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Que vivent le roman, la poésie et l’amour de lire !

Le (la) Grand(e) Soir(ée) à ses lecteurs (trices) français(es) et étrangers (ères).

Le Grand Soir a reçu un long texte rédigé dans un style qui décourage la lecture, rendrait quasi impossible l’écriture d’un roman et condamne à jamais la poésie. Nous ne l’avons donc pas publié.

Extraits : Le 6 novembre se sont réuni-e-s les délégué-e-s mandaté-e-s ou observateurs/trices […]
Les travailleur/se-s […] les chômeur/se-s, les retraité-e-s, les lycéen-ne-s et les étudiant-e-s se sont mobilisé-e-s massivement par la grève. […] , celles et ceux qui luttent, syndiqué-e-s de diverses organisations et non-syndiqué-e-s, se sont retrouvé-e-s dans des Assemblés générales.

Deux auteurs du Grand Soir (Bernard Gensane et Maxime Vivas) se sont aperçus qu’ils avaient déjà abordé ce problème, le premier dans un long article détaillé publié en septembre 2007, le second dans une courte causerie radiophonique (qui « prête à rire et donne à penser ») en mars 2006.

Il nous semble utile de vous donner à lire ces deux textes et peut-être d’ouvrir un débat qui semble toujours d’actualité.

LGS


Maxime Vivas, Radio Mon Païs.

Le sexe des mots.

Auditeurs auditrices, Midi-Pyrénéens, Midi-Pyrénéennes, chroniqueurs chroniqueuses, docteurs docteure, médecins médecines, gouverneurs gouverneures, ministres ministresses, maires mairesses, sapeurs-pompiers, sapeures pompières, maîtres-nageurs-sauveteurs, maîtresses-nageuses-sauveteuses, et sans oublier la vaillante sentinelle et la recrue qui s’appellent plus souvent Robert que Francine, l’assimilation des genres des mots au sexe des humains est abusive.

Si j’écris « les Français », je désigne mes compatriotes des deux sexes. Idem pour les électeurs (sous entendu : hommes et femme). Parfois le mari et la femme viennent voter ensemble : un couple d’électeurs et non pas un « couple d’électeur/électrice ».

Céder à la mode (démagogique) qui veut chaque fois souligner lourdement qu’on parle des hommes ET des femmes est intenable et je ne connais pas un seul texte qui y parvienne, sauf à alourdir jusqu’au ridicule. J’en invente un :

« Les électeurs (électrices) venu(e)s écouter les élu(e)s sont reparti(e)s contents (contentes) et nombre d’entre eux (elles) voteront pour les nouveaux (nouvelles) candidats (candidates) recommandé(e)s par les talentueux( talentueuses) orateurs (oratrices) toulousains (toulousaines) venus exalter la fraternité (sororité) des maires (mairesses) et des militant(e)s nationaux (nationales) ».

Bon courage pour ceux qui écrivent et pour ceux qui lisent et entendent... y compris pour les électeurs de sexe féminin.

PS. Quant à mon prénom (Maxime) il est masculin/ féminin. Il faudrait que cela se sache avant de m’accuser de misogynie.


« Catherine Deneuve est une grande acteure »,

par Bernard Gensane (Blog : culture, politique, littérature, tranches de vie).

« De la terminaison " eure " .

Le politiquement correct est toujours grotesque et, au bout du compte, de droite."¨Deux mots sur l’utilisation, désormais entrée dans les moeurs, de la désinence " eure " comme féminin d’" eur " . On parle désormais de professeure, de recteure, de docteure. Notons qu’il s’agit de personnes jouissant d’un statut social élevé, appartenant généralement à la bourgeoisie. Dans les restaurants, les serveuses ne sont pas devenues des serveures, tandis que, dans les usines, les fraiseuses sont toujours des fraiseuses. Mais l’actuel ministre des universités indique dans sa biographie officielle qu’elle est auditeure au Conseil d’État. Les personnes ordinaires, du sexe féminin, qui écoutent la radio, quant à elles, demeurent des auditrices."¨En bonne logique politiquement correcte, Petragalla devrait être une grande danseure, Jeanne Moreau une acteure de légende, Mariele Goitschelle une ancienne skieure brillante, et telle star du porno une suceure époustouflante.

Depuis plusieurs dizaines d’années, le Quai d’Orsay nomme des ambassadrices. Faudra-t-il donc désormais distinguer les ambassadeures (les diplomates) des ambassadrices (les femmes des diplomates ou les représentantes du bon goût français à l’étranger) ? A noter, cependant qu’Hillary Clinton est, bizarrement, une sénatrice. Quant à Martine Monteil, directEUR central de la police judiciaire, elle a choisi, comme Madame Alliot-Marie, la marque du masculin : "Directrice, c’est pour la maternelle, pas pour la police". Quand on en a, on en a..."¨Dans le même ordre d’idée, on a décidé que juge, maire ou ministre seraient indifféremment du genre masculin ou féminin. Ainsi que prix (la Prix Nobel de la paix birmane !) On connaît pourtant la douceur du lait d’ânesse (et non d’âne) et, depuis le 12ème siècle, les gaillarderies des bougresses. Lorsque j’étais enfant dans les années cinquante et soixante, les femmes médecins qui exerçaient dans les lycées étaient des doctoresses, les femmes de pasteur étaient des pastoresses, tandis que les rares élues municipales étaient des mairesses.

"¨On opposera l’exemple de secrétaire, meuble contenant des secrets, dès le 13ème siècle, puis collaborateur - masculin - prestigieux d’un personnage éminent à la Renaissance, enfin factotum masculin ou féminin à partir du 17ème siècle. Dans ce cas d’un double genre, rarissime en français, l’aristocratie et la bourgeoisie sont responsables de cette lente évolution."¨Les femmes de pouvoir veulent le beurre et l’argent du beurre, la marque de la féminité et les attributs (dans tous les sens du terme) de la masculinité, comme la garde des sceaux qui a autorité sur les gardiennes de prison, mais pas sur les corps de garde.

Il s’ensuit ces horreurs sémantiques, marques de l’idéologie dominante qui, comme telles, ont vocation à entrer dans l’usage courant. La langue se sera appauvrie, mais elle n’est plus à cela près. " Eur " " euses " ? »

Je persiste et je signe car, depuis, la situation ne s’est guère arrangée. Un grand écrivain populaire disait qu’on pouvait violer la langue à condition de lui faire un enfant.

Je cite un tract d’étudiants de gauche : « Personnels, étudiant-e-s, SOLIDARITÉ. C’est tou-te-s ensemble qu’il faut lutter. » Je ne vois pas trop où est l’enfant dans ce cas. Et je ne vois pas non plus pourquoi " personnels " ne subit pas la même transformation hideuse qu’étudiants, ces personnels comportant forcément une moitié, voire plus, de femmes. A noter que ces agressions sont oculaires, visuelles : on imagine mal un étudiant commençant une prise de parole en AG par un « Cher-e-s camarades étudiant-e-s ! ».

