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Interview de Mgr Jacques Gaillot : « En France, l’injustice règne partout »

Très peu de Français connaissent le nom de la plus haute autorité de l’Eglise catholique du pays. Mais la plupart savent qui est Mgr Jacques Gaillot.

Notre entretien commence à la Maison mère des Spiritains, à Paris, son « point d’ancrage », comme il aime l’appeler. Nous le terminerons dans un petit restaurant à quelques pas de là , où les yeux du propriétaire et des autres convives brillent d’admiration en le reconnaissant. Il les salue avec une immense humilité, presque timidement. Avec un regard paisible et sur un ton serein, sans belles phrases, il dit ce qu’on aimerait entendre dans la bouche de beaucoup de politiques.

Né le 11 septembre 1935 à Saint-Dizier en Champagne, en 1957 il dut arrêter le séminaire pour partir effectuer son service militaire en Algérie, en pleine guerre de libération contre le colonialisme français.

Monseigneur Gaillot, qu’a représenté pour vous ce passage par l’Algérie en guerre ?

Cette expérience a commencé à changer ma vie. Mais j’ai eu de la chance : je n’ai pas porté les armes. J’ai été détaché pour faire du travail social, pour vivre avec les musulmans.

Là -bas il y a eu deux choses qui m’ont beaucoup provoqué. Premièrement, l’Islam dont je ne connaissais rien. Je me suis dit que même si cette religion est extrêmement différente, ces gens-là ont la foi en Dieu, ils prient et ils sont hospitaliers, alors ils sont des frères pour moi. C’est l’interreligieux qui a influencé ma foi. La deuxième chose, c’est la violence de la guerre : c’est à partir de l’Algérie que peu à peu je suis devenu militant non-violent. Au fond, l’Algérie c’était un séminaire pour moi.

Après 22 mois en Algérie, vous êtes envoyé à Rome et ordonné prêtre en 1961. Un an plus tard vous rentrez en France. Quels souvenirs gardez-vous de cette décennie ?

Quelques événements m’ont beaucoup marqué, par exemple Mai 68, parce que c’était une ouverture à la jeunesse. C’était formidable : une période de liberté de parole partout, où on était tous à égalité. Les prêtres dans les diocèses, qui osaient parler à leur évêque de plain-pied. C’était parfois sévère. Ils critiquaient la manière d’exercer l’autorité ecclésiastique. C’était beau et extraordinaire, cette façon de confronter l’autorité, le pouvoir. Je crois que depuis je n’ai pas revécu de période comme celle-là .

En 1982 vous devenez évêque d’Évreux, mais brusquement le 13 janvier 1995 on vous décharge de sa mission pastorale. Que s’est-il passé ?

Quelques jours avant cette date, j’ai comparu devant les autorités du Vatican dans l’ignorance totale, et j’ai été jugé coupable en quelques heures. Tout avait été tranché avant même que je comparaisse. Et vingt-quatre heures après, j’ai été chassé de mon diocèse. Le cardinal Bernardin Gantin, préfet de la Congrégation des évêques, m’a proposé de signer une lettre de démission, et je pouvais conserver le titre honorifique d’évêque émérite d’Evreux. Je n’ai pas signé. C’est alors que le Vatican me nomme évêque in partibus de Partenia, un diocèse disparu depuis le Vème siècle, situé dans l’actuelle Algérie, dans la région de Sétif. Je n’ai jamais rien réclamé.

J’ai quitté l’évêché d’Evreux sans rien et je suis allé vivre une année dans le célèbre squat de la rue du Dragon à Paris, au milieu des familles de sans-papiers, jusqu’à ce que je sois accueilli à la communauté des Spiritains à Paris, où je réside habituellement.

