Kouchner et les tyrans sanguinaires.



7 janvier 2004


Bernard Kouchner, défend le droit des peuples, traque l’oppression, partout et sans se tromper. Ami des pauvres, il vit chichement avec son épouse, Christine Ockrent. Le tarif de celle-ci pour animer une demi-journée de réunion est seulement de 18 000 €. Lui (Le Monde du 6 janvier), déclare se contenter de 12 500 € pour une conférence.

Militant de la guerre en Irak et du PS, Kouchner était, le 29 septembre 2003, à la soirée anticubaine organisée par l’officine « Reporters sans frontières » au théâtre des Champs-Elysées.

Quelques mois plus tôt, empochant 25 000 € versés par Total, il avait pondu un rapport affirmant que ce groupe pétrolier ne pouvait aucunement être mis en cause pour son comportement en Birmanie.

Or, la terrible vérité est la suivante si l’on en croit la presse, des témoins directs, d’autres compagnies pétrolières, divers groupes multinationaux, la Fédération Internationale des Droits de l’Homme, l’Organisation Internationale du travail, l’Union Européenne, l’ONU et la Commission des Affaires Etrangères de l’Assemblée Nationale française. Cette dernière a publié un rapport d’information (N° 1859 du 13 octobre 1999) sur « Le rôle des compagnies pétrolières dans la politique internationale et son impact social et environnemental ».

La junte birmane, parvenue au pouvoir après un coup d’Etat qui a renversé en 1988 le gouvernement démocratiquement élu, est couramment décrite comme une narco-dictature, La Birmanie est un lieu de non-droit propice à toutes les violences, tortures, arrestations arbitraires, viols, fabrication et commercialisation de drogue, rackets, blanchiment d’argent (F. Christophe « Total entre marée noire et blanchiment » éd. Golias).

En 1990, les généraux se risquent à organiser une consultation électorale. Hélas ! pour eux, elle consacre la victoire de la Ligue Nationale pour la Démocratie (LND), dirigée par Mme Aung San Suu Kyi. Aux 82% des voix obtenues par l’opposition, la junte militaire répond par un nouveau coup d’Etat, suivi d’une féroce répression avec emprisonnement de milliers de démocrates et assassinats de chefs de l’opposition.

L’opposition birmane demande à la communauté internationale de ne pas aider les généraux putschistes à se maintenir au pouvoir. Comment ? En coupant les pompes à finances. Il faut en effet savoir que l’armée birmane absorbe 40 % du budget du pays. Elle compte 400 000 hommes et ne cesse de se moderniser. Pourquoi une armée si importante, alors que la Birmanie ne se connaît pas d’ennemi extérieur ? Pour mater l’ennemi intérieur, son propre peuple.

Le projet gazier « Yadana », du nom du lieu où se trouve le gisement, rapportera aux militaires plusieurs centaines de millions de dollars par an. Mais ils n’ont pas les moyens financiers et techniques permettant de le mener à bien. La junte cherche un partenaire capable d’épauler la compagnie d’Etat : la Myanmar Oil & Gas Entreprise (la MOGE). Total signe un contrat avec la junte en 1992. Mais l’exploitation du gisement nécessite d’autres capitaux. C’est ainsi, que les militaires vont contacter la compagnie américaine UNOCAL (l’Union Oil of CALifornie corporation). C’est la même compagnie qu’on retrouvera en Afghanistan pour y construire un gazoduc. Ce projet nécessitait un pays pacifié et « tenu » par un pouvoir fort. De là , l’aide accordée à l’époque par les USA aux Talibans pour la conquête du pouvoir.

Bon, les compagnies pétrolières ont la puissance financière et technique suffisante pour exploiter le gaz. Reste la question des débouchés. Par bonheur, un pays voisin, la Thaïlande, recherche une source d’énergie pour alimenter une centrale électrique dans la région de Kanchanaburi. Un accord va être passé entre Total, UNOCAL, MOGE et la compagnie thaïlandaise PTT-EP (PeTroleum authority of Thaïland Exploration Production public). Le consortium a désormais pour tâche prioritaire de construire un gazoduc qui traversera la Birmanie d’est en ouest sur soixante kilomètres. Gros travaux. Et gros problème.

