RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

"Le Conseil de coopération du Golfe dirigé par l’Arabie saoudite va tomber dans l’oubli"

Encouragé par le soutien des États-Unis, l’Arabie saoudite a lancé une campagne pour réduire le Qatar au rôle d’état client. Le plan a maintenant atteint son point culminant. Il y a quelques heures, le Bahreïn, l’Égypte, les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite ont rompu tous liens avec le Qatar.

Tous les espaces maritimes et aériens ont été fermés au trafic qatari et les routes terrestres coupées. Tous les Qataris devront quitter ces pays dans les 14 jours. Les diplomates qataris n’ont que 48 heures pour partir.

Les conséquences immédiates sont énormes. Environ 37 millions de passagers traversent Doha chaque année. Mais Qatar Airways doit maintenant emprunter l’espace aérien iranien, irakien et turc pour atteindre l’Europe. (Si cela dure, Emirates Airways, propriété des Émirats Arabes Unis, devra probablement passer une grosse commande de nouveaux avions.) La moitié de la nourriture du Qatar passe par l’Arabie Saoudite, à travers la seule frontière terrestre du Qatar. Cela représentait 600-800 camions par jour qui ne peuvent plus passer. Les 19 vols par jour entre Doha et Dubaï sont annulés. Les prix du pétrole ont augmenté de quelque 1,6% et la bourse qatari a été secouée.

Les raisons de l’altercation actuelle sont multiples. Elles n’ont pas grand chose à voir avec l’Iran.

Les Saoudiens accusent le Qatar de soutenir les terroristes. C’est comme si la Grande-Bretagne accusait les États-Unis d’impérialisme, ou si la mafia coupait ses liens avec le crime organisé pour cause de gangstérisme. Comme l’a remarqué Joe Biden (vidéo), deux pays wahhabites, le Qatar et l’Arabie Saoudite, ont financé et alimenté le terrorisme en Syrie, en Irak et ailleurs. Mais les Saoudien trouvent simplement que le Qatar plus « libéral » soutient la « mauvaise » sorte de terroristes.

Le gouvernement qatari et son porte-parole Al-Jazeera ont installé et soutenu le gouvernement des Frères musulmans en Egypte. Les Saoudiens ont renversé ce gouvernement en finançant un coup militaire contre lui. Le Qatar soutient le gouvernement des frères musulmans de Turquie. Il soutient le Hamas palestinien, également affilié aux Frères musulmans. Le Qatar finance divers groupes alignés sur al-Qaïda en Libye, en Syrie et en Afghanistan. Les talibans ont leur seule mission diplomatique à Doha. Jusqu’à récemment, les Saoudiens finançaient Daech. Ils financent maintenant à nouveau principalement divers autres groupes djihadistes sous contrôle de la CIA en Syrie. Les Émirats arabes unis parrainent le général libyen Hiftar qui lutte contre les groupes alignés sur al-Qaïda soutenus par le Qatar. Les Saoudiens font copains copains avec Israël et n’ont aucun intérêt pour la cause palestinienne que le Qatar défend.

Il y a des intérêts divergents dans les hydrocarbures. Le Qatar est le plus grand exportateur mondial de gaz naturel - une concurrence sérieuse pour les exportations de pétrole saoudien. Il a récemment intensifié ses relations avec d’autres producteurs et clients dans la région du Golfe et au-delà.

Les conflit a aussi une dimension locale et personnelle du fait des nombreux mariages inter-tribaux et de la concurrence entre les tribus et les familles saoudiennes et qataris. Il y a des rumeurs selon lesquelles des groupes tribaux importants dans le désert saoudien du Najd, en particulier la tribu al-Tamim, a récemment renouvelé ses liens avec le Qatar sous l’égide de son émir actuel, le Prince Tamim Bin Hamad al-Thani. C’est un affront pour les al-Sauds.

Oman et le Koweït n’ont pas pris position dans le conflit et tentent de jouer les médiateurs. La Turquie est alliée au Qatar, mais elle est restée étrangement silencieuse. Il y a un nouvel accord de défense entre le Qatar et la Turquie qui s’engage à soutenir le Qatar en cas d’attaque. L’armée turque a une base au Qatar avec quelque 600 soldats. Une part importante de l’investissement étranger en Turquie provient du Qatar. Les gouvernements turc et qatari se coordonnent étroitement pour soutenir ensemble Al-Qaeda et d’autres Takfiris dans la guerre contre la Syrie.