Je cite l’annuaire d’un institut d’enseignement et de recherches parisien : « L’[…] compte près d’une centaine d’enseignan-t-e-s, intervenant-e-s professionnels et conférencier-e-s. » Bizarrement, " professionnels " ne porte que la marque du masculin (le problème est peut-être - ce texte ayant été rédigée par une femme - qu’une " professionnelle " pourrait faire penser à " prostituée " ) ; " intervenant " est un adjectif substantivé dont le féminin, depuis le début du XVIIe siècle, est " intervenante " ; " conférencier " a pour féminin " conférencière " depuis au moins le XIXe siècle ; " enseignant " est un adjectif et un nom dont le féminin est " enseignante " depuis le milieu du XVIIIe siècle.

Je ne fais pas mon Maurice Druon si je dis que nous sommes là en plein délire.

Il n’y a aucune raison de s’arrêter en si bon chemin et d’oublier nos amis-e-s les bêtes qui ont droit aux mêmes égards que les humain-e-s. Je propose la phrase suivante : « Hier, je suis allé au zoo ; j’ai vu des lion-n-es, une tigre [tigresse est impossible à cause de " bougresse " ou "diablesse " ], une âne [pas d’ânesse pour la même raison], un girafe [renversons la problématique, comme on dit dans les médias], un ours et une ours avec ses ourson-n-es, une chameau [là , je suis tiraillé : une chameau " est insultant mais " une chamelle " fait penser à " femelle" , insulte possible] et une éléphanteau.

Arrêtons-nous là , provisoirement.

Dans toutes les langues, les genres sont ce qu’ils sont, pour de vraies raisons. En anglais, un contre-torpilleur est féminin. En allemand, une jeune fille est neutre, comme la Sérénade que Schubert a composée pour elle. En français, le soleil est masculin, la lune est du genre féminin. En allemand, c’est le contraire. Nous faisons toujours beaucoup rire les étranger-e-s qui s’intéressent à notre langue lorsqu’ils découvrent que les vocables argotiques, familiers ou vulgaires qui expriment le sexe viril sont en majorité féminins (verge, pine, queue), tandis que ceux qui désignent le sexe de la femme sont souvent masculins (con, chat, minou).

Quels sont les féminins (aïe : on dit " le féminin " et non " la féminine " ) de la désinence " eur " ? On a l’embarras du choix. Un cas fréquent est " euse " : danseuse, pêcheuse. Dans ce cas, ces noms proviennent de verbes. On le sait, et fort heureusement, la langue française est riche de ses exceptions : enchanteresse (quel joli mot ! Une enchanteure serait d’une barbarie insigne), pécheresse, vengeresse, exécutrice, inspectrice, inventrice. Nombreux sont les noms en " eur " qui, en effet, se féminisent en " drice " ou " trice " : ambassadrice (on voit aujourd’hui Madame l’Ambassadeure, mais on lira que « ce mannequin est une ambassadrice de la mode »), impératrice (vous n’aimeriez pas " empereure " ?). Chanteur, qui donne chanteuse, se féminise également en cantatrice, qui vient directement du latin cantatrix et de l’italien cantatrice. Les féminins en " eresse " relèvent des vocabulaires biblique, poétique ou juridique : une demandeuse devient, au tribunal, une demanderesse.

On évoquera également des féminins en " esse " d’origine latine : princesse, ânesse, et aussi - désolé - paresse, qui vient du latin pigritia (piger = paresseux). " Emmerderesse " , popularisé par un homme politique de la IIIe République, n’est pas attesté.

On rencontre des féminisations bizarres : reine est le féminin de roi parce que roi vient de regem et reine dereginam. Puisqu’on est dans le latin, j’attends de nos féministes politiquement correctes qu’elles féminisent " on " (" on arrive " ), puisque ce mot tellement courant vient de homo (homme). Autre bizarrerie : le mot mule (féminin) a pris la place de mul (masculin), lui-même ayant été remplacé par mulet. Sans parler des féminins qui n’ont rien à voir avec les masculins (oncle/tante, gendre/bru).

Dans l’Université française, la situation n’est pas triste. Outre les professeures, les docteures, les recteures (j’ai lu récemment que « Mme X a été nommée recteure après avoir été directrice de l’Institut Y »), on (onne ?) parle de la maître de conférences car " maîtresse " renvoie à la fois à l’adultère et, modestement, aux maîtresses d’écoles primaires, dont certaines, pour se venger, exigent de se faire appeler " professeures des écoles " .

Bref, la langue française est très riche, elle a une histoire longue et passionnante. Nos politiquement correct-e-s l’appauvrissent et la coupent de son passé.

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COMMENTAIRES  

09/11/2010 10:14 par Reine Roro

Bravo pour ce texte.

09/11/2010 11:30 par JACQUES RICHAUD

Dans un débat sur le même thème avec les rédac-"˜trices’ d’une revue qui a fini par se passer violemment de mes contributions par trop impertinentes, j’avais posté la réflexion ci-dessous que je prolongerais par un autre développement plus tard :

ELEGANCE ET SEMANTIQUE

C’est vrai que l’élégance s’efface devant la sémantique sexuée de force... Je crois que la langue Française avait la subtilité de ne rien ignorer du sexe et depuis la période des écrits ’Courtois’ mille manières ont été trouvées pour donner sensualité à l’évocation du genre au travers des mots tels qu’ils étaient...

Et puis le féminisme est venu que certains ont transformé en revendication identitaire intransigeante, portant l’opposition en tout en substitut à la recherche du mieux vivre ensemble, pas sur que ni les unes ni les uns n’y aient gagné beaucoup...
La ’cause des femmes’ a bien des combats inachevés encore qui méritent soutien des ’mâles’ aussi...L’espèce est formée de deux genres (au moins) qui devraient bien parvenir à reconnaître un jour une part commune qui pourrait s’accommoder de ne pas exiger la différenciation en tout...

La bataille sémantique me semble anecdotique, surtout que certaines s’en tirent mieux que d’autre : L’avocate mieux que la doctoresse qui rime avec fesse dans l’imaginaire masculin ; l’auteure qui peine à l’oreille autant que l’écrivaine qui s’entend écrit-vaine même sans avoir suivi les séminaires de Lacan me semblent toutes deux bien mal habillées par le nouveau mot de leur ex féminité qui se contentait jadis d’évidence ; l’électricienne s’en tire mieux que la plombière, la policière et la fonctionnaire passent en douce, la mairesse a déjà un handicap préélectoral et la préfète prête à sourire car déjà à la fête...

Alors serait il déraisonnable de convenir pour chacune de la liberté du choix de son meilleur ’identifiant’ ?
Pas sur que toutes les vraies féministes se ruent sur la féminitude comme d’autres ont joué les groupies de la bravitude...
Pas sur que ne se rejoue ’le mot et la chose’ dans ce champ de l’altérité qui fait nos bonheurs quotidiens, nos rires et nos pleurs en se moquant du mot, toujours quand c’est la chose qui fait l’émotion...
Je ne veux dire par chose que celle-ci ne serait pas du genre humain, autant que la chose masculine qui la fait fantasmer parfois, je veux dire la futilité de la crispation identitaire de genre qui donne motif à de bien drôles querelles, en place de nos combats communs d’une bien plus grande importance...
Bises à celles qui me comprennent, et aux autres aussi.
Jacques Richaud 4 février 2010

09/11/2010 11:44 par JACQUES RICHAUD

DE FEMINITUDE EN SERVITUDE

Pas sur que la construction du "˜genre’ dont la sémantique n’est qu’un apparat défensif ou offensif selon les circonstances ne contribue à la construction de sa propre aliénation.

