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Daniel Jadue, un président communiste pour le Chili ?

Au fil des mois, dans les sondages pour la présidentielle, Daniel Jadue, le très populaire maire communiste de Recoleta, est passé progressivement de 6 à 24% des voix. Ces chiffres dépassent largement l’influence traditionnelle du PC du Chili qui se situe à environ 5% des voix. Ses meilleurs scores, le PC les a obtenus dans les années 70, durant l’Unité Populaire. Il recueillait 16% des voix. Les données très favorables à Daniel Jadue traduisent pour une part l’augmentation de l’influence du PC à partir de l’explosion sociale du 18 octobre. Elle reflète aussi l’aura personnelle dont bénéficie Daniel Jadue comme maire de Recoleta, une des communes de Santiago. Dans sa commune, Daniel Jadue a été à l’initiative de très nombreuses expérimentations sociales. En particulier, Daniel Jadue a créé à Recoleta la première pharmacie municipale populaire qui pratique des prix de médicaments entre 30 et 50% inférieurs à ceux de la concurrence du privé. Daniel Jadue est un homme ouvert, il aide même des municipalités de droite qui souhaitent monter des pharmacies populaires. Il a aussi lancé un plan de production électrique par panneaux solaires pour que sa commune soit autonome en matière d’énergie et ne dépende plus de l’offre privé.

Sa candidature à la présidentielle semble aujourd’hui obligatoire et incontournable. Est-ce si certain ?

Depuis les années 30, le PC du Chili n’a présenté qu’une seule fois une candidate à une élection présidentielle. C’était en 1999. Gladys Marin a été candidate et a recueilli 3,2 % des voix. C’était un peu contraint et forcé que le PC avait présenté une candidate. Il l’avait fait parce que les partis de la Concertation, (groupement de centre gauche composée de la Démocratie-Chrétienne, du PPD et du PS) voulaient marginaliser totalement le PC. Même avec un petit résultat, le PC a montré à la Concertation qu’elle ne pouvait pas se passer du parti communiste : le candidat de la Concertation a raté l’élection au premier tour, il ne l’a emporté au second que grâce à l’apport communiste.

Il y aussi eu la candidature de Pablo Neruda en 1970. Le Parti Socialiste voulait présenter un candidat dont le PC ne voulait absolument pas. Le PC a clairement dit au PS : ou vous présentez Salvador Allende comme candidat et nous le soutiendrons, ou nous présentons Pablo Neruda comme candidat. Les socialistes ont cédé. Pablo Neruda s’est retiré et a fait campagne main dans la main avec Salvador Allende jusqu’au triomphe de l’Unité Populaire.

En dehors de ces deux situations, il n’est pas dans la tradition du PC du Chili de présenter des candidats à la présidentielle. En effet jusqu’en 1970, dernière élection avant le coup d’état, le système électoral faisait que le candidat arrivé en tête était élu. Il n’y avait qu’un seul tour de vote populaire. Le second tour se passait au Congrès. Si aucun candidat n’avait eu la majorité absolue au premier tour, ce sont les députés et sénateurs qui élisaient le président. Dans la pratique ils ont toujours désigné le candidat arrivé en tête. Salvador Allende compris.

Depuis la fin de la dictature, le système électoral a changé, il est identique à notre mode d’élection présidentielle. Election à deux tours, si personne n’a la majorité au premier tour, peuvent se présenter au second les deux candidats arrivés en tête du premier tour.

Le PC participe aux élections présidentielles pour gagner. Pas pour présenter une candidature de témoignage. C’est pourquoi il a jusqu’à présent favorisé les alliances de gauche. Cette année, où en est-on ? Les éventuelles primaires pour la présidentielle auront lieu le 4 juillet et l’élection présidentielle le 21 novembre 2021. Avant il se passera beaucoup de choses. La première, la plus importante, est le référendum du 25 octobre pour une nouvelle Constitution. Si le résultat semble acquit, restent inconnus l’ampleur de la majorité et la participation au vote. Une fois ce scrutin passé, en avril auront lieu trois élections : celle des délégués à la Convention constituante, les municipales et, pour la première fois celle des gouverneurs des 16 régions qui composent le Chili.

Daniel Jadue a bien précisé que pour le moment il n’était pas candidat. La première tâche aujourd’hui est de gagner le référendum de la manière la plus large. La plus indiscutable. Ensuite pour lui, comme maire d’une commune, l’objectif est d’être réélu. Plus largement, lors des élections d’avril, on verra si des alliances concrètes pour les maires ou les gouverneurs ont pu se nouer avec d’autres forces. Les résultats de ces élections seront scrutés à la loupe.

A partir de là, commencera à se poser sérieusement la question de la présidentielle. L’objectif premier du PC sera d’avoir un ou une nouvelle présidente du Chili dont les options soient en concordance avec le mouvement social du 18 octobre. Peu importe que ce candidat soit communiste ou non. L’élection de la Convention constituante aura eu lieu et ses délégués seront au travail. Ceci donnera beaucoup d’indications sur les rapports de force entre partis et les possibilités concrètes d’unité avec d’autres formations. Le PC fait partie d’une alliance de gauche, Unidad por el Cambio. Cette alliance s’élargira-t-elle au Frente Amplio ? Au sein de cette coalition de gauche, y aura-t-il d’autres candidats ? Cette coalition, avec l’expérience de la Constituante, pourra-t-elle passer des accords avec d’autres forces, le PS et le PPD en priorité ? Est-ce que les partis passeront par la case primaire ou négocieront-ils directement une candidature ? Quelles décisions prendra le 26eme Congrès du PC qui se tiendra fin novembre ? Il y a beaucoup de questions et peu de réponses à ce jour. Les réponses viendront avec le développement du mouvement social et des luttes quotidiennes dans un pays traversé par la pire crise économique depuis les années 30.

Les 24% que donnent les sondages à Daniel Jadue font bien évidemment très plaisir et font rêver, mais rien n’est décidé, rien n’est joué, pas même la candidature de Daniel Jadue.

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La Chine sans œillères
Journaliste, écrivain, professeur d’université, médecin, essayiste, économiste, énarque, chercheur en philosophie, membre du CNRS, ancien ambassadeur, collaborateur de l’ONU, ex-responsable du département international de la CGT, ancien référent littéraire d’ATTAC, directeur adjoint d’un Institut de recherche sur le développement mondial, attaché à un ministère des Affaires étrangères, animateur d’une émission de radio, animateur d’une chaîne de télévision, ils sont dix-sept intellectuels, qui nous parlent (...)
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