Qu’est-ce qui a poussé Rome à prendre une décision si drastique, si peu commune ? Pensez-vous que vos prises de position et votre action sociale y soient pour quelque chose ? Par exemple, en 1983, vous êtes l’un des deux évêques à voter contre le texte épiscopal sur la dissuasion nucléaire. En 1985, vous prenez position pour le soulèvement palestinien des territoires occupés, et rencontrez Yasser Arafat à Tunis. En 1987, vous n’assistez pas au pèlerinage à Lourdes, pour vous rendre en Afrique du Sud et rencontrer un militant anti-apartheid en prison. En 1988 déjà , dans la revue Lui, vous défendez l’ordination des hommes mariés. La même année, vous vous déclarez prêt à donner la bénédiction aux homosexuels. Et le 2 février 1989, vous publiez dans l’hebdomadaire Gai Pied, un article intitulé « Être homosexuel et catholique ». En 1994, vous devenez l’un des fondateurs de l’association Droits Devant !! qui vient en aide aux immigrés dépourvus de papiers, et commencez une lutte infatigable pour la défense des marginaux, ce qui vous fait connaître sous le nom de « Monseigneur des Sans » : sans papiers, sans logis. C’était plus que suffisant pour vous faire quelques ennemis dans les cercles du pouvoir civil et ecclésiastique.

Oui. Bien qu’aujourd’hui je ne dispose toujours d’aucune preuve concrète, grâce à des informations fiables, je crois que le gouvernement français, et en particulier le ministre de l’Intérieur de l’époque, Charles Pasqua, n’ont pas été étrangers à cette brutale décision du Vatican. Je pense que mon livre Coup de gueule contre l’exclusion a été le détonateur de mon éviction. J’y critique la loi sur l’immigration. Alors, M. Pasqua aurait fait savoir à Rome le malaise du gouvernement devant ma prise de positions. N’oublions pas qu’en France ce ministère est aussi en charge des cultes.

Le Vatican a voulu m’isoler. Mais en 1996, pour le premier anniversaire de mon départ d’Evreux, quelques amis ont créé sur Internet l’Association Partenia , faisant ainsi de moi un « évêque virtuel ». Le Vatican n’imaginait pas que je réussirais à animer l’unique diocèse en expansion, avec le plus grand nombre de fidèles au monde et en plusieurs langues ! Partenia est un espace de liberté où l’on peut entrer en dialogue avec tous les peuples de la terre.

J’ai très vite remercié Rome et M. Pasqua, parce qu’ils m’ont fait passer sur une autre rive où j’ai trouvé une autre vie. Je me suis ouvert à plus de liberté. Et, libre de toute attache, je me suis pleinement retrouvé dans l’action, avec les exclus. Je pouvais vivre avec les gens, partager leurs joies et leurs angoisses. Ca a été incroyable. Pendant que Pasqua est jugé pour divers délits, et que l’Eglise perd chaque jour toujours plus de chrétiens.

Comment considérez-vous l’Eglise catholique aujourd’hui ?

L’Eglise nous a enseigné que Dieu a voulu nous apporter le malheur pour nous amener à la résignation. Mais ce n’est pas chrétien ! L’Eglise fait intervenir Dieu pour nous forcer à obéir et à ne pas penser. Très peu de discours sur Dieu me parlent de lui, par contre quand quelqu’un dit du bien de l’être humain, cela me parle beaucoup de Dieu. L’Institution reste inamovible sur son piédestal, loin du peuple et de Dieu. En continuant ainsi, l’Eglise se transformera en une secte, parce que beaucoup sont en train de se tourner vers d’autres religions. L’Eglise vit une hémorragie.

L’Eglise doit changer, se moderniser, reconnaître que les couples ont le droit de divorcer et d’utiliser le préservatif ; que les femmes peuvent avorter ; que les hommes et les femmes puissent être homosexuels et se marier ; que les femmes puissent être ordonnées prêtresses, et avoir accès aux sphères de décision ; que l’on revoie la discipline du célibat, et que les prêtres puissent se marier comme tout être humain, parce que beaucoup doivent vivre leur relation dans la clandestinité, comme des délinquants.

La situation actuelle est malsaine et destructrice pour les individus et pour l’Eglise.

Le Vatican a la dernière monarchie absolue d’Europe, mais il faudra changer de modèle. L’Eglise a du mal à admettre la démocratie à tous les niveaux. Ce n’est pas évangélique.

Que pensez-vous de la théologie de la libération, qui a connu un essor important en Amérique Latine, principalement, depuis les années soixante ?

Je m’y suis intéressé parce que c’est une théologie qui parle des pauvres. On ne parle pas de la liturgie, on ne parle pas de la catéchèse, on ne parle pas de l’Eglise, on parle du peuple pauvre. Ce sont les pauvres eux-mêmes qui prennent conscience de leur libération, et la prennent en main. Tant qu’il y aura des pauvres, il y aura une théologie de la libération.