La "˜dépossession’ du genre humain transcende le genre et nul n’y échappe. Existe-t-il une féministe en sommeil dans chaque fillette ? Naît on féministe ou le devient on ? Qui décide de notre identité ? La fusion du modèle et du miroir n’aboutit elle pas à un anéantissement ?
Dans la revue déjà évoquée dans le commentaire précédent s’était glissé aussi ce post bref…

FILLETTE, FILLETTE ….NE TE LAISSE PAS DEPOSSEDER.

Elle commence à sourire devant sa glace …Et se fabrique déjà chaque matin au pinceau l’image qu’elle voudrait perçue par ses copains…

Demain elle ne se regardera plus que "˜dans les gens’ qu’elle pense à l’affût de ses imperfections. La glace accusatrice témoignera parfois de ses flétrissures et ses premières rides qui disent que jeunesse s’éloigne…

Fillette a grandie et consulte, narcisse s’est faite esclave. Elle n’est plus, depuis longtemps, que d’être "˜vue’ et ne s’appartient plus… « Aidez moi docteur… » …Sa vie n’est plus qu’un rôle et le scénario lui échappe… « Vous pensez qu’un petit "˜lifting’, peut être ? Ou le "˜Botox’ ?... »
On ne t’a jamais dit fillette « Sois ce que tu Es… » Et que celui qui t’aime te trouvera toujours belle ?

Jacques Richaud 2 Février 2010

09/11/2010 13:35 par JACQUES RICHAUD

DU SEXE DES MOTS AU SEXE DES LUTTES

Il est assez commun que nos camarades féministes usent de la dénonciation du caractère "˜masculin’ des "˜Droits de l’Homme’ pour introduire le sentiment de leur "˜exclusion’ fondant une part de la légitimité de leurs actions.

DROITS HUMAINS ?

L’expression dénoncée (Droits de l’homme) a en effet été choisie dans un contexte historique singulièrement marqué par la domination masculine, même dans ses phases "˜révolutionnaires’, celles de la Convention d’après 1789, mais aussi celle de la Commune de Paris ou la personnalité et la popularité de Louise Michel n’efface pas la non participation des femmes aux votes (!) ; sauf à adopter une réécriture révisionniste embellie de notre héritage. La situation était en France encore la même en 1945 avant que le Droit de vote soit accordé "˜aussi’ aux femmes, comme il l’était déjà dans d’autres nations dont certaines comme la Turquie kémaliste nous ont précédée de longtemps.

Même les pays les plus "˜avancés’ dans ce domaine, puis l’organisation des Nations Unies adoptant la Déclaration Universelle, n’ont pas songé même lorsque c’était "˜tacite’ à introduire les Droits "˜Du Genre Humain’, en substitut aux droits de l’homme hérités de la pensée des Lumières et modelés par notre histoire révolutionnaire inaccomplie encore.

UNE VRAIE AMBIGUITE

On peut le regretter d’autant plus que le respect de ces droits est devenu par exemple une condition requise, formellement au moins, pour prétendre à l’adhésion à l’Union Européenne.

On peut le regretter aussi car certains droits acquis depuis comme par exemple celui de la régulation des naissances incluant l’avortement et la contraception, ne se sont pas inscrits de ce fait comme un droit nouveau de cette moitié du genre humain, mais comme un droit catégoriel spécifique, toujours menacé de remise en cause ; et dont le respect est jugé moins contraignant que celui d’autres droits.

On peut le regretter aussi car cette distinction donne une arme :
 A ceux qui pour des raisons "˜religieuses’ ou prétendues telles, veulent perpétuer la domination masculine.
 Et à ceux qui veulent faire de la laïcité, ainsi interprétée, une arme contre une partie de ces religions.
Ces derniers, hommes et femmes confondus, usent de la cause des femmes pour argumenter certaines xénophobies sélectives, au travers desquelles l’Italie ou la Pologne, même d’un machisme notoire, resteront encore mieux considérés que d’autres nations moins ’catholiques’…

UNE CAUSE UNIVERSELLE

Alors oui, tout ce qui concerne les droits du Genre Humain nous concerne ; rien ne doit nous être étranger qui concerne la cause des femmes. C’est bien l’émancipation du Genre Humain dans toutes ses parties, ici et partout, qui est notre cause commune.

C’est bien en appelant à une telle solidarité qu’ont été conquis chacun des droits , civiques , sociaux, de respect des croyances et d’autonomie de la personne féminine, appelée à s’exprimer au travers de son propre discours sans quémander que ses attentes légitimes soient formulées par d’autres.

Mais la réalité historique oblige à dire que nulle part ces droits n’ont été acquis par un "˜renversement de majorité’ qui aurait donné aux femmes la domination arithmétique imposant leur point de vue, à supposer que celui-ci soit uniforme. Même si la question de la parité, désormais entrée dans la loi (Mais dans une part encore très restreinte de nos pratiques sociales), a beaucoup évoluée dans le domaine de son "˜acceptation’, beaucoup reste encore à faire, pour passer de l’intention à la réalisation et pour que les mots ne soient pas le rempart de pratiques qui resteraient discriminatives, nous le savons.

Il est bien probable que les droits de demain, comme ceux d’hier, seront acquis par la plus large adhésion de tous à leur bien fondé, sans distinction de genre.

Cette attente et cette perspective devra beaucoup aux arguments développés par les femmes elles mêmes qui s’y emploient dans le courant "˜féministe’. Nul ne songerait à nier cet apport des femmes elles-mêmes sans lesquelles nos sociétés auraient probablement perpétué beaucoup de leurs archaïsmes.

Mais il serait erroné de prétendre que le mouvement féministe soit homogène et plus encore qu’il soit par nature inscrit dans un processus social d’émancipation globale du genre humain, lorsque certaines attentes ne sont que spécifiques et déconnectées de toute approche politique globale. … Ah la "˜féminisation’ des mots ! En voila une bataille existentielle ! De Neuilly à Sarcelle tou-tes contre les ’tous’ qui nous oppriment !

Les féministes révolutionnaires existent mais nous pouvons tenter de mesurer le caractère relatif de leur influence dans le mouvement, sans nous illusionner sur le fait que la répartition des courants politiques serait différente dans l’un ou l’autre genre, masculin ou féminin.
Se déclarer "˜féministe’ ne suffit pas à identifier un positionnement révolutionnaire, ni même seulement progressiste, qui demande l’adhésion à un ensemble de perspectives que le féminisme ne résume pas, même si la cause de l’émancipation inachevée des femmes y est naturellement incluse.

