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16 commentaires
Crise de l’école, crise de la culture

De la fatigue d’apprendre

L’affaire est entendue : notre société est tourmentée par plusieurs crises simultanées. L’on parle abondamment de la crise économique ou de la crise sociale, un peu moins de la crise politique , moins encore de la crise écologique. Et si la crise de la culture « était de loin la plus grave, celle qui amputerait profondément notre capacité à soigner tous nos maux ?

La culture d’une nation est ce qui permet à ses membres d’emprunter au passé régulièrement revisité la force de vivre paisiblement le présent et de préparer intelligemment le futur. Au cœur de la culture, l’on trouve le savoir et ses lieux d’acquisition. Au commencement est donc l’École. C’est peu dire que cette institution maintes fois « réformée » est aujourd’hui en crise. Et peut-être pas d’abord pour les raisons les plus communément admises. Apprendre – tout comme s’informer – dans une société devenue paresseuse apparaît désormais par trop fatiguant à la plupart de nos congénères.

Plutôt que de s’interroger à propos de l’éventualité du recul progressif de la soif d’appendre l’on préfère le plus souvent se contenter du constat évident que le savoir a profondément changé tout au long du « siècle du progrès ». Les découvertes scientifiques et techniques rendant intelligibles d’ancestraux mystères ou faisant reculer de vieilles incertitudes, les avancées dans le domaine du calcul des grands nombres – couplé à l’accélération dudit calcul – ouvrant le monde à sa quantification générale, la satisfaction grandissante des besoins individuels largement suscités par la « société de consommation » - devenue même consommationnisme – assurant la domination du matériel sur le spirituel, tout cela a permis aux sciences dites rationnelles de prendre définitivement le pas sur les sciences humaines ou sociales simplement raisonnables. L’Emprise des Chiffres a remplacé « la République des Lettres ». Ce nouveau « totalitarisme est éminemment dommageable. Sa caricature tient par exemple dans l’outrance de la mathématisation de la « science économique »qui ne prévoit presque rien mais tient pourtant le haut du pavé. De moyen aidant les hommes à comprendre ce qui les entoure le chiffre devient la fin à atteindre absolument. Alors que le maître mot du discours politique gestionnaire et de la prétention économique est le mot efficacité la société se disloque sous les effets destructeurs du chômage de masse et de la précarité montante. Nous sommes très loin de tout comprendre !

Le champ du savoir est immense. Il est encore à défricher en maints endroits, la friche ayant même repris ses droits sur des parcelles autrefois cultivées et délaissées depuis. Il est surtout très morcelé. La friche et le morcellement du savoir ont été amplifiés par les outils de la communication moderne quand bien même ces outils nous étaient vantés comme devant nous faciliter l’accès à l’immensité des connaissances disponibles de par le monde. Finalement, la profusion est effrayante ou, à tout le moins, désarçonnante pour le plus grand nombre des individus. Quand à la facilité d’accès, elle se résume le plus souvent à la rapidité saisissante d’obtention d’informations propulsées au travers de réseaux électroniques interconnectés. L’acquisition du savoir a besoin de temps, le temps de la réflexion, temps que l’on ne prend plus, temps jugé perdu à l’ère de la vitesse érigée en vertu cardinale. Combien de professeurs sont confrontés à l’exercice favori de nombre de leurs élèves qu’est le copier-coller tiré de « la toile », ultime amortisseur tendu aux cohortes n’ayant plus le temps d’apprendre. On ne lit plus de livres. On ne s’informe plus par la lecture d’articles complets. On en recherche des condensés que l’on collera « par cœur » ici ou là comme autant de bribes d’un savoir restant inconnu pour l’essentiel. Comment s’étonner alors que notre époque soit celle de la confusion du contenant avec le contenu, les tuyaux avec la pensée qui peut y circuler, l’Église avec la religion, BHL avec la philosophie, la politique avec le politique, la communication avec l’information ? L’enveloppe est grande et belle ; la lettre qu’elle renferme est courte et vulgaire. Et l’École bienveillante d’accélérer le phénomène.