Moi-même et d’autres étions très sensibles à Don Elder Camara au Brésil, un grand théologien ; à Mgr Leonidas Proaño en Equateur ; à Mgr Oscar Romero au Salvador, et à d’autres prêtres principalement latino-américains. Quand Mgr Romero a été tué en célébrant la messe, le 24 mars 1980, ça a été un choc pour moi. Il avait laissé l’Eglise des puissants pour être avec les pauvres. Cette conversion qu’a faite Mgr Romero, moi j’ai trouvé ça tout à fait admirable.

En Amérique Latine, il y a des prêtres qui ont pris les armes . Moi je ne me permets pas de les juger parce que c’est leur choix. Je ne suis pas d’accord, en tant que non-violent.

Evidemment, la théologie de la libération est dangereuse pour les gens du pouvoir, qui ont tout fait pour que ça s’arrête. Quand les pauvres sont soumis, acceptent leur triste sort, il n’y a rien à craindre, c’est du pain béni, et les riches peuvent dormir tranquilles. Mais si jamais les pauvres se réveillent, puis prennent conscience de leur condition et deviennent acteurs de leur changement, alors ça fait peur.

Si les pauvres prennent la parole dans l’Eglise elle-même, et mettent en cause l’Institution, c’est terrible. Et l’Eglise dit : Voilà des communistes ! Attention ! On a toujours cette hantise de l’infiltration marxiste. Et donc, régulièrement les dictateurs, les gouvernements répressifs et le Vatican mènent un combat commun.

Malheureusement, il n’y a pas beaucoup de rebelles dans l’Eglise, parce que toute l’institution forme à l’obéissance, à la soumission.

Comment voyez-vous la situation sociale et économique de la France d’aujourd’hui ?

Je juge une société en fonction de ce qu’elle fait par rapport aux plus démunis, aux plus déshérités. Evidemment je ne peux porter qu’un jugement sévère, parce que la France n’est pas respectueuse du droit et de l’être humain.

Je trouve que le problème n°1, c’est l’injustice qui règne partout. Les gens au pouvoir n’investissent pas pour les pauvres. Nous avons un gouvernement qui favorise les riches, à tous les niveaux. Et il y a trois millions de gens pauvres en France !

J’ai découvert que beaucoup de maîtres-chiens qu’on croise dans les stations de métro de la région parisienne sont des Africains sans papiers. Ils nous protègent, pourtant ils vivent dans la peur d’être arrêtés en tant qu’illégaux. Comment est-ce possible que les travailleurs sans papiers en soient réduits à n’être que des sous-citoyens alors qu’ils paient des impôts et qu’ils cotisent à la sécurité sociale, directement ou par le biais des entreprises qui les emploient ? Beaucoup de nos concitoyens pensent que ces gens profitent du système, sans savoir qu’ils reçoivent chez eux le formulaire des impôts sur le revenu. Ou bien, ils sont reconnus par l’administration mais comme ils ne sont pas en règle, ils ne peuvent bénéficier d’aucune aide sociale. C’est un racket de la part de l’Etat !

Et l’Eglise dans tout cela ? Prenons comme exemple ce qui s’est passé le 23 août 1996 quand presque mille CRS et autres policiers ont forcé à coups de haches les portes de l’Eglise Saint Bernard de la Chapelle à Paris pour en faire sortir de force trois cents étrangers en situation irrégulière. J’étais en colère et scandalisé, car l’évêque avait demandé leur expulsion. Et quand on expulse des êtres humains qui demandent protection dans une église, on désacralise cette église. Et, malheureusement, cela continue.

Que se passe t-il avec les étrangers illégaux ? On les met en centres de détention. Et le traitement qu’on donne là -bas est digne d’un camp de concentration. Inhumain ! Regardez ce qui se passe dans les prisons qui sont saturées. J’étais l’autre jour au Trocadéro où se déroulait une cérémonie toute simple pour les morts de l’année en prison. Il y a à peu près 1 suicide tous les 3 jours. C’est énorme ! Leur seul horizon, c’est le suicide. On n’avait jamais vu ça. Par rapport à l’Europe, la France détient le record des suicides par pendaison en prison.