FEMINISME, DROITS DE "˜L’HOMME’ ET ACTIONS "˜NON MIXTES’

C’est dans ce contexte que s’inscrivent les pratiques du mouvement féministe, qui a développé, théorisé parfois et mis en pratiques son attachement à des "˜regroupements’, des "˜associations’ et parfois même des manifestations de rue "˜non mixtes’…

Le Parti Communiste lui-même, historiquement avait développé des cellules de jeunesse communiste "˜non mixtes’ au temps de la domination de Jeannette Vermeersch compagne de Maurice Thorez. Elle craignait beaucoup le relâchement des "˜moeurs’…En 1956, Jeannette Vermeersch, s’exprimant en tant que vice-présidente de "˜l’Union des femmes françaises’ prend parti contre le "contrôle des naissances" : "Le « Birth control », la maternité volontaire, est un leurre pour les masses populaires, mais c’est une arme entre les mains de la bourgeoisie contre les lois sociales". Cette position va à l’encontre de celles de nombreux militants, notamment dans les milieux médicaux. Thorez prend parti pour Jeannette en condamnant les thèses néo-malthusiennes...

L’explosion de 1968 fut un des épisodes de cette libéralisation des moeurs, condamnés par certains théoriciens et théoriciennes du "˜parti’ de la classe ouvrière qui n’avait pas effacé, loin s’en faut, la domination masculine… Ce temps a sensiblement évolué, au moins dans les discours et les apparences formelles, moins dans les organes de décision.

Alors osons demander aux féministes solidaires du "˜Genre Humain’ dont ils voudraient que les droits soient une expression plus universelle, sans aucune distinction de genre, de contribuer à résoudre leur contradiction interne :
 Une contradiction qui les empêche parfois de considérer que toutes les injustices contre lesquelles elles se mobilisent sont, par essence, aussi l’affaire des hommes.
 Une contradiction qui inverse la critique "˜recevable’ faite à l’expression "˜droits de l’homme’, pour lui substituer en miroir une autonomie de la cause des femmes défendue parfois dans des cercles "˜non mixtes’.
 Qui ne voit que se perpétue ici un antagonisme qu’elles même dénonçaient en critiquant la masculinisation du concept de Droits ?
 Qui ne voit que cette posture fait le jeu de la part du courant féministe qui souhaite objectivement cette finalité qui n’est que la consécration d’une rivalité ?

Chacun peut entendre, si certaines le pensent encore, que même chez nous le temps ne serait pas encore venu de renoncer à cette dichotomie entre genres… Mais si cette division devient un objectif en soi, elle mérite une analyse renouvelée de ce que représente cette posture dans un mouvement progressiste ou révolutionnaire, pour en éclairer la finalité et le contenu.

DIVISION ET OPPRESSION - LES CHEMINS DIVERS DU FEMINISME.

Osons dire à celles qui voudraient que les droits de l’homme soient les droits du genre humain tout entier, que la "˜séparation des genres’ n’est pas une revendication politiquement progressiste, même si elle a pu représenter un moment de ce combat pour en faire émerger les revendications et faciliter leur expression par les femmes elles mêmes.

Osons le formuler autrement en disant que l’oppression et l’exploitation peuvent avoir des spécificités de genre, mais sont le sort commun d’une humanité dont la division "˜catégorielle’ n’a toujours fait le jeu que des oppresseurs.

Lorsque le féminisme se sera émancipé lui-même de sa contradiction en déclarant dépassée, ici et maintenant, la phase des actions "˜non mixtes’ il aura permis un recentrage sur une modalité d’action qui le rapproche du féminisme révolutionnaire, composant incontournable de la lutte des classes et de toutes les luttes d’émancipation, ici ou ailleurs.
La dimension internationaliste de la cause féministe impose, sauf à générer bien des incompréhensions ou rejets, de s’affranchir de la pression laïcarde qui veut réduire l’oppression des femmes à celle due à la religion en exonérant toutes les autres dimensions des injustices faites aux femmes, les premières s’exprimant dans l’intimité même des ’foyers’ sans lien aucun souvent avec les croyances… L’athéisme lui-même n’offre aux femmes aucune garantie de voir éradiqué le machisme, l’injustice ou la violence !

 En d’autres lieux sur la planète les mouvements des femmes en sont encore à une phase de "˜conscientisation’, dans des sociétés patriarcales et machistes, qui ne peuvent s’affranchir de cette mobilisation, parfois clandestine et périlleuse des femmes pour la défense de leur propre cause et parfois de leur survie.
 Mais même là bas c’est la conscience évoluée du corps social tout entier qui permettra l’émancipation de tous et de toutes, demain, sans distinction dans le "˜genre humain’.
 Nous éviterions en introduisant ces nuances de porter sur certaines expressions féministes issues de ces mêmes contradictions, importées par l’immigration sur notre territoire, un jugement hâtif au regard de "˜ce que nous croyons devoir être’ et parfois le leur "˜imposer’, en négation de ce qu’elles veulent devenir par les chemins choisis par elles.

La défense du "˜Genre Humain’ est bien la cause commune de tous les progressistes ou révolutionnaires, elle nous oblige à toutes les solidarités et ne peut que s’affaiblir de toutes les divisions.

Jacques Richaud

09/11/2010 14:33 par C. LOTY MALEBRANCHE

Merci pour ce formaidable texte. J’en avais publié un, " D’UN CERTAIN FÉMINISME IMBÉCILE ET FASCISANT " d’il y a 2 ans déjà , non sur la "lexicologie féministe" mais sur l’imbécillité fascisante réactionnaire d’un "féminisme" agressif, accusateur qui voudrait tirer conséquence d’une soi disant émancipation des femmes pour tyranniser les hommes tout en appuyant l’ordre politico-économique en cours.

On est dans le baragouin vilement revanchard et stupide, vraiment très loin de l’idéal d’Alexandra Mikhaïlovna Kollontaï et de toute revendication d’un ordre juste pour la société globale.

09/11/2010 21:01 par Anonyme

Lectrice de plus en plus épisodique du grand soir, je constate que le machisme de certains auteurs et lecteurs de ce canard trouve son compte à confondre féminisme et affectation.

Autant j’adhère à la condamnation de l’affectation (en quoi est-il féministe de parler plutôt de directeure que de directrice, quand le second suffixe est tellement plus mélodieux que le premier ? )et à la remarque concernant le caractère de classe de certaines de ces affectations (ce qui est autre chose que du féminisme), autant il me semble indéniable que des millénaires de domination d’un sexe sur l’autre on eu pour effet, soit d’exclure de notre langue certains féminins (ni gouverneure, ni gouverneuse ne figurent dans mon Petit Robert), soit de les connoter péjorativement ou de réduire leur signifié à quelqu’une de ces fonctions subalternes que l’on attribuait aux femmes (peut on voir dans gouvernante le féminin de gouverneur ?) ; vous en citez d’ailleurs quelques échantillons dont je présume que vous n’aimeriez pas spécialement vous-mêmes être affublés.

