L’ univers impitoyable du Subprime mortgage.

A LIRE : Note sur l’éclatement de la bulle immobilière américaine, par Isaac Johsua.

[Ce retournement de l’idéal américain est un phénomène de trés grande portée, qui ne touche certes pas tous les travailleurs américain, mais qui a atteint une échelle de masse. De plus, il est lié à une évolution des taux d’intérêts qui elle-même est due en fin de compte à l’affaiblissement relatif de l’impérialisme nord-américain dans des relations mondiales qu’il domine pourtant.]

La Lettre de Liaisons, 10 août 2007.


Subprime mortgage


Comme on le sait maintenant de plus en plus, ce terme désigne des prêts hypothécaires censés permettre à de petits salariés, voire chômeurs, de devenir propriétaires, remboursables avec des taux variables sur des durées trés longues pouvant atteindre 50 ans ou plus.

L’expression anglaise, ou plutôt américaine, combine deux termes.

Subprime est un terme bancaire : banques et assurances classent leurs clients en non-prime, prime et subprime selon les risques estimés de défaillance de l’emprunteur, les subprime sont les plus potentiellement défaillants (en France ce système n’existe pas officiellement mais les variations des taux d’assurance agissent en réalité sur le montant total de l’intérêt).

Mortgage signifie hypothèque, mais comme on le voit ce n’est pas, à l’origine un mot anglais, mais du vieux français. Guillaume le Conquérant ayant fondé, en 1066, la monarchie féodale anglaise, son aristocratie parla un certain temps un dialecte franco-normand, ce pour quoi la viande dans l’assiette du noble se dit beef comme "boeuf", mot français, alors que le serf anglo-saxon appelait toujours l’animal sur pied cow ... Et ainsi donc un mortgage, en vieux français, c’est une servitude féodale, par laquelle le seigneur ou l’usurier contraint le vil paysan à un endettement quasi perpétuel.

M.M. Reagan et Bush ont, comme on le sait aussi, voulu faire des Etats-Unis une "nation de propriétaires" et, dans une certaine mesure, ils l’ont fait. Voila donc le résultat. Au fait, en France aussi, Sarkozy veut faire de nous une "nation de propriétaires" ...

La transformation de millions de petits salariés en "propriétaires" passa donc par leur endettement via les subprime mortage, depuis des années. Au début ce système servait à acheter des taudis, voire des caravanes, puis il s’est étendu aux maisons et appartements. Or ces derniers temps, et plus fortement dans l’année écoulée, trois tendances se sont conjuguées : la stagnation ou la baisse des salaires réels, la baisse des prix des terrains et des immeubles et la hausse des taux d’intérêts.

La stagnation ou la baisse des salaires réels est un fait aux Etats-Unis depuis le 11 septembre 2001, qui a stoppé un début de remontée des salaires imposé par les luttes ouvrières depuis la victoire de la grève d’UPS en 1997. Malgré des tensions sur le marché du travail depuis 2005 qui tendait à les faire repartir à la hausse, c’est le fait dominant de toutes ces années, tout du moins pour les couches du salariat les plus concernées par les prêts hypothécaires à taux variables ... Les emprunteurs ont donc des revenus qui stagnent ou baissent, lourdement amputés de plus par leur endettement.

La baisse des prix immobiliers et fonciers pourrait sembler ne pas devoir les désavantager, mais c’est là une illusion. En effet, beaucoup d’entre eux cherchent à un moment ou à un autre à se débarasser de tout ou partie de leur dette en revendant leur "bien", mais avec cette baisse cela est de moins en moins utile pour eux et ils gardent donc sur les bras des bâtiments pour lesquels ils se saignent sans pouvoir s’en délivrer, ou alors ils en sont "délivrés" ... par expulsions, leur maison hypothéquée étant confisquée, ce qui ne les exempte pas de continuer à payer le capital plus les intérêts que celle-ci, dont le prix a baissé, n’a pas complétement remboursé loin de là ... Seuls les "pauvres" désirant acheter sont donc, en théorie, intéressés par la baisse des prix fonciers et immobiliers ; mais les pauvres n’achétent pas, ils empruntent, et les taux sont maintenant beaucoup trop élevés.

Hausse des taux et prix des terrains et des bâtiments sont liés par une relation qui est l’un des rapports sociaux les plus irrationnels du mode de production capitaliste : le prix foncier est formé par capitalisation de la rente foncière, c’est-à -dire que le loyer moyen (ou, pour des terres agricoles, le fermage) est considéré comme l’intérêt d’un capital qui est le prix du terrain. Mathématiquement, si les taux d’intérêt montent les prix fonciers baissent, et inversement. Etrangement, mais ce rapport social fonctionne bel et bien, cela veut dire en partie que moins c’est cher, plus vous payez ! (c’est là la clef pour analyser le lien étrange entre loyers et prix immobiliers, abordé dans l’article Bulle immobilière : le krach menace, www.legrandsoir.info/article.php3 ?id_article=2927 ).

Et en l’occurence l’acheteur-emprunteur paye deux fois. Car si le prix foncier est formé par capitalisation de la rente foncière, et qu’il le paye, ce n’est pas pour percevoir la dite rente mais pour se loger : il peut, il est vrai, louer la maison qu’il paye (quitte à coucher dans sa voiture sur le trottoir d’en face : cela existe, et pas marginalement ! ) et dans ce cas il cherchera à aligner le montant du loyer sur celui des intérêts.

Or, les taux d’intérêts ont nettement remonté aux Etats-Unis depuis un an et demi, malgré la Fed qui s’est alignée sur cette tendance et ne l’a pas suscitée -cette perte de contrôle partielle de la Fed sur les taux US est d’ailleurs un fait économiquement et politiquement nouveau.

Ce renchérissement de ce qu’il est convenu d’appeler le "loyer de l’argent" est en effet, au fond, une réaction à la baisse comparative du dollar par rapport aux autres monnaies, surtout l’euro, et en partie une réaction à la difficulté relative croissante de placer des bonds du trésor US à l’étranger, où des quantités énormes se trouvent déjà , la plus grande concentration se situant ... en Chine.

Les officines de subprime mortgage, à leur tour empruntent à des banques et à des fonds d’investissements et sont des sociétés par action. Pour les banques et les fonds d’investissements (caisses de retraites, etc.), les branches consacrées à ce type de prêts sont réputés trés lucratifs, et l’on voit aujourd’hui que la pyramide s’était fortement ramifiée en Europe, France comprise. Ainsi s’est formée toute une pyramide, à l’effondrement de laquelle on assiste à présent.

Le capitalisme en général, et le capitalisme nord-américain en particulier, est certes loin de s’y réduire : ce n’est qu’un "segment", comme disent les analystes qui se veulent rassurants. Certes, mais ce segment pourri est au coeur du système, dont il n’est pas le seul segment pourri. La transformation de la nation de salariés que sont en réalité les Etats-Unis en nation fictive de propriétaires aboutit à une forme particulièrement sophistiquée, et donc en même temps particulilèrement régressive, de parasitisme capitaliste. Sont en effet mobilisés ici des rapports sociaux caractéristiques de la finance -le prêt à intérêt- en combinaison avec le rapport foncier-rentier, dans une arnaque totale et absolue envers celui qui est proclamé "propriétaire" et qui se fait en réalité voler son salaire, le prix de sa force de travail, et réduire au paupérisme. Au bout du réve américain, revoila donc le paupérisme. Avec des spectres de servage et d’esclavage pour dettes ...