Le problème actuel entre le Qatar et les autres pays arabes du Conseil de coopération du Golfe (CCG) a été rendu possible par l’administration Trump :

Alors que l’administration Obama cherchait à renforcer l’engagement des États-Unis avec le CCG en tant que bloc, Trump a choisi de faire de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis les deux piliers de son approche régionale. Des liens solides auraient été formés entre le conseiller et gendre de Trump, Jared Kushner, et Mohammed bin Salman en Arabie Saoudite ainsi que Yusuf al-Otaiba, l’ambassadeur influent des EAU à Washington.

Les principaux dirigeants de l’administration Trump, tels que le secrétaire à la Défense Jim Mattis et le directeur de la CIA, Mike Pompeo, ont des opinions sur l’Iran et les Frères musulmans qui sont pratiquement identiques à celles de Riyad et d’Abu Dhabi.

Trump est tombé dans un piège israélo-saoudien. Les faucons du Pentagone ont rêvé d’une « OTAN arabe » pour lutter contre l’Iran. L’« OTAN arabe » envisagée pourrait bientôt mener sa première guerre, mais elle sera contre l’un de ses membres. Le spectacle des « Orbes* » (non-satanique) et le soutien illimité des États-Unis à l’Arabie saoudite ont agrandi les brèches au sein du CCG, ce qui va entraver toute opération commune.

Les militaires américains ont d’énormes intérêts au Qatar et dans d’autres pays du Golfe. Al-Udeid au Qatar est la plus grande base aérienne américaine au Moyen-Orient. La base, qui abrite quelque 10 000 soldats américains, est aussi le quartier-général avancé du commandement central des États-Unis qui mène la lutte contre ISIS. La 5ème flotte de la marine américaine est hébergée au Bahreïn voisin, qui vient maintenant de déclarer la guerre froide au Qatar. Toute altercation ou difficulté entre les pays du Golfe entrave les opérations militaires des États-Unis.

À Washington, une intense campagne de lobbying des Emirats Arabes Unis et de l’Arabie saoudite contre le Qatar est en cours depuis des mois. Un lobbyiste saoudien a menacé le dirigeant qatari de lui faire subir « le même sort que le Morsi égyptien ». En représailles, des courriels piratés de l’ambassadeur des Émirats arabes unis, Yusuf al-Otaiba, aux organes de lobbying israéliens à Washington ont récemment été publiés. Les documents révèlent que l’organisation lobbyiste sioniste "Foundation for the Defense of Democracy" conseille la dictature des Emirats Unis sur la manière de combattre la dictature du Qatar.

À la fin du spectacle des « orbes », les Saoudiens et les États-Unis ont essayé de faire valider un document déclarant diverses organisations et l’Iran « soutiens du terrorisme ». le Qatar a refusé de signer. Les religieux saoudiens ont ensuite déclaré que les dirigeants qataris de la tribu al-Thani ne sont plus considérés comme « faisant partie du clan Abdel Wahhab ». Cela ôte toute légitimité religieuse aux dirigeants wahhabites.

Le Qatar a essayé de calmer le jeu. Il a annoncé que six de ses soldats avaient été blessés en se battant pour les Saoudiens près du Yémen. Il a expulsé quelques dirigeants du Hamas. Un médiateur a été envoyé au Koweït, tout cela en vain jusqu’à présent.

Le violent assaut des Saoudiens et des Émirats arabes unis contre le Qatar, avec la fermeture totale de toutes les frontières, a pour but de provoquer une capitulation immédiate. Jusqu’à présent, le Qatar tient bon, mais il est probable qu’il finira par capituler. Il lui faudra cesser son soutien au « terrorisme », c’est-à-dire aux Frères musulmans. Un autre scénario est un putsch contre Doha avec une marionnette saoudienne prête à prendre le relais. Si cela ne réussit pas, une opération militaire pourrait suivre. Le Qatar n’a pas vraiment les moyens de résister à une invasion saoudienne.

L’Iran pourrait y voir une occasion de faire exploser le CCG en intensifiant ses relations avec le Qatar. Il pourrait augmenter ses exportations alimentaires vers le pays et accueillir les vols de la compagnie aérienne du Qatar. En échange d’un retrait qatari de la Syrie. Le plan U.S./Saudien d’attaquer l’Iran par le biais du CCG serait alors totalement compromis.

Quelle que soit la façon dont le conflit avec le Qatar va se terminer, la mascarade de l’unité du GCC vient (encore) d’être dévoilée au grand jour. Elle ne pourra pas se reconstituer. Le « leadership » de l’Arabie Saoudite se révèle n’être que de l’intimidation brutale et il y aura des résistances. Les plans des États-Unis pour un CCG uni, sous direction saoudienne et sous contrôle des États-Unis, sont en miettes.