La langue française pourrait encore s’enrichir de nombreux termes féminins pour désigner toutes les fonctions dont les femmes ont été artificiellement exclues, même lorsqu’elles les exerçaient de fait, dès l’instant que ces fonctions étaient socialement valorisées à une époque donnée. Par exemple écrivaine qui ne figure pas dans mon Petit Robert édition revue, corrigée et mise à jour pour 1985 .

Quand au on, je ne savais pas qu’il était dérivé d’homme, vous me l’avez appris et mon Petit Robert me le confirme. Moi, je croyais naïvement, jusqu’ici, qu’il était indéfini.

09/11/2010 21:27 par Anonyme

"Se déclarer "˜féministe’ ne suffit pas à identifier un positionnement révolutionnaire, ni même seulement progressiste"

Se déclarer progressiste ou révolutionnaire non plus !

Pour le reste, outre que la plupart de vos phrases sont si mal construites et si peu respectueuses de la grammaire française que j’ai peine à comprendre leur sens (exemple : "osons demander aux féministes solidaires du "˜Genre Humain’ dont ils voudraient que les droits soient une expression plus universelle, sans aucune distinction de genre, de contribuer à résoudre leur contradiction interne"), je me demande si vous êtes capable de concevoir que les femmes, qu’elles soient ou non féministes et révolutionnaires, peuvent se passer de vos conseils et leçons.

10/11/2010 00:44 par Alma

C’est Ségolène Royal, non, qui a "introduit" toutes ces féminisations dans la langue française officielle, ou je me trompe ?

Et cela à une époque où nous vivons sous l’influence ou la direction de :

 Elle même, surnommée la "Madone du Poitou" (c’est une tradition, catholique, ça, les "madones" : c’est "gentil", ça accepte tout, en pleurant quand c’est trop, et ça ne se bat jamais)
 Martine Aubry
 Anne Lauvergeon (AREVA)
 Laurence Parisot (MEDEF)
 Rachida Dati
 Fadela Amara
 Michèle Alliot-Marie
 Christine Lagarde
 Marie-Georges Buffet
 Condolezza Rice, qui nous a quittés en même temps que Bush
 Hillary Clinton
 Angela Merckel
 Madame la Directeure
 Madame la Proviseuse
 Madame la Mairesse

 etc.

Les femmes sont à l’honneur, et aux postes de responsabilité, en "Occident" (du latin, "tomber") auto-proclamé exemple de "démocratie" !

Il serait d’ailleurs peut-être grand temps de trouver un masculin à "sage-femme"... Avant qu’"on" ("con", par contre, c’est féminin) ne nous "offre" un S.I.G.L.E.

10/11/2010 04:26 par JACQUES RICHAUD

GENRE ET SEMANTIQUE

Pour revenir au texte de Maxime , bravo pour ce rappel jubilatoire de ce que la clarté et la beauté d’une langue doit être l’instrument d’un vivre ensemble et de l’indispensable communication entre les humains "˜égaux’ que nous sommes, tous genres confondus.

Je ne répondrai pas aux anonymes dénigrements de lectrices un peu offusquées de voir posées certaines interrogations et mise en doute la nature véritablement émancipatrice de quelques postures féministes singulières ne relevant que d’une affirmation identitaire déconnectée d’un réel social qui affecte l’un et l’autre genre…

Faire de l’outil du langage une arme au profit de l’un ou de l’autre genre est une absurde négation de l’histoire même de la langue construite. Certes cette construction véhicule aussi l’héritage d’une culture patriarcale à dominante "˜machiste’ convenons en … Pourtant les exemples donnés par l’auteur de l’article, (nationaux ou internationaux), démontrent bien que les distinguo observés ne sauraient se résumer à cette seule dimension d’une présumée oppression de genre qui mériterait une "˜croisade sémantique’ au nom d’un féminisme qui s’engouffre parfois dans des combats subalternes par évitement de combats sociaux bien plus déterminants pour l’avenir du "˜genre’ humain, femmes et hommes associés…
J’approuve le « Il s’ensuit ces horreurs sémantiques, marques de l’idéologie dominante qui, comme telles, ont vocation à entrer dans l’usage courant. La langue se sera appauvrie … »

L’idéologie dominante participe ici à une double instrumentalisation :

 En premier par des femmes qui croient que leur dignité tient à une appellation qui peut en devenir grotesque…Quelle victoire féministe que celle de la grande "˜acteure’ qui s’offre en proie à la concupiscence des spectateurs…

 Mais aussi par des hommes qui concèdent cette pitoyable aumône sémantique sans rien changer au mépris ou à l’indifférence que l’appellation nouvelle ne corrige pas.

Il y a comme une erreur de bataille… J’ai toujours eu une certaine tendresse pour Arlette qui au travers de son "˜Travailleuses, travailleurs…’ rappelait la commune exploitation des uns et des autres et le sort partagé fondant des luttes communes, sans nier toutes les discriminations de genre surajoutées. Assurément la travailleuse était désireuse d’une égalité de "˜chance’ et de "˜salaire’ plus que d’une flatterie sémantique qui n’est que la dérive hypocrite d’une "˜galanterie’ dévoyée de la culture bourgeoise et qui est aux antipodes du respect profond… Je ne suis pas sur même que cet "˜étiquetage’ nouveau de la "˜marchandise’ féminine contribue vraiment à sa dignité ou participe à sa séduction ou même à l’inversion parfois souhaitée d’un rapport de domination…Et dans l’intimité de nos vies "˜inter genres’ pour beaucoup, il n’est pas sur que celles-ci revendiquent avec la même insistance des appellations au fond si peu valorisantes.

Féminisme et laïcité de combat :

Un certain néo féminisme a aussi trouvé son bouc émissaire tout désigné en la personne de sa soeur "˜voilée’ soumise à l’évidente oppression du mâle nécessairement barbu et pratiquant de la plus archaïque des religions…Dans un entretien accordé au magazine Lire suite à la sortie de Plateforme en 2001 Michel Houellebecq déclarait : « La religion la plus con, c’est quand même l’Islam. Quand on lit le Coran, on est effondré... effondré. » Il déclare également, dans la même interview que « les juifs sont plus intelligents et plus intéressants que la moyenne ». Le récent prix Goncourt 2010 deviendra t-il une idole féministe ?

Lors de la récente polémique autour de la présence d’une candidate porteuse du voile sur une liste de gauche en Avignon au printemps 2010 se sont déchaînés ceux et celles qui usent de l’argument selon lequel ’cacher son visage’ serait attentatoire à nos bonnes moeurs (judéo chrétiennes bien sur), car chacun doit pouvoir être identifié...Les forums du net ont été emplis d’insultes et leçons de féminisme dont les auteurs ne réalisaient même pas que leur anonymat presque constant était aussi opaque qu’une burqua mentale, pour dénoncer celle qui de son visage clairement découvert s’affirmait candidate anticapitaliste…

Il est un féminisme au service d’une laïcité de combat qui s’aveugle à ne pouvoir percevoir ce que pouvait représenter comme authentique démarche d’émancipation et acte de courage la décision de cette personne dont les origines et la croyance se distinguait du modèle convenu…
Chacun a pu connaître des femmes portant string ou décolletés…plus "˜aliénées’ que celle-ci portant voile mais partageant l’intégralité du programme de son parti.