Les travaux de Marx sur la rente foncière sont focalisés sur l’agriculture et n’aboutissent qu’à une théorie trés partielle, car il n’a pas eu le temps de les conduire à terme. Mais son point de départ, méconnu, doit ici être rappelé : sans la propriété foncière, "Une condition de production tout à fait essentielle, et -à part l’homme et son travail- la seule condition de production originelle, ne pourrait pas être cédée, ne pourrait pas être appropriée et, partant, elle ne pourrait faire face à l’ouvrier comme propriété d’autrui ni faire de lui un salarié. (...) De fait, la production capitaliste en général aurait cessé d’exister." (Marx, Théorie sur la plus-value). La propriété foncière, est en fait l’expropriation des travailleurs de la terre et de leur propre habitat).

Avec les subprime mortgage, la boucle est bouclée : la transformation des salariés en "propriétaires" aboutit à leur expropriation encore un peu plus achevée, leur propre salaire leur étant repris sous forme de prix fonciers (rente) et d’intérêts à payer pour l’éternité. C’est au moment même de la proclamation du salarié comme propriétaire que s’achève en fait son expropriation et qu’il devient un pauper.

Ce retournement de l’idéal américain est un phénomène de trés grande portée, qui ne touche certes pas tous les travailleurs américain, mais qui a atteint une échelle de masse. De plus, il est lié à une évolution des taux d’intérêts qui elle-même est due en fin de compte à l’affaiblissement relatif de l’impérialisme nord-américain dans des relations mondiales qu’il domine pourtant.


Quelques faits.



Sur les marchés financiers.

Depuis fin février 2007, les bourses mondiales oscillent entre la poursuite de la phase de hausse antérieure et des phases d’alerte avec des chutes momentannées. Cela s’est produit à trois reprises, phase actuelle comprise, mais celle-ci pourrait marquer un retournement, car cette fois ça dure, et les indices boursiers, ramenés à leur niveau du début de l’année en gros vers les dates des 7-8 août, ont continué à plonger avec un à -coup violent à la baisse les jours suivants. Plusieurs jours de baisses à 1%, 2% voire 2,5% ou un peu plus, cela finit par faire un "krach", dont le caractère de pétarade à répétition, plutôt que de grand boom, ne limite pas la gravité réelle, d’autant plus que la crainte du dit grand boom est de plus en plus présente sur les marchés ...

A chaque fois deux facteurs immédiats ont interragi : l’endettement extrême des ménages nord-américains, d’une part, avec l’incendie dans le maillon faible des subprime mortgage (qui est loin cependant de représenter l’essentiel des crédits aux ménages US), et d’autre part l’instabilité structurelle du capitalisme chinois et de ses relations avec les Etats-Unis.

Il n’est pas sans intérêt de rappeler le scénario de la première de ces chutes momentannées (momentannées jusque là  ! ). Les choses ont démarré à Shanghai par une "panique" provoquée par les projets d’encadrement du crédit des sphères gouverrnementales chinoises. Un tel encadrement serait, d’un point de vue rationnel, tout à fait nécessaire à l’essor "sain" du capitalisme chinois. Mais le capitalisme n’est ni sain, ni rationnel, et de plus les paniqueurs, à savoir les spéculateurs, actionnaires et patrons chinois, sont les mêmes ou sont les frères et les cousins des chefs du parti communiste chinois dans lequel ces projets sont discutés, ils sont donc bien placés pour être au courant. Premier acte, donc. Deuxième acte : la chute à Shanghai se communique aux bourses du monde entier, et d’abord à Wall Street, en une demi-journée. Cette rapidité est qualitativement supérieure à ce qui se passait ne serait-ce qu’une décennie avant, lorsque la crise "asiatique" née à Bangkok et Manille début 1997 (Shanghai et la Chine n’avaient pas acquis, alors, leur place actuelle) mettait non pas une demi-journée, mais une année, pour parcourir les bourses du monde entier. Troisième aspect : dés ce premier éternuement, l’ancien patron de la Fed (la Federal Reverve Bank, banque centrale des Etats-Unis) Alan Grenspan tenait des propos inquiétants sur les risques de crédit aux Etats-Unis même, ce qui devait être particulièrement agaçant pour son successeur, Ben Bernanke. Du temps où Greenspan était président de la Fed il se plaisait à dire : "Si vous avez compris quelque chose à ce que j’ai dit, c’est que j’ai dû faire une erreur quelque part." Mais une fois à la retraite cet adage ne tient plus. Comme s’il lui fallait attiser la crise de toutes les institutions dirigeantes nord-américaines, il dit tout haut ce que son successeur ne peut pas dire tout bas. Mais dans la dernière phase de baisse, la plus grave, Greenspan n’a pas refait son numéro : il est vrai que tout le monde maintenant reconnaît que le risque de crédit est là , et bien là , et que point n’est besoin d’en rajouter.

En fait le vieux renard peut boire du petit lait car le plongeon boursier mondial de la fin de la semaine allant du 6 au 10 août a précisément fait suite à la décision de son successeur Bernanke, le mardi 7 août, de maintenir le taux directeur de la Fed inchangé à 5,25% avec un communiqué qualifié par les commentateurs de "serein".) Ce faisant, la Fed lançait, paraît-il, un message de solidité, (serenity, tranquility, peace ! ) contrastant avec les attitudes anciennes, du temps de Greenspan, qui répondait plus vite aux demandes des marchés : c’est lui qui, en 1998, avait pris la décision politique capitale (le cas de le dire ! ) de renflouer le fonds d’investissement Long Term Capital Management, apportant ainsi un coup d’arrêt à la crise dite "asiatique" et baissé, à l’époque, les taux d’intérêts. A partir de là commençait, dépenses militaires US à l’appui, la grande reprise de la fin des années 1990 et des années 2000, intensifiée depuis le 11 septembre 2001 avec la croissance chinoise notamment. Selon les analystes financiers donc, la Fed-Bernanke montrait cette fois-ci une plus grande indépendance que la Fed-Greenspan et manifestait en même temps que la situation, en terme de bulle financière prête à exploser, n’en est pas au stade qu’elle avait atteint en 1998. Ces fines analyses durèrent exactement un jour et demi (compte tenu du décalage horaire causé par la rotation de la terre), du mardi au jeudi, pendant lequel radios et sites spécialisés expliquèrent que tout repartait dans le bon sens, que la situation était consolidée. Et puis, dans la journée de jeudi, tout se retournait, au point que prévalut l’opinion selon laquelle le ton rassurant des autorités monétaires et poltiques avait, cette fois-ci, "attisé les peurs" (Le Monde du vendredi 10).


Intervention des banques centrales.

Voyons maintenant un autre fait. Dans la matinée du jeudi 9 août, la BCE (Banque Centrale Européenne instaurée par le traité de Maastricht) agissant d’une manière digne du Greenspan de 1998 (et contredisant son habituel discours sur la rétention de la création monétaire pour éviter l’ "inflation"), dépensait immédiatement la somme de 94,8 milliards d’euro pour enrayer la baisse, agissant en préteur en dernier ressort. Somme d’une ampleur astronomique. On pourrait la comparer au célèbre "trou" de la Sécu en France : c’est plusieurs dizaines de fois le "trou". Motivation officielle de ce déblocage extraordinaire de fonds (suivis du déblocage de sommes moindres, mais en soi considérables aussi, des banques centrales étatsunienne, canadienne, australienne et japonaise) : rétablir la confiance. Dans le propre discours des responsables de cette honorable institution, en effet, "C’était simplement un problème de confiance. En théorie, la BCE n’était pas obligée d’agir. Mais ce qu’elle a fait, c’est instaurer la confiance.". Les salariés aimeraient bien que, pour instaurer leur "confiance", on leur alligne ainsi chèques sur chèques !

