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Les forces d’occupation en Afghanistan appuient le trafic de drogue. L’alternative au pavot légal est un leurre.








L’aut’ journal, 8 juin 2007.


Les forces d’occupation en Afghanistan appuient le trafic de drogue, qui rapporte entre 120 et 194 milliards de dollars de revenus au crime organisé, aux agences de renseignement et aux institutions financières occidentales.

Les recettes de cette contrebande lucrative qui se montent à des milliards de dollars sont déposés dans des banques occidentales. La quasi-totalité de revenus reviennent aux grandes entreprises et aux syndicats criminels hors d’Afghanistan.

Le trafic de drogue du Croissant d’Or, lancé par la CIA au début des années 80, continue à être protégé par les services de renseignement US, en liaison avec les forces d’occupation de l’OTAN et l’armée britannique. Récemment, les forces britanniques d’occupation ont fait la promotion de la culture du pavot par des annonces de radio payées

« Un message radiodiffusé dans la province a assuré les paysans locaux que la Force internationale d’assistance de sécurité (ISAF), dirigée par l’OTAN n’interférerait pas dans la récolte en cours sur les champs de pavot. Personnes respectées du Helmand, les soldats de l’ISAF et de l’ANA (Armée nationale afghane) ne détruisent pas les champs de pavot », disait le massage. « Ils savent que beaucoup de gens en Afghanistan n’ont pas d’autre choix que de cultiver le pavot. L’ISAF et l’ANA ne veulent pas empêcher les gens de gagner leur vie. » (cité dans The Guardian, 27 avril 2007)

Alors que les annonces controversées sur l’opium ont été superficiellement rejetées comme étant une erreur malheureuse, tout indique que l’économie de l’opium est favorisée au niveau politique (y compris par le gouvernement britannique de Tony Blair).

Le Conseil de Senlis, une boîte à idées internationale spécialisée dans la sécurité et le politique, sous contrat avec l’OTAN, propose le développement des exportations licites d’opium en Afghanistan, en vue de favoriser la production des calmants comme la morphine et la codéine. Selon le Conseil de Senlis, « le pavot est nécessaire et, s’il est régulé correctement, il pourrait fournir une source licite de revenus aux paysans afghans appauvris tout en privant les seigneurs de la drogue et les Talibans d’une grande partie de leurs revenus. » (Globe and Mail, 23 septembre 2006).

Le Conseil de Senlis propose une solution selon laquelle « la production régulée de pavot en Afghanistan » pourrait être développée pour produire les calmants nécessaires. Le rapport de Senlis, cependant, n’aborde pas la structure existante des exportations licites d’opium, qui est caractérisée par la surproduction. La campagne de Senlis fait partie de la campagne de propagande. Elle a contribué à fournir une fausse légitimité à l’économie de l’opium de l’Afghanistan, qui sert en dernière analyse des intérêts privés puissants.

Quelle est la surface cultivée en pavot nécessaire pour approvisionner l’industrie pharmaceutique ? Selon l’Organe International de Contrôle des Stupéfiants (OICS/INCB), chargé d’examiner les questions liées à l’offre et à la demande en opiacés produits dans des buts médicaux, « l’offre en opiacés de ce type a pendant des années été bien au-dessus de la demande mondiale » (Asian Times, février 2006). Vu la surproduction, l’OICS a recommandé de réduire la production d’opiacés.

Actuellement, l’Inde est le plus grand exportateur légal d’opium, fournissant environ 50 pour cent de ventes légales aux entreprises pharmaceutiques impliquées dans la production d’analgésiques. La Turquie est également un producteur important d’opium licite.

Le latex de pavot de l’Inde « est vendu à des fabricants pharmaceutiques ou chimiques sous licence tels que Mallinckrodt et Johnson & Johnson, selon les règles établies par la Commission des Nations unies sur les stupéfiants et l’OICS, qui exigent une paperasse considérable. »

La superficie assignée à la culture de pavot licite sous contrôle de l’État en Inde est de l’ordre de 11 000 modestes hectares, ce qui suggère que la demande mondiale de l’industrie pharmaceutique requiert environ 22 000 hectares de terre pour cette culture. Il n’y a pas de pénurie d’opium pour l’usage pharmaceutique. La demande de l’industrie pharmaceutique est déjà satisfaite.

