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La dictature pour sortir de la crise

Depuis le coup d’Etat qui a permis à la France et à l’Allemagne (et surtout à l’Allemagne) de s’emparer des commandes effectives de l’Europe on s’en doutait un peu : l’heure est aux sacrifices (enfin pour le peuple), et la situation ne va pas en s’arrangeant. Mais il est une chose à remarquer cependant, et qui va peut-être en rassurer certains, c’est que l’Europe dans sa partie institutionnelle est pour ainsi dire «  sauvée ». En prenant peu à peu le contrôle de tous les budgets européens, nos dirigeants ne laisseront pas tomber l’Europe, car ils sont en réalité en train de réaliser le rêve secret de ses fondateurs, à savoir la création d’un «  Empire européen ». Cette crise est l’occasion rêvée pour imposer aux dirigeants des pays les plus faibles (et à leurs peuples) une politique économique draconienne en même temps qu’un gouvernement centralisé et peut-être même autoritaire : il n’y avait paraît-il pas d’autre choix, et c’était ça ou la fin de l’Europe, et avec elle la fin de la puissance de la France et de l’Allemagne.

Cet Empire européen est un formidable mastodonte qui n’est pas aisé à diriger, mais qui peut faire contrepoids aux gigantesques puissances qui sont déjà présentes sur le marché, pour peu que l’Europe redevienne compétitive pour empêcher les délocalisations qui signifient à terme l’effondrement économique. Et pour s’aligner sur des pays encore peu soucieux soit de démocratie soit de protection sociale sans recourir trop au machinisme et au progrès technique qui créent du chômage (c’est à ce point que la démocratie bloque — et s’oppose au capitalisme), c’est bien une fois encore le travailleur qui servira de variable d’ajustement vers le bas (les dividendes réclamés par les actionnaires ne sont pas fixés par l’Etat ; et puis pour être juste les gros actionnaires sont les donneurs d’ordre).

Et pour faire accepter aux gens de travailler plus pour gagner moins, il faut soit réussir à mystifier le peuple (le peur de la faillite, du chaos, de la crise), soit à le contraindre.

Car c’est bien là que nous en sommes : les propositions qui sont faites actuellement par le camp de monsieur Sarkozy sont destinées à faire baisser le coût du travail à travers une criminalisation et des chômeurs et des étrangers, ainsi que de les mettre en concurrence pour les diviser. Avec la plus grande «  flexibilité » (précarisation) du code du travail, la baisse des «  charges patronales » (cotisations pour la solidarité) ou l’indemnisation des chômeurs conditionnée à l’acceptation de n’importe quel emploi, avec la remise en cause des «  corps intermédiaires » (les syndicats, associations de défense des consommateurs…), le recul de l’âge de départ à la retraite ou le travail d’intérêt général pour obtenir le RSA (comme les condamnés), on s’aperçoit bien vite que ce ne sont pas sur les profits des plus riches que les économies seront faites !

Cela rappelle la nouvelle loi hongroise qui stipule qu’un sans-abri pris à fouiller dans une poubelle doit une amende tellement élevée qu’il doit effectuer des travaux d’intérêt général pour éviter la prison… Pourquoi ne les paie-t-on pas pour effectuer ces travaux alors, puisque apparemment il y a du travail pour eux ? Car ainsi ils sortent du cadre «  normal » du code du travail, comme dans les prisons en France, et alors le tarif horaire est bien plus avantageux pour l’employeur…et fait concurrence aux autres salariés.

Finalement, c’est comme si les dictatures dénoncées par nos dirigeants devenaient pour eux désormais le «  modèle à suivre », la parade aux «  corps intermédiaires », aux «  charges patronales » trop lourdes, à la récession économique. Ils ont compris à quel point les acquis de la démocratie sont un frein à la croissance, et veulent faire sauter ce dernier obstacle pour retrouver la «  compétitivité ». Et ne pouvant décemment pas établir de régime autoritaire de manière frontale s’en s’opposer directement au peuple de manière violente, ils profitent de la crise qui leur permet de restreindre peu à peu toutes nos libertés. En enfonçant les économies les plus fragiles au prétexte de sauver l’Europe, ils contraignent leurs gouvernants à faire subir aux peuples des sacrifices scandaleux tout en prenant le contrôle de pays pourtant (officiellement encore) souverains.

Il ne s’agit pour eux que de faire peur aux peuples pour qu’ils acceptent, au nom de l’intérêt général, tant de sacrifices qu’il finira par abandonner toute capacité, et toute possibilité de révolter. La contrainte sera si forte et les salaires si bas que la misère et la violence permettront aux gouvernements en place d’instaurer une véritable dictature, et accessoirement de faire repartir la croissance en Europe : les esclaves de l’Empire européen seront redevenus compétitifs. Après des siècles d’espoirs déçus (ou feins), le monde redécouvre les bénéfices d’une bonne dictature, bien plus efficace et surtout plus rentable qu’une mauvaise démocratie. Nous sortirons peut-être ainsi de la crise, mais pour entrer dans quoi ?

Caleb Irri

http://calebirri.unblog.fr

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