Mais il faut établir le fait précis qui, selon la BCE et selon les analystes financiers, exprimait le "problème de confiance". Avant l’intervention de la BCE, les taux d’intérêts interbancaires sont montés en cinq minutes -en cinq minutes- de 4,1% à 4,7%, atteignant leur plus haut niveau depuis le 11 septembre 2001. Il s’agit des taux des sommes que les banques se prêtent entre elles : cette hausse montrait donc que les banques n’ont plus confiance les unes dans les autres et ne croient donc pas à leur propres communiqués lénifiants, tout du moins en ce qui concerne le marché de refinancement à terme.En mettant à la disposition des banques des fonds à 4%, l’ intervention de la BCE entraine donc par là -même les taux d’ interêt au jour le jour à la baisse, but de l’ opération, car en manque de confiance les prêteurs se retirent, les emprunteurs ne trouvent donc plus d’argent pour se refinancer sur les marchés à terme et donc se retournent vers le marché de l’ argent au jour le jour qui profite de l’ aubaine pour demander des taux d’ interêt de plus en plus haut.

Ainsi donc, les gogos que nous sommes sont censés avaler l’allégation selon laquelle la troisième plus forte injection de liquidités par les Etats capitalistes dans l’économie en vingt ans (les deux autres sont celle de Greenspan en 1998 et celle du 11 septembre 2001), la plus forte à laquelle la BCE se soit jamais livrée, et probablement le plus fort accés de création monétaire inflationniste instantannée dans la "mondialisation", les gogos que nous sommes sont donc censés croire que ceci ne correspondait pas à une crainte réelle, touchant aux "fondamentaux", comme ils disent, mais ne visait qu’à rétablir la "confiance". Or, elle ne l’a pas rétablie. Les bourses ont continé à chuter, de sorte que la BCE a récidivé le lendemain, atteignant une injection globale de ... 156 milliards d’euro.

Chaque crise financière a des traits spécifiques. Une intervention aussi massive des banques centrales (donc des Etats) à un stade encore relativement superficiel de la crise est quelque chose d’inédit. Il y a, d’ailleurs, une part de vérité dans la croyance, totalement irrationnelle en elle-même, des autorités monétaires en la "confiance" et la fiction selon laquelle tout cela ne serait qu’affaire de "confiance" : dans ses manifestations concrètes nécessaires, mais superficielles, dans sa forme phénomènale véhiculant, de manière contradictoire, son essence, la crise, sur les marchés immobilers d’abord, puis sur l’ensemble des places boursières, entre les banques et finalement partout, prend effectivement la forme d’une crise "de confiance", singulièrement dans le fait que toute exhortation à la confiance, tout propos rassurant, est en passe de se muer en son contraire et d’avoir un effet paniquant. Mais ce retournement de la confiance en son contraire est l’expression par excellence de ce que les causes sont autrement plus profondes ...

Les "marchés" ont-ils retrouvé la "confiance", ou non, on le saura lundi. Mais le géant de l’immobilier nord-américain et leader du secteur, Countrywide Financial, déclare "jouer la franchise" : "les conséquences financières de la crise actuelle pourraient se révéler sérieuses."

Vendredi soir, France 2. Le flash (indigent, naturellement) de la chaine officielle de télévision se termine en expliquant aux "petits actionnaires" qu’ils ne doivent pas s’affoler. On n’a pas encore compris, à France 2, que les déclarations rassurantes se sont converties les jours précédents en facteurs d’affolement. TF1, première chaine privée, traduit plus directement le sentiment des capitalistes : "Cette crise ne fait que commencer". Cela dit, ce vendredi soir l’inquiétude est en partie transférée d’Amérique en Europe : à Wall Street, le Dow Jones n’a reculé que de 0,8% sur la journée.


Deux grandes banques et une université.

Mais poursuivons notre revue des principaux faits.

En remontant un tout petit peu en arrière : fin juillet la banque allemande IKB (Deutsche Industriebank) (aprés plusieurs grandes banques aux EU)- premier préteur germanique auprés des petites et moyennes entreprises, seule banque allemande de statut inter-länder, créée en 1924, pionnier historique des prêts à long terme aux PME ... déclare que ses résultats annuels vont plonger. A cause de ses engagements dans le crédit immobilier nord-américain. C’est en fait là que commence la phase actuelle, qui consiste donc dans la propagation de l’onde de choc de part et d’autre de l’Atlantique. L’actionnaire de référence d’IKB est la banque publique KFW (comparable à la Caisse des dépots française) ; le ministre SPD des finances décide le déblocage de 3,5 milliards d’euros, qui grimperont finalement à 8, pour éviter sa faillitte qui aurait trés vraisemblablement entraîné une réaction de faillittes en chaine dans le système de crédit allemand et donc européen.

A nouveau des comparaisons historiques s’imposent. Les liquidités accordées par les banques centrales sont, on l’a dit, la plus forte intervention depuis le 11 septembre 2001. Mais là , un tel mécanisme : celui d’un risque soudain de faillitte dans une grande banque germanique provoqué par une onde de choc nord-américaine ...certes, le précédent existe, il date de 1931.

Exactement au même moment, en France, le conseil d’administration de BNP-Paribas, présidé par Michel Pébereau, disait dans un communiqué :

"BNP Paribas, grâce à la bonne qualité de son fonds de commerce et à une politique de risque prudente, n’est pas directement impacté par la crise actuelle du « sub-prime » ni par les tensions dans le marché des LBOs. La qualité de la gestion des risques de BNP Paribas a été soulignée par l’agence de notation Standard and Poor’s le 10 juillet lors de l’annonce du rehaussement de la note de BNP Paribas à AA+. Cette note place BNP Paribas parmi les six grandes banques les mieux notées au monde."

On ne résistera pas ici au plaisir de compléter cette citation par cette déclaration du directeur général, un certain Baudouin Prot :

"La qualité de notre ’business model’ et notre vigilance en matière de risques nous mettent en bonne position pour continuer à bien performer dans un environnement moins favorable".

Quelques jours plus tard, le "business model" de Baudoin Prot "performa" : nous revoila donc le jeudi matin 9 août. BNP Paribas fait soudain savoir au monde, et à la bourse apeurée, qu’elle gèle toute souscription-rachats sur trois fonds gérés par Paribas, en fait trois offices de placements en valeurs mobilières, des fonds de gestion de paquets de titres de propriétés et de créances reposant en l’occurence principalement sur l’immobilier nord-américain. Autrement dit, BNP-Paribas avait joué comme IKB Deutsche Industriebank (combien sont-ils dans ce cas ? ). Ces titres de propriété et ces créances appartiennent typiquement à la catégorie du capital fictif, celle des titres négociables ayant un prix déconnecté du capital qu’ils sont censés représenter.

On ne résistera pas non plus au charme discret des termes exacts utilisés dans le communiqué de la grande maison française pour ne pas avoir dire clairement ce qu’il en est :

"La disparition de toute transaction sur certains segments du marché de la titrisation aux Etats-Unis conduit à une absence de prix de référence et à une illiquidité quasi-totale des actifs figurant dans les portefeuilles des fonds quelle que soit leur qualité ou leur rating. Cette situation ne permet plus d’établir une juste valorisation des actifs sous-jacents et donc de calculer une valeur liquidative pour ces 3 fonds."

Autrement dit, nous avons des fonds qui, aux Etats-Unis, ne peuvent plus être refilés à qui que ce soit et donc, ça coince.

Dernier fait pour terminer ce tour d’horizon : l’université Harvard, aux Etats-Unis, vient elle aussi de perdre dans la tourmente. 350 millions de dollars, qu’elle avait investis dans un fonds spéculatif.


Il s’agit du capital.

L’ébranlement financier de ces jours n’a pas pour cause ultime le simple étalage de données que sont les subprime mortgage et la crise de la place des Etats-Unis dans le monde.

Leur remplacement par un cartel de puissances aujourd’hui secondes, de la Chine à l’Allemagne en passant par le Brésil et l’Inde, ne supprimerait aucune des tendances profondes du capitalisme et nécessiterait d’ailleurs une guerre destructrice que personne de censé ne peut souhaiter. Le polycentrisme n’est pas plus progressiste que l’hyperpuissance.

