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Iran : vous avez dit contre-révolution ?

La Révolution verte iranienne serait-elle un premier pas vers une contre-révolution ?

Depuis le 12 juin, l’encre n’a cessé de couler au sujet des élections iraniennes. Le président sortant, Mahmoud Ahamdinejad, était donné perdant et a pourtant remporté haut la main les élections devant son adversaire, Mir Hossein Moussavi. L’Iran est aujourd’hui dans toutes les discussions, ou presque, mais en lisant ou écoutant les médias occidentaux, je ne peux réprimer un moment d’irritation. En effet, les analyses sont toutes le fruit d’une réflexion occidentale, c’est-à -dire incomplète, voire orientées.

L’Iran nous est systématiquement présenté comme un pays musulman conservateur et menaçant pour notre sécurité. Bizarre que les États-Unis apparaissent comme des sauveurs alors que leur discours ne laisse aucun doute : dominer par tous les moyens. Après l’ère Bush, dont la volonté guerrière a été prouvée, et avant d’entrer dans l’ère Obama, Hillary Clinton a tenu des propos on ne peut plus clairs dans le cadre du programme Good Morning America, diffusé par ABC le 22 avril 2008 : « Je veux que les Iraniens le sache, si je suis la présidente, nous attaquerons l’Iran. Et je veux leur faire comprendre que cela signifie qu’ils doivent examiner de très près la question, parce que quel que soit le stade de développement où pourrait être leur programme d’armement nucléaire au cours des 10 prochaines années, au cours desquelles ils pourraient envisager de lancer bêtement une attaque contre Israël, nous serions en mesure de les effacer totalement. »

Aujourd’hui, le monde vit sous Obama. Mais n’oublions pas que ce dernier représente le même parti que celui pour lequel Hillary Clinton faisait campagne. Le président américain, je devrais dire, ses conseillers, a simplement adopté un discours et une conduite plus politically correct, afin de regagner la confiance des États et de la population de la planète. La main tendue par les États-Unis aux pays musulmans cache des pièges. Les États-Unis aimeraient récupérer l’Iran, qui occupe une position stratégique au Moyen-Orient, à des fins économiques (accès aux ressources pétrolières et gazières d’Asie), et politiques (nous entrons dans une deuxième guerre froide et il est important pour les Américains que l’Iran quitte la Chine et la Russie pour se ranger de son côté). Avec les élections volées du 12 juin en Iran et la Révolution verte qui a suivi, les Iraniens sont soudain devenus sympathiques au monde et surtout à l’Occident en se battant contre un régime insupportable par sa violence et ses idées.

Nous devons toutefois « regarder » ou accueillir le soutien du « Monde » au peuple iranien avec la méfiance nécessaire. Le « Monde » pourrait facilement faire un amalgame entre le mouvement iranien actuel contre le régime et un mouvement général contre les pays islamiques. Chacun voit dans les évènements récents ce qu’il veut bien voir. Le 11 juin, veille des élections iraniennes, j’étais à New York. J’ai dit à une amie avocate que je pensais que la jeunesse iranienne pourrait opter, dans un avenir plus ou moins proche, pour une contre-révolution. Sa réponse a été brève : « Impossible. Ils croient en leur religion. » Les évènements n’ont pas tardé à me donner raison. La Révolution verte pourrait être le premier pas vers une contre-révolution qui permettrait de dissocier la religion de l’État. Les jeunes Iraniens et Iraniennes commencent à parler d’un pays où la religion retournerait dans le domaine du privé. Ils ne renient pas l’Islam, ils condamnent la place qu’il occupe au sein du gouvernement. Un ami iranien m’a déclaré de son côté : « Ce régime [le régime des mollahs] n’attend qu’une guerre pour détourner l’attention des Iraniens ainsi que celle du monde entier des problèmes sociaux, économiques, politiques… »