Une soirée littéraire :

Avant de changer les mots, songeons à changer la chose… Le (la) Grand(e) Soir(ée) à ses lecteurs (trices) français(es) et étrangers (ères)… a couroné le même soir Michel Houellebecq et Virginie Despentes ; deux croisés(es) d’un féminisme de combat !

Le premier a déjà été évoqué.

La seconde se revendique anarcho féministe, depuis "˜Baise moi’… Le 8 juin 2007 elle déclarait « A mon sens, ces distinctions sexistes sont avant tout le fait d’une certaine élite française. Le reste de la société a déjà intégré que le genre n’était pas déterminant en termes de talent, de capacité à gérer un pays. Cela dit, je crains que l’accession des femmes aux postes de responsabilité ne change rien. Le pouvoir est corrupteur ; elles risquent de devenir, comme les hommes, de véritables machines politiques. » A propos de King kong Théorie elle écrivait "J’écris de chez les moches, pour les moches, les vieilles, les camionneuses, les frigides, les mal baisées, les imbaisables, les hystériques, les tarées, toutes les exclues du grand marché à la bonne meuf, aussi bien pour les hommes qui n’ont pas envie d’être protecteurs, ceux qui voudraient l’être mais ne savent pas s’y prendre, ceux qui ne sont pas ambitieux, ni compétitifs, ni bien membrés. Parce que l’idéal de la femme blanche, séduisante mais pas pute, bien mariée, mais pas effacée, travaillant mais sans trop réussir pour ne pas écraser son homme, mince mais pas névrosée par la nourriture, restant indéfiniment jeune sans se faire défigurer par les chirurgiens de l’esthétique, maman épanouie mais pas accaparée par les couches et les devoirs d’école, bonne maîtresse de maison mais pas bonniche traditionnelle, cultivée mais moins qu’un homme, cette femme blanche heureuse qu’on nous brandit tout le temps sous le nez, celle à laquelle on devrait faire l’effort de ressembler, à part qu’elle a l’air de beaucoup s’emmerder pour pas grand-chose, de toutes façons je ne l’ai jamais croisée nulle part. Je crois bien qu’elle n’existe pas." …Mais aussi «  Le viol est un programme politique précis : squelette du capitalisme, il est la représentation crue et directe de l’exercice du pouvoir.  » Pas sur que l’adepte du porno punk s’intéresse à la nuance sémantique qui serait sensée modifier quelque chose du sort des femmes victimes de cela…

Dans "˜Apocalypse bébé’ son Prix Renaudot 2010, elle décrit un féminisme actif « pour les femmes, pour les hommes, pour les autres ». Pas sur que la réalisatrice de "˜Mutantes’ son documentaire consacré aux questions de genre et au féminisme pro-sexe se pose les questions d’identité sémantique qui font le délice de certaines en quête de reconnaissance symbolique…
Jacques Richaud

10/11/2010 06:51 par Maxime Vivas

@ Jacques Richaud :

GENRE ET SEMANTIQUE

Pour revenir au texte de Maxime , bravo pour ce rappel jubilatoire

Sans vouloir faire le faux modeste, le plat de consistance, c’est le texte de Bernard Gensane. Moi, j’ai saupoudré de poivre de Cayenne et de piment rouge en espérant machiavéliquement que des lecteurs (trices) vont tousser et devenir tout rouges.

Alors, LGS leur tapera dans le dos et leur tendra un verre d’eau en disant : " Allez, même quand vous râlez contre nous, on vous aime. On n’est pas bien là , au chaud, à discuter poliment de choses qui fâchent ?"

10/11/2010 07:29 par Bernard Gensane

Je vais me faire l’avocat du diable et répondre à Alma :

Le terme "sage-homme" existe, je l’ai rencontré lors de la naissance d’un de mes enfants.
Ce n’est pas parce qu’il y a au-dessus de nos têtes des Rachida, des Christine, des Martine que le rapport de forces a fondamentalement changé. Lorsqu’une profession un peu prestigieuse se féminise (professeur d’université, juge etc.), c’est parce que, avant, elle avait été ou s’était dévaluée.

Depuis que je connais Le Grand Soir, j’observe, sans être capable d’en conclure quoi que ce soit, qu’il y a peu de contributrices (teures ?). Qu’en est-il de la proportion des lectrices ?

Les responsables du site peuvent-ils nous renseigner à ce sujet ?

10/11/2010 12:30 par legrandsoir

Les responsables du site peuvent-ils nous renseigner à ce sujet ?

Non. Pas d’outil statistique fiable qui puisse donner ce genre d’information. Les femmes sont peut-être moins "bavardes" que les hommes ?

10/11/2010 12:22 par Fald

A l’heure où les hirondelles sont parties, ayons uns pensée émue pour ces pauvres hirondeaux qui, visiblement restent chez nous à se geler tout l’hiver.

Plus sérieusement : Il y a trop peu d’académiciennes, elles ne peuvent assumer seules leur rôle de sentinelles de la langue française. Il serait temps que leurs collègues académiciens s’en fassent les sentineaux.

Ou alors, j’ai pas tout compris.

10/11/2010 13:32 par Alma

A mon tour de "répondre" (nulle animosité dans ce mot : je me méfie des "débats-polémiques-controverses", etc...) à Bernard Gensane que, par ailleurs, je remercie pour cet article :

 le "sage-homme" était aussi une boutade...

 Non, le rapport de forces n’a pas changé d’un iota, mais à étaler sur toutes les couvertures des medias toutes ces "phâmes", le système "occidental-et-démocratique" veut nous le faire accroire.

 Peut-être, sachant cela, certaines contributrices à ces pages prennent-elles des pseudo masculins ? Dans l’espoir d’etre lues aussi par les lecteurs qui sont encore soumis au rappport de force qui dévalorise ce que peut écrire un être humain porteur des chromosomes XX ?

 A force de recevoir des courriers qui parlent de "la chef, si vous me trouvez un féminin, là ! Il y bien "cheftaine", pour les scouts, mais cela ne semble pas employé autrement. Les "chefs" en question ne sont d’ailleurs pas nommés ainsi par leur administration, qui préfère "cadre" ou "directeure", par exemple, mais l’encadré ou le dirigé ne s’y trompent pas !

11/11/2010 09:32 par John "Cocyec" Doe

Si des femmes souhaitent féminiser le nom de la profession qu’elles exercent, c’est leur choix et basta ! Je peux parfaitement comprendre qu’elles préfèrent s’appeller Mme l’Ambassadeur ou l’Ambassadeure plutôt que Mme l’Ambassadrice qui renverra quasi automatiquement au rôle d’épouse de Monsieur.

Par contre, je m’oppose avec fermeté à la lourde insistance de la priorité de la lutte du genre sur les autres luttes : certes les femmes gagnent en moyenne 20% de moins que les hommes et c’est inacceptable mais que les enfants d’ouvriers gagent 60 ou 80% de moins que les enfants de cadres, est-ce plus tolérable ? Certes les pensions des femmes sont plus faibles que les pensions des hommes mais elles les touchent pendant deux fois plus longtemps. Etc...

