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Le Monde Diplomatique août 2019

Serge Halimi nous donne un exemple effarant du politiquement correct sévissant actuellement en Californie : « Pour bien « résister » au racisme américain, faut-il détruire les peintures murales d’un artiste communiste financé par le New Deal ? La question peut paraître d’autant plus absurde que Life of Washington, l’ensemble de treize œuvres de Victor Arnautoff condamné par certains « résistants » californiens, affiche un contenu antiraciste, révolutionnaire pour l’époque. Sur une surface totale de cent cinquante mètres carrés, elles pourfendent l’hypocrisie des proclamations vertueuses des Pères fondateurs de la Constitution américaine, dont George Washington. »

Julien Brygo se demande si on peut encore vivre sans Internet : « Sera-t-on bientôt contraint de faire scanner son téléphone portable ou d’utiliser Internet pour prendre le métro, le train, l’avion, faire ses courses ou payer ses impôts ? Pas de problème, nous explique-t-on, c’est plus commode, et tout le monde s’habitue. Or, justement, beaucoup de gens ne s’y font pas. »

Kan Naoto évoque « Le jour où le Japon a failli disparaître » : « À un an des Jeux olympiques de Tokyo, le Japon veut montrer au monde que la région de Fukushima, dévastée par le raz de marée et la catastrophe atomique du 11 mars 2011, retrouve une vie normale. C’est loin d’être le cas. Le premier ministre de l’époque témoigne des difficultés à gérer ce désastre. Depuis, il milite pour l’arrêt du nucléaire civil. »

Sarah Seo décrit le mouvement antiradars aux Etats-Unis : « Aux Etats-Unis, le mouvement visant à supprimer les caméras de surveillance routière gagne du terrain. Déjà, les radars automatiques ne sont plus utilisés que dans neuf États sur cinquante. En juin 2019, le Texas a rejoint la trentaine d’États qui interdisent les caméras de contrôle du franchissement des feux rouges. »

Jean-Baptiste Mallet pens que « La fin du monde n’aura pas lieu. Agit-on mieux le dos au mur, quand il n’y a plus d’échappatoire, quand tout bascule ? C’est la thèse défendue par certains courants écologistes : l’humanité aurait détruit son environnement au point de provoquer l’effondrement imminent de la biosphère. Il s’agirait dès lors de se préparer matériellement et spirituellement à vivre dans le monde d’après. Catastrophisme éclairé ou grande peur obscurantiste ? »

Pour nos petits-enfants, le ciel sera-t-il encore étoilé (Razmig Keucheyan) : « Revoir les étoiles, naissance d’une revendication. L’un des effets les plus visibles de l’activité humaine moderne est aussi l’un des moins vus : le ciel étoilé s’efface, dévoré par la lumière artificielle. Au point qu’on institue des zones réservées où l’on peut encore admirer la Voie lactée. Par-delà ses effets sur la santé, la pollution lumineuse pose une question à laquelle les sociétés devront répondre tôt ou tard : de quoi avons-nous réellement besoin ? »

Rick Fantasia analyse la gauche cannibale dans les universités étasuniennes : « Les universités américaines sont devenues les bastions privilégiés d’une analyse identitaire de la société. Les conflits ordinaires qui y surgissent sont donc souvent interprétés comme l’expression de telle ou telle domination. Avec le risque que les étudiants imaginent pouvoir lutter pour la justice sociale sans quitter leur campus. »

Loïc Ramirez analyse les rapports de forces guérilla-Etat à Bogota : « En novembre 2016, Bogotá et les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) signaient un accord de paix. Tandis que les mesures d’accompagnement alors imaginées prennent fin le 15 août 2019 et que la réforme agraire à laquelle le gouvernement s’était engagé piétine, le processus s’enraye. Depuis trois ans, plus de cinq cents militants de mouvements sociaux et près de cent cinquante anciens combattants ont été assassinés. Le 20 mai 2019, l’ancien négociateur de la paix pour les FARC Iván Márquez déclarait : « Déposer les armes a été une grande erreur. » Il est revenu à la clandestinité. »

Pour Akram Belkaïd, la réforme sur l’héritage en Tunisie a échoué : « Lancé à grand bruit médiatique il y a un an, le projet de loi tunisien sur l’égalité hommes-femmes en matière d’héritage est en passe d’être enterré. À la veille d’échéances électorales cruciales (législatives et présidentielle), les parlementaires préfèrent temporiser, conscients des réticences d’une partie de la société vis-à-vis de ce texte. »

Pour Rose Schembri, l’homosexualité en Algérie peine à s’affirmer : « Dans un pays marqué par les contraintes sociales et religieuses, ainsi que par une vision figée de la virilité, l’homosexualité masculine demeure clandestine et, en théorie, réprimée par la loi. L’ouverture sur le monde, notamment grâce à Internet et aux réseaux sociaux, permet néanmoins aux hommes concernés de vaincre l’obstacle du rejet de soi. »