Le peuple iranien est conscient qu’il doit se rapprocher de l’Occident, mais pas à n’importe quel prix. Il a connu la monarchie, la révolution, le pouvoir religieux. S’il décide de faire une contre-révolution quelles sont les voies qui s’offrent à lui ? Une monarchie « modérée », du type Espagnol ? Ce serait faire marche arrière. Une dictature militaire semble improbable, car aucune des actions des opposants au régime ne va dans ce sens. Le même ami m’a expliqué pourquoi en quelques mots : « La raison m’est claire : tous les Iraniens ont déjà eu l’expérience de l’autocratie et de la dictature au cours des cent dernières années. C’est-à -dire la période d’après la grande révolution constitutionnelle de 1906 durant laquelle l’autorité du clergé a été soumise à la volonté du peuple (les mollahs se vengeront plus tard avec la révolution islamique de 1979 qu’ils ont détournée à leur profit) ». Reste la démocratie. Cette dernière peut s’accommoder de la religion en la replaçant dans le domaine de la vie privée, comme c’est le cas en France depuis 1905, avec la loi de séparation des Églises et de l’État, promulguée le 9 décembre 1905. Le peuple iranien est-il prêt à se battre pour la démocratie ? Les derniers évènements semblent l’indiquer. Mais advenant une contre-révolution, l’Iran pourra-t-il se protéger contre l’intervention de l’Occident, et surtout des États-Unis qui se targuent d’oeuvrer pour la Démocratie tout en ponctuant les discours présidentiels d’un God Bless America, sans ambiguïté sur la mission quasi divine dont cette nation se sent investie. A une autre époque, Hitler scandait Gott Mit Uns… L’Angleterre se recueille au son de God bless the Queen… et la République islamique d’Iran use et abuse du slogan Allah Akbar (Allah est grand)…

Au-delà des intérêts économiques et politiques de l’Occident en Iran, l’Occident accueille et récupère les évènements récents à des fins de propagande idéologique. L’Iran est un pays musulman qui se lève contre l’oppression d’un régime islamique. En s’appropriant les évènements post-électoraux, l’Occident donne raison aux États-Unis et à la guerre contre le terrorisme... Demandons aux Iraniens qui ont défilé dans la rue s’ils l’ont fait sous la houlette des États-Unis. J’ai posé la question à plusieurs Iraniens et Iraniennes et leur réaction a été d’abord la stupéfaction, puis la colère. Pourquoi l’Occident, avec à sa tête les États-Unis, veut-il faire croire et se persuader qu’il peut tout contrôler. Le peuple Iranien serait-il trop stupide ou ignorant pour décider par lui-même de ses actes et de son avenir ? Certes non, car c’est un peuple extrêmement éduqué et très bien informé. Le pourcentage du groupe d’âge 18-24 ans fréquentant l’université en République islamique d’Iran est passé de 5 % en 1979 à 24 % en 1997 (1) , l’Iran compte aujourd’hui plus de 3,5 millions d’étudiants universitaires dont 60 % sont des jeunes filles.

Enfin dans cette guerre de religion qui oppose l’Occident aux pays musulmans, l’Iran occupe une place très particulière. En effet, la religion de la Perse était le zoroastrisme, avant que le peuple perse ne soit converti de force à l’Islam avec la conquête de la Perse par les Arabes à partir de 636. La défaite des Sassanides à marqué la fin du zoroastrisme dont il ne reste aujourd’hui que quelque 50 000 fidèles en République islamique d’Iran. Le zzoroastrisme était également pratiqué en Inde. Il repose sur la notion du dualisme du Bien et du Mal qui coexistent dans tous les êtres vivants. Toute personne se doit de répondre de ses actes par la bonne pensée et de chercher le Bien. Peut-être y a-t-il là quelque chose que l’Occident pourrait apprendre des Iraniens.

Claude Jacqueline Herdhuin
Scénariste, assistante-réalisatrice, auteure

(1) Abbas Bazargan, L’enseignement supérieur : étude de cas iranienne, Perspectives, vol. XXXII, no 3, septembre 2002.

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