Plein écran
commentaires

Le Monde Diplomatique (juillet 2022)

Serge Halimi revient sur le souhait du président Biden d’affaiblir la Russie, de la saigner, en fait : « En février dernier, quelques jours avant l’invasion russe, le président Joseph Biden a intimé aux Américains de quitter l’Ukraine dans les quarante-huit heures. Depuis, les États-Unis sont revenus dans ce pays, mais autrement. Sans risquer la vie d’un seul soldat, ils profitent de la succession de catastrophes provoquées par le président Vladimir Poutine pour engranger les percées stratégiques : une Russie durablement affaiblie ; une Chine embarrassée par les déboires de son voisin ; une Alliance atlantique renforcée par l’adhésion prochaine de la Suède et de la Finlande ; une moisson de contrats pour les exportateurs américains de céréales, d’armes, de gaz ; des médias occidentaux qui reprennent en cadence la propagande du Pentagone. Pourquoi les stratèges américains souhaiteraient-ils qu’une guerre aussi providentielle s’achève ?

Ils ne le souhaitent pas. Depuis quelques semaines, on dirait même que la seule conclusion du conflit à laquelle les États-Unis consentiraient vraiment serait un triomphe romain des armées occidentales à Moscou, avec M. Biden à la tribune et M. Poutine dans une cage de fer. Et pour réaliser leur objectif désormais proclamé, « affaiblir la Russie », la saigner en vérité, les États-Unis ne lésinent plus sur les moyens : livraison d’armes plus offensives et plus sophistiquées à l’Ukraine, assistance probable à ce pays afin qu’il puisse localiser et liquider des généraux russes, voire couler le navire amiral de leur flotte. Sans compter que, depuis trois mois, le Congrès américain a déjà voté 54 milliards de dollars d’aide à Kiev, soit plus de 80 % du budget militaire russe. »

Aurélien Bernier dévoile la face cachée des sommets de la Terre : « Alors que les températures atteignent des records en Inde et au Pakistan, où le mercure a flirté avec les 50° C pendant plusieurs jours, les Nations unies organisent, les 2 et 3 juin en Suède, une vaste conférence internationale sur l’environnement. Son titre, « Stockholm + 50 », souligne le temps perdu depuis le premier sommet de la Terre, en 1972, pour engager la lutte contre le changement climatique. »

Le dossier du mois est consacré à la guerre de l’énergie. Avec un article de Mathias Reymond et Pierre Rimbert : « Impatients de renoncer aux combustibles russes pour asphyxier le Kremlin, les pays européens ont improvisé des solutions de rechange. Ils paient désormais leur impréparation : envolée des prix, ralentissement économique, nouvelles allégeances diplomatiques. Les États-Unis, eux, se frottent les mains… »

Evelyne Pieiller nous parle du bon usage de l’ennemi : « Qu’est-ce qu’une démocratie libérale ? L’histoire récente, marquée par ce qui est qualifié de « crise », a vu ce type de régime en appeler à la dénonciation des extrêmes, et utiliser la peur pour recourir à diverses modalités de l’état d’urgence. Ce penchant autoritaire n’est-il que conjoncturel, ou serait-il intrinsèque à un libéralisme à la fois politique et économique ? »

Anne Vigna nous emmène au bout de la Transamazonienne : « C’est la troisième route la plus longue du Brésil : l’équivalent de la distance entre Lisbonne et Helsinki. Mais une route inachevée, dont une partie n’a jamais connu le bitume. Projet pharaonique lancé au début des années 1970, la Transamazonienne devait relier le Brésil à l’océan Pacifique. Elle a surtout apporté les flammes qui dévorent la grande forêt sud-américaine. »

Heikki Patomäki estime que la Finlande et la Suède ont brisé l’idéal nordique : « En attaquant l’Ukraine pour l’empêcher de rejoindre un jour l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN), le président russe Vladimir Poutine vient de précipiter la Suède et la Finlande vers l’Alliance atlantique. L’abandon de leur neutralité, qui était encore plébiscitée par la population il y a six mois, conduit ces deux pays nordiques à renoncer à ce qui faisait une partie de leur identité. »

