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Fatal !?

« Il n’y a rien, dans le monde des hommes, que l’homme ne puisse réaliser. Si les buts que vous cherchez à atteindre ne concernent que vous, ils ne vous mèneront pas plus loin que vous-mêmes ; Mais les buts que vous visez pour le bien commun vous mèneront bien au-delà , et jusque dans l’éternité. » Marcus GARVEY

Les habituelles insouciances de l’été combinées à l’opportune pléthore des jeux du stade sont désormais derrière nous. Cependant, la Crise dans ses multiples dimensions ne s’est en rien effacée malgré les apparences trompeuses ou les artifices commodes. La rentrée est toujours le moment critique du retour à la réalité. C’est aussi l’heure fatidique de certains bilans. Allons d’emblée à l’essentiel : sur la scène politique française les héros de la fin du printemps sont déjà fatigués. S’ouvre alors une interrogation majeure face aux colossaux enjeux du temps : cette prompte fatigue était-elle fatale ?

Les cent premiers jours de M. François Hollande à l’Élysée font pâle figure. Nous n’avons pas eu longtemps à attendre pour recevoir la confirmation éclatante de la crainte partagée par nombre d’observateurs avant même l’élection présidentielle : nous n’assisterons, en reprenant la formule si parlante d’Alain Badiou, qu’à la mise en scène du « simulacre du changement ». Décidément, le changement ne vit que le temps d’une campagne.

L’urgence de l’inaction

Il est en effet à craindre fortement que sous le vernis du discours teinté d’humanisme - contrastant forcément avec l’absence totale de cette qualité chez le prédécesseur de M. Hollande - les vieux meubles de l’action gouvernementale restent en place durablement. A ceux qui osent déjà exprimer une déception, d’autres rétorquent : rien d’étonnant puisque nous savons avoir affaire à des social-démocrates. Pourtant, il s’agit là d’une erreur de diagnostic. La réalité est pire encore ! La social-démocratie digne de ce nom a des principes, un idéal, un axe directeur. On peut les contester, mais ils existent. Ils se marquent par une réelle volonté de redistribution de la richesse produite, par un engagement sincère des pouvoirs publics envers les plus démunis, par un autre regard sur la place du travail. Le hollandisme est dépourvu de ce « minimum requis » par un désir profond de changement. Il n’est déjà plus question de l’ambitieuse réforme fiscale qui devait être la clef de voûte de l’action du nouveau pouvoir. Le SMIC a connu une réévaluation minuscule. On négocie avec les pétroliers une éventuelle baisse du litre de carburant automobile de… six centimes ! Le relèvement du plafond du livret A est échelonné. Toutes les « grandes » questions sont confiées à la réflexion de commissions créées à cet effet. Il semble urgent de ne pas se précipiter, de réfléchir pour éviter de faire des bêtises. Cependant, la grosse bêtise est de ne pas répondre à l’urgence d’une situation socio-économique dramatique. Le chiffre officiel des chômeurs a désormais dépassé le seuil des trois millions. Le nombre de personnes au chômage depuis plus de trois ans a augmenté de 22 % en un an. Le nombre des créations d’emplois temporaires, pis aller dans un marché du travail déprimé depuis longtemps, diminuent régulièrement. Le nombre de nos concitoyens vivant sous le seuil de pauvreté va bientôt atteindre le record de huit millions. Dans un tel contexte, les mesures symboliques - sans doute nécessaires - ne suffiront pas.