Le contrôle des mouvements de capitaux, le rétablissement de seuils de crédit comme il en a existé de Roosevelt aux années 1980, des interventions des banques centrales sur les prix des actifs financiers et immobiliers et la fermeture des paradis fiscaux, outre que chacune de ces mesures et toutes ensembles sont impossibles à réaliser en dehors d’un renversement des forces politiques capitalistes et de leurs Etats eux-mêmes (qui sont au coeur de la finance, via les bonds du trésor et la titrisation des dettes publiques) qui permettrait forcément de faire bien plus et bien mieux, toutes ces mesures (proposée par ATTAC dans un communiqué sur la crise présente) équivalent à faire tourner la roue de l’histoire à l’envers, vers un bon vieux fordisme keynésien totalement mythique, et qui en réalité n’a pu fonctionner que par la guerre et les dépenses militaires permanente, et dont le capitalisme actuel de la "mondialisation" est le fruit légitime et logique.

Il serait beaucoup plus raisonnable, responsable et rationnel, finalement beaucoup plus économique, de poser publiquement la question de la rupture avec le système de production lui-même, celui du capital, donc de l’expropriation et de la socialisation des grandes entreprises de production dans l’industrie, l’agriculture, les transports, de l’abolition des dettes (dettes extérieures titrisées des Etats comme les dettes des pauvres du type subprime), et de l’élimination pure et simple des officines financières et rentières parasitaires, remplacées par des services communs de statistique et d’allocation de ressources. Vaste programme certes, mais pour l’élaborer il faut reposer en commun la question du capitalisme.

Chacun comprend bien déjà  qu’il ne s’agit pas de l’effondrement d’un chateau de carte, en somme un assainissement, une "consolidation" comme ils disent, mais d’une maladie. Elle ne consiste pas dans la finance, pas dans l’immobilier, mais bien dans le capital.

Avons nous affaire à une crise fondamentale du capitalisme lui-même, procédant de la surproduction (par rapport à la demande solvable et non par rapport aux vrais besoins) et de la baisse des taux de profit, ou "seulement" à une crise de réajustement mettant en cause la domination du capitalisme par les Etats-Unis (sans solution de rechange) ? On ne le sait pas encore et il faut être prudent sur ce sujet, car la production de plus-value surtout en Asie depuis 2001 est un élément fort du paysage, qui ne se réduit donc pas au parasitisme financier et rentier. En outre la hausse des prix des matières premières agricoles, qui arrive dans les prix quotidiens de la ménagère, s’explique pour partie par la hausse de la demande mondiale, pour partie par l’anticipation spéculative de pénuries qui n’ont pas commencé -donc par le parasitisme financier- mais assurément pas par la surproduction. Il reste donc à déméler de prés l’écheveau présent : on y reviendra.

Cela dit, il est d’ores et déjà peu probable que le krach actuel, puisque c’est d’un krach dont il s’agit, n’ait pas de prolongement sur la production. « Si la défiance devait persister, il y a de sérieux risques de crise financière avec des banques contraintes de vendre certains actifs pour trouver des liquidités », expliquent les économistes de Natixis. Leurs homologues du Credit Suisse estiment eux aussi qu’un « vent mauvais souffle sur le secteur financier qui pourrait déboucher sur la sphère économique à travers une interruption brutale des crédits accordés aux entreprises et aux particuliers ».

A suivre ...

Vincent Présumey

http://site.voila.fr

A LIRE : Note sur l’éclatement de la bulle immobilière américaine, par Isaac Johsua.


Subprime : que non, les fondamentaux ne sont pas sains ! par Vincent Présumey.



Perspectives pour l’économie mondiale, par Alan Woods.



Immobilier : Bulle, Krach, Boum !

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COMMENTAIRES  

13/08/2007 10:15 par vladimir

bonjour,

vendredi samedi quelques bouées de sauvetages du capital :

Meme les agences de presse paniquent ? :

BOURSE - ATTENTION ANNULATION - MERCI ANNULER NOTRE DEPECHE SUR LA CLOTURE DE SHANGHAI A -4,73%

http://www.agefi.ch/Quotidien_en_ligne/News/index.php?newsID=166846

10/08/07
 09:10
 LA BOURSE DE SHANGHAI PLONGE DE 4,73% A 4.749,370 PTS A LA CLOTURE :

BOURSE - LA BOURSE DE SHANGHAI PLONGE DE 4,73% A 4.749,370 PTS A LA CLOTURE

10/08/07
 09:46
 La Bourse de Shanghaï en légère baisse malgré chute places financières

BOURSE - La Bourse de Shanghaï en légère baisse malgré chute places financières
SHANGHAI, 10 août 2007 (AFP)

La Bourse de Shanghaï a terminé sur une légère baisse vendredi, mettant fin à une série de cinq records consécutifs, l’indice composite cédant 0,10% dans un contexte de chute généralisée des Bourses mondiales, en raison de la crise des prêts immobiliers à risque aux Etats-Unis, selon des courtiers.

http://www.agefi.ch/Quotidien_en_ligne/News/index.php?newsID=166849

"Pendant ce temps la Banque d’Angleterre a fait profil bas, sans rien dire à propos d’injection d’argent. Elle n’a pas à prendre de décision, selon The Guardian, parce qu’elle a crée un nouveau système d’argent sur le marché, fournissant un établissement de crédit standard illimité et permanent, disponible pour les banques commerciales, qui peuvent s’y alimenter si elles le souhaitent. Le taux est à 6,75 %, un point de pourcentage plus haut que le taux courant. Mais l’on ne sait pas s’il a déjà été utilisé, puisque aucune annonce ne doit être formulée."
323 milliards de dollars injectés en 48 heures - ce n’est qu’un pansement
12 août 2007 - 19:11
http://www.solidariteetprogres.org/spip/sp_article-breve.php3?id_article=3201

Juste prix » et « juste valeur »

Classé dans : Economie, Subprime "” Paul Jorion @ 10:36 le Samedi 11 août 2007

Je voudrais revenir sur la question du « Pas de prix ! », à laquelle j’avais consacré mon billet de samedi dernier (« Pas de Prix ! ») et à laquelle l’affaire BNP Paribas m’a obligé de revenir vendredi (Ne dites pas « sous-prime » mais dites « subprime »).

J’ai écrit à de nombreuses reprises sur « le rapport entre la valeur et le
prix » (1) et les événements qui se déroulent en ce moment (2) constituent à ce propos un laboratoire permanent. En deux mots, le prix, c’est la quantité d’argent qui s’échange entre l’acheteur et le vendeur à l’occasion d’une transaction portant sur un bien, alors que la valeur, c’est un prix « théorique » qui correspond en général à une conception « additive », où l’on additionne le prix des diverses composantes du bien en question : la somme de ce qu’on appelle aussi ses fondamentaux. Chez Adam Smith dans sa Richesse des nations publié en 1776, le prix est ce qu’il appelle le « prix
marchand » (market price) et la valeur, le « prix naturel » (natural price). La finance récente a réinventé la même distinction en parlant respectivement de « cote-au-marché » (marked-to-market) et de « cote-au-modèle » (marked-to-model).

Au Moyen Age, les Scolastiques ont défendu une notion du « juste prix » où le prix n’est pas ancré dans la valeur (cette conception fera son apparition à la Renaissance) mais dans un rapport de force « paisible » entre acheteur et vendeur fondé sur leur statut social (3) (c’est un développement de la théorie aristotélicienne du prix [4]). Il s’agissait pour eux de réglementer sur un plan éthique les situations où règne un rapport de force extrême entre acheteur et vendeur parce que, soit l’acheteur est si puissant que le vendeur ne parvient pas à s’assurer avec le prix ce qu’on appellerait aujourd’hui un « salaire de subsistance », soit parce qu’à l’inverse, une situation de pénurie (une ville assiégée, par exemple), permet au vendeur d’imposer pour un bien, un prix exorbitant.