En effet, le tracé du gazoduc traverse une zone de guérillas. Sur leur territoire, deux ethnies, les Mons et les Karens sont en rébellion depuis des décennies contre le pouvoir de Rangoon. Le consortium pétrolier exige une « sécurisation » de la zone.

Des observateurs affirment que les pétroliers auraient apporté un soutien logistique aux militaires pour le transport des troupes par hélicoptères.
Il semblerait en tout cas qu’un des sous-traitants, la compagnie Héli-Union qui accomplissait ces missions pour Total sur les plates formes pétrolières, a rendu ce service aux militaires birmans. Elle a effectué des vols de transport pour l’armée birmane et pas forcément dans la zone du gazoduc. L’armée birmane n’étant pas solvable, Total aurait réglé les notes d’Héli-Union.

Toujours est-il que le nombre de bataillons en territoire Mon et Karen, à proximité immédiate du gazoduc, est passé de trois à quinze. Le gouvernement en exil dénonce alors une flagrante immixtion politico-militaire du consortium dans les affaires intérieures birmanes.

Mais il y plus grave encore. Tandis que le consortium et les militaires oeuvrent de concert, l’Organisation Internationale du Travail (L’O.I.T) enquête sur place. Les découvertes s’avèrent assez graves pour que la Birmanie soit exclue de l’O.I.T. De quoi s’agit-il ? De violations constantes aux droits de l’homme, du recours au « travail forcé ». L’O.I.T. écrit que cet abus est « massif et systématique ». D’autres organisations de défense des droits de l’homme soutiennent que Total et UNOCAL ont bénéficié du travail forcé des villageois raflés dans leurs villages par l’armée. Est-ce à dire que le consortium a directement utilisé des esclaves ? Il semble tout au moins établi que le portage des armes, la construction et l’entretien des baraquements militaires ont été dévolus aux villageois. Or, à quoi servait cette infrastructure ? Au consortium pétrolier. Mieux, John Imle, qui n’est rien moins que le président UNOCAL, affirme que le partage des tâches, pour être tacite, n’en était pas moins réel. Des témoins affirment que des porteurs utilisés par l’armée étaient payés par Total.

Mieux, une mission parlementaire française est envoyée sur place pour enquêter. Extraits de son rapport : « Il apparaît factice de séparer la construction du Gazoduc, qui nécessitait l’embauche d’une main-d’oeuvre qualifiée et des moyens techniques considérables, des mesures prises par le régime birman pour assurer sa sécurité. Or, ce sont ces mesures de sécurité qui ont généré du travail forcé et des déplacements de population dans la zone. [...] Total et UNOCAL n’ont pas volontairement utilisé du travail forcé pour la construction du gazoduc, mais en ont indirectement bénéficié, en raison de la militarisation de la zone ».

En conséquence, la mission parlementaire recommande (en vain) que Total « fige » ses activités en Birmanie.
Quant à UNOCAL, elle fait l’objet d’un recours en justice aux Etats-Unis. L’avocat des plaignants remarque que les villageois ont été obligés de travailler et ont été payés par les étrangers. Cela démontre que l’armée birmane était impliquée dans le projet de gazoduc et qu’elle était présente dans les opérations de nettoyage préalable à la construction des infrastructures nécessaires au chantier (routes, héliports).

Les exactions militaires dans une douzaine de villages à l’occasion de ce chantier ont également été dénoncées par la Fédération Internationale des Droits de l’Homme (FIDH) et par plusieurs organisations non gouvernementales (ONG) qui font état de déplacements de populations manu militari et même d’exécutions sommaires. Le scandale est tel que le gouvernement belge a alors décidé de ne pas renouveler un contrat de six cents millions de francs français avec la compagnie Total pour cause de « collusion » avec le régime de Rangoon.