William Bourdon se demande si on peut légiférer contre les invasions armées : « En quelques décennies, la justice pénale internationale a accompli de considérables progrès, ne laissant théoriquement aucun chef d’État ou dignitaire soupçonné de crimes de masse hors d’atteinte de son glaive. Immense ambition pour l’humanité, elle reste cependant entravée et sujette aux accusations de partialité. Les responsables de la guerre en Ukraine seront-ils jugés ? »

Quand la gauche russe se déchire sur l’Ukraine (Ilya Budraitskis ) : « Portée par de bons résultats aux élections législatives de septembre 2021, une nouvelle génération d’élus communistes espérait devenir la principale force d’opposition au Kremlin. C’était avant la guerre. Depuis, leur direction encourage les opérations armées en Ukraine tout en évinçant les dissidents. En dehors du Parlement, des militants de gauche continuent le combat. »

Pour Christelle Gérand, la Fondation Gates sème la faim : « Jugeant la crise alimentaire imminente en raison de la guerre en Ukraine, la Banque africaine de développement a approuvé, le 23 mai, un plan d’urgence pour augmenter la production continentale. Dicté par les circonstances, ce choix productiviste, à base de « semences et engrais améliorés », conforte le tropisme agro-industriel des grands donateurs, parmi lesquels la Fondation Gates. »

Khaled Al-Khaled et Adlene Mohammedi évoquent, au Yémen, les si précieux Frères musulmans : « Le parti Al-Islah, souvent décrit comme la branche yéménite des Frères musulmans, est la force militaire indispensable au camp dit « loyaliste », qui combat les houthistes depuis 2014. Mais le vent tourne. La perspective d’un retour durable à la paix et la volonté des Émirats arabes unis de marginaliser cette mouvance la placent sur la défensive, tant sur le plan politique que militaire.

L’Irlande du Nord se dirige-t-elle vers l’indépendance (Daniel Finn) ? : « Depuis la victoire du Parti national écossais (SNP) aux élections législatives du 6 mai 2021, l’idée de l’indépendance écossaise préoccupe Londres. Les autorités d’Édimbourg ont promis un référendum avant 2023. Les logiques centrifuges s’accumulent également de l’autre côté de la mer d’Irlande, où, en position de force, le Sinn Féin promet de soumettre la question de l’unité de l’île d’Émeraude au vote avant dix ans. »

Ipour Yuta Yagishita, les yakuzas sont sur le déclin : « Longtemps, la mafia nippone a fait partie de la légende. Avec l’arrêté visant à les exclure de la société et le renforcement des contrôles de la police, le nombre de yakuzas a chuté de 70 % en quinze ans. Ils ont même de plus en plus de mal à subsister. En perdant leurs liens avec les dirigeants économiques et politiques, ils ont abandonné le « code d’honneur » qui faisait leur réputation. »

Selim Derkaoui met le doigt sur les cancers professionnels qui tuent en silence : « Si le scandale de l’amiante est désormais connu, d’autres, qui concernent également la santé des salariés, restent enfouis. Le patronat y veille. Ainsi, faire reconnaître un cancer professionnel relève souvent du parcours du combattant. Mais des médecins du travail, des oncologues, des chercheurs de Seine-Saint-Denis regroupent leurs compétences pour aider les malades. »

Le collectif de recherche citoyenne sur les cahiers de doléance dénoncent les cahiers de la colère : « Alors que M. Emmanuel Macron a été réélu après n’avoir attiré que 20 % des inscrits au premier tour du scrutin présidentiel, les institutions de la Ve République arrivent à bout de souffle. En 2019, la révolte des « gilets jaunes » avait été un coup de semonce. Mais les cahiers de doléances qui l’ont suivie sont restés dans les cartons. Des chercheurs et des citoyens les ont dépouillés. Qu’y trouve-t-on ? »

