RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher
Irak, 5 années de guerre

La guerre devient globale.

illustration : Diane Ferchel

La « guerre globale » a été menée pour décider de qui allait devoir prendre la fonction de leadership dans le système mondial, qui allait imposer les règles de la compétition entre les grandes puissances, qui allait avoir le pouvoir de modeler les processus d’allocation des ressources et faire prévaloir sa propre vison du monde.

La guerre d’agression déclenchée le 20 mars 2003 contre l’Irak par les armées étasuniennes et britanniques a marqué le point culminant d’une dérive belliciste qui a débuté dans l’ultime décennie du siècle dernier, après la fin de la guerre froide. Il s’agit d’un phénomène qui a investi le monde entier et qui est bien loin d’être épuisé, comme l’a prouvé la guerre contre le Liban de l’été dernier et comme le prouvent les préparatifs de guerre contre l’Iran. Et le phénomène de la guerre de même que les appareils rhétoriques de sa justification ont rapidement changé. Ce changement ne peut être interprété aisément que dans le cadre des processus de transformation économico-financière, informatique et politique qu’on trouve sous le nom de « globalisation ». En d"autres termes, s’est développé pendant ces années un processus de transition à la « guerre globale », avec, comme point central, l’adoption de la part des puissances occidentales de la notion de « guerre préventive », conçue et pratiquée par les Etats-Unis contre les dits « états voyous » et les organisations du global terrorism. Cette transition n’a pas concerné que la morphologie de la « nouvelle guerre », à savoir sa dimension stratégique et sa potentialité destructive. On y trouve très étroitement connectée une véritable éversion du droit international, due à l’incompatibilité radicale de cette « guerre préventive » avec la Charte des Nations Unies et le droit international général. A quoi s’ajoute une régression à des rhétoriques antiques de justification de la guerre, y incluse la doctrine « impériale » de la « guerre juste » et de son noyau d’ascendance biblique : la « guerre sainte » contre les barbares et les infidèles.

Ces rhétoriques sont devenues aujourd’hui, dans un contexte de globalisation des moyens de communication de masse, un instrument belliqueux d’exceptionnelle importance. La guerre d’agression contre l’Irak a été une guerre « globale » parce qu’elle a été menée à l’enseigne d’une stratégie impériale que son principal protagoniste - les Etats-Unis d’Amérique- a orienté vers des objectifs universels comme la sécurité globale (global security) et l’ordre mondial (new world order). Sa finalité n’a jamais été la conquête d’espaces territoriaux selon le modèle des guerres coloniales. La « guerre globale » a été menée pour décider de qui allait devoir prendre la fonction de leadership dans le système mondial, qui allait imposer les règles de la compétition entre les grandes puissances, qui allait avoir le pouvoir de modeler les processus d’allocation des ressources et faire prévaloir sa propre vison du monde. Voilà ce qu’a été l’enjeu d’une guerre qui, par de nombreux aspects, n’est pas encore finie. La guerre continue à la fois dans ses effets destructeurs et sanguinaires, et dans l’instigation de sa réplique tout aussi destructrice et sanguinaire du terrorisme. La finalité impériale de la guerre en Irak est confirmée par d’importants documents de la Maison Blanche et du Département d’Etat, depuis le Defense Planning Guidance de 1992 jusqu’à la National Security Strategy de 2002. L’intérêt qu’on y déclare vouloir poursuivre par la force des armes est la stabilité de l’ordre mondial dans un cadre d’interdépendance accrue des facteurs internationaux et de vulnérabilité élevée des pays industriels. Le risque concerne surtout l’accès libre et régulier aux sources d’énergie. Et cette stabilité globale doit être garantie -c’est le point central- sans toucher aux mécanismes de distribution mondiale de la richesse qui creusent un sillon de plus en plus profond entre les pays riches et les pays pauvres.

