RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher
Un nouveau livre de Roger Martin

Le Rêve brisé. Il y a cinquante ans tombait Martin Luther King

Le 28 août 1963, à Washington, le pasteur Martin Luther King, animateur du mouvement des droits civiques prononça un discours dont une phrase a fait le tour du monde : « I have a dream ».
Le 4 avril 1968, à 18h01, alors qu’il se trouvait sur le balcon du Lorraine motel à Memphis, une balle le frappait au visage et le tuait. Des émeutes éclatèrent alors un peu partout aux USA.

Le coupable présumé a été rapidement arrêté : James Earl Ray. Incarcéré au Missouri State Penitentiary, il s’en est évadé et a été à nouveau arrêté à Londres, deux mois après la mort de Martin Luther King. Il était porteur de faux papiers. Il est mort en prison le 23 avril 1998 à l’âge de 70 ans.

Pour Roger Martin et pour beaucoup, se pose la question de savoir si le pasteur a été victime d’un fanatique ségrégationniste isolé ou si ce dernier a bénéficié de complicités, si le meurtre était un coup monté dont James Earl Ray était un élément et la victime expiatoire. Et Roger Martin d’écrire :

QUI, COMMENT, POURQUOI ?
INCOHERENCES, FAUX, MENSONGES
ET QUESTIONS SANS REPONSES

Martin Luther King prônait la désobéissance civile, il se battait pour le droit des noirs, contre les injustices qu’ils subissaient, pour l’égalité. Son prestige était immense. Il était haï par le Ku Klux Klan. Orateur trop talentueux, prix Nobel de la Paix, il était surveillé en permanence par les services secrets US. Le FBI avait une fiche sur un de ses grands-pères communiste et avait introduit un informateur au sommet du Comité des responsables chrétiens du sud fondé par Martin Luther King. Par lui, le FBI était informé des dates et des lieux de déplacement du pasteur.

Il était devenu l’ennemi public N° 1 en adjoignant à son combat contre la ségrégation raciale d’autres combats : lors de son discours de Riverside, un an, jour pour jour, avant d’être abattu, il avait parlé pour les droits civiques, contre la guerre du Vietnam, et pour une unification des forces en lutte contre le système politique : le capitalisme. Le gouvernement s’alarmait de son «  appel à une grande marche des pauvres sur Washington », une menace pour le pouvoir.

Sur cet homme, son combat, et les circonstances troubles de sa mort, Roger Martin a écrit un livre passionnant et documenté : « Le Rêve brisé. Il y a cinquante ans tombait Martin Luther King ».

Le 15 décembre 2016, en présentant ici un autre livre de Roger Martin, « L’affaire Jules Durand  » je disais de l’auteur : « Roger Martin est écrivain. C’est un ami précieux et courageux. Il a des convictions communistes et il les défend [...]. Le Grand Soir a par ailleurs publié dix articles signés Roger Martin. Naguère, des fascistes musculeux, chassant en meute, ont voulu lui faire entrer dans le crâne (et dans les dents) l’idée qu’il se trompait de combat. Mais il persiste ».

Le mentir-vrai, le mentir, le vrai
Tel qui éprouve parfois l’impression de perdre son temps à lire un polar et « en même temps » répugne à se plonger dans un document historique a priori austère, va trouver ici son bonheur : de l’Histoire contée comme un polar, un polar nourri de faits historiques.

Roger Martin lève un sourcil à chaque mort « providentielle » des amis des peuples. Emile Zola, par exemple. Il ne croit pas à sa mort accidentelle, il a mené sa propre enquête et a écrit un livre dont il a été rendu compte ici : « Il est des morts qu’il faut qu’on tue » (Editions Cherche-Midi, 2016. 538 pages, 21€).

Mais attention, sa rigueur lui interdit de tomber dans le « complotisme », défaut rédhibitoire dont il se garde dans son travail et dont il se démarque prudemment dans cet ouvrage pour couper l’herbe sous les pieds à tout mauvais inquisiteur : «  Point n’est besoin d’être complotiste pour estimer que trop de points sont entourés de mystère et de silence »(P. 127). Il y revient dans les dernières pages du livre : «  Contrairement à ce qu’on pourrait peut-être penser, je me méfie comme de la peste du complotisme » (p. 326).