Or, en 2006 dans la directive FASB 157, l’organisme américain qui fixe les normes en matière de comptabilité, le Financial Accounting Standards Board, a introduit la notion de « juste valeur » qui, dans un renversement historique, vise cette fois à définir la valeur comme ancrée dans le prix, autrement dit, dans la « cote-au-marché » plutôt que dans la « cote-au-modèle ». La « juste valeur » est définie comme le prix qui s’obtient sur le marché principal de la marchandise à l’occasion d’une transaction qui s’effectue « dans un bon
ordre ». Les sources pour la « juste valeur » sont - par ordre descendant de qualité : 1) la « cote-au-marché » sur un marché liquide, c’est-à -dire où en raison des volumes importants, une transaction peut avoir lieu dans un délai très bref ; 2) la « cote-au-marché » sur un marché il-liquide où en raison des faibles volumes il existe en général un écart importante entre le prix offert (bid) et le prix demandé (ask) ; 3) la « cote-au-modèle » qui repose en dernière instance sur une conception additive du prix.

En introduisant un concept de « juste valeur », fondé sur le prix et non sur la valeur, les marchés entérinent une position que j’ai défendue dans l’ensemble des textes mentionnés ci-dessous, à savoir qu’il n’y a pas de vérité pour les prix en-dehors d’eux-mêmes. Faut-il regretter pour autant la mort annoncée de la « valeur » ? Paradoxalement, oui. La raison en est la suivante : le concept de valeur introduisait une certaine stabilité en suggérant que le prix marchand devrait s’aligner sur le prix de la somme de ses composantes, alors que le prix peut lui, décoller de sa valeur supposée d’une manière que l’on qualifie de « spéculative ». Or, qu’est-ce qu’un prix « spéculatif » ? C’est, pour en revenir aux Scolastiques et à Aristote, un prix qui reflète de manière nue le rapport de force entre acheteur et vendeur - or ce rapport peut être brutal dans un système économique comme le nôtre qui se contente, comme je l’ai expliqué dans ma chronique Le dépassement de la nature par l’Homme n’a pas encore eu lieu dans la sphère économique d’entériner la manière dont la nature opère lorsqu elle est laissée à elle-même, en l’absence de la domestication que l’Homme impose sinon à ses institutions (5).

http://www.pauljorion.com/blog/

Ou est la reflexion et l’elaboration de la bouée de sauvetage de l’humanité face au krach imminent ;
Pour l’instant c’est le vide sideral !!!

Quelques pistes entrevues ici et la :

moratoire sur tous les credits en cours,reechelonnement a taux O !!!!

refus des expulsions

revenu garanti inconditionnel

Malgré la periode estivale,c’est bien l’urgence sociale.

13/08/2007 10:54 par Veig

Euh, 94,8 milliards d’euros ne font pas "plusieurs dizaines de fois le trou de la sécu" qui, au plus haut et sous l’irresponsabilité de Douste Blabla, a du grimper jusqu’à 12 milliards, pour retrouver des niveaux plus "raisonnables" de 7 à 8 milliards ces derniers temps...

Tout au plus, ça fait une douzaine de trous de la Sécu. Mais je ne conteste pas le reste du constat... ;-)

13/08/2007 11:54 par Vincent Présumey

C’est exact, je me suis laissé emballé avec ces "plusieurs dizaines" de trous de la Sécu, ça n’en fait qu’une douzaine !
Mais on va sans doute arriver aux "plusieurs dizaines" de fois : la somme est montée à 156 milliards vendredi et ce matin elle augmente encore. A l’échelle mondiale l’équivalent des 300 milliards d’euro est largement crevé.
A comparer justement avec le discours qui veut nous faire payer à vie, dans nos retraites et celles de nos enfants, le "trou de la Sécu" !
VP

17/08/2007 23:33 par jcmh

peut-être l’importance du placement de ces subprime mortgages via Internet mériterait-elle d’être soulignée ou du moins la question posée - en effet depuis des années j’ai reçu (et encore tout début août)comme de nombreux internautes je pense, d’innombrables offres commençant par "no matter your bad credit" ou "your previous history of etc etc.." émanant d’officines plus ou moins identifiables - ce mode de placement de ces prêts vient-il s’ajouter au montant évalué par la BdF dans son bulletin récent sur la question ? ou bien les évaluations tiennent-elles compte de ce "canal" qui semble échapper au systèmes de contrôle et de quantification habituels ?

18/08/2007 19:45 par Andrei Teleman

Bonjour,

J’ai passé toute ma jeunesse dans un pays communiste, et donc j’ai entendu des milliers de fois parler de la chute inévitable du "capitalisme". Toutes ces démonstrations "scientifiques" contenaient bien sur de citations de Marx (comme l’article ci-dessus publié par "Le Grand Soir") et des autres "classiques" du marxisme. Bien sur le capitalisme était plein de "segments pourris" qui se trouvaient au coeur même du système. Le phrase "Au bout du réve américain, revoila donc le paupérisme" est vraiment digne d’un discours de propagande communiste.

Je suis un scientifique, mais pas un économiste. Pourtant, d’après mes connassances (très modestes) d’économie

1) La terminologie correcte pour le système économique occidental moderne est "economie de marché" (pas capitalisme, qui est plutôt un terme marxiste).

2) Malgré les inégalités et les problèmes sociaux bien-connus, les Etats Unis sont l’un des états les plus riches du monde. Le chômage est beaucoup plus bas qu’en France. J’ai l’occasion de connaître plusieurs dizaines d’américains (de toutes les catégories sociales), mais aucun "pauper" américain. Personnellement je ne suis pas un "fan" du système américain, mais n’oublions pas qu’on parle de la première puissance économique mondiale (et du siège des entreprises les plus performantes du monde).

3) L’auteur affirme qu’il s’agirait d’un problème qui "atteint une échelle de masse" sans donner aucun chiffre. Quel est exactement le pourcentage de la population qui est atteint ? Dans ma jeunesse j’ai entendu des milliers de fois parler de la révolte des "masses salariées" dans les pays capitalistes, mais en effet il s’agissait d’une toute petite minorité (qui était peut être mécontente pour différentes raisons, mais sans être nécessairement hostile au système). D’ailleurs, récemment je n’ai entendu aucune nouvelle concernant des protestes ou des mécontentement de "masse" en Etats Unis ! Il me semble qu’il s’agit plutôt d’un crise des institutions financières, mais pas du tout d’un nouveau phénomène de "paupérisation" des masses salariées.

4) Les chutes boursières constituent à la fois des signaux de crise, mais aussi des phénomènes de auto-réglage de l’économie de marché. Par exemple la chute des années 2001 qui a marqué la fin des "dot-com" ’s a nettoyé l’économie des entreprises non-performantes dont le cours était artificiellement élevé (par le mythe de l’internet). Mais quelques dot.com’s (comme Amazon, Ebay, Google et Yahoo) ont survécus, et quelques années plus tard ont commencé à faire de profits considérables.

5) L’auteur parle de l’intervention de la BCE qui aurait "dépensé" "immédiatement la somme de 94,8 milliards d’euro". Peut-être je me trompe, mais d’après ce que j’ai compris, il ne s’agit pas de "dépenses". La BCE a simplement mis à la disposition des banques des sommes importantes à des taux d’intérêts bas (afin de maintenir ce taux à un niveau raisonnable et éviter une crise de liquidités).

Désolé pour les éventuelles fautes de français.

