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Le Monde Diplomatique, juillet 2018

Dans Le Monde Diplomatique de juillet 2018, Serge Halimi analyse le caprice du prince. « Après avoir été confortablement élu à la présidence de la République avec le concours de la quasi-totalité des médias français, M. Emmanuel Macron exige que sa majorité parlementaire lui concocte une loi contre la diffusion de « fausses informations » en période électorale. Peut-être prépare-t-il déjà sa prochaine campagne.

Le texte qui devrait être bientôt voté trahit à la fois la cécité des gouvernants quant aux contestations qu’ils affrontent et – en même temps – leur inclination à imaginer sans cesse des dispositifs coercitifs pour y remédier. Il faut en effet avoir la vue basse pour croire encore que la victoire des candidats, des partis ou des causes « antisystème » (M. Donald Trump, le Brexit, le référendum catalan, le Mouvement 5 étoiles en Italie…) serait due, même marginalement, à la dissémination de fausses nouvelles par des régimes autoritaires. Depuis plus d’un an, la presse américaine s’acharne à démontrer, sans éléments probants, que le président des États-Unis doit son élection aux fake news fabriquées par M. Vladimir Poutine ; M. Macron paraît habité par le même type d’obsession.

Au point d’espérer la conjurer par un dispositif inutile autant que dangereux. Inutile : consulté sur le sujet, le Conseil d’État a rappelé le 19 avril dernier que « le droit français contient déjà plusieurs dispositions visant, en substance, à lutter contre la diffusion de fausses informations ». En particulier la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse, qui permet de réprimer la diffusion de fausses nouvelles et les propos diffamatoires ou injurieux. Dangereux : la proposition parlementaire demanderait à un juge d’agir dans les quarante-huit heures pour « faire cesser la diffusion artificielle et massive (…) de faits constituant des fausses informations ». Pourtant, relève encore le Conseil d’État, ceux-ci « sont délicats à qualifier juridiquement, à plus forte raison lorsque le juge saisi doit statuer à très brefs délais ». Enfin, le dispositif imaginé par M. Macron renforce démesurément le « devoir de coopération » avec les autorités publiques des fournisseurs d’accès à Internet et des hébergeurs, puisqu’il étend à toute « fausse information » une contrainte qui au départ visait à prévenir… « l’apologie des crimes contre l’humanité, l’incitation à la haine ainsi que la pornographie enfantine ». »

Au Mali, la guerre n’a rien réglé, selon Rémi Cayrol : « Traversant la Méditerranée au péril de leur vie, les migrants africains défient l’Union européenne dans ses valeurs proclamées. Ils fuient la misère, mais aussi l’insécurité qui gagne l’ensemble du Sahel en dépit de l’émergence de coopérations militaires régionales. Au Mali, où se profile l’élection présidentielle fin juillet, l’effondrement de l’État fait le jeu des groupes djihadistes. »

Louis Pinto nous rappelle qui étaient “ Les enfants gâtés du supermarché ” : « La figure du consommateur libre de ses choix dans une société marchande s’impose avec une telle évidence qu’on oublie les batailles qui lui ont donné naissance. Avant que les libéraux l’emportent et placent au centre du jeu cet acteur informé et calculateur, la notion de société de consommation servit de support, au cours des années 1960, à une contestation de l’ordre économique. »

Pour David Garcia, le football africain s’enfonce dans la misère : « Parmi les trente-deux équipes participant à la Coupe du monde de football en Russie, seuls le Nigeria et le Sénégal représentent l’Afrique subsaharienne. Le continent ne manque pas de joueurs d’exception, mais les pays riches du Nord les accaparent. Champions d’Afrique en 2015 et qualifiés lors des trois dernières éditions du Mondial, les Ivoiriens se contentent cette année de suivre les épreuves à la télévision. Au quotidien, leurs clubs professionnels vivent d’expédients. »

Christine Chaumeau évoque “ Le rêve monarchique du premier ministre cambodgien ” : « Dopé par la croissance et une fièvre d’investissements, notamment chinois, le Cambodge bute sur le verrouillage de la vie politique. L’opposition a été dissoute. À la veille du scrutin législatif, le premier ministre Hun Sen, à la tête du pays depuis trente-trois ans, cache à peine son ambition dynastique. »

Au Pérou, les Wampis sont déterminés à protéger leur territoire (Paul Codjia & Raphaël Colliaux ) : « Alors que les élites politiques péruviennes sombrent dans les scandales de corruption qui viennent d’emporter le président conservateur Pedro Kuczynski, des populations amérindiennes défendent leur autonomie à travers l’idée d’un état « plurinational » : une notion déjà inscrite dans les Constitutions bolivienne et équatorienne. »

Un rapprochement entre la CIA et les démocrates (Michael J. Glennon ) ? : « La gauche américaine s’est trouvé des alliés inattendus dans son combat contre M. Donald Trump : les services de renseignement. En guerre ouverte avec l’actuel président, qu’ils accusent de collusion avec la Russie, ces derniers n’hésitent pas à se présenter comme les ultimes remparts de la démocratie. Il faut cependant être frappé d’amnésie pour adhérer à un tel récit… »