Le savoir est encore dans les livres. Il faut aller l’y cueillir, puis se l’approprier à partir de soi et en confrontation avec autrui. Cependant, il convient pour cela de redécouvrir, loin de l’artificialité de la vidéosphère, les charmes du « colloque singulier », ce temps à soi et pour soi où chacun dialogue avec lui-même. Tout ce qui fait l’âme humaine et ses méandres se trouve déjà dans les grands textes des écrivains et philosophes du passé. Nombre d’écrits contemporains ne sont souvent du reste que de pâles redites involontaires face aux richesses littéraires patinées par le temps. Mais, qui lit encore Hugo, Balzac, Dostoïevski ou Kafka pour comprendre les ressorts profonds gouvernants intemporellement les organisations humaines ? Balzac, par la puissance de « la comédie humaine », est un émérite sociologue d’avant même l’invention de la sociologie. Qui mieux que Dostoïevski dépeint les affres de la misère et la fatale impossibilité de la quitter ? Notre époque qui ne sait plus regarder le visible mais cherche à percer tous les secrets de l’invisible – aidée en cela par les promesses les plus folles de la Science et la fascination pour la Technique – a la nécessité de réhabiliter les sciences humaines et sociales, de faire vivre les « belles » Lettres et les questions de Sophie, de faire reculer le calcul froid et omnipotent des experts patentés. Sinon, où irons-nous ?

Les élites qui gouvernent notre société, elles-mêmes bien moins cultivées que leurs devancières, ont-elles intérêt à résoudre la crise de la culture ? Rien n’est moins sûr, hélas ! Imaginons que nos citoyens en herbe ou déjà avertis de la chose politique découvrent les splendeurs, aujourd’hui largement oubliées, du subversif Octave Mirbeau. Ils tomberaient par exemple sur La Grève des électeurs, ouvrage publié en 1888 et dénonçant la mascarade de l’électoralisme. A l’heure du hollandisme mou succédant au sarkozysme gesticulateur, des conflits d’intérêts multiples, du bradage du bien commun , ce livre somptueusement écrit et sur lequel l’histoire du XXème siècle n’a laissé aucune ride, ferait de sérieux ravages. Un monde nouveau pourrait en sortir. Qui osera ouvrir cette boîte de Pandore ?

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COMMENTAIRES  

23/05/2013 14:49 par Jeremie Y

"Et si la crise de la culture « était de loin la plus grave, celle qui amputerait profondément notre capacité à soigner tous nos maux ?"

Pas besoin de développer, pour moi c’est clair comme de l’eau de roche. Peut-être me suis-je fait brainwashé par Debord, mais j’y crois dur comme fer. La culture n’est pas le reflet d’une société, mais bien son socle.

23/05/2013 16:38 par Lionel

Nous devons avoir tété le même sein, il semble que ce ne soit pas le cas de quelques uns des lecteurs qui s’obstinent dans une vision qui se veut internationaliste mais du même coup ( de balai ) nient toute spécificité à chaque peuples puisque leurs langues seraient, au dire de certains, interchangeables !
C’est la porte ouverte à toute justification colonisatrice au nom de ( au hasard ) l’interventionnisme humanitaire...
C’est ça la montée du fascisme, admettre un état de fait sans aucun prérequis, "La tyrannie de la réalité" ( Mona Chollet ), accepter l’idée qu’un pays fort puisse décider de l’avenir des peuples en jugeant de la qualité de leurs cultures ( donc de leurs langues, celle-ci étant le véhicule de la culture ) et leur imposer la pratique d’une langue qualifié de maîtresse par les maîtres, prétextant que ça ne les gênera en rien pour s’exprimer, juste une question de sons.
Alors oui, Bourdieu nous mettait en garde, tout comme Debord, Ellul et tant d’autres et défendaient la thèse de la Culture comme socle de toute société, mais le révisionnisme prend de ces allures parfois !