Bien cordialement,

Andrei Teleman

20/08/2007 17:16 par Vincent Présumey

M. A. Teleman,

Il me semble que votre hostilité que je suppose légitime et justifiée envers le régime dans lequel vous avez vécu votre jeunesse vous conduit à des confusions : ce n’est certainement pas une tradition politique qui serait celle des oppresseurs de votre jeunesse qui conduit aujourd’hui des gens comme moi à combattre politiquement le capitalisme contemporain et à en tenter une analyse critique. Je tiens donc à vous dire que j’ai, dans ma vie consciente, toujours été hostile à ces régimes, et milité pour les libertés démocratiques et des élections libres dans les pays de l’ancien pacte de Varsovie. C’est pourquoi je n’ai pas du tout le même sentiment envers un économiste de profession faisant l’apologie de la "mondialisation" et quelqu’un qui, comme vous, vois dans un article comme le mien des formules qui évoquent oppression et dictature, mais a la démarche de venir nous le dire sur ce forum, ce dont on peut vous remercier. Je me permets donc de vous répondre en reprenant chaque passage de votre mail.

Je précise auparavant que le lien vers un article en anglais ne semble pas marcher, je n’ai donc pas pu en prendre connaissance.

Vous écrivez donc :

"Bonjour,

J’ai passé toute ma jeunesse dans un pays communiste, et donc j’ai entendu des milliers de fois parler de la chute inévitable du "capitalisme". "

Dans la mesure où vous me reprochez un peu plus loin d’employer un terme non scientifique, mais idéologique, à savoir "capitalisme" (j’y reviendrai plus bas) je me permets de vous dire qu’en l’occurence, vous encourrez le même reproche par l’emploi du terme "communisme". Qu’étaient les régimes des pays de l’ancien bloc soviétique, de l’ex-Yougolavie et que sont le régime chinois dit "populaire" et les régimes nord-coréen, vietnamien et cubain aujourd’hui ? C’est là un autre sujet, mais je ne pense pas que "communiste" soit un terme rigoureux pour désigner les uns ou les autres.

J’ajoute que je ne crois pas à une chute "inévitable" du "capitalisme" et mon article n’en parle pas. Ce que je crois, c’est qu’il produit des catastrophes pour l’humanité.

Vous poursuivez :

"Toutes ces démonstrations "scientifiques" contenaient bien sur de citations de Marx (comme l’article ci-dessus publié par "Le Grand Soir") et des autres "classiques" du marxisme. "

Je n’en doute pas en ce qui concerne les "démonstrations" que vous évoquez, mais est-ce une raison pour ne pas essayer de faire un usage rationnel et raisonnable de Marx ? En l’occurence je le cite une fois et avec une nuance critique. Mais vous visez juste si vous voulez me reprocher une forte imprégnation "marxiste" ... sauf que c’est celle de la lecture de Marx lui-même, faite librement, pas des citations et des cours de diamat officiels et ennuyeux qui sont la pire chose qui ait jamais été faite à ces oeuvres souvent profondes et complexes (lire librement et réciter des citations, ce n’est pas la même chose).
Vous écrivez ensuite :

" Bien sur le capitalisme était plein de "segments pourris" qui se trouvaient au coeur même du système. Le phrase "Au bout du réve américain, revoila donc le paupérisme" est vraiment digne d’un discours de propagande communiste. "

Vous réagissez là de manière plus polémique, ou politique, que "scientifique". La question ne me semble pas de être de savoir si une certaine propagande aurait pu dire, dans un contexte différent et avec d’autres intentions, les mêmes phrases, mais si celles-ci recouvrent aujourd’hui des faits ou non. La formule "segment pourri" a d’ailleurs été employée par plus d’un conseiller financier pour désigner les subprime : sont-ils des agents de l’ancien bloc soviétique ?

Par ailleurs, oui, l’on pourrait parfaitement écrire aussi qu’ "au bout du réve soviétique, revoila donc le paupérisme". Mais cela invalide-t’il le constat fait sur les Etats-Unis ? C’était au temps de la guerre froide que les uns et les autres se confortaient mutuellement ainsi : si vous dénonciez le paupérisme à l’Ouest, vous étiez un agent de l’Est, et réciproquement !

Vous poursuivez :

"Je suis un scientifique, mais pas un économiste. Pourtant, d’après mes connaissances (très modestes) d’économie

1) La terminologie correcte pour le système économique occidental moderne est "economie de marché" (pas capitalisme, qui est plutôt un terme marxiste). "

Qu’entendez-vous par "terminologie correcte" ? Je pense pour ma part qu’ "économie de marché", cela n’existe pas. Le système économique mondial (et non pas seulement occidental) moderne ne se ramène pas au "marché", loin de là , il repose sur un rapport social, le capital -monopolisation des moyens de production et d’échange et valeur vouée à s’accroître : c’est un mode de production trés spécifique et même trés exceptionnel par bien des aspects, comparé à tous ceux qui ont existé y compris ceux dans lesquels existait un marché. Ces quelques mots sont évidemment trop rapides, mais je trouve que prescrire ainsi une "terminologie correcte" en expliquant que l’autre terminologie que l’on récuse est mauvaise parce qu’elle correspond à une idéologie posée comme non scientifique par essence, c’est précisément là user de manière idéologique d’un argument d’autorité sans démonstration : dans les anciens régimes soi-disant "communistes" la "terminologie correcte" était de la sorte opposée à la "terminologie incorrecte" qualifiée de "capitalistes" ou de "petites-bourgeoise".

Par ailleurs, en toute rigueur "capitalisme" n’est pas un terme de Marx, c’est un néologisme qui n’est pas pleinement satisfaisant, mais il est d’usage courantt. Le bon terme dans le cadre de mon article serait "mode de production capitaliste".

Ensuite vous dites :

"2) Malgré les inégalités et les problèmes sociaux bien-connus, les Etats Unis sont l’un des états les plus riches du monde. Le chômage est beaucoup plus bas qu’en France. J’ai l’occasion de connaître plusieurs dizaines d’américains (de toutes les catégories sociales), mais aucun "pauper" américain. Personnellement je ne suis pas un "fan" du système américain, mais n’oublions pas qu’on parle de la première puissance économique mondiale (et du siège des entreprises les plus performantes du monde). "

Tout ce que vous dites là me semble généralement exact (à l’exception de l’inexistence de pauvres américains, affirmation pour le moins surprenante, et de fortes nuances à faire sur l’évaluation du chômage et la prise en compte de la population carcérale, la plus élévée du monde avec celle de Chine, par rapport à la population totale).

Mais justement : la question en l’occurence est bien que le pays le plus riche, le plus puissant, le plus créatif à certains égard, soit le foyer de crise et de désordre aujourd’hui pour le monde entier, et pour son propre peuple.

Vous poursuivez :

" 3) L’auteur affirme qu’il s’agirait d’un problème qui "atteint une échelle de masse" sans donner aucun chiffre. Quel est exactement le pourcentage de la population qui est atteint ? Dans ma jeunesse j’ai entendu des milliers de fois parler de la révolte des "masses salariées" dans les pays capitalistes, mais en effet il s’agissait d’une toute petite minorité (qui était peut être mécontente pour différentes raisons, mais sans être nécessairement hostile au système). D’ailleurs, récemment je n’ai entendu aucune nouvelle concernant des protestes ou des mécontentement de "masse" en Etats Unis ! Il me semble qu’il s’agit plutôt d’un crise des institutions financières, mais pas du tout d’un nouveau phénomène de "paupérisation" des masses salariées. "

Nous manquons en effet de statistiques publiques claires sur ces questions, tout en ayant une profusion de chiffres partiels provenant de la Fed, des banques, etc., d’où ressortent "massivement", hé oui, les signes d’une forte hausse de la proportion d’emprunteurs insolvables aux Etats-Unis ces dernières années, de 5 à 7% selon les critères utilisés, en 2001, à 15 à 22% en 2006 juste avant que la crise des "subprime" n’éclate au grand jour, par rapport au total des emprunteurs c’est-à -dire a pas loin de 100% des ménages américains.. Selon le journal Le Monde le 7 mars 2007 2 millions 200 000 foyers (soit 3 à 5 fois plus de personnes, c’est difficile à dire) étaient en instance d’expropriation de leur maison. Donc, assurément, il y a là un phénomène de masse : le nier relève un peu de l’acte de foi dans l’ "économie de marché", comme ces militants du PCF qui voici trente ans nous expliquaient qu’en URSS il n’y avait pas de chômeurs (d’ailleurs on n’avait pas de chiffres ! ) et pas de manifs non plus ! En fait votre démonstration se ramène ici à l’emploi du mot "masses" : comme "masse" veut dire "beaucoup" (un terme imprécis, j’en conviens, mais qui a quand même un sens), mais que d’autre part on retrouve le mot dans "masses salariées", expression dont on sait quel en fut l’usage, alors cela permet l’amalgame, à nouveau : propagande "communiste" de l’ancien temps !