Ces sages précautions prises en ces temps où le politiquement correct et le politiquement pensé paralysent les chercheurs de vérités, il évite également l’autre défaut, l’angélisme et il note que l’Amérique a été ébranlée par quatre assassinats marqués par « une grande part d’ombre et de mystère ». Ce sont ceux de John Fitzgerald Kennedy, Malcom X, Martin Luther King, Robert Kennedy.

Ce qui fait la force de ce livre, ce qui le rend inattaquable, ce qui en fait un document pour historiens, c’est que l’auteur confie avec parcimonie et prudence son opinion sur tant de choses qu’il expose, pour privilégier les faits, les documents, les témoignages.

On verra par exemple comment Roger Martin détaille, pratiquement minute par minute les derniers moments de vie de Martin Luther King, ce qu’il a fait, ce qu’il a dit jusqu’à 18h01 ce 4 avril 1968, dans sa chambre, puis sur le balcon du Lorraine motel à Memphis où une balle le frappait au visage, lui fracturait la mâchoire, la colonne vertébrale, lui lacérait l’artère vertébrale et la veine jugulaire, touchait la moelle épinière. Lui arrachait la vie.

On pourrait croire que Roger Martin était là à ce moment précis, comme tout au long des enquêtes et des interrogatoires comme dans les salles d’audience des tribunaux, comme dans les bureaux des services secrets. Un travail d’orfèvre.

«  Le Rêve brisé. Il y a cinquante ans tombait Martin Luther King », aux éditions De Borée. 327 pages, 21 €

Maxime VIVAS

EN COMPLEMENT :

Roger Martin parlant de Martin Luther King au micro de RTL le 22 mars 2018.

Blog de l’auteur : http://roger.martin.ecrivain.pagesperso-orange.fr/Html/Acc.htm

URL de cet article 33188
  

Même Auteur
Les Chinois sont des hommes comme les autres
Maxime VIVAS
Zheng Ruolin (Ruolin est le prénom) publie chez Denoël un livre délicieux et malicieux : « Les Chinois sont des hommes comme les autres ». L’auteur vit en France depuis une vingtaine d’années. Son père, récemment décédé, était un intellectuel Chinois célèbre dans son pays et un traducteur d’auteurs français (dont Balzac). Il avait subi la rigueur de la terrible époque de la Révolution culturelle à l’époque de Mao. Voici ce que dit le quatrième de couverture du livre de ZhengRuolin : « La Chine se (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

Le capitalisme est le génocide le plus respecté dans le Monde.

Ernesto Che Guevara.

Le fascisme reviendra sous couvert d’antifascisme - ou de Charlie Hebdo, ça dépend.
Le 8 août 2012, nous avons eu la surprise de découvrir dans Charlie Hebdo, sous la signature d’un de ses journalistes réguliers traitant de l’international, un article signalé en « une » sous le titre « Cette extrême droite qui soutient Damas », dans lequel (page 11) Le Grand Soir et deux de ses administrateurs sont qualifiés de « bruns » et « rouges bruns ». Pour qui connaît l’histoire des sinistres SA hitlériennes (« les chemises brunes »), c’est une accusation de nazisme et d’antisémitisme qui est ainsi (...)
124 
Analyse de la culture du mensonge et de la manipulation "à la Marie-Anne Boutoleau/Ornella Guyet" sur un site alter.
Question : Est-il possible de rédiger un article accusateur qui fait un buzz sur internet en fournissant des "sources" et des "documents" qui, une fois vérifiés, prouvent... le contraire de ce qui est affirmé ? Réponse : Oui, c’est possible. Question : Qui peut tomber dans un tel panneau ? Réponse : tout le monde - vous, par exemple. Question : Qui peut faire ça et comment font-ils ? Réponse : Marie-Anne Boutoleau, Article XI et CQFD, en comptant sur un phénomène connu : "l’inertie des (...)
93 
La crise européenne et l’Empire du Capital : leçons à partir de l’expérience latinoaméricaine
Je vous transmets le bonjour très affectueux de plus de 15 millions d’Équatoriennes et d’Équatoriens et une accolade aussi chaleureuse que la lumière du soleil équinoxial dont les rayons nous inondent là où nous vivons, à la Moitié du monde. Nos liens avec la France sont historiques et étroits : depuis les grandes idées libertaires qui se sont propagées à travers le monde portant en elles des fruits décisifs, jusqu’aux accords signés aujourd’hui par le Gouvernement de la Révolution Citoyenne d’Équateur (...)
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.