Je ne dis pas que la lutte du genre n’est pas importante mais je grognonne quand je vois que l’on fait des quotas pour les femmes dans les cercles du pouvoir (CA, assemblées, etc...) mais pas pour les classes les plus défavorisées et leurs enfants.

Ceci posé, certains pourraient faire un peu plus attention à leur vocabulaire et parler des "enfants de Président" est tout de même moins restrictif que de se limiter aux fils de p... ;-)

11/11/2010 13:13 par KARIBOU 13

KARIBOU 13
Un serf au féminin = une serve
Un chef de service au féminin = une chève de service ?
Vous imaginez ? Petit chef, au féminin = petite chève ?
Et un journaliste au féminin = une journalière ou journaleuse ?
etc.. etc.
Je trouve les combats d’arrière garde des féministes actuellement futiles et dérisoires. Et ridicule la féminisation des métiers dans la langue française. A rajouter d’ailleurs les nouvelles terminologies telles que : techniciennes de surface, pour désigner les femmes de ménage. En quoi cette nouvelle appellation a-t-elle allégé la pénibilité de ce métier sous-rémunéré, sous-évalué et méprisé, dans le public comme le privé ?
Tout ceci est un leurre. Les féministes de mai 68 n’ont pas vraiment compris l’enjeu, malgré leur combativité et leur sincérité. Qui trouvait-on à la tête de ces associations féministes ? Pour la plupart des intellectuelles issues des catégories sociales les plus privilégiées. Idem pour les suffragettes anglaises au début du siècle dernier.Dans quelle mesure ces combats ont-ils abouti ? Les inégalités de salaires entre hommes et femmes sont toujours d’actualité, le harcèlement moral et sexuel contre les femmes est toujours là . Les postes clé tenus par des femmes ne s’adressent pas aux catégories les plus populaires. Nous sommes, malgré les dénégations des féministes, encore dans un schéma archaïque et très petit bourgeois.Les combats féministes ont donné quoi ?
Des femmes pratiquant des métiers masculins favorisant le patriarcat. Qu’a-t-on à foutre de savoir que des femmes sont camionneurs ou militaires ? Où est la victoire du féminisme la-dedans , puisque ces "supplétives" servent essentiellement ce même patriarcat. Avec son corolaire : la discrimination. Tous ces petits bouts de combats, ces luttes parcellaires, sont fatigants à la fin ! Cela reste essentiellement des réflexes individualistes. C’est un non-sens idéologique. Il faudrait surmonter une bonne fois pour toutes, cette guerre des sexes stériles, elle n’apporte rien ! Nous sommes confrontés en ce début de troisième millénaire à un enjeu autrement plus important : l’avenir de l’Humanité, celui du genre humain dans son entier. Que des prédateurs sans scrupules, sans âme et sans conscience , considèrent comme une masse informe d’individus manipulables esclaves-consommateurs. Ces mêmes prédateurs sont ultra-libéraux, capitalistes, hommes ou femmes. Car dans le premier-cercle, la guerre des sexes n’existe pas. Nous assistons à un effondrement général de notre civilisation, face à la globalisation. Processus lent mais inéluctable. On a l’impression que l’on se raccroche aux branches en essayant de sauver les morceaux de cet ensemble en grand péril. Nous sommes dans l’absurde ! Refondons donc notre histoire sur des bases humaines défendant l’idée d’entraide, et de solidarité de l’espèce ; Il en va de sa survie et de celle de notre planète qui nous nourrit et toutes les espèces qui l’habitent.
Au fait, comment se dit capitaliste au féminin ? Capitaleuse comme pétroleuse ?

12/11/2010 02:06 par emcee

Bravo au GS qui s’est surpassé dans les poncifs, les amalgames et la caricature des mouvements féministes ! Et tout le monde s’y est mis !

Avec des pseudo-théories ou "on" évoque "certaines qui", sans aucune référence.

Où "on" demande que les femmes s’intéressent à la lutte des classes et pas seulement à leur propres sujets de préoccupations, comme si elles n’étaient pas autant dans la rue que les autres, comme si elles n’étaient pas dans les mouvements comme les autres et qu’elles ne se battaient que pour leur paroisse - ce que ne font pas leurs homologues masculins, évidemment, qui prennent en compte tous les problèmes concernant les conditions des uns et des autres, c’est bien connu.

Où "on" dénonce la politique des quotas (ce en quoi je suis d’accord), mais en oubliant au passage, par exemple, que seulement 18,54% des élu-e-s à l’assemblée sont des femmes, et qu’elles étaient 41% au premier tour, puis 33% au second tour.
On ne leur aurait pas, par hasard, donné des circonscriptions ingagnables ? A moins que les femmes soient naturellement vouées à l’échec, auquel cas, on comprend que les hommes soient réticents à les présenter comme candidates.

Où "on" parle d’un "certain féminisme fascisant" : oui, parlons-en, c’est ce qui caractérise la majorité des mouvements féministes ! Et puis, il n’y a pas de mal à se faire plaisir.

J’en passe.

Parmi les explications vaseuses sur la "sémantique sexuée de force" (sic ! Rien à voir, bien sûr avec le masculin qui l’emporte sur le féminin, qui est dans l’ordre des choses)", je lis : "dans toutes les langues, les genres sont ce qu’ils sont, pour de vraies raisons. En anglais, un contre-torpilleur est féminin".

Ah bon ? Un tel raccourci ne peut que décrédibiliser le reste du discours, pourtant.

D’abord, si le contre torpilleur, le navire, et (parfois) la voiture ou la moto sont désignés par "She", c’est bien que ces objets étaient naguère la possession exclusive des hommes, comme les femmes, quoi. Des "vraies raisons" ?

Sinon, en anglais, les genres sont très clairs. Et le masculin ne l’"emporte" pas sur le féminin. Quant aux noms de métiers, ils n’ont pas un genre particulier, et se réfèrent aussi bien à des hommes qu’à des femmes ; sauf certains qui, par exemple, se terminent par -man ou -woman et qui prennent le suffixe - person ou - people, quand il s’agit d’homme ou femme, ou hommes et femmes. Le suffixe "person" a d’ailleurs été imposé par les féministes et est passé dans la langue courante sans que cela donne lieu à des palabres malhonnêtes.

12/11/2010 05:38 par Anach

Et voilà Le Grand Soir réactionnaire !

Que Maxime Vivas s’énerve de voir ajouté le genre féminin dans les tracts ou textes divers, je le comprends. D’autant mieux que le fait de ne pas le mettre entre parenthèses ralentit la lecture.

Mais les réticences de Bernard Gensane ne me convainquent pas du tout. En quoi cela peut-il le gêner de dire « docteure » à la place de « doctoresse » ?

