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« Porter… », disent-ils

Dans Le Grand Soir du 16 mai 2010, Jean-Michel Arberet écrivait ceci :

« Les mots aussi ont un camp !

Le dernier numéro de l’Humanité Dimanche fait sa une sur la crise du capitalisme, annonçant un dossier pages 8 à 23, sur lesquelles figure l’en tête "Spécial la crise du capitalisme." L’on ne peut que se féliciter de voir ainsi 16 pages consacrées à l’analyse de cette crise. Toutefois la lecture des différents articles apporte quelques surprises dans le choix de termes employés pour traiter de sujet. Le premier article commençait plutôt bien pourtant sur ce plan-là, puisque son auteur précisait le sens de l’adjectif systémique après avoir cité Nicolas Sarkozy qualifiant cette crise de systémique. Par contre à aucun moment dans ce dossier le terme capitalisme ne sera explicité cet oubli est d’autant plus regrettable que, si l’on s’en réfère au dictionnaire critique du Marxisme de Bensussan et Labica, « le capitalisme est tout à la fois un mode de production déterminé… et une série de formations économiques et sociales.. » Mais il n’est nullement besoin de cette précision puisque le terme de capitalisme n’est jamais employé dans cette série d’articles. Cette absence est équilibrée par l’absence du prolétariat de ce dossier. Par contre fleurissent les « peuples », les « catégories les plus modestes », « ceux qui en ont le plus besoin ». La notion de classe semble aussi absente malgré quelques apparitions des « classes moyennes » parfois « des classes populaires », la notion de classe allant jusqu’à disparaître au profit d’une « caste qui n’hésite pas à appauvrir la majorité des citoyens ». Seul visiblement Bernard Conte faisant référence aux Trente Glorieuses évoque le développement de « la classe moyenne surtout ouvrière ». Si l’on veut, comme Fernand Pelloutier donner au peuple la science de son malheur, il est plus que temps de cesser de parler, d’écrire et de penser avec les mots et donc les concepts de la classe dominante. De nombreux penseurs ont contribué à forger d’autres concepts : il y a urgence à s’en saisir. Dans la lutte des classes, les mots aussi ont un camp ! »

Je suis pleinement d’accord avec cette analyse.

Parler avec les mots de l’autre, c’est lui être soumis. Raison pour laquelle des groupes humains, pour des raisons politiques ou non, se sont créées leur propre langage pour se distinguer de la “ distinction ” (Bourdieu) : taulards, truands, marchandes des Halles, mineurs de fonds, cyclistes professionnels.

Je voudrais apporter ma contribution au débat en lançant une petite piste. Comme disait Hugo, la forme, c’est le fond qui remonte à la surface. Je dirai dans cette optique que les pratiques militantes ont commencé à avoir du mou lorsque – il y a dix, quinze ans, environ – les responsables politiques de gauche ont mis le verbe “ porter ” à toutes les sauces. D’abord les socialistes, puis les communistes, la CGT, même le NPA. La droite a suivi. Ainsi, on « porte une revendication », on « porte un programme », ce qui ne veut rien dire, mais ce qui fait très « partenaire social ». Comme si on portait des fleurs ou des escarpins. On a donc cessé de « défendre » une revendication (ou de la « soutenir »), on a cessé de vouloir « imposer » un programme.

Quand on fait passer des mots à la trappe, ce sont les idées que ces mots incarnent (et non pas « portent ») qui disparaissent.

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