23/05/2013 18:07 par Safiya

@Lionel (16:38)

En écho à votre com’ me revient un exemple, cité par Cornelius Castoriadis, où il était question de comment les Indiens (si ma mémoire ne me fait pas défaut) traitaient leurs morts et de comment les Athéniens les leurs... à chaque peuple sa spécificité. Lien : www.algerieinfo-saoudi.com/article-cornelius-castoriadis-une-le-on-de-democratie-117953591.html

Sauf que je ne vois pas qui sont ces "quelques uns des lecteurs qui s’obstinent dans une vision qui se veut internationaliste mais du même coup (de balai) nient toute spécificité à chaque peuple" à part, bien entendu, les habituels "contradicteurs" professionnels et/ou psychotiques facilement repérables.

A mon sens un "@Transes ou une @Sheynat ne peuvent, en aucun cas, en faire partie .

Je cite spécifiquement ces deux seul(e)s(?) lecteurs ou lectrices car, selon ma propre grille de compréhension et les échanges que vous avez eu sur le forum concernant la langue anglaise, il me semble que vous y faites allusion surtout par cette phrase "juste une question de sons" qui renvoie directement à @Sheynat.

Donc, je ne peux faire autrement que me mêler tant me semble la chose grave, il ne faut pas se tromper d’ennemis et voir de l’ombre là où rayonne la clarté.

Amicalement à vous, je tiens à préciser que je vous estime @Lionel...

23/05/2013 18:34 par résistant

Il convient, je crois, d’être précis sur les termes "culture", "savoir", apprendre", etc...
Pour moi, aller à l’école, se faire gaver de données techniques et de comportements codifiés pour devenir un esclave productif et passif, ce n’est pas de la culture.
Par contre, se poser des questions, chercher des réponses par soi-même, les comparer, les trier, analyser, en retirer l’hypothèse la plus crédible sur le moment, celà, ça mène à une vraie culture solide, et les diplômes n’ont rien à voir là-dedans.
La clef de la culture, à mon avis, est la curiosité.
Sans curiosité, pas de libre-arbitre, pas de possibilité de résister à la programmation de masse et de développer ses propres pistes.
La curiosité se développe (plus ou moins) très tôt chez le petit enfant. Il me semble qu’un environnement riche facilitera le goût d’apprendre par le jeu.
Bien sûr, il y a d’autres critères, mais entre une foyer où il n’y a pas un livre, pas d’internet, et où les adultes ne regardent que la télé-poubelle, et un autre foyer plein de livres, d’encyplopédies, de bandes dessinées, soient-ils pour enfants ou non, où les parents vont encourager les jeux intéressants et créatifs, je crois deviner dans quelle famille l’enfant aura le plus de probabilités de développer sa curiosité et le gôut d’apprendre pour lui-même, au lieu de passer son temps à louvoyer pathétiquement dans le système afin d’obtenir un diplôme sans jamais avoir eu la moindre envie de comprendre quoi que ce soit de non-obligatoire.
Enrichissez l’environnement de vos enfants !

23/05/2013 20:10 par Bidule

Le mot paresse est un mot-valise... Il n’explique rien et culpabilise. Rien de bon quoi.

23/05/2013 20:40 par V. Dedaj

Mon fils qui a 16 ans, plutôt doué en études (lorsqu’il veut...) a eu cette phrase : "on nous apprend à ingurgiter, pas à réfléchir".

23/05/2013 21:46 par Dwaabala

La culture est encore évidemment ce qui reste quand on a tout oublié, ce qui est valable pour la société comme pour l’individu.

23/05/2013 22:54 par Lionel

Merci Safiya, je ne connaissais pas cet entretien de Castoriadis avec Chris Marker, excellent !

24/05/2013 01:45 par Transes

“Nos jeunes aiment le luxe, ont de mauvaises manières, se moquent de l’autorité et n’ont aucun respect pour l’âge. À notre époque, les enfants sont des tyrans.”


 Socrate (attrib.).

