Le rédacteur en chef adjoint de Spécial Investigation ne sera pas liciencié

Non, M. Bolloré, tout n’est pas permis

SNJ-CGT

Dès l’annonce de la déprogrammation par Vincent Bolloré de l’enquête sur le Crédit Mutuel, en juin dernier, Jean-Baptiste Rivoire, rédacteur en chef adjoint de l’émission Spécial Investigation avait demandé des explications à la direction de Canal+.

Cette enquête sur la banque « mutualiste » qui évoquait un système d’évasion fiscale et de blanchiment d’argent organisé par la banque, par ailleurs partenaire financier du groupe Bolloré, avait été censurée sur demande de son dirigeant et ami de Bolloré, Michel Lucas. Finalement diffusée sur France 3 le 7 octobre, l’émission a bénéficié d’une importante audience.

La réponse de Bolloré, après la mise au pas des équipes de Canal+ (licenciement des directions intermédiaires et des auteurs des Guignols de l’Info, menace sur le zapping et de Patrick Menais son responsable) n’a pas tardé.

Convoqué à un entretien préalable, sans aucun motif écrit, en vue d’un éventuel licenciement le lundi 19 octobre à 15h, la direction de Canal+ a finalement informé Jean-Baptiste Rivoire qu’elle avait décidé de ne pas poursuivre la procédure initiée à son encontre.

En effet, le licenciement de J-B Rivoire, nommé représentant syndical CGT au comité d’entreprise de Canal +, aurait nécessité l’accord de l’inspection du travail. Sans parler de la tempête médiatique naissante que la direction de Canal+ a voulu éteindre…

Le recul de la direction de la chaîne concernant sa volonté de se débarrasser de M Rivoire est une première victoire. Cependant les multiples tentatives de M Bolloré de mise au pas des salariés (licenciements, censure, contrôle, etc) risquent d’accélérer le départ déjà amorcé des abonnés écoeurés de la disparition du défunt esprit frondeur de la chaîne dont un des slogans était « Canal+, la télé pas comme les autres ! »

Le SNJ-CGT apporte tout son soutien à Jean-Baptiste Rivoire qui a eu le courage de rejoindre notre syndicat et à l’ensemble du syndicat CGT Canal +.
Montreuil, le 20/10/2015.

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20/10/2015 21:07 par André

Hubert Fabri, l’ami belge de Bolloré, renvoyé en correctionnelle pour corruption

Déjà renvoyé devant le tribunal correctionnel de Bruxelles pour fraude fiscale, l’homme d’affaires belge Hubert Fabri fait désormais l’objet d’une même requête pour « corruption active ». En Guinée.

Nom : Fabri Hubert Maria. Né le 28 janvier 1952, à Uccle, riche commune de Bruxelles. Evadé fiscal en Suisse et réfugié derrière la structure offshore Socfin Sabang Anstalt, au Liechtenstein. C’est en commettant une « bête » erreur comptable, derrière les montagnes les mieux gardées d’Europe, qu’Hubert Fabri se serait attiré les foudres de la justice.
Mardi, la chambre du conseil de Bruxelles a renvoyé Hubert Fabri et plusieurs coinculpés devant un tribunal correctionnel pour des faits de « corruption active » qui auraient été réalisés en Guinée par Socfinco, une filiale du groupe Socfin que dirige l’homme d’affaires belge.
Un petit souci de plus pour le groupe Bolloré, puisqu’Hubert Fabri siège au conseil d’administration du groupe. C’est donc un homme de confiance du milliardaire français Vincent Bolloré qui est aujourd’hui dans la tourmente. Aux côtés de Fabri, et avec 38,7% des parts, Vincent Bolloré est l’un des deux principaux actionnaires du groupe Socfin établi à Luxembourg.
On peut dire qu’une tuile en a amené une autre. Début novembre, à Bruxelles, s’ouvrira un premier procès à risque pour l’associé de Bolloré et… la réputation du groupe. Fabri devra se défendre face à des accusations de fraude fiscale. Maudit Liechtenstein.

Englué dans les offshore

D’après nos informations, il semblerait qu’un banal paiement ait été encodé auprès d’une société au lieu d’une autre. Cette méprise aurait été constatée par le juge d’instruction Jean-Claude Van Espen, en charge du dossier fiscal mis à l’instruction en 2009. Au départ de soupçons de fraude fiscale, ce magistrat aujourd’hui retraité est tombé sur une affaire de corruption qui, on l’imagine, a provoqué quelques remous dans le microcosme politico-judiciaire belge. La Belgique n’a pas vraiment la réputation de poursuivre de tels faits de corruption, impliquant des fonctionnaires étrangers. Ce laxisme lui est d’ailleurs régulièrement reproché par l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) et Transparency International.
Selon les éléments connus du dossier, c’est la gestion comptable de diverses offshores qui a connu quelques petites défaillances et provoqué les ennuis judiciaires de ce roi du caoutchouc, très actif sur le sol africain. Quand le fisc belge reçoit, en 2008, la liste de 54 contribuables ayant des comptes à Vaduz auprès de la banque LGT (Liechtenstein), Fabri a dû forcément se souvenir de ce cafouillage mal contrôlé à… Guernesey, d’où le groupe Socfin a administré plusieurs de ses filiales offshore.

Un million d’euros

C’est la qualité de l’accueil sur le sol guinéen que les dirigeants de la Socfinco sont suspectés d’avoir acheté. Les paiements en question concernent une haute-fonctionnaire de Guinée, M.C., inculpée pour corruption passive et elle aussi renvoyée devant les tribunaux belges (on imagine qu’il sera compliqué de l’y amener…).
L’argent de la corruption, faisant l’objet des poursuites, est estimé à un million d’euros. Patronne d’une grande plantation dans son pays natal (une société à capitaux publics), M.C. n’aurait pas été la seule à bénéficier des faveurs du groupe présidé par Hubert Fabri. Plusieurs membres du gouvernement guinéen sont cités dans ce dossier nébuleux. Ils n’ont pas été inquiétés à ce stade.
L’enquête, top secrète, a connu un coup d’accélérateur quand les autorités suisses ont accepté de coopérer (partiellement) avec les enquêteurs belges. Les éléments à charge de Fabri et consorts comporteraient le détail des transactions ou retraits d’argent opérés via des banques en France, en Suisse ou en Belgique.
Selon nos informations, Vincent Bolloré, malgré le fait qu’il côtoie Hubert Fabri au conseil d’administration de plusieurs sociétés du groupe Socfin, notamment celles actives en Afrique, n’a jamais été entendu ni soupçonné dans ce dossier Socfinco.

Philippe Engels sur En attendant Médor, Le 15 octobre 2015

https://medor.coop/fr/en-attendant-medor/2015/10/15/hubert-fabri-bollore-corruption/

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