Les Nations Unies ont annoncé que la culture de pavot en Afghanistan a augmenté. Les surfaces cultivées ont augmenté de 59 % en 2006. On estime que la production de l’opium a augmenté de 49 % par rapport à 2005.

Les médias occidentaux blâment en choeur les Talibans et les seigneurs de guerre. Selon des responsables occidentaux, « le trafic est contrôlé par 25 trafiquants, dont trois ministres du gouvernement » (Karzaï) (Guardian, op. cit.).

Par une ironie amère, la présence militaire des USA a servi à reconstituer plutôt qu’à supprimer le trafic de drogue, qui a été multiplié par 21 depuis l’invasion menée par les É.-U. A. en 2001.

Ce que les médias omettent de rappeler, c’est que le gouvernement taliban avait été pour beaucoup dans la mise en oeuvre du programme réussi d’éradication de la drogue, avec l’appui et la collaboration de l’ONU, en 2000-2001.

Mis en application en 2000-2001, le programme d’éradication des Talibans a provoqué une diminution de 94 pour cent de la culture de pavot. En 2001, selon des chiffres de l’ONU, la production d’opium était tombée à 185 tonnes. Juste après l’invasion des É.-U. en octobre 2001, la production s’est accrue considérablement, regagnant ses niveaux historiques.

Le Bureau des Nations Unies sur les Drogues et la Criminalité (UNODC), basé à Vienne, estime que la récolte 2006 sera de l’ordre de 6100 tonnes, soit 33 fois le niveau de production atteint en 2001 sous le gouvernement taliban (3200 % d’augmentation en 5 ans). Les cultures ont occupé en 2006 165 000 hectares, contre 104 000 en 2005 et 7606 en 2001 sous les Talibans.

Selon l’ONU, l’Afghanistan fournit en 2006 environ 92 pour cent de l’offre mondiale d’opium, qui sert à préparer l’héroïne.

L’ONU estime qu’en 2006, la contribution du trafic de drogue à l’économie afghane est de l’ordre de 2.7 milliards de dollars. Ce qu’il ne mentionne pas, c’est le fait que plus de 95 pour cent des revenus de ce trafic lucratif reviennent aux syndicats d’affairistes, au crime organisé et aux institutions bancaires et financières. Un pourcentage très faible revient aux paysans et aux trafiquants dans le pays producteur.

Le montant des ventes au détail sur les marchés occidentaux serait supérieur à 120 milliards de dollars par an.

Le trafic d’opiacés afghans (92 pour cent de la production totale mondiale) constitue une grande part du chiffre d’affaires annuel mondial des stupéfiants, estimé par les Nations Unies à 400-500 milliards de dollars.

Si l’on se base sur les chiffres de 2003, la drogue constitue le troisième plus grand produit mondial en termes de revenus après le pétrole et le trafic d’armes.

L’Afghanistan et la Colombie sont, avec la Bolivie et le Pérou, les premiers pays producteurs de drogue dans le monde, qui alimentent une économie criminelle florissante. Ces pays sont fortement militarisés. Le trafic de drogue y est protégé. Il a été documenté que la CIA a joué un rôle central dans le développement des triangles latino-américain et asiatique de la drogue.

Le FMI a estimé que le blanchiment mondial l’argent se situait entre 590 milliards et 1500 milliards de dollars par an, ce qui représente de 2 à 5 pour cent du PIB global (Asian Banker, 15 août 2003).

Une grande part de l’argent blanchi mondialement, selon les estimations du FMI, est liée au trafic de stupéfiants, dont un tiers est lié au triangle de l’opium du Croissant d’Or.

Michel Chossudovsky


- Source : L’aut’ journal http://lautjournal.info




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