Dans une déclaration au quotidien le Monde en juillet 1996, Aung San Suu Kyi, prix Nobel de la paix 1991, place Total au premier rang des soutiens dont bénéficie le régime de Rangoon
Enfin, l’Union Européenne, l’ONU et même les Etats-Unis, ont dû prendre des résolutions à l’encontre de la junte. Plusieurs multinationales, craignant d’être éclaboussées (ce qui nuit au bisness), quittent la Birmanie en invoquant le « manque de démocratie ». Citons : Texaco, Atlantic Richfield, Arco, Pepsi Cola, Levi’s, Interbrew, Carlsberg, Heineken, Reebok, C & A, Hewlett Packard, Eastman Kodak. D’autres, comme Unilever ont cité la Birmanie comme étant un pays où ils ne feraient pas commerce. Il en va de même de Shell et Exxon. Total reste sur place.

Et que dit l’ONU ? Une déclaration de son Rapporteur spécial en avril 1999, reprend les mêmes accusations avec des éléments aggravants :
« La situation des droits de l’Homme à l’Est de la « Birmanie » est extrêmement préoccupante. La stratégie d’affrontement poursuivie par les militaires à l’encontre des minorités conduira inexorablement à une véritable catastrophe humanitaire. Un demi-million de personnes ont été déplacées et plus de 100 000 personnes se sont réfugiées en Thaïlande. »

Tout les faits rapportés plus haut sont connus et dénoncés depuis des années dans le monde entier. Kouchner, lui, enquête en Birmanie en 2002 aux frais de Total et il nous rassure : aucun esclavagisme. « Je suis sûr à 95 % que les gens de Total ne sont pas capables de faire ça ». Des enfants esclaves ? Que nenni car « les tuyaux des pipe-lines sont trop lourds pour être portés par des enfants ». Mais voici que Total reconnaît avoir dû protester contre les méthodes de l’armée birmane, que lors d’un débat dans une FNAC à Paris, le pétrolier confesse tardivement avoir indemnisé 400 birmans, forcés au travail par l’armée sur le gazoduc. Voici qu’un témoin affirme avoir vu l’armée obliger des villageois à déminer le terrain avec leurs pieds (et sauter sur des mines). Kouchner ne sait rien de tout cela.

Impitoyable pourfendeur de Cuba où jamais l’armée ne s’est tournée contre son peuple, ni ne pratique la torture, le viol, le racket, où les paysans ne sont pas utilisés comme chair à mines, où les enfants sont à l’école et pas sur des chantiers, où les richesses ne sont pas confisquées par une minorité ou bradée à une autre puissance, où les opposants ne sont pas assassinés aux coins des rues, où l’espérance de vie est la plus longue de tous les pays pauvres, Kouchner, tout seul contre le reste du monde, absout Total au pays des tyrans sanguinaires.

Voici que la Fédération Internationale des Droits de l’Homme regrette son comportement dans cette affaire au moment où le groupe (un des plus riches du monde) « doit enfin rendre des comptes à la justice ».

Peu lui chaut ! L’homme brigue l’Elysée et il n’est pas impossible, si ses compromissions honteuses ne sont pas dénoncées partout, qu’il devienne un jour, pour notre plus grande honte, notre président (au terme d’une campagne électorale dont on se demande bien qui la financera).

Maxime Vivas, écrivain.

[ 30 Novembre 2005.

Kouchner n’a pas vu d’esclaves mais Total les indemnise.

Afin d’éviter un procès, la société Total accepte de verser 10 000 euros à chacun des sept Birmans qui l’accusent d’avoir été contraints de travailler gratuitement pour elle sous la menace de l’armée birmane en 1995. Ces exactions ont eu lieu en 1992-1998 sur le chantier du gazoduc Yadana, construit par Total et une compagnie américaine pour relier un gisement maritime birman à la Thaïlande. Total accepte aussi de consacrer 5,2 millions d’euros à l’indemnisation d’autres personnes qui pourraient justifier d’un emploi comme travailleur forcé et à des « actions humanitaires collectives pour l’habitat, la santé et l’éducation ».