Le discours n’est pas nouveau, donc.
C’était mieux avant. "Avant", on lisait, "avant", on avait la "soif d’apprendre", "avant", on n’apprenait pas par cœur des condensés, "avant", on ne recopiait pas les devoirs sur les plus travailleurs (il n’y avait pas de "fayots", avant), "avant", on se cultivait et on prenait le temps d’apprendre, "avant"…

Mais où sont-ils donc tous ces penseurs, tous ces sages, pour que les générations suivantes soient dans un tel dénuement intellectuel ?
Comment ont-ils laissé entrer la marchandisation de l’’Education ? Comment ont-ils pu accepter que leurs enfants laissent tomber les livres pour se consacrer à l’informatique et à Internet ?

Pourquoi n’y a-t-il pas eu un tollé quand ils ont dû acheter à leurs enfants un ordinateur personnel parce qu’ils ne voulaient pas qu’ils soient "désavantagés" à l’école, comme les enfants des pauvres ?
Ils n’ont rien vu venir ? Peut-être étaient-ils un peu trop plongés dans les livres pour voir le monde qui les entourait. Et voir ces jeunes qui restaient, opportunément pour la tranquillité des parents, dans leur chambre aménagée en salle de contrôle de la NASA.

Pourtant, cela n’a pas été faute d’être prévenus. Mais, à l’époque, dans les années 1990, déjà, on se moquait des précurseurs, ces lanceurs d’alerte à qui on collait sur le dos la théorie du complot. Voir ici et .
C’était à nous tous de défendre la culture et l’Education. A chacun de nous d’être vigilant. Ce n’est pas aux plus jeunes de se prendre en main tout seuls maintenant que la situation est apocalyptique.

Parce qu’il n’est pas besoin d’être grand clerc pour comprendre que les gouvernements capitalistes n’ont aucun intérêt à avoir un peuple éclairé face à eux. Ils ont besoin de bons petits soldats, malléables et corvéables et d’un vivier de remplacement si la malléabilité est insuffisante.

Mais tout cela ne s’est pas fait en un jour. On avait le temps de réagir.
Tous les services publics ont été démantelés un à un, progressivement. Leurs agents se sont brûlé les semelles sur le macadam pour protester. Les postiers, les cheminots, les télécoms, les enseignants … Tous discrédités par une propagande acharnée.
Mais QUI les a soutenus ?
Alors, on en est là, à dire que ce sont les générations suivantes qui ne veulent rien faire. C’est plus simple. Cela évite de se poser les vraies questions.

Mais, les jeunes, eux, n’ont pas le recul nécessaire ; leur avenir est incertain et très souvent, ils ne savent pas ce qu’ils veulent faire.
Comment peuvent-ils se projeter dans un avenir lointain, sans expérience de la vie, en pleine construction et en plein apprentissage ?
Comme le dit Résistant, c’est aux adultes, à nous tous, de les guider, de leur apprendre et de leur donner le goût d’apprendre et de réfléchir. Ils ne lisent pas de livres ? Commençons par leur raconter les livres.
Mais il faut prendre le temps de le faire.

Je rejoins Bidule : en effet, dire qu’ils sont "paresseux", c’est inutilement cruel et méprisant.
Ceux qui ne sont pas abandonnés ne sont pas paresseux si ce qu’on leur fait faire n’est pas ce qu’on veut leur imposer parce que c’est notre vision partiale de la "culture".
Et pour la génération précédente, leurs aînés, eh bien, ils cherchent à rentrer dans le monde du travail et à s’accrocher pour ne pas être évincés. Voilà, ce qu’ils font.
Beaucoup n’ont même pas les moyens de voler de leurs propres ailes, alors, ils restent chez leurs parents.
Qui les traitent de fainéants.

@lionel,
Ce n’est pas parce que vous n’avez pas cherché à comprendre ce que j’ai dit, faute d’avoir les outils nécessaires, que vous devez me traiter de suppôt du fascisme et vous permettre de déclarer, entre autres : " C’est la porte ouverte à toute justification colonisatrice au nom de (au hasard) l’interventionnisme humanitaire...".
Veuillez ne pas interpréter de façon malhonnête et insultante des propos que je n’ai pas tenus.
La culture, c’est aussi être conscient de ne pas tout savoir. L’élégance intellectuelle, c’est l’admettre.
"Je ne sais qu’une chose, c’est que je ne sais rien " disait, aussi, Socrate, qui avait la modestie des savants.

