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Revista del Sur

Le Real frappé par la réalité

Après huit ans de gouvernement de Fernando Henrique Cardoso (FHC), j’espérais que le Brésil arriverait sans turbulences aux portes des prochaines élections présidentielles.

Mais voilà qu’il y a de très lourds nuages dans l’horizon du pays. Le dollar chute, menace d’un retour à l’inflation et révéle la fragilité du plan Real. Il est de plus en plus clair que l’annonce d’une stabilité monétaire était plus le fruit d’un artifice économique que celui d’une gestion économique efficace. Le Real est frappé par la réalité : heureusement, pour le futur président, c’est sous l’actuel gouvernement que la code s’est rompue.

Il n’a pas suffi que la maison soit laissée à découvert sous les vents de la spéculation, l’Oncle Sam nous a en plus rendu visite et a craché sur la famille : Paul O’Neil, secrétaire du trésor des Etats-Unis, a traité notre gouvernement de gouvernement de corrompus, l’accusant de dévier les investissements étrangers vers les comptes bancaires suisses.

Bien qu’il se soit rétracté, O’Neill démontre que le gouvernement de Bush alimente un dévalorisation solennelle du Brésil et de l’Amérique latine. Et, manifestement myope, ce même gouvernement oublie qu’il ne faut pas parler de corde dans la maison d’un pendu. Ces derniers mois, les fraudes réalisées par les grandes entreprises américaines ont été révélées. Ni les activités du président ni celles du vice-président n’échappent au soupçon de malversations frauduleuses visant à accroître la valeur de leurs actions en bourse.

Le gouvernement de FHC a choisi de maintenir le brésil dans l’unité de thérapie intensive (UTI) du système financier international, soumis à de constantes transfusions de capital spéculatif : sauf que le malade donne plus de sang qu’il n’en reçoit, Le Brésil a exporté 55 milliards de dollars. En décembre il devra payer, uniquement au titre des intérêts de la dette, 13, 103 milliards de dollars.

Le médecin, le docteur Malan, veut encore plus de transfusions, comme si en période électoral le malade souffrait d’anémie chronique. En 1998, il y a eu les 41 milliards de dollars qui ont permis d’assurer la réélection de FHC. Mais après chaque transfusion le patient est un peu plus fragile, puisque rien n’est gratuit, cela coûte cher et il faudra le payer avec le sang des brésiliens, comme le dit Tancredo Neves.

O’Neil avec sa maladresse n’a fait qu’aggraver la nervosité du marché, déjà irrité par les déclarations pyromanes de Ciro Gomes disant que si il est élu il mettra fin à la bombe que représente les comptes CC-5 qui facilitent l’exportation de dollars. Dans le courant du mois de juin, il y a eu, par le biais de ces seuls comptes, une évasion fiscale de 605 millions de dollars. Du premier au 22 juillet, elle s’est montée à 1, 078 milliards.

Au milieu de la tampête, le ministre Malan insiste pour que l’on ait recours rapidement au secours du FMI afin d’obtenir plus de capitaux d’investissement. Le salut electoral de José Serra est en effet si peu assuré qu’il n’inspire plus confiance aux investisseurs. Mais les services de secours rapide exigent un chèque de caution : les réserves monétaires du pays, réduites à 27,29 milliards de dollars en juin. Avec moins de 15 milliards de dollars en caisse, le patient se retrouve à la rue. Affligé le docteur Malan plaide la clémence, il veut que le logement ne soit réduit que de 11 milliards. C’est la seule solution pour qu’il puisse continuer sa ronde fiancière et qu’il continue à jouer avec 50 milliards de dollars par jour pour réguler le taux de change.

Mais l’hopital ne traite pas ses patients avec impartialité. On avait oublié que les Etats-unis sont son principal actionnaire. Ce pays contrôle 17,11% du capital du FMI, suffisamment pour parler plus fort que les autres actionnaires. Malgré tout Malan veut croire au caractère multilatéral de l’institution. Il sait en fait que si le patient ne résiste pas au ratissage permanent des sillons de sa dette externe et éternelle, ce ne sera pas le problème de son gouvernement mais celui du prochain gouvernement. Comme en argentine, où De La Rua a enterré le gouvernement étranglé de Menem.

Le secrétaire du trésor américain est peut être un désastre mais il est bien informé. Grâce à la loi Anti-bureau il connaît tous les mouvements de capitaux dans le monde. Et il doit se demander : pourquoi le Brésil demande-t-il le soutien du fMI alors qu’il y a tant d’argent qui sort ? En ayant recours une nouvelle fois au fMI, notre pays tente de sécher le sol pendant que la pluie rentre par le toit en loque.

En d’autres temps j’ai pensé que l’économie était une science . Depuis j’ai découvert qu’il s’agissait d’une idéologie dotée d’un caractère religieux très fort. Pourquoi le Brésil ne peut il pas se lever du lit, quitter l’UTI et marcher sur ses propres jambes ? Pourquoi dépend-il de manière chronique du capital spéculatif ? Le pays ne croit pas en ses propres moyens et c’est pourquoi il n’y investit pas. Encore moins dans ses ressources humaines. Il suffit de regarder la mauvaise qualité de notre système éducatif, en particulier celui offert par le service public.

L’équipe actuelle, qui maintient les taux d’interêt à 18% a peur que Sera ne soit pas élu. Elle a peur que le prochain gouvernement démontre que le Brésil est capable de marcher et mieux encore de marcher de ses propres jambes. En octobre 2001, Malan avait prévu que cette année, la croissance du Brésil serait de 4% . La projection moyenne est maintenant de 1.93%. Mais si le pays était mieux administré son potentiel de croissance searait d’au moins 5% par an, sans rompre les accords internaitionaux ou faire défaut à la dette mais en revenant sur les privatisations irresponsables, comme celle du secteur énergetique, en augmentant les investissements productifs, en réduisant le chomâge et en étendant les exportations à de nouveaux marchés. Mais aussi en renforçant notre souveraineté, en interdisant le contrôle de la base Alcantara par les Etats-unis et l’entrée de notre pays dans l’ALCA, ce qui conduirait à la libre ingérence de la Maison Blanche dans les affaires intérieures des pays d’Amérique latine.

Anne Krueger, directrice du FMI était il ya quelque jours au brésil. Elle a exigé que les candidats à la présidentielle s’engagent de manière anticipée à l’égard du fonds. Ceux qui ne se font pas respecter doivent être prêt à entendre des incongruités de cette ordre. Heureusement les urnes ne se meurent pas d’amour pour le Marché.

Article original dans la revue uruguayenne : Revista del sur : El Real cae en lo real


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