21 commentaires

Le déshonneur d’Henri Weber

Henri Weber vient de se couvrir de honte. L’article qu’il vient de commettre [1], comme l’on commet un méfait ou une escroquerie, dans Le Monde au sujet du livre écrit par Jean-Luc Mélenchon est d’une rare bassesse. C’est un article aux ordres, un article à gages, écrit pour complaire à une hiérarchie, et il ne fait pas honneur, c’est le moins que l’on puisse dire, à son auteur.

On connaît les réserves que j’ai exprimées au sujet du Hareng de Bismarck que vient d’écrire Jean-Luc Mélenchon. Non que je ne trouve des qualités, tant dans la forme que dans le fond, à ce livre. Non qu’il ne soit juste. L’ensemble de ce qui y est écrit est d’ailleurs repris, et Mélenchon ne s’en cache pas, à divers auteurs dont il a réalisé une belle synthèse. Ma critique portait bien plus, et je la maintiens, sur l’opportunité de ce livre. Si Mélenchon l’avait écrit au second semestre de 2012 ou en 2013, cet ouvrage aurait eu un réel impact politique. Car, le débat sur le « modèle allemand » a eu lieu en réalité à cette époque, dans la foulée du vote sur le TSCG ou Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance de l’UEM pour lui donner son nom complet. C’est à ce moment là que fut pris la décision d’arrimer la France à l’Allemagne et non d’ouvrir un débat public avec elle, et sans doute contre elle, sur la question de l’austérité. S’il avait été publié à l’hiver 2012-2013 il y a peu de doutes que ce livre aurait eu un retentissement politique des plus important. Mais, aujourd’hui, nous en sommes à un autre combat. C’est sur la souveraineté que l’on attendait Mélenchon. Je ne reprendrai pas mes critiques, je les ai déjà publiées[2]. Ce qui importe aujourd’hui c’est que ce livre nous donne à voir les tréfonds de bassesse dans lesquels est tombé Henri Weber.

Weber écrit « Jean-Luc Mélenchon file un mauvais coton, celui du nationalisme agressif ». Qui a lu son livre sait fort bien que c’est faux. Mélenchon y salue d’ailleurs la gauche radicale allemande et en particulier Die Linke. On peut regretter qu’il n’aille pas jusqu’à reprendre aussi les positions d’Oskar Lafontaine, qui appelle à dissoudre la zone Euro, mais ceci est un autre débat. L’article d’Henri Weber se continue par une véritable saloperie : « La xénophobie anti-arabe se trouvant de longue date préemptée par le Front national et étant de toute façon incompatible avec la culture et la tradition de la gauche radicale, ce sont les Allemands que Jean-Luc Mélenchon a décidé de cibler, sous couvert d’anti-impérialisme, dans un pamphlet d’une violence inouïe  ». Le lien ainsi établi entre la xénophobie et le livre de Mélenchon est indigne et injurieux. Quand il parle de la réunification, il faut qu’Henry Weber se soit crevé les yeux et bouché les oreilles pour ne pas voir ni entendre que celle-ci a été vécue par des très nombreux allemands de l’Est comme une annexion, où on leur refusa les équivalences de diplômes et ou où on les soumit à la houlette de bureaucrates venant d’Allemagne de l’Ouest. Dire cela n’implique pas de dresser le panégyrique de l’ex-RDA. Mais, entre la ferveur de la démocratisation et de la chute du mur, et les années qui suivirent, la population de l’Allemagne de l’Est a payé un bien lourd tribut que tous les chercheurs qui ont été à un moment en poste dans l’ex-RDA on pu mesurer. Il y a là un mensonge évident de Monsieur Weber qui ne voit la réalité qu’à travers les lunettes roses de l’européisme le plus béat. Il est vrai qu’il siège au Parlement de Strasbourg ; cela aide…

Quand le sieur Weber se mêle de faire de l’économie, c’est pour raconter d’énormes sottises. La compétitivité allemande ne vient pas que de l’efficacité germanique. Ach, zette efficacité zi tybique…Non, elle vient de ce que les coûts allemands sont tirés vers le bas par la dévaluation interne des services, et par le recours massifs à une sous-traitance dans des pays à bas coûts salariaux (Slovaquie, Pologne, République Tchèque). Cela, le sieur Weber le sait pertinemment, car, justement, il siège au Parlement européen ou de nombreux rapports ont été écrits sur ces points. Mais il préfère reprendre les ragots les plus éculés…