Pour Damien Lefauconnier, l’actuelle réforme sur le chômage est dévastatrice : « Nommée première ministre le 16 mai dernier, Mme Élisabeth Borne avait sept mois plus tôt mis en place une réforme de l’assurance-chômage qui entraîne une baisse importante des allocations pour de nombreux demandeurs d’emploi. Présentées comme un moyen de lutter contre les contrats courts, les nouvelles règles pénalisent d’abord ceux qui les subissent, a fortiori s’ils ont connu une baisse d’activité. »

Pascal Corazza nous parle du son au cinéma : « À l’heure où la fiction sonore « Calls » connaît un grand succès à la télévision, le son demeure le parent pauvre d’une création cinématographique qui privilégie l’image et la musique tout en redoutant le silence. Pourtant, des réalisateurs d’envergure ont compris l’importance du travail sur les intonations dans les dialogues, les bruits et les ambiances. Pour eux, le son d’un film se pense en amont. »

David Garcia analyse les approches des journalistes Vincent Hervouet et Pierre Haski : « Vingt avril 2022. Finalistes de l’élection présidentielle française, M. Emmanuel Macron et Mme Marine Le Pen débattent à la télévision entre les deux tours. « Vous parlez à votre banquier quand vous parlez à la Russie, Mme Le Pen ; vous dépendez du pouvoir russe », tance M. Macron, en référence au prêt bancaire accordé par une banque russe au Front national, en 2015. Atlantiste et militant de l’Union européenne, le chroniqueur géopolitique de France Inter, Pierre Haski, salue le lendemain la « punchline » du président sortant. Ce dernier aurait « réussi à jeter le doute sur l’autonomie réelle de Marine Le Pen vis-à-vis du pouvoir russe, malgré sa condamnation de l’invasion de l’Ukraine ». Conservateur et nationaliste, l’éditorialiste international d’Europe 1 Vincent Hervouët tient un discours opposé : « Alors est-ce qu’une dette implique une dépendance ? On peut y croire ou on peut balayer la calomnie comme l’a fait Marine Le Pen en relevant que les services de renseignement le sauraient et le diraient, si les Russes dictaient sa ligne politique au Rassemblement national. »

Print Friendly and PDF

COMMENTAIRES  

05/06/2022 20:27 par Georges Olivier Daudelin

Le pire, c’est qu’Il n’y a jamais eu invasion. Les bobos de la gogauche sont incapables de comprendre ce qu’est une légitime défense et ce que l’on entend par le droit des peuples à s’autodéterminer.

06/06/2022 04:46 par Geb

"Quand la gauche russe se déchire sur l’Ukraine (Ilya Budraitskis ) : « Portée par de bons résultats aux élections législatives de septembre 2021, une nouvelle génération d’élus communistes espérait devenir la principale force d’opposition au Kremlin. C’était avant la guerre. Depuis, leur direction encourage les opérations armées en Ukraine tout en évinçant les dissidents. En dehors du Parlement, des militants de gauche continuent le combat. »"

Ce qui prouve simplement que la Gauche ça n’existe pas en tant que composante révolutionnaire active..

C’est juste le cache sexe de ceux qui refusent de se positionner dans le Rapport de classe en tant qu’antagonistes des tortionnaires des Peuples. On connaît : on a les mêmes à la maison qui ont volé et confisqué les biens et acquis du Parti révolutionnaire fondé par nos parents communistes pour les mettre à leur usage et au service de l’enfumage du Prolétariat français.

Etre un Parti révolutionnaire, "communiste" aujourd’hui c’est soutenir tout ce qui peut éviter la catastrophe programmée de la néo-colonisation ultra-capitaliste menée par la Finance occidentale. Et que cette lutte soit menée par quelqu’un qui n’a pas l’Appellation contrôlée importe peu quand l’Appellation elle même est hors-contrôle chez ceux qui la revendiquent pour trahir.

Quant à l’appelation non contrôlée de "communiste" elle a été suffisamment détournée ces 40 dernières années, piratée, frelatée, par les valets du Capitalisme à l’usage des Peuples décervelés par la propagande, pour que le simple fait que des revendiqués "communistes" se positionnent négativement au sein d’un Parti communiste contre l’avis positif de leurs camarades "pour" une opération menée après 8 ans d’agressions continues contre des compatriotes par des nazis affirmés soutenus par l’Occident, et à la veille d’un génocide programmé revendiquant ouvertement la destruction de leur Patrie, prouve qu’entre le flacon et la qualité du contenu il y a le Monde de la Réalité Vraie.