Le pivot de tout cela est la guerre saoudienne contre le Yémen. Les Saoudiens soutiennent, au Yémen, le gouvernement de la marionnette Hadi et, il y a deux ans, ils ont réuni les autres États du Golfe, y compris le Qatar, pour lutter contre les Houthis dans le nord du Yémen. Ils accusent les Houthis de recevoir le soutien des Iraniens. Il n’y a aucune preuve de ce soutien. La coalition se défait et la guerre échoue. La résistance des Houthis est toujours aussi forte. Avec la famine qui se généralise au Yémen à cause du blocus frontalier saoudien et avec l’épidémie de choléra qui s’étend rapidement, la guerre va prendre fin. Le Koweït, Oman et le Qatar discutent avec les Houthis à Sanaa. La semaine dernière, les troupes des Émirats arabes unis se sont servi d’hélicoptères pour combattre à nouveau les milices soutenues par l’Arabie Saoudite dans l’aéroport du sud d’Aden. Les États-Unis et la Grande-Bretagne veulent que la guerre s’arrête et, dans les couloirs, menacent de retirer leur soutien. Les Saoudien et leur nouveau leadership surestiment leurs capacités. Trump aussi lorsqu’il leur a donné un plus grand rôle à jouer. Les tigres en papier saoudiens n’ont pas les capacités nécessaires pour devenir un acteur politique sérieux dans ce monde. Leur argent ne peut compenser éternellement leurs lacunes.

Ce qui précède me rappelle la prédiction d’un avocat yéménite à Sanaa, il y a près de deux ans :

@ Bafana3
A la fin de la guerre contre #Yemen, les Etats du CCG dirigés par l’Arabie Saoudite tomberont dans l’oubli. Je ne sais pas ce qui les remplacera.

Moon of Alabama

Note :
*Orbes : Artefacts apparaissant sur certaines photographies, parfois considérés comme des phénomènes paranormaux

»» http://www.moonofalabama.org/2017/06/the-gcc-states-led-by-saudi-arabi...
URL de cet article 31956
  

Histoire du fascisme aux États-Unis
Larry Lee Portis
Deux tendances contradictoires se côtoient dans l’évolution politique du pays : la préservation des “ libertés fondamentales” et la tentative de bafouer celles-ci dès que la “ nation” semble menacée. Entre mythe et réalité, les États-Unis se désignent comme les champions de la « démocratie » alors que la conformité et la répression dominent la culture politique. Depuis la création des États-Unis et son idéologie nationaliste jusqu’à George W. Bush et la droite chrétienne, en passant par les milices privées, (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

Quand je suis arrivé au pouvoir, les multinationales recevaient 82% des revenus de nos matières premières et nous 18%. Aujourd’hui c’est l’inverse ! J’ai fait ce qu’il y avait à faire pour mon peuple. J’attends maintenant qu’on m’assassine comme ils ont fait avec Chavez.

Evo Morales, Président de la Bolivie

Hier, j’ai surpris France Télécom semant des graines de suicide.
Didier Lombard, ex-PDG de FT, a été mis en examen pour harcèlement moral dans l’enquête sur la vague de suicides dans son entreprise. C’est le moment de republier sur le sujet un article du Grand Soir datant de 2009 et toujours d’actualité. Les suicides à France Télécom ne sont pas une mode qui déferle, mais une éclosion de graines empoisonnées, semées depuis des décennies. Dans les années 80/90, j’étais ergonome dans une grande direction de France Télécom délocalisée de Paris à Blagnac, près de Toulouse. (...)
69 
Analyse de la culture du mensonge et de la manipulation "à la Marie-Anne Boutoleau/Ornella Guyet" sur un site alter.
Question : Est-il possible de rédiger un article accusateur qui fait un buzz sur internet en fournissant des "sources" et des "documents" qui, une fois vérifiés, prouvent... le contraire de ce qui est affirmé ? Réponse : Oui, c’est possible. Question : Qui peut tomber dans un tel panneau ? Réponse : tout le monde - vous, par exemple. Question : Qui peut faire ça et comment font-ils ? Réponse : Marie-Anne Boutoleau, Article XI et CQFD, en comptant sur un phénomène connu : "l’inertie des (...)
93 
Comment Cuba révèle toute la médiocrité de l’Occident
Il y a des sujets qui sont aux journalistes ce que les récifs sont aux marins : à éviter. Une fois repérés et cartographiés, les routes de l’information les contourneront systématiquement et sans se poser de questions. Et si d’aventure un voyageur imprudent se décidait à entrer dans une de ces zones en ignorant les panneaux avec des têtes de mort, et en revenait indemne, on dira qu’il a simplement eu de la chance ou qu’il est fou - ou les deux à la fois. Pour ce voyageur-là, il n’y aura pas de défilé (...)
43 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.