Merci, Safiya de votre soutien à Sheynat et à moi. Votre honnêteté intellectuelle vous honore.

24/05/2013 05:13 par jaded

A travers l’histoire, des cultures, langues et civilisations ont disparus. Considérer les choses de manière subjective ou statique ne nous aide pas a déterminer quoi et comment, la "culture", est nécessaire ou important pour nous.

Etre "internationaliste" ne m’empêche pas d’aimer et préserver tout ce qui est bon et beau du Français et de la France, et de critiquer ce qu’il est moins.

Alors, une culture c’est quoi ? Car tout le monde revendiquent que les qualités culturelles qui leurs conviennent. A mon avis, toute culture doit être synonyme de l’inspiration, la curiosité et la recherche de tout ce qui contribue a l’épanouissement et "bien être" matérielle, sociale et intellectuelle de l’être humain. Et a ce titre, toutes aspects culturelles a travers le monde d’aujourd’hui, ne me conviennent pas nécessairement.

Dans ce monde compétitive, domines par la rationalité économique capitaliste (it’s the economy, stupid !), l’érosion culturelle est inévitable, car aléatoire a la nécessité absolue d’exploitation et le "profit". L’éducation n’est que l’extension logique de cette réalité économique. Nous n’éduquons plus, nous "formatons" des unités productives, de la pensée unique, limitées dans ce contexte économique, d’exploitation et le profit.

D’ou, les notions "nobles" de Culture et l’Education, deviennent de plus en plus problématiques. Malheureusement.

24/05/2013 11:22 par act

La "culture 2013" ?
"Non mais allo quoi..."

Et à part ça...
xculture.jpg
(illu situationniste de ’67, la page complète chez inventin)

24/05/2013 15:57 par anonyme

"Être cultivé pour être libre" dit Fidel Castro

Et il est certain que les commentaires sur LGS laissent apparaître souvent non seulement la culture qui est administrée aux Français par les médias mais encore une recherche dans le passé et le présent de ce qui peut en être plus près de la vérité. Une recherche dans le passé, qu’il faut connaître le plus possible, pour interpréter le présent, qu’il faut connaître également le plus possible. Y compris les non-dits par les médias, aussi bien du passé et des pères de nos pères que du présent (par exemple, les médias nous bassinent de Gramsci, Bourdieu ou Victor hugo, vous croyez ?)

Car, non seulement la culture ( tout confondu : aussi bien le dernier bouquin de BHL que Platon !) sert à manipuler, mais encore (et, pardon si je n’ai pas bien compris, mais il m’a semblé que c’était contenu dans le message de act) elle se VEND, ou tente de se vendre, sous forme de "produits culturels" par des gens qui vendraient aussi bien des godemichés ou n’importe quel "produit", du moment que "ça rapporte". .Comme ils veulent l’exclusivité de leur "produit" ils ont inventé la notion de "propriété intellectuelle". Comme ils savent à quoi sert un intellect pour faire de l’argent, ils croient que c’est seulement pour ça... ... ...

24/05/2013 19:37 par Corinne Bizart

Bonjour la rédaction !

L’histoire parlons en :

Une bonne nouvelle en perspective :

France : les militaires russes pourraient participer à la parade du 14 juillet

http://fr.rian.ru/world/20130524/198384950.html

Vive le Président M. Poutine !!! et vive la grande Russie !!!

Cordialement,

Corinne Bizart

25/05/2013 10:01 par gérard

Brel
(Interview Jacques Brel partie 1 - Vidéo Dailymotion) :http://www.dailymotion.com/video/x5jawn_interview-jacques-brel-partie-1_news
« on ne réussi que ses rêves ; on a un rêve, on essaye de bâtir une structure à ce rêve (...) je suis convaincu d’une chose : le talent ça n’existe pas, le talent c’est d’avoir l’envie de faire quelque chose, avoir envie de réaliser un rêve, c’est le talent, tout le reste c’est de la sueur, de la transpiration, de la discipline. L’art, je ne sais pas ce que c’est ; les artistes, je ne connais pas ; je crois qu’il y a des gens qui travaillent à quelque chose avec une grande énergie »
Par "artiste", il faut entendre chez Brel (et pour qui connaît bien son œuvre c’est une notion récurrente chez lui), la pleine réalisation d’un individu, et pas du tout nécessairement dans l’art, je dirai même bien au contraire.