La Mauritanie est obsédée par la couleur de peau (Pierre Daum) : « « La Mauritanie, c’est du pur racisme ! Tout le monde le sait, mais personne n’en parle, c’est interdit ! » Ibrahim, Abdallah, Mohamed, Amadou et Ahmed, à peine 20 ans, sont assis en rond sur des chaises bancales installées dans la rue devant la maison de la tante d’Ibrahim, autour d’une petite bouteille de gaz posée sur la terre battue. Amis depuis l’enfance, ils ont donné un nom à leur joyeuse bande : Free like a bird (« libres comme un oiseau »). Ici, à Basra, quartier périphérique de Nouakchott, loin des avenues cossues du centre-ville de la capitale, aucune rue n’est goudronnée, et toutes les habitations semblent bâties sur du sable. L’électricité subit des coupures fréquentes, et l’eau s’achète à des gamins qui l’apportent sur des charrettes tirées par des ânes. C’est Ahmed qui fait le thé et Abdallah qui parle, alternant le français et le peul (appelé pulaar en Mauritanie). À quelques mètres, des enfants jouent au football, pieds nus dans la poussière. « En haut, il y a les Beïdhane, les Maures blancs. C’est eux qui ont tout. Ensuite, nous, les Négro-Africains [il montre avec son index la peau de son avant-bras]. Et, encore en dessous, il y a les Haratine. Ils sont maures eux aussi, ils parlent la même langue que les Beïdhane, mais ils sont noirs comme nous [il refait le geste de l’index]. En fait, ce sont les anciens esclaves des Beïdhane, et aujourd’hui ils sont encore plus méprisés que nous. »

Pour Jean-Arnaud Dérens et Laurent Geslin, dans les Balkans, les frontières bougent, les logiques ethniques demeurent : « Le principe d’intangibilité des frontières n’a cessé d’être transgressé dans les Balkans, où l’on reparle d’un échange de territoires entre le Kosovo et la Serbie. Depuis deux siècles, la quête d’une homogénéité ethnique obnubile cette région d’une grande diversité culturelle et religieuse, détournant l’attention des enjeux économiques et sociaux. »

Christophe Trontin nous propose une histoire de la datcha : « Îlot de propriété privée durant la période communiste, refuge de l’agriculture vivrière à l’époque de la collectivisation, lieu de toutes les créativités architecturales et d’évasion intellectuelle sous Leonid Brejnev, la datcha reste la face cachée de la Russie. Une zone de droit coutumier dans laquelle la nouvelle loi entrée en vigueur le 1er janvier 2019 veut mettre de l’ordre. Encerclée par les banlieues qui s’étendent à l’infini, boudée par ceux qui lui préfèrent les plages de la mer Rouge, la maisonnette d’été doit se réinventer. »

Anne Mathieu revient sur les camps de réfugiés politiques espagnols en France : « À l’issue de la guerre civile déclenchée par le général Francisco Franco, la défaite des républicains espagnols est consommée. Certains qu’une répression sans pitié les attendait en Espagne, des centaines de milliers d’entre eux se réfugient en France au début de l’année 1939. Des journalistes de gauche — mais pas seulement — témoignent alors de leur sort. »

Serge Halimi et Pierre Rimbert observent le face à face Iran/Etats-Unis : « Entre l’Iran et les États-Unis, les incidents se multiplient. Depuis que le président Donald Trump a décidé de dénoncer l’accord sur le nucléaire conclu avec Téhéran par les grandes puissances en 2015, durant le mandat de son prédécesseur Barack Obama, les drones abattus succèdent aux déclarations martiales et aux embargos. La presse américaine n’est pas étrangère à cette surenchère. »

Evelyne Pieillier a repéré la « La bande-son de l’air du temps. Des rythmes qui font bouger sur la piste de danse aux voix des banlieues, de la French touch au rap, la musique qui rencontre depuis plusieurs années un succès commercial de plus en plus marqué recueille aussi désormais les suffrages d’une bonne part des élites. Qu’est-ce donc qui se joue dans cette légitimation culturelle ? »

Pour Mona Cholet, Michelle Obama nous propose de devenir elle : « Une bougie parfumée ornée des mots « Trouve ta flamme et maintiens-la allumée » ; un mug portant l’inscription « Trouve ta voix » ; un tee-shirt avec la célèbre phrase « Quand ils [nos adversaires] s’enfoncent, nous nous élevons » (« When they go low, we go high »), prononcée à la convention démocrate de 2016 ; un cahier intitulé « Devenir moi » — slogan qu’on retrouve sur des layettes roses ou bleues... Ces articles proposés sur la boutique en ligne liée aux Mémoires de Mme Michelle Obama témoignent bien de la reconversion de l’ancienne première dame des États-Unis en reine du développement personnel. Peut-on en effet imaginer une inspiratrice plus digne de confiance que cette femme « partie de rien », selon la formule consacrée et parvenue au sommet du monde. »

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Bertolt Brecht, poète et dramaturge allemand (1898/1956)

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