Pour réaliser cet objectif, la guerre globale est une prothèse nécessaire. Et les Etats-Unis, en tant que global power, sont le seul pays en mesure de « projeter de la puissance » à échelle planétaire. Ils ont des intérêts, des responsabilités et des devoirs globaux, et doivent pour cela étendre leur propre influence dans le monde, en renforçant l’America’s global leadership role. Universalisme impérial, doctrine de la « guerre juste » et mystique biblique de la "guerre sainte" s’unissent en une conception discriminative de l’espace global. Qui repousse l’hégémonie des valeurs occidentales appartient à la bande des nouveaux barbares et des nouveaux infidèles. : c’est un ennemi de l"humanité. Dans ce contexte, on peut dire que la guerre déchaînée il y a cinq ans contre l’Irak, avec les falsifications retentissantes qui l’ont motivée, l’usage de moyens de destructions de masse, l’imposante campagne idéologique, les massacres de civils, la déprédation des ressources énergétiques, et, non des moindres, l’atroce pendaison de l’ex-dictateur Saddam Hussein, est l’exemple de la nature terroriste de la « guerre globale préventive » déchaînée par les puissances anglo-saxonnes contre le global terrorism.

Danilo Zolo est enseignant de philosophie du droit à Florence, auteur de nombreux essais et coordinateur du site Jura Gentium
http://www.juragentium.unifi.it/en/bionotes.htm#zolo

Edition de mercredi19 mars 2008 de il manifesto
http://www.ilmanifesto.it/Quotidiano-archivio/19-Marzo-2008/art7.html

Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio

URL de cet article 6213
  

Cuba, Fidel et le Che - ou l’aventure du socialisme
Danielle BLEITRACH, Jacques-François BONALDI
Voilà notre livre, il est enfin sorti de l’imprimerie, tout chaud comme un petit pain… Il faut que je vous explique de quoi il s’agit, comment se le procurer s’il vous intéresse et comment organiser des débats autour si bien sûr vous êtes en mesure de le faire… Danielle Bleitrach D’abord sachez que ce livre inaugure une collection du temps des cerises, collection qui portera le nom "aventure du socialisme" Je reviendrai sur cette idée du socialisme comme aventure. L’idée donc du livre (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

Lorsqu’ils n’arrivèrent pas à s’en prendre à nos arguments, ils s’en sont pris à moi.

Julian Assange

Appel de Paris pour Julian Assange
Julian Assange est un journaliste australien en prison. En prison pour avoir rempli sa mission de journaliste. Julian Assange a fondé WikiLeaks en 2006 pour permettre à des lanceurs d’alerte de faire fuiter des documents d’intérêt public. C’est ainsi qu’en 2010, grâce à la lanceuse d’alerte Chelsea Manning, WikiLeaks a fait œuvre de journalisme, notamment en fournissant des preuves de crimes de guerre commis par l’armée américaine en Irak et en Afghanistan. Les médias du monde entier ont utilisé ces (...)
17 
Le DECODEX Alternatif (méfiez-vous des imitations)
(mise à jour le 19/02/2017) Le Grand Soir, toujours à l’écoute de ses lecteurs (réguliers, occasionnels ou accidentels) vous offre le DECODEX ALTERNATIF, un vrai DECODEX rédigé par de vrais gens dotés d’une véritable expérience. Ces analyses ne sont basées ni sur une vague impression après un survol rapide, ni sur un coup de fil à « Conspiracywatch », mais sur l’expérience de militants/bénévoles chevronnés de « l’information alternative ». Contrairement à d’autres DECODEX de bas de gamme qui circulent sur le (...)
103 
Reporters Sans Frontières, la liberté de la presse et mon hamster à moi.
Sur le site du magazine états-unien The Nation on trouve l’information suivante : Le 27 juillet 2004, lors de la convention du Parti Démocrate qui se tenait à Boston, les trois principales chaînes de télévision hertziennes des Etats-Unis - ABC, NBC et CBS - n’ont diffusé AUCUNE information sur le déroulement de la convention ce jour-là . Pas une image, pas un seul commentaire sur un événement politique majeur à quelques mois des élections présidentielles aux Etats-Unis. Pour la première fois de (...)
23 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.