On sent bien sur d’autres points l’article de commande. Quand il insiste avec l’éléphantine délicatesse qu’on lui connaît sur les accords imposés aux syndicats, et qui sont aujourd’hui en partie remis en cause, c’est pour faire avaler aux travailleurs français l’amère potion de la loi Macron. Quand il insiste sur les concessions – mineures – qui ont été faites par le gouvernement allemand, il cache soigneusement la réalité d’une politique arc-bouté sur l’austérité, qui a imposé à la Grèce comme à d’autres pays des ajustements dramatiques et des politiques mortifères. Le sieur Weber danse sur le cimetière des conquêtes sociales. Ici encore, on devine l’auteur à gages, écrivant sous la dictée de ses maîtres qui ne rêvent que d’appliquer en France la politique de Mme Merkel. Il est vrai que, dans les années 1980, Henri Weber avait produit une étude sur le CNPF, l’ancêtre du MEDEF. Il faut croire qu’il s’est, au fil des années, imprégné de l’idéologie de ceux qu’il avait étudié.

On ne veut pas croire que ce qui a produit cette misérable recension soit la vielle haine interne au mouvement trotskyste dont Weber comme Mélenchon sont issus. Ce serait trop bas, ce serait trop vil. Mais, ce lamentable article a au moins un mérite, celui de nous faire comprendre la différence entre des contradictions au sein du peuple, comme celles qui nous opposent à Jean-Luc Mélenchon, et des contradictions entre le peuple et ses ennemis. Car, n’en doutons pas, Henri Weber a rejoint, et cette article en fait foi, de manière définitive le camp de l’ennemi.

Jacques Sapir

[1] Weber H., « La couleuvre de Jean-Luc Mélenchon », Le Monde, 29 mai 2015, http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/05/29/la-couleuvre-de-jean-luc-melenchon_4643297_3232.html

[2] Sapir J., « L’Allemagne, Mélenchon et la souveraineté », note publiée le 10 mai 2015 sur Russeurope, http://russeurope.hypotheses.org/3803

 http://russeurope.hypotheses.org/3877#_ftn1
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COMMENTAIRES  

31/05/2015 14:50 par Roger

C’est en effet bien triste d’observer ce qu’est devenu H.Weber depuis les années 70 où il s’impliquait avec vigueur, rigueur et brio dans l’éducation populaire sur la base d’une contre sociologie émergée à Nanterre et Vincennes.
Comment peut-on à ce point changer, se renier intellectuellement ? Le renoncement politique peut se comprendre quand on se heurte aux vicissitudes de l’action, et il ne signifie pas pour autant l’abandon du projet "imaginaire moteur". Mais le reniement des valeurs intellectuelles de précision,, d’honnêteté, de probité en somme, n’ a aucune excuse.
La fureur déchaînée par le miroir tendu aux "socialistes" par JL Melenchon est sans doute le signe qu’ils n’aiment pas ce qu’ils y voient...
On attend avec impatience que Cambadélis propose de changer le nom du PS en Parti Démocrate afin de pouvoir se positionner comme il faut face au Parti Républicain, et d’offrir enfin aux Français le rêve Américain d’avoir à choisir entre la Droite et la Droite.

31/05/2015 17:40 par Cunégonde Godot

Que M. Weber écrive : « Jean-Luc Mélenchon file un mauvais coton, celui du nationalisme agressif » est profondément injuste ! Ne sont-ils pas restés tous les deux sur la même ligne européo-mondialiste que lorsqu’ils appelaient à voter pour le "compromis de gauche" (sic !) que constituait à leurs yeux le Traité de Maastricht, en 1992 ?
Aujourd’hui, l’un en assume les conséquences, l’autre non : sans doute là leur seul point de désaccord véritable. De pure forme.
Pour une fois, M. Sapir se trompe...