Quand à l’absence de mouvements sociaux importants aux Etats-Unis engageant directement les victimes endettées, ce n’est -hélas- guère surprenant : ces gens là sont tous piégés dans une relation individuelle de débiteurs à créanciers, ils sont généralement inorganisés et ils sont pris par le souci du lendemain. Ce n’est pas une raison pour les ignorer, les victimes les plus malheureuses ce sont eux et pas les institutions financières. Rappel historique : avant que la crise de 1929 (dont l’actuelle est trés différente, je le précise pour éviter tout malentendu) ne voient ses victimes manifester en masse aux Etats-Unis, il a fallu attendre la seconde partie des années 1930.

" 4) Les chutes boursières constituent à la fois des signaux de crise, mais aussi des phénomènes de auto-réglage de l’économie de marché. Par exemple la chute des années 2001 qui a marqué la fin des "dot-com" ’s a nettoyé l’économie des entreprises non-performantes dont le cours était artificiellement élevé (par le mythe de l’internet). Mais quelques dot.com’s (comme Amazon, Ebay, Google et Yahoo) ont survécus, et quelques années plus tard ont commencé à faire de profits considérables. "

Je suis d’accord avec ce que vous écrivez là (sauf sur l’emploi du terme "économie de marché" et en précisant que le mythe de l’internet me semble avoir plus été le moyen que la cause de la spéculation de 2000-2001). Evidemment que les crises font partie du fonctionnement normal du mode de production capitaliste, que les gros relayent les petits en profitant de leurs innovations risquées, etc.. Cela n’en rend pourtant pas leurs conséquences plus "normales" pour leurs victimes.

D’autre part, la reprise aprés 2001 a reposé sur la formation d’une bulle spéculative, celle des produits dérivés de crédit, sur les dépenses militaires US aprés le 11 septembre, et sur la production industrielle chinoise : voila les formes concrétes de l’"auto-régulation" qui ne peut pas s’expliquer seulement par "le marché", lequel ne foncionne pas automatiquement et spontanément. Cette reprise a abouti précisément à la crise présente.

" 5) L’auteur parle de l’intervention de la BCE qui aurait "dépensé" "immédiatement la somme de 94,8 milliards d’euro". Peut-être je me trompe, mais d’après ce que j’ai compris, il ne s’agit pas de "dépenses". La BCE a simplement mis à la disposition des banques des sommes importantes à des taux d’intérêts bas (afin de maintenir ce taux à un niveau raisonnable et éviter une crise de liquidités). "

J’ai été rapide (mais pas inexact) sur ce sujet. Comme vous le dites il s’agit de prêts à court terme des banques centrales aux principales banques privées, mais quand celles-ci remboursent les banques centrales, il ne faut pas croire que c’est tout simplement la monnaie émise qui fait retour dans leur caisse pour y disparaître. En fait, l’émission monétaire a servi aux banques pour faire face à leurs frais financiers urgents, elles ont donc utilisé tout ou partie du montant du prêt et la monnaie correspondante continue à circuler. Donc il y a bien création monétaire, c’est d’ailleurs là l’un des principaux mécanismes courant de création monétaire. En l’occurence il s’agit aussi de remplacement d’un "capital" ne correspondant qu’à des titres de créance en circulation par l’émission monétaire publique. Ramener ce phénomène à une dépense massive en faveur du capital financier est donc un raccourci, mais c’est un raccourci exact. Ce qu’il y a ici en plus de particulier, c’est 1°) l’énormité des sommes en cause, et 2°) pour la BCE la contradiction de ces émissions avec le discours officiel anti-inflationniste.

En conclusion, je n’imagine pas par ces quelques commentaires vous avoir fait changer d’avis, mais j’espère du moins vous avoir suggéré une autre approche envers certaines analyses "marxistes" : on ne peut pas s’en débarasser en les amalgamant à un dogme, ni en leur opposant un autre dogme qui serait celui de l’ "économie de marché".

Cordialement,
Vincent Présumey.

20/08/2007 19:33 par Andrei Teleman

Merci beaucoup de votre réaction. J’apprécie beaucoup le fait que vous avez réagi d’une manière très aimable à ma critique qui est (je reconnais) très caustique.

Mais je ne suis pas d’accord avec tous vos contre-arguments.

La polémique concernant la terminologie "économie de marché" versus "capitalisme" me semble peu significative, donc je n’insiste pas. En aucun cas, on ne peut pas appeler "néologisme" un terme apparu au XVI siècle. Voici un lien vers un texte concernant l’histoire de ce mot :

http://www.toupie.org/Dictionnaire/Capitalisme.htm

Je n’ai pas dit qu’il n’y a pas de pauvres en Etats Unis, mais que le pourcentage des "paupers" américains est très petit, tandis que votre article donne clairement l’impression qu’il s’agirait d’un "phénomène de masse". Le fait qu’il n’y a aucun "pauper" parmis les dizaines d’américains que j’ai connu est un argument statistique (mais évidemment il n’implique pas qu’il n’y pas des gens très pauvres dans ce pays).

L’article américain que j’ai recommandé montre clairement que la crise actuelle est causée par un politique de prêt hypothéquaire trop imprudente, donc en aucun cas ne peut être interprétée comme un phénomène nouvel de "paupérisation des masses salariales". Les salariés sont touchés indirectement : dans le futur ce sera beaucoup plus difficile d’obtenir une hypothèque dans des conditions favorables. Mais cette sévérité est évidemment nécessaire (et est strictement appliquée en France).

C’est vrai, quand je suis arrivé en France il y a sept ans, j’ai été très surpris de constater que la critique du système "capitaliste" (à savoir une critique "idéologique", bien similaire à que celle que j’ai entendu dans ma jeunesse) était encore très à la mode. Cette critique est très souvent accompagnée par un anti-américanisme radical, difficile à comprendre (surtout quand il s’agit de l’économie).