Ceux qui ne comprennent pas ça, chez nous ou là-bas, pour n’importe quelle raison que ça soit, mériteront leur sort si le dernier bastion contre l’asservissement planétaire des Peuples prolétarisés tombe face à l’Hydre fasciste du Néo-capitalisme financier de Davos et de Bilderberg.

La phase des pleurs, des peurs, des bonnes intentions contre-productives, et des lamentations intéressées, est passée. Aujourd’hui on entre dans la réalité concrète sans concessions. Ca fait mal là-bas, ça fera encore plus mal ici. Et ceux qui ne l’ont pas encore compris, non seulement vont passer de mauvais jours, mais en plus ne comprendront jamais pourquoi.

Et souffrir ou mourir sans savoir pourquoi c’est la pire des chose qui peut arriver à un vrai Humain dans la Vie.

06/06/2022 06:17 par babelouest

@ Georges Olivier Daudelin
Invasion ? Désolé, il y en a eu une, il y a soixante-dix-huit ans aujourd’hui, et si de Gaulle a su les contenir en partie, demandez donc à nos amis d’Europe, la plupart du temps ils sont restés.

Sur un thème assez proche,le billet du jour de Philippe Grasset est édifiant. Je me suis cru obligé de lui répondre.

06/06/2022 06:55 par Xiao Pignouf

@GOD

Vous bégayez.

Au sens strict du terme, c’est une invasion, que les Russes l’aient entreprise pour se défendre ou non. C’est certes un terme péjoratif surtout parce qu’il sous-entend une conquête, mais c’est un synonyme qu’on a à notre disposition. Je lui en préfère aussi d’autres, mais ce n’est pas pas peipeine de grimpéper aux rideaux à chaque foifois qu’on le lit dans la prepresse bobo de la gogoche...

06/06/2022 15:00 par Monsieur Georges

Je crois que nous avons sur LGS un pannel assez représentatif, parmi tant de profils tres divers de la gogoche : timide, mal renseignée, preferente l’ombre des duscussins pasinnées à la lumière des faits. En général ceux qui tiennent le débat et se la racontent.

Quand on coupera le courant, ces grands bavards me pourront tout simplement plus s’exprimer ou briller sur Internet et leur rôle réveaulutionnaire s’arrêtera là.

On ne les entendra tout simplement plus du tout, la grande muerte. Comme dans un bain retro (qui durera qq décennies possiblement), on retrouvera le chemin du confessionnal, du cabinet psy, de l’atelier détente relaxation un peu cher ou de l’hôpital-supermarché (avec acces de plus en plus restreint pour ce dernier lieu de réparation de l’homo consumus).

Quand on a souhaité vivre comme des robots naïfs et heureux, faut pas se surprendre que des grands dinosaures du capitalocène jouent un peu avec leurs jouets.

06/06/2022 16:30 par Assimbonanga

Je crois que nous avons en monsieur Georges l’archétype du réac qui ne sent pas gêné de venir insulter chez eux, dans leur propre maison, ceux qui ne pensent pas comme lui.

06/06/2022 16:33 par Xiao Pignouf

Le comble, mister Georges, c’est qu’ailleurs vous donnez des leçons d’orthographe à d’autres...

07/06/2022 00:34 par act

@god
les commentaires rédigés avec un haut niveau d’agressivité ou de mépris envers ceux qui divergent, annoncent pratiquement toujours une analyse d’un niveau équipollement bas,
merci pour cette démonstration.
Amen.

14/06/2022 22:15 par CAZA

Bonsoir

OTAN Jusqu’où ??

https://www.monde-diplomatique.fr/mav/183/

(Commentaires désactivés)
 Twitter        
 Contact |   Faire un don
logo
« Informer n'est pas une liberté pour la presse mais un devoir »
© CopyLeft :
Diffusion du contenu autorisée et même encouragée.
Merci de mentionner les sources.