01/06/2015 07:20 par totor

Roger, je vous approuve entièrement pour votre commentaire.Mais ne soyez pas trop déçu de sa trajectoire.C’est un trotskiste, comme Jospin, DSK,et un tas d’autres bien placés maintenant sur de confortables mangeoires.Geoffrin je ne sais pas s’il l’était mais quand on voit son parcours dans le film "les nouveaux chiens de garde" on est édifié sur ces gens qui prônaient comme ce dernier la "lutte armée".Mélenchon aussi était trotskiste, il faut espérer qu’il n’a pas mal tourné comme les autres et qu’il ne nous aura pas fait le plus énorme coup d’entrisme dont peu rêver un trotskiste.Son attachement à cette Europe au service de la haute finance me laisse quand même perplexe et dubitatif.Ce faisant il laisse au FN le champ libre pour catalyser l’opinion dans leur sens en utilisant une rhétorique de contestation du système.Nous verrons si son ambition personnelle est de faire un président de la République ou d’être celui qui plante la vraie gauche(je ne parle pas du PS qui est de droite).

01/06/2015 07:22 par totor

Bravo Mr Sapir, j’aime bien vos articles.

01/06/2015 08:51 par Fald

On était anti-américain si on critiquait McCarthy ou Bush (père et fils).

On est forcément anti-allemand si on critique Mme Merkel.

Et anti-européen !

Ich selber habe immer als sturer Antieuropäer gegolten, weil ich dagegen bin, dass Deutsche und Franzosen aufhören, die Sprache des Nachbarn zu lernen.

en VOST : moi même, je suis toujours passé pour un anti-européen primaire parce que je suis contre que les Allemands et les Français cessent d’apprendre la langue du voisin.

Car leur Europe, c’est aussi cela : une subdivision de l’OTAN où l’on parle globish à tous les étages.

01/06/2015 11:40 par Triaire

A Cunegonde : vous avez du mal semble-t-il à imaginer que l’on puisse après une longue réflexion, en venir à comprendre qu’on s’était trompé...Je pense que Mélenchon a fait ce parcours ;
Weber, par contre, comme ceux de Solferino, mangent à la soupe et on y mange plutôt bien !D’oû sa colère !
Rien de bon ne viendra de ces Solfériniens de droite ;il faut les défaire .

01/06/2015 15:05 par Beyer Michel

@Totor....en écho à votre réflexion "en attendant, il laisse le champ libre au FN...", vous avez certainement en tête le résultat des élections du PONTET : progression en voix et en pourcentage du FN. Le "blablabla" autour du "père" et de la "fille" n’a pas porté préjudice, au contraire.
Pendant ce temps, le PCF, édito de P.LE Hyaric de l’HD no 21678, lance un vibrant plaidoyer en faveur de l’Europe Sociale, mot d’ordre qui nous envoie dans le mur.

01/06/2015 15:15 par depassage

J’ai beaucoup d’estime pour Jacques Sapir, Il tourne sa roue comme il peut et fait dans la ligne d’un compromis entre le pire et le moins pire comme Mélenchon en politique, alors que, lui, le fait en économie. Deux locomotives parmi d’autres, fumantes et toussotantes, essayant de faire avancer un train lourd en arrêt quelque part et que d’aucuns préfèrent abandonner à son sort.
Face à l’histoire, on ne fait pas la bouche fine, n’est-ce pas Gunégonde Godot. Amicalement Gunégonde, il ne sert à rien d’avoir raison quand ce n’est pas la raison qui commande.

01/06/2015 15:16 par Roger

Totor, ma déception est à la fois l’expression d’un sentiment réel est une figure de style.J’ai été vacciné il y a déjà longtemps par la lettre de Vanheigem à ceux qui ont délaissé le col mao (dont Joffrin me semble-t-il). Mais je reste étonné de l’incroyable haine que suscite le miroir qu’on leur tend (fureur contre soi dérivée sur les autres dirait peut-être une psychanalyse sauvage).
Quant à Mélenchon, je me suis effectivement posé la même question. N’ adhérant pas aux personnes mais aux idées, aux analyses et aux propositions, je trouve mon compte au FDG et je salue les qualités indéniables du meilleur porte parole actuel d’une autre gauche. On verra aux actes, mais je n’imagine pas un tel incroyable cynisme.Il faut croire un peu tout en étant lucide, le nihilisme est trop désespérant.

