, mais les "Violents" actuels ont tout au plus 10% d’approbation et leur mouvement ne se poursuit que grâce aux formations à la guérilla de leurs leaders financées par Washington, à l’introduction de forces paramilitaires et terroristes extérieurs financés par Washington et l’extrême-droite latino, et aux délinquants recrutés sur place et grassement payés... financés par les mêmes... de cela le Monde ne parle pas.
Mais les même schémas de déstabilisation se retrouvent en Ukraine (la différence au Venezuela, la majorité de la population est solidaire avec le gouvernement), et Poutine est diabolisé au même titre de Maduro, et le monde joue le même rôle dans les deux cas : Propagandiste au service des intérêts de Washington, normal il a été recréé dans ce but afin de devenir une arme de propagande d"une guerre très sale, dont nous sommes aussi les objets.

21/04/2014 16:52 par Lionel

@Juan Manuel, juste histoire d’illustrer votre évocation pour le moins lapidaire de la Corée du Nord, je vous invite à lire ces deux reportages fort intéressants, certes pas revendiqués comme rapport d’un commission de droits Humains mais simplement une vision d’un reporter modeste et doué de sens de la critique et de l’humour !
http://ragemag.fr/tourisme-vert-fumer-weed-coree-du-nord-52443/
http://ragemag.fr/scenes-vie-quotidienne-pyongyang-73398/
Où il est raconté des scènes absolument incroyables pour nos esprits cartésiens, rationnels et démocrates qui ont tant de mal à imaginer que pour certains, la ligne droite n’est pas forcément le chemin le plus court...
Je trouve votre manière de dire qu’une chose n’étant pas noire est logiquement blanche relevant un peu d’un découragement prématuré conduisant à l’aigreur ( remarquez les précautions... ) !
Si les personnes concernées défendent parfois avec acharnement leurs positions intellectuelles, il est rare sur Le GS d’avoir à faire à de vraies oppositions au raisonnement critique et encore une fois je vous trouve un peu auto-centré dans votre façon de jeter le bébé avec l’eau du bain, que je sache les commentaires du GS ne sont pas un repoussoir et en exemple je trouve inutile pour Anne Wolff d’avoir à se justifier sur ses positions à l’encontre du Gouv. Maduro, pourquoi devons-nous assez systématiquement émettre des doutes insidieux et pervers sur la clarté des raisonnements de chacun qui ne font que brouiller les pistes de raisonnement critique, justement le contraire de ce pourquoi nous prenons la peine d’écrire ( l’ego, ça va, merci ! ).
Ça me rappelle vaguement certaines attitudes "antifas" sujettes à caution, non ?
Qui ne supporte pas la critique ???

21/04/2014 23:30 par Dwaabala

Le sujet de cette lettre ouverte "d’un simple lecteur" au médiateurs du Monde n’est pas directement le Venezuela ni, plus largement, les pays d’Amérique latine mais ce que livrent ses correspondants, leur information biaisée, et par voie de conséquence les choix politiques du journal.
Cette lettre ouverte laisse d’ailleurs entendre que sur bien d’autres sujets d’actualité ce sont la même orientation et les mêmes procédés qui sont à l’œuvre.
Qu’un égaré ici, abonné au Monde pour d’autres raisons que professionnelles, - journal que JL Mélenchon, ailleurs, prie instamment de plus acheter, ait mal quelque part en lisant cet article est tout à fait compréhensible.

22/04/2014 00:30 par V. Dedaj

Le Monde, sous des apparences de sérieux et de sobriété (et même d’austérité - aaaah, l’époque où le journal refusait de publier des photos) est noyauté par des falsificateurs. En matière de politique internationale, et de l’avis général autour de moi - avis que je partage - il vaut mieux lire les pages internationales du Figaro ou des Echos. Ce qui est quand même un comble. Ce sont des rédactions de droite, certes, mais où subsiste encore un minimum de professionalisme. Entre "une opinion honnête de droite " et une "propagande soi-disant objective", je préfère la première (même si l’écart qui était béant commence à se combler - dans le mauvais sens - me semble-t-il)

22/04/2014 02:56 par ADSkippy

@ Juan Manuel Costa

Je suis désolés de déranger votre retraite "paisible", ex-camarade, mais c’est plus fort que moi.

Vous vous flattez mon cher et vous insulter tous ceux qui, tout en reconnaissant les "contradictions", erreurs et lacunes, ne perdent pas de vue l’essentielle dans ce qui est la lutte des classes et l’exploitation capitaliste et toute ses conséquences.
Comme par d’habitude pour (un "ex-révolutionnaire"), vous passes votre temps a vous donner une bonne conscience, "d’être, objectivement, du bon cote de la "démocratie", et vous nous jures que ça n’a rien a voir avec de l’opportunisme, car vous êtes défenseur de cette vérité, de votre Eglise (démocratique), qui vous permets tous les "transgressions " tout en préservant la bonne conscience a travers " la confession", car en fait " toute homme est pêcheur" mais certain plus pêcheur que d’autres, et qui, dans votre cas, sont tous ceux "de la gauche révolutionnaire, progressiste et anti-capitaliste".

Effectivement l’impérialisme capitaliste a bon dos avec des "ex-révolutionnaires" comme vous.

Votre tactique d’amalgame et distraction (Staline, Mao et la Chine, Chili etc..) et typique pour un "ex-révolutionnaire", réactionnaire et opportuniste, qui après tout, as le droit de gagner sa vie comme il peut, mais qu’il nous fasses pas une leçon de "morale" sur l’intégrité et objectivité.

Car justement, le problème est la ; vous ne voulez pas vous "résoudre au nom d’un idéal, aussi généreux soit-il, et qu’on foule au pied les libertés fondamentales", mais que des journalistes prétentieux, (ex-révolutionnaires ou pas) et "media" privée, ne veulent admettre ou reconnaitre, leurs partie prise, partisane, de désinformation et collaboration tacite avec les puissants élites privilégiés, au "nom d’un idéal, inique et qui, tous les jours, foule au pied les libertés fondamentales.

Mais en fait tout ça, ne vous préoccupe pas, car vous ne faite que "gagner votre vie" et aspirées a une retraite paisible.

Bonne sieste, ex-camarade.

22/04/2014 10:27 par Dwaabala

Il est en effet à noter que Le Figaro ou Les Echos peuvent se lire si l’on veut de l’information.

22/04/2014 11:24 par Cunégonde Godot

Il n’y a pas que leMonde (Libération). Toute la presse "de gauche" mainstream, magazines y compris, est pour le moins très médiocre, et le plus souvent d’une insondable malhonnêteté intellectuelle. Ils sont médiocres mais leur lectorat "de gauche" ne l’est pas moins, hélas ! C’est vrai que la presse "de droite" est moins mauvaise.
Je ne lis plus aucun support "de gauche" depuis 1992 (depuis le Traité de Maastricht). Jamais.

22/04/2014 11:50 par legrandsoir

Je ne lis plus aucun support "de gauche" depuis 1992

Vous postez vos commentaires sur LGS les yeux fermés alors ?

22/04/2014 12:01 par Cunégonde Godot

Oui. Le Grand Soir est intéressant car il est au cœur des faux semblants et des innombrables contradictions de la gauche de la gauche de la gauche de la gauche, etc.

22/04/2014 12:26 par legrandsoir

Faux-semblants ? Nous qui passons notre temps à les dénoncer, vous nous voyez déçus. Mais ne faisons pas dévier le fil de commentaires. On se retrouvera sûrement sur un autre.

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