En 2002, Total avait fait appel à Bernard Kouchner pour la cautionner. Dans un rapport payé 25 000 euros, Kouchner avait affirmé que la compagnie pétrolière, contrairement à ce que certains esprits « mal informés » ont pu supputer, avait en réalité lutté contre le travail forcé en Birmanie

Cette volte-face du pétrolier ne surprendra pas ceux qui ont lu ce que j’écrivais il y a presque deux ans. Au contraire, ils trouveront que bien des informations sont toujours occultées par la presse et que le rôle de Kouchner est singulièrement édulcoré au moment même où les colonnes dégoulinent de ses dernières déclarations : « Je suis prêt pour les présidentielles de 2007 ». Maxime Vivas.]



Les USA financent Reporters Sans Frontières, par Diana Barahona.







COMMENTAIRES  

08/01/2004 14:52 par Jean-Michel Hureau

Remarquable !
Kouchner fait partie de ces pseudo-intellos auto-déclarés qui ne racontent que des contre-vérités et ont l’art de se mettre toujours du côté de la terreur et de l’oppression. Il n’est pas à son coup d’essai. Il a, entre autres, soutenu l’opposition islamiste contre le régime de Najibulah pour libérer l’Afganistan du communisme, ce qui a conduit au régime taliban. Bravo Kouchner !
JMH

23/04/2004 13:03 par Charles

Comme on dit par chez moi :

Grand diseur petit faiseur...

On attend toujours de vous, grand pourfendeur de ce qui on le courage de faire, d’agir, et peut etre de se tromper.
Qu’avez vous fait, vous ? a part vous masturber intellectuellement de quelques revolutions auxquelles vous n’avez pas le courage quotidiennement de participer.

15/01/2004 13:33 par Nascimo

Il faut reconnaitre à Kouchner 1 chose : la création de Medecin Sans Frontière pour témoigner sur la guerre au Biafra contre l’avis de la Croix Rouge... mais c’était en 1971 (j’etais même pas né). Depuis, est-ce le pouvoir ou l’argent (si tant est qu’il y ai une différence) ? En tout cas, je me méffie depuis le merdier qu’il a laissé en quittant le Kossovo.
Félicitation pour cet article, je mettrai des parenthèses uniquement sur Cuba... les prisons cubaines sont pleines (et je ne parle pas que de Guantanamo) et les exactions militaires sont fréquentes. Cuba reste une vrai dictature avec tout ce que ca implique dans le non respect des libertés individuelles.

17/01/2004 01:46 par Jean-Michel Hureau

Ouais, bravo les "Médecins sans Frontières" qui ont précisément soutenu les islamistes. Chapeau ! Ses prises de position sur les Balkans, avec BHL et Gluksman, tu t’en souviens ? Et son débarquement médiatique en Somalie ? T’étais né ?
JMH