01/06/2015 17:18 par Cunégonde Godot

Triaire :
JA Cunegonde : vous avez du mal semble-t-il à imaginer que l’on puisse après une longue réflexion, en venir à comprendre qu’on s’était trompé...Je pense que Mélenchon a fait ce parcours ;
Weber, par contre, comme ceux de Solferino, mangent à la soupe et on y mange plutôt bien !D’oû sa colère !
Rien de bon ne viendra de ces Solfériniens de droite ;il faut les défaire .

M. Mélenchon est resté européiste, comme M. Weber. Le premier ne mérite pas le courroux du second dans des termes habituellement réservés au Front national, à des brebis égarées de mon espèce et autres populistes bas de plafond. C’est cruel ! M. Mélenchon était européiste en 1992 et il l’est toujours, comment pourrait-il filer le mauvais coton ?

01/06/2015 19:28 par Aris

Je partage l’opinion de Sapir sur Mélanchon et la bassesse de Weber.
En illustration, un lien ou l’on voit le trotskisme en pleine lune de miel avec le mondialisme marchand ( Besancenot/Felix Marquant) https://www.youtube.com/watch?v=oZrwyQwcKGc
Pour rappel, un bonne partie des néo-cons sont passés par cette école. Le Rubicon semble facile à franchir entre les deux internationalismes. Leur haine de la souveraineté des peuples est leur point commun.
Prolétaires de tous pays unissez vous pour le spectacle de la marchandise !

02/06/2015 00:18 par totor

@Roger. Pour Weber je vois que tous les commentaires ont la même appréciation. Je vous comprends bien mais à la fin de votre commentaire vous dites qu’il faut "croire un peu" etc... Que" l’on n’imagine pas un tel incroyable cynisme". Tout d’abord pour l’athée que je suis croire est très difficile ,ensuite comme incroyable cynisme nous en avons un. bel exemple avec Flanby.C’est tellement gros qu’il en est absolument ridicule.Mais il y a ds gens comme ça qui n’ont aucun sens de l’honneur pourvu qu’ils aient la mangeoire.J’étais un fidèle du PCF(un stal comme on disait dans le temps)et le petit traître Robert Hue m’a tout de suite fait comprendre que quelque chose était en train de changer dans le mauvais sens.De plus à cette époque Madame Buffet (ministre des sports)dont le mari est un de mes copains de fac n’a jamais donné suite à une affaire de pédophilie se déroulant dans les îles dans le sport, bien que je l’eusse fait contacter personnellement par Mr Gremetz.. j’ai même cessé de voter PCF.A tel point que même s’ils étaient confrontés au FN je ne voterais pas en discipline républicaine.Pour moi ils ont trahi et continuent comme les autres pour les mangeoires.Un autre commentateur parle de l’huma qui fait un article pour une Europe sociale(certainement pour entretenir le rêve chez les "croyants". Pour ma part je ne lis plus l’huma depuis l’époque Hue où j’avais vu lu un article où ils critiquaient Cuba, se joignant ainsi à l’impérialisme américain.

02/06/2015 05:18 par Dwaabala

Il n’y a que très peu de bonnes œuvres auxquelles je cotise ; parmi celles-ci : la SPA de mon quartier, et le PCF de ma fédération. Et pas seulement à cause du dégrèvement fiscal, mais parce que cela me satisfait que les uns et les autres puissent aller à la mangeoire. N’est-ce pas, @ totor ?
D’autre part, il faut faire attention, quand on ne veut plus choisir entr le FN et le PCF ; parce que le basculement dans le premier n’est pas loin, aussi pur et dur qu’on ait été dans le second.

02/06/2015 08:44 par Cunégonde Godot

Dwaabala :
D’autre part, il faut faire attention, quand on ne veut plus choisir entr le FN et le PCF ; parce que le basculement dans le premier n’est pas loin, aussi pur et dur qu’on ait été dans le second.

Diable ! Quelle puissance argumentative ! Jamais mes neurones ne m’avaient portée aussi loin. Désormais, je vous promets d’essayer de faire attention, Dwaabala. Oui, promis, juré !...