J’essaie encore une fois de donner l’adresse URL de l’article américain :

http://biz.yahoo.com/ap/070817/mortgage_mess.html

Le lien que j’avais donné est bien expiré. J’espère le nouveau lien va marcher. Voici aussi ci-jointe une copie de cette article :

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Mortgage Mess Creates Lending Drought"¨Friday August 17, 7:34 pm ET "¨By Michael Liedtke, AP Business Writer

Mortgage Borrowers, Brokers Facing Higher Hurdles to Home Loans Not Seen Just a Few Months Ago

SAN FRANCISCO (AP) — Mortgage broker Ed Smith Jr. has been arranging home loans for 24 years and it’s never been tougher for him to close a deal than during the past few weeks of turmoil.
As more lenders collapse, the skittish survivors are raising their rates and changing the rules for getting a loan every few hours as they scramble to stay alive. The upheaval has made it virtually impossible to secure financing for scores of borrowers who would have easily qualified for mortgages just a few months ago, creating a lending drought likely to deepen the housing slump.
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"You have a ripple effect in the marketplace that is devastating," said Smith, who is based in San Diego.
The fallout figures to be especially hard on homeowners facing dramatically higher payments on exotic mortgages that they obtained two or three years ago. These mortgages began with bargain-basement, or "teaser," interest rates that offered extremely low payments so borrowers could buy a home and refinance later.
But falling home prices and stricter lending criteria have chained these borrowers to their current mortgages, lumping them with higher payments that they can no longer afford.
"I have three borrowers who desperately need to refinance and they aren’t going to be able to do it. They are going to lose their homes," said Patrick Schwerdtfeger, a Walnut Creek mortgage broker for Windsor Capital.
Orange County mortgage broker Jack Williams has seen nine mortgage deals unravel in the past 11 days. He has since been able to secure financing for two of the borrowers, but "it doesn’t look real promising" for the others as lenders hunker down. "You can have one rate sheet in the morning, then it will change at noon and then it will be completely different again at 5 p.m."
Borrowers with blemished credit records and inadequate paperwork to verify their incomes are having the most trouble getting mortgages.
But the lending crackdown also is affecting more creditworthy borrowers who need to borrow more than $417,000 so they can buy or refinance homes. These so-called "jumbo" loans are common in expensive housing markets like California, where a mid-price home sold for $478,000 in July.
In the past few weeks, the jumbo rates have climbed 0.75 to 1.25 percentage points above the rates for mortgages below $417,000. That higher premium has put the financing out of reach for many borrowers.
The daunting conditions are shriveling the incomes of mortgage brokers, some of whom are making about half the money that they were raking in a year ago, said Thomas Kaiser of Empire Equity Group in San Jose. "Normally, this would be a busy time of the year, but it’s completely opposite."
The lending slowdown is bound to drive some mortgage brokers out of the industry and prompt layoffs in other related businesses such as title insurers, predicted Wayne Repich, founding partner of Vanguard Mortgage & Title Inc. in Concord.
"This is the worst I have seen in my 19 years in the business," Repich said. "I’m usually an optimist, but this downturn really has me concerned."
The difficult market conditions could work to the advantage of prospective home buyers who can negotiate the current lending gauntlet and qualify for a mortgage. As home sellers find it more difficult to find qualified buyers, people with financing should be able to negotiate better deals, brokers said.
"There are good bargains for people with reasonably good credit and a little money in the bank," said Ilene Cohen, a broker with First Call Mortgage Inc. in Andover, Mass.
To qualify for a loan, borrowers generally need a credit score of 700 to 720 (on a scale of 850) and enough money saved for a 10 percent down payment. They also need to be able to verify their incomes.
These criteria aren’t radically different from the demands that lenders made through most of the 1980s and the first half of the 1990s. But the standards loosened as Wall Street hedge funds and other investment vehicles became more willing to buy high-risk mortgages bundled into securities. That emboldened lenders to offer 100 percent financing to borrowers who could list just about any income they wanted without any corroboration.
"We are now going back to the old days of lending," Williams said.
While the more conservative approach eventually may bring more stability to the market, some observers say the shift is happening too suddenly.
"It would be like a credit card lender suddenly telling you that if your credit rating isn’t ’XYZ,’ you have to cut up the credit card and pay all the debt you owe on it," said Jonathan Logan, a Portland, Ore., broker with BetterWorldMortgage.com
Even borrowers with solid credit are feeling anxious during these uncertain times.
Bridget Hughes, 30, is prepared to put 20 percent down for a town house in the Seattle area and appears to have a good enough credit record to secure a $280,000 mortgage. But she still frets that the financing might fall through if there are any unforeseen delays in her application.
"I am nervous," she said Friday. "When I made an offer on a home, I felt like coming into my office and shouting, ’Look what I am doing !’ but decided not to. I am trying not to fall head-over-heels in love with this home in case something goes wrong."

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20/08/2007 21:40 par Anonyme

En ce qui concerne la terminologie, j’y accorde sans doute plus d’importanc que vous : je ne pense pas que ce soit "par hasard" que, dans les années 1980, l’expression "économie de marché" se soit trés généralement substituée à "capitalisme", particulièrement chez les bureaucrates des "futurs ex" PC d’Europe centrale et orientale métamorphosés en businessmen dans les années 1990.

Ceci dit, je maintiens ma remarque sur l’apparition tardive du mot "capitalisme". Marx ne l’emploie pas (si on le trouve chez lui c’est donc qu’ on a affaire à une mauvaise traduction, cela arrive) et le lien internet que vous donnez considère que l’idée date du XVI° siècle -ce qui est également discutable- mais ne dit rien du terme -et pour cause. L’historien (non marxiste) Fernand Braudel a fait une mise au point sur l’histoire des termes "capital", "capitaliste" et "capitalisme" dans Civilisation matérielle, économie et capitalisme, tome II, début du chapitre 3. Il pense que c’est Werner Sombart, sociologue allemand (non marxiste) qui a réellement lancé le terme en 1902. "Néologisme" est peut-être exagéré, mais le mot est donc beaucoup plus récent qu’on ne le croit.

Sur les pauvres aux Etats-Unis, nous ne sommes clairement pas d’accord. Mais peut-être une partie du désaccord vient-elle là encore des termes, car "pauper", d’où vient "paupérisme", évoque le dénuement absolu. La pauvreté dans les sociétés capitalistes riches souvent ne prend pas cette forme (bien qu’on la rencontre aussi) : en clair, les pauvres y sont plus souvent, maintenant, obèses que squelettiques, à la différence (pour l’instant) des pauvres en Inde par exemple.

L’article sur lequel vous vous appuyez ne me semble pas apporter d’éléments de fonds par rapport à l’essentiel. Il donne des faits et à ce titre il est tout à fait intéressant. Mais cette description n’indique rien sur la place des subprime dans l’ensemble du système de crédit. Les salariés emprunteurs sont évidemment directement victimes. Je vous signale par ailleurs qu’en France la législation rend beaucoup plus difficile la souscription de tels prêts, même si le surendettement existe aussi.

Dire qu’une partie du salariat nord-américain est actuellement en cours d’appauvrissement, et que les prêts hypothécaires jouent un rôle, fort important au moment présent, dans ce processus, est une question de fait. Ensuite, on peut l’interpréter différemment selon son orientation sociale et politique.

En France, l’existence de sentiments et d’idées anticapitalistes à une assez grande échelle ne se réduit pas à la survivance d’idéologies similaires à celles des régimes "socialistes". Si vous y étiez arrivé au début des années 1990 vous auriez trouvé ces sentiments et ces idées beaucoup plus faibles qu’aujourd’hui. C’est à la suite de mouvements sociaux massifs (en 1995, en 2003 et en 2006) et de débats démocratiques (quoi que l’on pense de leur contenu) ayant impliqué beaucoup de personnes (comme en 2005 lors du référendum) que ces sentiments et ces idées se sont développés. Je crois qu’il serait intéressant de sonder vraiement l’état-d’esprit d’une grande partie de la société américaine actuellement, sur la guerre, la situation économique et les conditions de travail et d’emploi. On aurait peut-être des surprises.

Cordialement,
V.Présumey.

18/08/2007 22:43 par Andrei Teleman

Voici un lien vers un article correcte (et moins idéologique) concernant la crise des "suprime mortgages" américains. Malheureusement l’artice est an Anglais :

http://biz.yahoo.com/ap/070817/mortgage_mess.html?.v=5

Je reprend quelques phrases édifiantes, que je traduis en français :

"We are now going back to the old days of lending," Williams said.

While the more conservative approach eventually may bring more stability to the market, some observers say the shift is happening too suddenly."

En français :

"Nous revenons aux bons vieux temps du prêt immobilier", dit William. Si cet approche plus conservateur va donner plus tard plus de stabilité au marché, quelques observateurs pensent que ce changement arrive trop brusquement."

Cordialement,

Andrei Teleman

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