@ Viktor, mais c’est très bien que ton fils à 16 ans, qu’il lui faille ingurgiter, et ingurgiter encore, il le faut ! Et c’est très bien aussi qu’il s’en révolte...
A 16 ans s’imaginer pouvoir "réfléchir", quelle audace !
Mais question, sont-ils véritablement forgés ces "outils" pour pouvoir prétendre "réfléchir" ?
...mmmmm, pas évident !
"on n’est pas sérieux quand on a 17 ans" disait le poète, qui a bâti toute son œuvre....avant 17 ans, mais c’était il y a...longtemps !

Actuellement, après mûres réflexions et donc avec un énorme soucis de ne pas être passéiste, je dirai que beaucoup de notions ont disparu : le rêve, le travail, la sueur et la discipline..., les quatre conditions indispensables pour apprendre, et je mettrai sûrement le rêve en premier !
(De l’importance de la langue maternelle : c’est celle du rêve... éveillé, ou pas !)
Mais vraiment trop de choses à dire

Article bien évidemment excellent, et je rejoins Lionel :
« Nous devons avoir tété le même sein. »

25/05/2013 21:25 par Transes

On en est encore et toujours là à rétropédaler : le travail, la "sueur", la DISCIPLINE (YES, SIR !) et le … rêve !
Où ceux qui se réclament de la gauche n’envisagent rien d’autre que ce que la société réactionnaire préconise depuis la nuit des temps et qui, de toute évidence, ne marche pas (parce que c’est voulu), avec le "rêve" en plus (mrfff !), ah, oui, et aussi, la "langue "maternelle", qu’on serait bien en peine de définir, mais ça ne fait rien, on a le droit de parler, on parle.

Et, donc, évidemment, à part enfiler des chapelets de poncifs, on est incapable de mener une réflexion globale sur l’Ecole, rien sur comment on conçoit les contenus et les moyens de les transmettre. Rien sur d’autres formes d’éducation. Non, on prend les mêmes et on recommence. Mais en mieux, évidemment. Et les enfants ? Facile ! Il faut du travail, de la sueur, de la discipline, nom de dieu ! Du sang, de la sueur et des larmes, en quelque sorte.

Tout le monde croit connaître l’école parce que tout le monde en est passé par là, avec plus ou moins de bonheur, et que beaucoup ont eu des enfants qui sont aussi passés par là. Avec toutes les subjectivités que cela suppose et toutes les projections qu’on fait sur sa progéniture. Rien de révolutionnaire, quoi.

Mais pas grand monde ne s’est inquiété des décisions successives des ministères, des effectifs de classes toujours plus nombreux, des programmes concoctés par des pédagos bien en cour dans les ministères, depuis longtemps éloignés des réalités du terrain, qui appliquent à grande échelle ce qui est ressorti de leurs élucubrations élaborées dans les palais feutrés de la République, et dont les préconisations sont ensuite réduites à peau de chagrin par quelque bureaucrate chargé de chiffrer tout cela
.
Les maux de l’Ecole sont les maux de l’ensemble de la société capitaliste. Tout est fait pour réduire les coûts et n’offrir qu’un semblant d’éducation de masse minimale (je l’ai déjà dit, mais ça n’a pas l’air d’imprimer en face).

Si, déjà, on ne part pas de ce principe de base, c’est qu’on parle pour ne rien dire, car tout en découle.
Mais ces experts en éducation, savent-ils seulement que tous ces postes de profs titulaires qui ont été supprimés récemment sont actuellement pourvus, si nécessaire, par des précaires, des contractuels non formés, parfois étrangers, engagés localement sur des critères subjectifs, donc, et qui passent d’un établissement à l’autre, d’une année sur l’autre, s’ils sont réembauchés, mais également au cours d’une même année scolaire ?