02/06/2015 09:06 par Sidonie

Pour ne pas tomber dans la désespérance et le nihilisme, il faut préparer, à mon sens, un système alternatif au capitalisme, comme l’était le communisme au 19è s. et militer pour accélérer son avènement. Le malheur c’est que les partis traditionnellement opposés au capitalisme en France l’ont rejoint avec Mitterand, et leur seul souci aujourd’hui c’est de l’aménager, de le moraliser, de mieux répartir la richesse. On voit ce que ça donne ! Les opposants n’ayant plus de projet alternatif se font rouler dans la farine et les capitalistes s’en donnent à cœur joie avec le soutien des politiciens corrompus.

Donc ce n’est pas dans la politique qu’il faut chercher son salut, mais chez ceux qui proposent une véritable sortie du capitalisme : il a a certains décroissants, des petits groupes marginaux de communistes, et il y a Bernard Friot qui a construit une alternative au capitalisme fondée sur l’extension du principe de la cotisation sociale à toute l’économie, Cela aboutirait à une société sans employeurs, sans préteurs et sans actionnaires. une société sans marché du travail, sans chantage à l’emploi, sans chômage, une société où les travailleurs géreraient ensemble leurs entreprises et décideraient de la production au lieu de produire des saloperies pour enrichir le capital, une société où les citoyens seraient reconnus comme des producteurs à part entière (et non comme de la chair à rémunérer le capital et les banques) par un salaire à vie, octroyé à 18 ans en même temps que le droit de vote. A
A la citoyenneté civique, s’ajoutera alors la citoyenneté économique....

02/06/2015 09:35 par gérard

Pour commencer de bonne humeur une journée, une seule solution, il faut lire un commentaire de Cunégonde Godot : Mélenchon il est quoi ? Il est resté quoi ? "Europé....quoi ?
Ah, "européiste" !
....Alors ça, pour une nouvelle c’est une bonne nouvelle..., que notre ami(e) Godot ne nous avais serinée que..., désolé, mais je n’ai pas pu chiffrer, mon compteur à force de le solliciter, il s’est enrayé.
Je suis très mitigé sur Sapir car je l’ai déjà dit, c’est un Économiste et que l’Économie n’est qu’une des composantes de la Politique au sens étymologique du terme.
J’ai quelques humbles notions d’économie, mais j’ai au moins acquis la certitude que, qui plus est depuis qu’elle s’est mondialisée, "un cochon n’y retrouverait pas ses petits" tant l’Économie est devenu une "science" complexe.
En tout premier il faut absolument oublier les "yaka" et les "fokon".
Ayant lu et relu attentivement l’article de Weber, je peux affirmer que ce monsieur se noie dans des poncifs, du simple fait qu’il ne doit pas être au courant par exemple de la collusion entre les élites industrielles allemandes et américaines, que les États Unis ont fait de l’Allemagne leur "tête de pont" en Europe contre l’URSS et contre la Russie maintenant, et qu’à l’opposé si on peut dire, une certaine mentalité allemande subsiste, qu’il ne faut pas sous-estimer car elle est entre autre rigide et conservatrice...!
À ce sujet, je recommande ce tableau caricatural (mais la caricature n’est-ce pas en fait que le grossissement de la réalité ?), de Marc Gébelin et qu’il faut surtout lire les commentaires s’y afférant.
http://www.dedefensa.org/article-de_l_allemagne_08_04_2013.html
Alors là, Wéber aurait eu pour le coup du "grain à moudre"
En ce qui concerne sa conclusion :
« la relance et la réorientation de la construction européenne passent par la coopération franco-allemande. Coopération conflictuelle (!), sans doute, car nos pays sont à la fois alliés et concurrents »
Il y aurait un sacré boulot à faire au sujet de la mentalité allemande. Je suis bien évidemment au courant qu’elle évolue au gré des nouvelles générations Erasmus, mais comme je sens arriver la charge de la cavalerie lourde concernant l’article de Marc Gébelin, je dois dire qu’avancer l’idée qu’un pays change en quelques années, c’est s’imaginer par exemple que les Italiens ne vont plus parler avec les mains...
J’aimerais qu’on m’explique aussi par quel miracle ou tour de passe-passe, on peut "coopérer" tout en étant en conflit : "coopération conflictuelle"(il fallait oser pareil oxymore)
Je rejoins beaucoup d’analyses de Sapir sur le constat économique, mais je suis extrêmement sceptique sur le regard qu’il porte sur ce que devrait faire Mélenchon, donc sur les critiques qui portent sur sa politique. On sort alors du cadre Économique pour entrer dans le domaine Politique, et là ce n’est plus vraiment son domaine.
Sapir est tel un chef cuistot qui donne souvent la "recette idéale", mais en oubliant beaucoup de "détails"concernant sa réalisation, l’état du restaurant, les désirs des clients, les ingrédients et ustensiles mis à disposition, etc...
Mais comme ce n’est pas lui qui se propose de faire la tambouille...
Mélenchon par contre il y en a beaucoup qui font tout pour lui saccager le menu, et pas uniquement du côté de ses ennemis (gardez moi de mes amis...)
Faut vraiment que je me procure le "hareng de Bismarck".