22/01/2004 11:49 par maxime Vivas, écrivain, référent littéraire d'Attac France

« Les prisons cubaines sont pleines à Cuba ». C’est faux. Le taux d’incarcération est inférieur à celui des USA dont chacun dit que c’est une grande démocratie et un pays de liberté.
« Les exactions militaires sont fréquentes ». Vous trouverez des dizaines de pays sur plusieurs continents où l’affirmation serait vraie. Là , elle est fausse. Jamais le gouvernement cubain n’a fait donner son armée contre son peuple ; ses soldats ne violent ni ne rackettent (idem pour la police)
Enfin, vous dites que Cuba est une « vraie dictature avec tout ce que ça implique dans le non-respect des libertés individuelles ». Je dois encore vous contredire. J’ai déjà parlé de l’absence de massacres et d’exactions. J’ajoute l’absence d’exécutions extrajudiciaires (propre à toutes les dictatures et même aux démocraties : pensez au GAL espagnol qui a sévi sur notre territoire). Quelques exemples : En Birmanie, le déminage du tracé du gazoduc s’est fait en faisant marcher en avant des paysans. Dans bien des pays, on utilise des animaux. Mais, me révèle (au téléphone) Francis Christophe auteur du livre sur Total en Birmanie, l’Armée birmane rafle les animaux et les vend. Pour elle un animal vaut donc plus qu’un paysan. En argentine, pendant la dictature (là , le mot est juste) des capitaines, on a noté 30 000 disparitions. Je passe sur le Chili, le Paraguay, etc. On devrait citer aussi les pays d’Afrique. Pendant 3 ans, jusqu’au printemps 2003, Cuba, hostile par éthique à la peine de mort l’avait suspendue tandis que les USA exécutaient par centaines de prisonniers, essentiellement noirs ou latinos, parmi lesquels des mineurs, des débiles et des innocents.
Dictature le seul pays pauvre sans analphabète, où le niveau scolaire vaut le nôtre, un pays qui forme plus de médecins que nous et a fait baisser le taux de mortalité infantile à 6,3 pour mille (plus bas que celui des USA. Il est de 20 pour mille en Amérique latine et de 200 pour mille dans certains pays d’Afrique). Dictature un pays pauvre où chaque écolier est formé à l’informatique ? 2300 écoles cubaines dans des villages non électrifiées sont pourvus d’ordinateurs alimentés à l’énergie solaire. Dictature un pays sans famine, sans mendiant, sans SDF. Dictature un pays où le portrait officiel du chef de l’Etat (cf. nos mairies) n’existe pas et où on chercherait vainement une statue de Castro ?
Précisons que l’économie est étatisée ou mixte (le téléphone, très moderne est Cubano-méxicain), que 85 % des cubains sont propriétaires de leurs logements (plus qu’en France).
Reste le système d’élection qui n’est pas le nôtre, que nos médias ignorent ; ce dont on ne parle pas n’existe pas. Donc : dictature.
La liberté de la presse est présentée chez nous (par notre presse) comme la première des libertés. Ce qui est une escroquerie. Cependant, il n’existe pas à Cuba que Granma. D’autres journaux paraissent, l’Eglise édite librement des journaux à fort tirage, les agences de presse du monde entier ont pignon sur rue, les USA arrosent l’île de propagande pirate radio et télé (violation du droit international), des millions de touristes se mêlent librement à la population (je l’ai vécu) et le gouvernement cubain aspire à recevoir un million d’Etats-uniens en affirmant « nous ne craignons pas les discussions » (on sait que Bush ne le veut pas et qu’un voyage à Cuba est puni de prison)
Mais il est vrai que des équivalents du Figaro, de Libé, des Echos, de TF1 n’existent pas à Cuba. Pays cité par les USA dans leur liste des « pays ennemis », « pays terroristes », « cibles potentielles », Cuba, dont Bush ne cesse de proclamer qu’il va bientôt la libérer, Cuba qui a toujours lutté pour ne pas devenir une étoile de plus du drapeau américain, Cuba qui subit chaque jour, partout dans le monde, de la part des agents, propagandistes, ambassadeurs américains, des attaques pour la discréditer, l’affamer, la ruiner (vous n’imaginez pas comment ils interviennent auprès des industriels, des banques, des journaux, des politiciens, des ONG…), Cuba est dans une période de pré-guerre. Le nier est se boucher les yeux.