Autres questions : Pourquoi les femmes ne seraient-elles pas libres d’utiliser le titre qu’elles préfèrent ?
Pourquoi n’auraient-elles pas droit au beurre et à l’argent du beurre ?
Est-ce que les hommes sont gênés de toucher les meilleures retraites alors que leurs épouses ont travaillé à temps partiel pour élever leurs enfants et fait le ménage pendant qu’ils regardaient la télévision ?

Si les femmes ne veulent pas de titres se terminant par « euse », c’est sûrement à cause du côté péjoratif de cette terminaison, donc du mépris que la société et les hommes ont toujours su distiller à propos de leur sexe depuis une éternité.

Les femmes ont été interdites d’université à partir du 12e siècle, elles n’ont le droit de voter que depuis 65 ans. En ce 21 e siècle elles sont toujours moins payées que les hommes, sans que les syndicats aient appelé à une seule journée de grève nationale pour réparer cette injustice inadmissible.
Alors, les nerfs en pelote de ces messieurs pour des terminaisons de mots, non merci !
Un peu de décence.

12/11/2010 06:16 par Anach

Fats et tartufes répugnants

Commenter tous les commentaires prendrait trop de temps et semble vain, tant certains auteurs sont tolérants à l’injustice, quand elle ne les touche pas personnellement, et se croient, eux les favorisés, habilités à donner des leçons de féminisme aux femmes. Mais peut-être conseillent-ils aussi les Noirs en ce qui concerne la meilleure façon d’assumer leur africanité.

Deux exemples :

KARIBOU 13, qui reproche aux femmes de pratiquer « des métiers masculins favorisant le patriarcat ». Sans doute harcèle-t-il les titulaires masculins de ces mêmes postes jusqu’à ce qu’ils quittent leur emploi.

Le pompon à John "Cocyec" Doe : « Certes les pensions des femmes sont plus faibles que les pensions des hommes mais elles les touchent pendant deux fois plus longtemps. »

Je sens que bientôt il va proposer l’euthanasie aux veuves.

Heureusement qu’on est sur un site de gauche !

12/11/2010 07:50 par legrandsoir

Vous êtes plusieurs (eures) à trouver que l’article du (de la) Grand(e) Soir (ée) (on taquine) mérite un développement sur le sort des femmes dans le passé, le présent et l’avenir (?).

Vous savez, si on reçoit des articles sur le sujet, on les publiera très volontiers.

Reprenons ci-dessous une partie d’un commentaire à un lecteur du GS qui trouve que nous ne traitons pas bien la question des minorités chrétiennes en terre d’Islam.

Sur la page où vous avez écrit votre commentaire, vous verrez ce que nous ne publions pas (et ça vous dira a contrario ce que publions).

Résumé : NE SERONT PAS PUBLIE(E)S : les racistes, xénophobes, sionistes, les adeptes du copier/coller, les "réactionnaires" à côté de la plaque, les représentants de commerce (qui viennent vendre leur salade pour un site, un groupe, un parti), les Trolls, les propos insultants, méprisants à l’égard des contributeurs du site, les rapporteurs des clichés habituels véhiculés par les médias dominants, les attaques contre les pays en état de résistance, les règlements de compte au sein de la gauche, (le PS ne fait pas partie de la gauche), les "droits de réponse" à la noix, les "appels aux armes" et autres provocations.

Les textes que nous publions ne pataugent donc pas dans ce marigot. Ils sont de trois types : ceux que nous recevons (de loin les plus nombreux), ce que nous trouvons nous-mêmes (parfois à l’étranger, et nous les traduisons), ceux que nous écrivons (les moins nombreux).

Il n’y a pas de sujet en soi tabou, dès lors qu’il s’inscrit dans cette « charte » qui fait la « couleur » du GS et qui obéit à une éthique basée sur le respect du lecteur.

A vos plumes, soyez les bienvenues.

LGS

PS. Grondez-nous, mais gentiment, on est si fragiles ; être un site libéré, c’est pas si facile...

12/11/2010 17:53 par Anach

J’admets que j’ai été sévère avec toi, LGS. Mais je ne te laisserai pas tomber. ;-)

13/11/2010 08:48 par emcee

Très bien, je note. Pour le GS, c’est désormais : "une minute pour le sexisme primaire décomplexé, une minute pour le féminisme".

Nous attendons donc les articles de l’UMP, du Médef, de Marine Le Pen, des européanistes et des détracteurs de Cuba ou du Venezuela. Après tout, ils ont, eux aussi, le droit de s’exprimer désormais dans ce cadre.

Mais il est vrai que la charte du GS, si elle mentionne le racisme et la xénophobie, elle ne fait pas mention de propos ouvertement sexistes. Alors, tout va bien.

emcee, un bloggeur féminin.

13/11/2010 09:29 par Maxime Vivas

@ emcee.

Très bien, je note. Pour le GS, c’est désormais : "une minute pour le sexisme primaire décomplexé, une minute pour le féminisme".

Pas un peu injuste, ça ?

Nous attendons donc les articles de l’UMP, du Médef, de Marine Le Pen, des européanistes et des détracteurs de Cuba ou du Venezuela. Après tout, ils ont, eux aussi, le droit de s’exprimer désormais dans ce cadre.

Ben, non si on lit la charte dont vous parlez plus bas.

Mais il est vrai que la charte du GS, si elle mentionne le racisme et la xénophobie, elle ne fait pas mention de propos ouvertement sexistes.

Lesquels propos ne se lisent jamais ici. Mais on pourrait effectivement ajouter le mot sexiste dans la charte. Webmaster, tu le fais ?

Bon, restons calmes. Il fallait ne pas laisser une déferlante ridicule recourir systématique au genre (pas au sexe, encore une fois) féminin pour les mots et les accords des participes passés, ce qui n’apportait rien à la travailleuse exploitée et au contraire la décourage de lire une telle prose.

Bernard Gensane et moi, on a essayé.

je vous signale amicalement (si, si) emcee, que pour nous contredire, il eut fallu ne pas écrire "des détracteurs de Cuba ou du Venezuela. Après tout, ils ont, eux aussi,le droit..." mais :

"des détracteurs (trices) de Cuba ou du Venezuela. Après tout, ils (elles) ont, eux (elles) aussi,le droit..."

Vous voyez bien ! :-)))

C’est de cela que nous parlons et cela ne nous met pas du côte des machistes ni des exploiteurs des femmes.

Amitiés.

14/11/2010 23:46 par JACQUES RICHAUD

Je livre à la méditation de tous cette analyse qui vient de paraître dans la revue GOLIAS :
« Le sexe des infos : représentation des hommes et des femmes dans les médias »
Par Marlène Coulomb Gully, universitaire.
http://golias-editions.fr/spip.php?article4564
Le sérieux de l’enquête mérite le détour…

15/11/2010 09:07 par Anonyme

je souscris totalement à ce qui est écrit dans ce texte. je me souviens d’une passe d’armes à la radio, où des féministes reprochaient à Fréderic Dard d’écrire "quel sale con" et non pas "quelle sale bite", et elles militaient pour la suppression du mot "séminaire" qu’elle voulaient être remplacé par "ovaire". je me demande alors comment les girafes et les panthères font pour se reproduire...

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