Face à cette terrible situation, où se situe le discours du gouvernement sur la crise économique ?

Dans cette crise économique ce ne sont pas les riches qui sont touchés, mais les plus pauvres. Pourquoi était-on contre la loi des régimes des retraites qui a été votée ? Parce qu’elle favorise les plus riches et pénalise les pauvres. Regardez tout ce qui se fait au plan de la réforme de santé : maintenant, il y a des gens qui n’osent plus aller chez le médecin, chez le dentiste ou chez l’ophtalmologue ; ils y vont quand ils ne peuvent pas faire autrement. Donc on se passe du médecin le plus possible, et puis quand on y va, c’est trop tard. Il y a des acquis sociaux qui s’effritent petit à petit dans tous les domaines.

Et la crise malmène les familles. Quelqu’un qui avait commencé à investir pour acheter une maison, et qui tombe au chômage, puis qui ne trouve plus de travail, alors, il ne peut plus payer, et il est obligé de revendre. Le logement social n’est pas une priorité nationale, pas une priorité politique, parce que les gens du pouvoir sont bien logés. On construit très peu de logements sociaux, donc les gens ne savent plus où aller. On laisse les gens dehors, alors qu’il y a beaucoup d’immeubles vides dans Paris.

C’est le grand froid d’hiver, alors le gouvernement dit : on a des plans. Donc on ouvre un gymnase, on ouvre ceci, on ouvre cela pour accueillir quelques centaines de gens. Mais ce n’est pas de plans de grand froid dont on a besoin, c’est de logements dignes. On est dans une grande pénurie, on laisse des gens dans la difficulté, ils meurent de froid dans la rue. Ce n’est pas croyable ! Et comme disait Victor Hugo : "On fait la charité quand on n’a pas su imposer la justice". Et ce n’est pas de la charité dont on a besoin, c’est de la justice. Parce que la justice va aux causes, la charité va aux effets. Alors je ne dis pas qu’il ne faut pas aider des gens, avec les Restos du Coeur, la soupe populaire. Il faut aider, il y a des urgences. Moi, le soir de Noël, on m’invite à donner une soupe chaude pour des gens qui n’ont rien. Je le fais, mais je n’ai pas bonne conscience quand même, vous voyez ? Il y a des causes structurelles qui maintiennent les gens dans l’injustice, et c’est là -dessus qu’il faut se battre.

Le plus triste est que les gens s’habituent à l’injustice. Il faut retrouver une capacité d’indignation pour ne pas s’habituer. Et je dis : Alors, indignez-vous !

L’injustice, elle est partout en France. Il y a des oasis de richesses, de luxe, et puis des ghettos de misère. En France, il y a une violation flagrante des Droits de L’Homme. Donc il faut se battre pour faire respecter les droits des gens.

On a assisté en 2010 à de très fortes et nombreuses manifestations de protestation contre différents projets du gouvernement, qui n’a pas reculé d’un pas.

Oui, nous avons été des millions à manifester en 2010, mais le gouvernement n’en a pas tenu compte. Je crois qu’en ne respectant pas la majorité du peuple qui s’exprime dans la rue, on ne prépare pas l’avenir. En France, on ne le fait pas. On laisse s’accumuler la colère, le ressentiment de ne pas être écouté. Donc, il se produira des choses.

On ne peut pas rester comme ça ; ce n’est pas parce qu’on met la police partout qu’on va contenir la colère du peuple. On chante dans les manifs : "Police partout, Justice nulle part". En France on est dans un régime policier.

L’injustice n’est jamais une condition de paix. Il y a le feu sous la marmite. Quand il y a de l’injustice, le feu couve, et le couvercle sautera.

La majorité des Français ne se rendent pas compte ou ne veulent pas savoir que l’image de la France dans le monde est mauvaise, parce que le président Sarkozy a tout fait pour ressembler au président Bush.

Votre combat pour la justice ne concerne pas seulement la France, on vous a aussi entendu et vu agir dans d’autres lieux. Donnez-moi quelques exemples actuels.