Pour détruire la Havane, il faut juste le temps d’appuyer sur un bouton. Pour envahir l’île, il suffit d’ouvrir les grilles de la base de Guantanamo, de faire décoller les hélicoptères. Reste l’incertitude de l’après invasion. C’est la (seule) force des cubains et la crainte des états-uniens. Castro leur a pronostiqué un million de morts, une guerre de cents ans et la promesse qu’après ça, les USA n’auront plus envie d’envahir des peuples. L’aventure militaire suppose donc une préparation de l’opinion cubaine, la constitution de partis libéraux, l’achat d’une presse et de journalistes, la création d’une « cinquième colonne ». Que le gouvernement cubain n"˜en veuille pas, qui ne le comprendrait ? Que la nécessaire mobilisation patriotique (vitale !) pousse à des crispations, qui s’en étonnerait ?
José Marti avait un slogan repris par le gouvernement actuel : « Dans la révolution :tout. Hors de la révolution : rien. ». C’est pourquoi le voyageur s’étonne de l’incroyable liberté de moeurs et de vie, de la décontraction, et de l’absence d’un PPDA local ou d’un FN.
Tout ce qui peut présenter pour l’île un début de prétexte à déclencher la guerre est répréhensible. Si l’on ne se situe pas dans ce contexte, on ne comprend rien à Cuba. Or, il urge de comprendre. Si Cuba subit le sort du Vietnam, de l’Afghanistan et de l’Irak, si tous ses acquis culturels, sociaux, médicaux, alimentaires sont ramenés au niveau des autres pays pauvres, les peuples de ces derniers auront perdu un espoir, un phare, un ami.
Les USA, l’OMC, le FMI, la Banque mondiale se seront enlevé une épine du pied. Un dangereux exemple aura été gommé. Dame ! un pays qui prétend fonctionner hors de leurs règles, qui promeut les énergies renouvelables, qui refuse la pub, qui condamne les excès de croissance qui épuisent la planète, un pays où les dirigeants disent au peuple : « Etudiez, à n’importe quel âge, prenez le temps du loisir, cultivez-vous, bannissez le racisme, dansez jusqu’à plus d’heure, l’amour n’est pas un péché, ne haïssez pas les autres peuples (y compris les Américains) », un pays qui préfère la mort à la dépendance, un pays dont les dirigeants n’ont pas de comptes en Suisse et périront comme Allende s’il le faut, un pays qui ne parle que de paix et de répartition équitable des richesses, un pays qui pourrait finir par déciller les yeux des peuples du monde (y compris le nôtre), ce pays-là est à rayer de la carte. Vite !
Vous êtes-vous demandé pourquoi cette petite île occupe plus d’espace dans nos médias que l’ensemble du continent sud-américain, que toute l’Afrique ? Parce que le régime est pire que le régime argentin ou chilien de naguère, du Guatemala, de l’Ouganda, de la Birmanie, du Maroc, de l’Arabie Saoudite ? etc. Avez-vous remarqué que, pas une seule fois, la voix des amis de Cuba, de son ambassadeur chez nous, de cubains patriotes ne peut se faire entendre dans nos médias ? Pourquoi ??
Pardon si le manque de place me pousse ici à aller à l’essentiel. Ne me jugez pas là -dessus. Je m’adresse à vous avec sympathie, avec un seul espoir : vous pousser à mieux vous renseigner sur Cuba. Allez-y si vous pouvez. Ne soyez pas de ceux qui auront contribué à rendre possible le massacre et la fin d’un espoir d’un autre monde possible. Travaillez pour que la communauté internationale oblige les USA à laisser vivre Cuba. Dès lors, les libertés aussi feront là -bas un bond qui étonnera. Et si l’esquisse d’un « autre monde possible » se dessinait sur ce bout de terre ? Ne faudrait-il pas l’aider ?
Maxime Vivas

23/04/2004 13:11 par Charles

et les missiles de kroutchev...
Tu vas peut etre me dire qu’il fonctionnaient au solaire deja...
Et les milliers de réfugiés que l’on retrouve passant la frontière texane, pourquoi fuient ils ?
Je suis d’accord sur le fait que les USA ne sont pas un exemple mais la tu refais le coup de bush avec ton monde binaire et ton axe du bien...

15/01/2004 17:01 par Anonyme

"La Birmanie est un lieu de non-droit propice à toutes les violences, tortures, arrestations arbitraires, viols, fabrication et commercialisation de drogue, rackets, blanchiment d’argent..."

...Oui, mais un Kouchner peut s’y rendre incognito, s’y promener, observer objectivement, en toute liberté. C’est du moins ce qu’il aurait aimé faire croire.

17/04/2004 23:22 par Pascal

Pour ceux qui appréhendent de voir un jour Kouchner briguer la présidence de la République souvenons-nous que le chouchou des médias est régulièrement désavoué par les électeurs quand il briguent leurs suffrages. Son seul mandat européen fut obtenu en 1994 sur la liste de Rocard qui parvint à grand peine à devancer la liste PRG de Tapie.

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