L’implacable explication

Le « nouveau » pouvoir est prisonnier du même double dogme funeste que son prédécesseur : la rigueur budgétaire est la vertu suprême ; la Croissance conditionne l’amélioration de la situation économique des nations et le bien-être des populations. Ce diptyque quasi religieux s’inscrit bien sûr dans le champ des nations européennes qui toutes y sacrifient. On se souvient qu’il n’a pas manqué de gens au Parti Socialiste pour se moquer de Christine Lagarde quand elle inventa en 2011 son pseudo concept de « rilance ». Certes, on ne reprend pas le mot aujourd’hui. On se contente d’en faire vivre l’idée : atteindre la croissance dans la rigueur des comptes et des politiques publics. Personne n’est dupe : rigueur budgétaire signifie austérité partout dans l’Europe communautaire. La loi d’airain de l’austérité européenne est principalement caractérisée par « la règle d’or » qu’impose le Pacte budgétaire européen auquel s’est rallié M. Hollande une fois élu Président de la République. Il a obtenu, en contrepartie de son ralliement à l’accord que M. Sarkozy avait signé en son temps avec Mme Merckel, la promesse de « mesures en faveur de la croissance » représentant… un centième du PIB européen. La ratification de ce Pacte par le Parlement français aura lieu en octobre prochain par la simple adoption d’une loi organique, c’est-à -dire sans modification de la Constitution, comme le récent avis du Conseil constitutionnel y autorise le Gouvernement. La règle d’or européenne va imposer à la France, comme à tout autre pays membre de l’Union ayant ratifié le Pacte, la nécessité de l’équilibre budgétaire perpétuel et l’exposera à des sanctions en cas de non-respect de cette règle. Les investissements et dépenses publics ne pourront qu’être affectés à la baisse par cet abandon manifeste de souveraineté au profit d’une gestion purement financière des politiques publiques en Europe. Cette financiarisation est renforcée par la création du Mécanisme européen de stabilité (MES), véritable instrument de rigidité du « dogme monétariste », cadrant impeccablement avec les principes fondateurs de la zone Euro. C’est alors un autre engagement de campagne de M. Hollande qui passe à la trappe : la séparation des activités des banques entre activités de dépôts et de prêts (jugées « normales ») et activités spéculatives (jugées responsables de la crise financière). Le MES rend tout bonnement impossible la séparation des activités financières. Le piège européiste s’est ainsi refermé sur la plupart des illusions de changement du candidat Hollande !

Le second piège est ouvert

Empêché de mener une politique « socialiste » dont l’idée aurait pu l’effleurer malgré tout, l’actuel Gouvernement croit pouvoir trouver dans un retour éventuel de la Croissance sa planche de salut. Pourtant, les meilleures prévisions annoncent une croissance du PIB français de 0,8% en 2013 tandis que la Banque de France considère que le même PIB va marquer au troisième trimestre 2012, comme au deuxième trimestre, un recul de 0,1%. C’est l’Europe tout entière qui est entrée en récession sous le poids insupportable des plans d’austérité. Persuadé que le développement des entreprises et de l’emploi repose surtout sur l’ouverture de nouveaux marchés ou l’exploitation de ressources nouvelles, le Gouvernement de M. Jean-Marc Ayrault va persister dans la voie « progressiste » traditionnelle, celle où le progrès social découle immanquablement des avancées scientifiques et techniques. N’oublions pas que l’électorat privilégié du Parti socialiste, ce sont les classes moyennes « modernistes », séduites hier par « la révolution informationnelle » qui en même temps qu’elle reliait entre eux tous les ordinateurs du monde devait répandre la « prospérité générale ». Vingt ans plus tard, même les chômeurs sont connectés ! Il est donc temps de rouvrir le dossier des pétroles et gaz de schiste, de proclamer que le nucléaire est une filière d’avenir, de préparer l’implantation de nouveaux complexes commerciaux surdimensionnés. Peu importe que sur tous ces dossiers des études d’experts autorisés démontrent le contraire des affirmations ministérielles et contredisent les espoirs mégalomaniaques de certains élus locaux. Curieusement, c’est au moment où l’argent public se fait rare que fleurissent les projets les plus faussement prometteurs. C’est que les apprentis sorciers de la Croissance perdue ne manquent pas. Le second piège est là  : les deniers qui seront consacrés à ces chantiers dangereux ou inutiles feront défaut ailleurs.

Encore faudrait-il que le tandem Hollande-Ayrault ait envie d’aller ailleurs. L’ailleurs de la sortie de la crise par le haut. L’ailleurs que constitue le renoncement à l’économie carbonique par l’édification d’une économie pleinement écologique. L’ailleurs de la recherche perpétuelle du bien commun contre les prétentions exorbitantes des oligarchies industrielles, commerciales ou financières. L’ailleurs où les Roms ne seraient plus des parias. Si la Gauche - de gouvernement ! - était moins gauche, elle irait promptement et gaiement vers ces ailleurs vraiment prometteurs. Non, rien n’est jamais fatal.

Yann Fiévet

Le Sarkophage - 15 septembre 2012

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