02/06/2015 19:56 par gérard

@ Sidonie
« un salaire à vie, octroyé à 18 ans en même temps que le droit de vote. »
Ah non, surtout pas cela !
C’est un sujet qui revient souvent, et que je voulais développer un jour, mais ah que voilà une fausse bonne idée !
C’est vrai que c’est un principe au premier abord alléchant pour qui a des projets plein la tête et qui rame de ne pouvoir financièrement les réaliser, mais il y a une énorme condition, celle du..."avant".
"Avant" doit être fait d’études, de travail, de durs labeurs, de passions inassouvies, etc, etc..., et pour résumer de projets qui seuls sont capables de nous faire oublier notre humble condition de mortel.
Le risque est énorme avec un "salaire à vie" de tomber dans ce très vieil adage : "l’oisiveté est la mère de tous les vices".
Alors là, danger !
Ce n’est surtout pas un cadeau à faire sans conditions.
J’ai malheureusement pu le vérifier autour de moi par un des tous premiers bénéficiaire du RMI, et qui depuis s’était contenté de le rester....

02/06/2015 20:43 par Dwaabala

@ Cunégonde Godot
Effectivement, le FN n’est pas de la gauchedelagauche européiste et ceci malgré ses nervis en satellites.
Votre langue va où la dent fait mal.

03/06/2015 00:03 par Dwaabala

@ gérard Vous dites avoir connu « un des tous premiers bénéficiaire du RMI, et qui depuis s’était contenté de le rester.... ».
Pensez-vous vraiment avec les technocrates et néo-libéraux que ceux qui touchaient le RMI, ceux qui touchent maintenant le RSA, peuvent être qualifiés de bénéficiaires ? Même ce terme a été abandonné et l’on est passé aux allocataires. Cependant, du point de vue des travailleurs salariés, ce sont plutôt des victimes car en plus de leurs conditions de vie misérable, ils subissent un véritable déclassement.
Ensuite, celui qui se contente de le rester, ne fait que démontrer précisément, plutôt que sa fainéantise ou son contentement, son déclassement et qu’il a intériorisé la profonde dégradation de son être social que cette condition implique.

03/06/2015 10:40 par gérard

@ Dwaabala
En vivant à la campagne, avec un loyer familial gratis, et en bouffant n’importe quoi, on survit sans problème. Résultat des courses, il a maintenant de gros problèmes de santé. Le RMI a été pour lui un cadeau empoisonné qui le satisfaisait pourtant pleinement.
À 18 ans, les mecs surtout, pour beaucoup ils ne sont pas finis. En leur filant une rente gratis, ils vont encore moins se bouger le cul.
Je ne parle pas suivant une notion de "droite du travail", surtout pas (quelle horreur !), mais plutôt philosophique dans le sens de (se) donner un sens à sa vie dans la réalisation de quelque chose, et quant à ce "quelque chose"...?
j’ai bien précisé :
« Ce n’est surtout pas un cadeau à faire sans conditions »
Que toutes facilités soient fournies, que justice soit en définitive rendue, mais avec des "conditions", alors là je suis d’accord pour le "cadeau", mais on est extrêmement loin.
Beaucoup à dire, mais on est hors sujet.

06/06/2015 19:55 par maria

C’est vrai qu’entre le hareng de Bismarck et le veau (vote ) de Mélenchon ,
le choix de l’électeur a quelque chose de tout à fait tragique ! comique ?

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