Lionel Richard évoque un Chagall plus révolutionnaire qu’on ne croyait : « On associe plus souvent la grande vague de vitalisation artistique qui accompagna la révolution russe de 1917 à des noms comme celui de Malevitch qu’à celui de Chagall. Pourtant, ce dernier choisit de s’impliquer en fondant une école où l’avant-garde rencontrait le peuple. Mais il se sentit bientôt en décalage avec le rejet de l’art figuratif qu’elle revendiquait. »

Jean-Baptiste Malet nous fait découvrir “ L’anthroposophie, discrète multinationale de l’ésotérisme ”, proche des nazis et appréciée de notre ministre de la Culture : « Quoi de commun entre l’agriculture biodynamique, une école à la pédagogie atypique, une grande entreprise de cosmétiques, un investissement dans une ferme éolienne ? Tous sont liés à l’anthroposophie, un courant spirituel fondé au début du XXe siècle par Rudolf Steiner. Discret mais influent, ce mouvement international dispose de relais économiques et politiques… jusqu’au sein du gouvernement français. »

Renaud Lambert et Sylvain Leder nous le rappellent : “L’investisseur ne vote pas ” : « C’est une saynète désormais bien rodée. Un gouvernement – progressiste ou réactionnaire – prend une décision qui contrevient aux préférences de la finance. Les marchés menacent, le pouvoir politique renonce, les médias applaudissent. La crise italienne a démontré que le « cercle de la raison » néolibérale ressemble de plus en plus à un nœud coulant passé autour du cou de l’électeur. »

Pour Benoît Bréville, Le temps est venu des charcutiers végétariens : « Bientôt, les vaches françaises pourront mourir joyeusement : en vertu d’une loi votée en mai dernier par l’Assemblée nationale, chaque abattoir sera doté d’un responsable du bien-être des animaux, qui veillera à ce que les bêtes soient bien « étourdies » – c’est-à-dire électrocutées ou gazées — avant leur exécution. Pas sûr que cela suffise à la France pour obtenir un meilleur indice de protection des animaux – note attribuée par des organisations non gouvernementales (ONG) en fonction de la législation. Avec un médiocre C, la France occupe le ventre mou de la cinquantaine de pays étudiés, loin devant la Biélorussie, l’Azerbaïdjan et l’Iran, où l’on se désintéresse totalement du sujet, mais largement derrière l’Autriche, qui interdit pêle-mêle l’élevage de poulets en batterie, le commerce de fourrure, les expérimentations médicales sur les singes, la castration à vif des porcelets, le gavage des oies… »

Pour Laurent Litzenburger , Cochons, taureaux, mulots sont à la barre ! : « De nos jours, quand un chien mord un enfant, son maître est considéré comme responsable pénalement. Il peut donc se retrouver au tribunal. Au Moyen Âge, c’est l’animal lui-même qui devait passer devant les juges. »

Pour Jérôme Lamy , « Homo sapiens » n’a plus le monopole des droits : « L’université de Limoges, comme celles de Bâle ou de Barcelone, délivre désormais des diplômes de droit animalier. Le dynamisme de cette discipline témoigne de l’institutionnalisation croissante de la question animale, en particulier dans les pays riches. »

Evelyne Pieiller nous ramène au jardin d’Éden : « L’humain a longtemps été considéré comme la créature favorite de Dieu, ayant à ce titre l’avantage sur toutes les autres. Même quand cette conception du monde a perdu de son importance, sa supériorité ne fut guère mise en question. La hiérarchie des êtres vivants se trouve aujourd’hui contestée, au nom d’une morale qui prône l’égalité. »

Catherine Dufour aime les chats : “De Baudelaire à YouTube, le sourire du chat ” : « Le « félin de poche » a connu un sort tout particulier parmi les animaux domestiques. Silencieux, nyctalope et grand prédateur, il fut sacralisé dans l’Égypte ancienne, puis dénoncé comme diabolique au temps de la chasse aux sorcières. Il est aujourd’hui une icône des réseaux sociaux. »

Timour Muhidine a regardé les écrans du Bosphore : « Mêlant nationalisme et signes de modernité musulmane, les séries télévisées turques rencontrent un vif succès du Proche-Orient à l’Argentine, permettant le développement d’une efficace influence. Quant aux films destinés au grand public, ils reprennent souvent l’idéologie au pouvoir. Pourtant, de nouvelles esthétiques apparaissent. »

Toujours passionnant, Gérard Mordillat (“ Le spectateur impatient ”) : « Au cinéma, le spectateur contemporain est un homme ou une femme pressé. Il faut que l’action s’engage dès la première image du film, que les séquences s’enchaînent à la vitesse d’une mitrailleuse lourde, que les plans se succèdent au rythme du battement d’ailes d’un colibri. Le spectateur contemporain est un enfant gâté qui pleure et trépigne si son moindre désir d’images et de sons n’est pas immédiatement exaucé, et qu’il faut d’urgence faire taire en lui plantant une tétine dans la bouche ou en le distrayant avec un hochet (voire les deux). Osons dire qu’une majorité de films sont aujourd’hui produits sous les auspices de la tétine et du hochet, c’est-à-dire du Dolby Stereo à la puissance dix et des effets spéciaux en images de synthèse pour mettre en scène catastrophes nucléaires, guerres intersidérales, épidémies mortelles, monstres et surnaturel. »

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