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Guerre des riches contre les pauvres, union sacrée contre le peuple, par Denis Collin.



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Samedi 1er décembre 2007.


Le menu des prochains plans contre les salariés a été annoncé par le président de la république lors de son intervention télévisée du jeudi 29 novembre. Travail du dimanche, détricotage de la limitation légale de la durée de travail, nouvelles privatisations, tels sont les points les plus saillants d’une stratégie marquée au sceau de la guerre sociale.



La guerre des riches contre les pauvres, la guerre contre les ouvriers menée par la ploutocratie repue, gavée aux « stocks options », si bien incarnée par la morgue de Mme Parisot ou de sa consoeur gouvernementale, l’inénarrable Lagarde.

Pendant ce temps, les négociations sur la réforme des régimes spéciaux font rentrer par la petite porte le principe des retraites par capitalisation. En effet, dans les négociations tripartites (la soi-disant « victoire » de Thibaud), le gouvernement et les directions des entreprises (SNCF et RATP) font valoir que la baisse des retraites due à la réforme pourrait être compensée par la mise en place des PERCO (plan d’épargne retraite collective), les « fonds de pension à la française » organisés par la loi Fillon de 2003. La suite des opérations est déjà planifiée : passage aux 41 annuités en 2008, puis à 42 annuités et mise en cause des retraites par répartition dont les cotisations devraient être siphonnées par les investisseurs privés via les PERCO.

Presque comme chez Poutine, la presse aux ordres et les grands médias sont là pour faire marcher le rouleau compresseur de la propagande. Jusqu’à France-Culture, dans l’émission du dimanche matin (juste après la messe), l’Esprit public, on pourra entendre toutes sortes de commentateurs distingués approuver ces mesures et s’en prendre aux terribles gauchistes qui manient le langage de la guerre (sic). Un certain Max Gallo, sans doute homonyme de l’ancien ministre et ancien président du MRC de Jean-Pierre Chevènement [1], pourra s’en prendre à la « violence » de ceux qui refusent de se laisser écraser.

Pourquoi et comment tout cela est-il rendu possible ? La réponse à la première partie tient en deux mots : intégration européenne. Aucune des mesures réactionnaires énumérées ci-dessus n’est due à la malignité particulière du président de la république. Toutes découlent des directives et accords actés au niveau européen. La liquidation des retraites par répartition et l’allongement massif de la durée de cotisation - ainsi que la destruction du mutualisme pour cause de concurrence - ont été décidés au sommet de Barcelone avec l’accord de Chirac et Jospin. Il en va de même pour la privatisation du secteur de l’énergie. En gros, en annonçant qu’il allait vendre 3% du capital d’EDF, le président actuel ne fait que mettre en oeuvre la politique du président précédent et celle du dernier gouvernement « socialiste ». Même la suppression de la durée légale du travail, réclamée par Mme Parisot, s’inscrit dans les orientations européennes. En fixant la durée maximale à 48 heures, l’UE rend légales les revendications du patronat qui pourrait, à bon droit, faire remarquer qu’une durée légale fixée à 35 heures est une entrave à la liberté de la concurrence face à des patrons qui peuvent faire travailler leurs ouvriers 48 heures. Première conclusion : prétendre s’opposer à Sarkozy tout en approuvant le traité européen nouvelle mouture, c’est, dans le meilleur des cas, se moquer du monde.

La réponse à la deuxième partie de la question tient elle aussi en deux mots : union nationale. Tous les liquidateurs de la nation font bloc autour de la politique du président. L’union sacrée pour mener la guerre sociale. L’UMP reçoit le renfort du parti de Hollande, qui fait mine de critiquer la « méthode » pour mieux approuver le fond (retraites, y compris les 41 annuités, LRU, etc.), et qui mérite décidément le nom de Parti Sarkozyste. A ses côtés on trouvera les verts, qui après avoir ciré les chaussures de monsieur Hulot pendant la campagne présidentielle, sont devenus très naturellement un parti carpette - dont la dirigeante, Mme Voynet, s’est transformée, selon le « Canard Enchaîné » du 21 novembre, en vrp de Mac Do... Très logiquement on trouve aussi la direction de la CFDT, syndicat officiel du patronat et du gouvernement depuis très longtemps déjà et dont les dirigeants se sont faits remarquer par leur inépuisable servilité en 1995 et 2003. Au « syndicat » de Chérèque, s’ajoute désormais la direction « réformiste » de la CGT dont le dirigeant Bernard Thibaud vient de rendre à la droite un signalé service. Et évidemment, puisqu’Union nationale il y a, les « souverainistes » d’hier sont là pour envelopper du drapeau tricolore la fin de la souveraineté et la vassalisation du pays organisée par l’actuel président de la république. Les Guaino et Gallo n’ont pas d’autre fonction.

Face aux salariés, face aux millions de chômeurs, face aux 7 millions de travailleurs pauvres se dresse donc une formidable coalition des capitalistes qui n’ont jamais été riches, des sommets d’État, de la classe politique et médiatique, des bureaucraties syndicales et de la gauche officielle. Comment ne pas se sentir impuissant ? Comment retrouver un peu d’espoir et reprendre le chemin de la lutte politique ? Ce sera sans doute difficile. Mais une chose est possible dès maintenant : que tous ceux qui, à gauche, ne se résignent pas, annoncent publiquement et en termes clairs, qu’il entreprennent sans plus attendre de nettoyer les écuries d’Augias de la vieille gauche corrompue et de construire un nouveau parti, un parti honnête et voué exclusivement à la défense du peuple travailleur.

Denis Collin

- Source : La Sociale www.la-sociale.net




Aprés les régimes spéciaux ... Sarkozy continue : le dernier rapport du COR prépare pour 2008 l’offensive contre TOUTES les retraites, par J.J Chavigné et G. Filoche.


Politique et mouvement social (il n’y a plus une minute à perdre), par Denis Collin.






[1Le nommé Max Gallo, en effet, un courtisan de la plus basse espèce, soutien le président qui viole la souveraineté populaire et liquide le « non » pour lequel avait milité l’ancien Max Gallo, celui qui fut communiste puis socialiste, puis chevènementiste.


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