On se bat toujours pour la solidarité avec les Palestiniens. L’état d’Israël est un état colonial qui s’est construit sur le vol de la terre, l’exclusion d’un peuple. Cela fait plus de 60 ans qu’il vit dans l’occupation, dans l’injustice. La communauté internationale ne fait rien ou si peu. Des paroles. En ce moment, il y a une mobilisation des citoyens un peu partout et elle exerce une réelle pression sur l’état d’Israël. Puisque les gouvernements ne font rien, et bien les citoyens se mobilisent. Les gens ne sont pas au courant que cinquante produits agricoles viennent des territoires occupés, et que c’est Israël qui pique l’argent. On fait un boycott contre les produits israéliens, mais aussi un boycott culturel. Bien sûr, quelques grands intellos français y sont opposés, le maire de Paris Delanoë aussi, ainsi que la dirigeante du parti socialiste, Mme Aubry. Si les Palestiniens continuent de vivre sous l’occupation, il n’y aura jamais la paix là -bas.

Cuba. C’est un pays qui a l’avenir pour lui. J’ai pu constater que le peuple cubain est digne, courageux et solidaire. A Cuba il n’y a pas la misère que l’on trouve dans tous les autres pays d’Amérique latine, en France ou aux Etats-Unis. Malgré le blocus des Etats-Unis, ils ont tous la santé et l’éducation gratuite, et personne ne dort dans les rues ! C’est incroyable !

Je fais partie du Comité international pour la liberté des cinq Cubains prisonniers aux Etats-Unis pour avoir lutté contre le terrorisme de Miami. Je suis dans le Comité parce que j’ai appris qu’il y avait une injustice évidente à leur égard. Ils ont beau être courageux, ils ont beau avoir des soutiens, on ne peut pas tolérer une injustice comme ça.

Vous avez visité différents pays d’Amérique Latine. Que pensez-vous de la manière dont la presse française traite les processus sociaux alternatifs qui se déroulent là -bas ? Pourquoi les médias ont-ils tendance à ridiculiser des gens comme les présidents Evo Morales, en Bolivie, ou Hugo Chavez, au Venezuela ?

Parce que la France soutient ceux qu’il ne faudrait pas soutenir, comme en Afrique. Elle a des intérêts. Ces présidents ne font pas ce que veulent les riches, alors que très souvent la France est de ce côté-là .

Et la participation des femmes en politique en Amérique Latine, c’est extraordinaire. Par exemple, une femme à la tête du Brésil ! En France on n’est même pas capable d’avoir une femme première ministre : on est tellement machos ! Madame Cresson l’a été, mais elle n’est pas restée longtemps, parce qu’on l’a tellement massacrée à cause de sa condition de femme. On est machos et vulgaires comme ce n’est pas croyable !

Aujourd’hui, ce n’est pas la vieille Europe qui donne le ton, c’est l’Amérique Latine. C’est par là qu’il faut regarder !

Monseigneur Gaillot, pour terminer, deux dernières questions : Comment vous considèrent les autres dignitaires de l’Eglise en France ? Et, en tant que citoyen et être humain, voyez-vous une alternative face à la situation sociale de la France ?

Mes rapports avec les autres évêques sont en général polis, même si beaucoup m’ignorent. Ils ne me font parvenir aucun document de la Conférence Episcopale, et je ne suis plus invité à l’assemblée annuelle de Lourdes. Je ne crois pas que Rome veuille me réduire au silence, ce qui serait un châtiment extrême. Ce n’est pas confortable parfois, mais ce qui est confortable c’est d’être en paix avec sa conscience, de dire ce qu’on pense, de dénoncer qu’on n’accepte pas cet état de choses.

Pour la seconde question… J’ai espoir dans les hommes et les femmes. Nous allons continuer à avancer. Je crois qu’il y a toujours des sursauts citoyens. Il y a heureusement un tissu associatif, un tissu de solidarité qui me réjouit. Il y a une santé dans le réseau de citoyens, et je vois tous les combats qui sont nés, c’est formidable. Chacun doit trouver le chemin où il peut lutter avec d’autres.

L’unité : oui, c’est ça qui peut sauver la démocratie et les droits de l’homme, et c’est ce qui me donne de l’espoir .

interview réalisée par Hernando Calvo Ospina
http://hcalvospina.free.fr/spip.php?article310

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