Savent-ils qu’il n’y a plus de volant de remplaçants qualifiés (on ne va pas tout de même pas payer les gens à "rien faire" comme dans les ministères !) ?

Mais, comme à la poste, c’est le lampiste qui trinque. Le prof. Qui ne sait pas "passionner", ni faire réfléchir, qui ne sait pas "se faire respecter", qui ne sait pas faire "rêver" et qui débite son cours à toute allure.
Le fils de Viktor a bien compris l’idée : les programmes et les horaires sont calculés a minima pour imposer le bachotage et éviter la réflexion.
Et cela s’adressant à une population en total décalage, où chacun est noyé dans la masse, et qui n’attend rien de l’école.
Parce qu’elle n’est destinée qu’à canaliser les élèves dans des filières qui sont souvent désormais des voies de garage.
Parce que les diplômes ne sont plus la garantie d’avoir un emploi bien rémunéré au bout du chemin et qu’on se retrouve en concurrence avec des moins diplômés pour postuler à des emplois précaires et mal payés.
Si l’ascenseur social a jamais existé, il est actuellement en pleine descente.

Aux US, précurseurs depuis bien longtemps du délabrement programmé de l’école publique et de l’endoctrinement de la population, ils ont imposé (depuis Bush) des tests nationaux (sortes de QCM ciblés qui imposent un bachotage permanent, ce qui interdit toute liberté pédagogique et individualisation de l’enseignement), et qui servent à dénoncer les écoles "non performantes", et donc, les enseignants qui "ne réussissent pas" ; et, comme par hasard, ça tombe sur les écoles des quartiers défavorisés, où vivent les petits pauvres des ghettos, noirs ou latinos, et les moins dotées financièrement. Elles sont progressivement livrées au privé, censé mieux "gérer", avec ce que cela comporte de discriminations et d’ostracisme.
Et leurs enseignants méritants et dévoués, eux, sont licenciés, puis, en partie, réembauchés pour un salaire bien inférieur à leur qualification et leur ancienneté et soumis à des horaires extensibles.

En France, les journaux publient régulièrement, d’ailleurs, les noms des établissements les plus "performants", c’est bien dans le même ordre d’idée : un enseignement à deux vitesses, avec une école pour les bourgeois et une garderie pour les pauvres.

Qui s’en indigne ? Non, le parent s’indigne de ce que son rejeton n’ait pas toutes les attentions qu’il devrait mériter alors qu’il est noyé au milieu de 35 autres, dont les parents s’indignent ...

Alors, au lieu de cela, on pontifie sur les notions disparues qu’on veut voir revenir.

Sinistre constat de la pauvreté de la réflexion d’une pseudo-gauche qui prétend vouloir tout changer, mais qui, au pied du mur, montre qu’elle veut que cela reste pareil.

28/05/2013 00:57 par Anonyme

Une fois de plus :

LES ENSEIGNANTS CONSTITUENT LE TAUX LE PLUS ÉLEVÉ DE SUICIDES EN FRANCE

Qui sait ? Peut-être la gauche (pas celle du PS !) finira-t-elle par l’entendre ?

Ce pourrait être les agriculteurs, et dans ce cas les enseignants ne seraient ’que’ deuxièmes, mais eux, on ne les compte même pas. (Mange tes 5 OGM par jour, aujourd’hui tu n’iras pas à l’école bourgeoise, tu viendras avec Papa manifester contre les fachos.)

Oui, mais alors... si la gauche finissait par l’entendre... Elle risquerait d’apprendre qu’après les enseignants viennent... les policiers !

Oh, mon Dieu...

Dès lors, il est à craindre que la gauche considère que mieux vaut "s’occuper" du "mariage pour tous", comme nous y invite notre président (qui fait tout ce que lui dictent les banques). Ou a la rigueur, laisser se suicider tranquilles ceux qui sont formés et déjà en poste et manifester (ça mange pas de pain) pour la formation des jeunes qui seront employés à leur place.

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