On en est encore et toujours là à rétropédaler : le travail, la "sueur", la DISCIPLINE (YES, SIR !) et le … rêve !
Où ceux qui se réclament de la gauche n’envisagent rien d’autre que ce que la société réactionnaire préconise depuis la nuit des temps et qui, de toute évidence, ne marche pas (parce que c’est voulu), avec le "rêve" en plus (mrfff !), ah, oui, et aussi, la "langue "maternelle", qu’on serait bien en peine de définir, mais ça ne fait rien, on a le droit de parler, on parle.
Et, donc, évidemment, à part enfiler des chapelets de poncifs, on est incapable de mener une réflexion globale sur l’Ecole, rien sur comment on conçoit les contenus et les moyens de les transmettre. Rien sur d’autres formes d’éducation. Non, on prend les mêmes et on recommence. Mais en mieux, évidemment. Et les enfants ? Facile ! Il faut du travail, de la sueur, de la discipline, nom de dieu ! Du sang, de la sueur et des larmes, en quelque sorte.
Tout le monde croit connaître l’école parce que tout le monde en est passé par là, avec plus ou moins de bonheur, et que beaucoup ont eu des enfants qui sont aussi passés par là. Avec toutes les subjectivités que cela suppose et toutes les projections qu’on fait sur sa progéniture. Rien de révolutionnaire, quoi.
Mais pas grand monde ne s’est inquiété des décisions successives des ministères, des effectifs de classes toujours plus nombreux, des programmes concoctés par des pédagos bien en cour dans les ministères, depuis longtemps éloignés des réalités du terrain, qui appliquent à grande échelle ce qui est ressorti de leurs élucubrations élaborées dans les palais feutrés de la République, et dont les préconisations sont ensuite réduites à peau de chagrin par quelque bureaucrate chargé de chiffrer tout cela
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Les maux de l’Ecole sont les maux de l’ensemble de la société capitaliste. Tout est fait pour réduire les coûts et n’offrir qu’un semblant d’éducation de masse minimale (je l’ai déjà dit, mais ça n’a pas l’air d’imprimer en face).
Si, déjà, on ne part pas de ce principe de base, c’est qu’on parle pour ne rien dire, car tout en découle.
Mais ces experts en éducation, savent-ils seulement que tous ces postes de profs titulaires qui ont été supprimés récemment sont actuellement pourvus, si nécessaire, par des précaires, des contractuels non formés, parfois étrangers, engagés localement sur des critères subjectifs, donc, et qui passent d’un établissement à l’autre, d’une année sur l’autre, s’ils sont réembauchés, mais également au cours d’une même année scolaire ?
Savent-ils qu’il n’y a plus de volant de remplaçants qualifiés (on ne va pas tout de même pas payer les gens à "rien faire" comme dans les ministères !) ?
Mais, comme à la poste, c’est le lampiste qui trinque. Le prof. Qui ne sait pas "passionner", ni faire réfléchir, qui ne sait pas "se faire respecter", qui ne sait pas faire "rêver" et qui débite son cours à toute allure.
Le fils de Viktor a bien compris l’idée : les programmes et les horaires sont calculés a minima pour imposer le bachotage et éviter la réflexion.
Et cela s’adressant à une population en total décalage, où chacun est noyé dans la masse, et qui n’attend rien de l’école.
Parce qu’elle n’est destinée qu’à canaliser les élèves dans des filières qui sont souvent désormais des voies de garage.
Parce que les diplômes ne sont plus la garantie d’avoir un emploi bien rémunéré au bout du chemin et qu’on se retrouve en concurrence avec des moins diplômés pour postuler à des emplois précaires et mal payés.
Si l’ascenseur social a jamais existé, il est actuellement en pleine descente.
Aux US, précurseurs depuis bien longtemps du délabrement programmé de l’école publique et de l’endoctrinement de la population, ils ont imposé (depuis Bush) des tests nationaux (sortes de QCM ciblés qui imposent un bachotage permanent, ce qui interdit toute liberté pédagogique et individualisation de l’enseignement), et qui servent à dénoncer les écoles "non performantes", et donc, les enseignants qui "ne réussissent pas" ; et, comme par hasard, ça tombe sur les écoles des quartiers défavorisés, où vivent les petits pauvres des ghettos, noirs ou latinos, et les moins dotées financièrement. Elles sont progressivement livrées au privé, censé mieux "gérer", avec ce que cela comporte de discriminations et d’ostracisme.
Et leurs enseignants méritants et dévoués, eux, sont licenciés, puis, en partie, réembauchés pour un salaire bien inférieur à leur qualification et leur ancienneté et soumis à des horaires extensibles.
En France, les journaux publient régulièrement, d’ailleurs, les noms des établissements les plus "performants", c’est bien dans le même ordre d’idée : un enseignement à deux vitesses, avec une école pour les bourgeois et une garderie pour les pauvres.
Qui s’en indigne ? Non, le parent s’indigne de ce que son rejeton n’ait pas toutes les attentions qu’il devrait mériter alors qu’il est noyé au milieu de 35 autres, dont les parents s’indignent ...
Alors, au lieu de cela, on pontifie sur les notions disparues qu’on veut voir revenir.
Sinistre constat de la pauvreté de la réflexion d’une pseudo-gauche qui prétend vouloir tout changer, mais qui, au pied du mur, montre qu’elle veut que cela reste pareil.