Plein écran
22 commentaires

Que sont devenus les gens de bien ?

« 66% des français soutiennent l’intervention en Libye » - les sondages, il paraît.

Lorsque tout semble perdu, je m’invente parfois des consolations. Des consolations qui deviennent avec le temps comme des raccourcis saisissants vers une certaine réalité. Le genre de réflexion où je me dis, après coup, « finalement, ce n’est pas si bête que ça. » Comme celle-ci, par exemple :

« L’humanité a de la chance que la Chine ne soit pas dirigée par un Obama, ou un Sarkozy. Parce qu’avec 66% de 1,5 milliards, les tambours de guerre feraient un sacré boucan. »

* * *

Il fut un temps, un temps lointain, où le camp progressiste pouvait mobiliser un million de manifestants à Paris (...selon les organisateurs, et zéro selon la presse de l’époque) contre la présence de missiles en Europe. Le temps est passé et désormais la gauche applaudit aux tirs de missiles pour des raisons « humanitaires ».

Il fut un temps, un temps lointain, où la gauche s’opposait aux aventures militaro-colonialistes de la France. Pouvait-il en être autrement ? Je ne pensais pas vivre le jour où la réponse serait « oui » : la France, au moment de la rédaction de ces lignes, est impliquée dans 3 conflits armés (Afghanistan, Côte d’Ivoire et Libye) dans une sorte de consensus mou.

Il fut pourtant un temps, un temps très proche, à la sortie de la Seconde Guerre Mondiale, un certain Tribunal de Nuremberg avait conclu, édicté et gravé dans la pierre que faire une guerre « non provoquée » était le crime par excellence, le crime des crimes, celui qui englobe et entraîne tous les autres crimes. Sur ces bases-là , certains notables d’un régime belliqueux de l’époque furent pendus. Et aucun « je ne faisais qu’obéir aux ordres » ne réussit à attendrir le coeur des juges. Mieux : le Tribunal en profita pour préciser que l’argument ne sera jamais recevable. Jamais, on dit les juges. Et le Droit International et aussi le sens commun général y adhéra (le respect ou non de ce principe étant un autre débat).

Bien sûr, aucune guerre, aucune, n’a été menée sous un prétexte du genre « j’ai perdu le ticket de vestiaire de mon manteau et ils ne veulent pas me le rendre, allons le chercher ». Toutes les guerres, toutes, ont été déclenchées au nom des principes les plus sacrés, au nom de valeurs humaines les plus nobles, au nom de l’épuisement de toutes les autres options, au nom des cas de force les plus majeurs. Toutes ont été précédées, accompagnées et suivies par des rhétoriques adaptées à leurs époques et aux publics visés. Et toutes, 20, 30 ou 50 ans plus tard, se sont révélées pour ce qu’elles étaient.

Puisque tel a toujours été le cas, quelqu’un pourrait-il m’expliquer pourquoi quelque chose aurait subitement changé ? Y’aurait-il eu un mystérieux déplacement massif des plaques tectoniques de la géopolitique que je n’aurais pas remarqué ? Aurions-nous vu arriver une nouvelle génération de dirigeants, plus respectable et respectueuse que la précédente ? Ceux qui proposaient encore peu le « savoir-faire français » en matière de répression au dictateur Ben Ali, auraient-ils été pris d’un soudain remords ? Les grands médias ont-ils fait l’objet d’une épuration de tous ceux qui prétendaient, et prétendent encore, nous informer ? Nous serions-nous couchés avec un régime dont un ministre en exercice a été condamné deux fois pour propos racistes et réveillés avec une nouvelle équipe oeuvrant pour la paix dans le monde et l’amitié entre les peuples ?

Ou est-ce tout simplement que les salauds ont investi toutes les espaces de la vie publique française, politique, médiatique, économique et même culturelle ?

Nous sommes ici au sommet de la pyramide des crimes. Le crime de tous les crimes, le crime duquel découlent tous les autres et au-dessus duquel on ne trouve ni « terrorisme », ni « génocide », ni « pogrom », ni « lapidation », ni « nationalisation des ressources », ni « antisémitisme », ni « la volonté de rayer Israël de la carte », ni « rouge-brunisme », ni « dictature », ni même la version de Comme d’Habitude par Claude François, ou toute autre raison inventée et/ou évoquée. Parce que l’Histoire a tranché, même si l’Occident fait semblant de ne pas le savoir.

Accepter le crime des crimes, c’est accepter tous les crimes qui en découlent, en découleront et donc tous les prochains. Accepter le crime des crimes, au nom d’une intervention humanitaire, d’une opération de sauvetage de bébés dans des couveuses ou pour instaurer une démocratie constitue l’oxymoron le plus absolu.

S’agissant du plus abominable des crimes, le premier réflexe d’une personne ayant conservé quelques qualités morales et éthiques, est évidemment de se placer du côté du « refus », et le plus éloigné possible. En langage clair : s’agissant du crime des crimes, la position la plus « humanitaire » qui soit est celle d’une opposition déterminée et totale. Alors comment arrive-t-on à convaincre une population occidentale que le crime des crimes est une opération humanitaire ? La réponse, vous la connaissez, puisque vous l’avez vécu.

Aujourd’hui, des pans entiers des discours d’Adolf Hitler pourraient être subrepticement glissés dans les discours des dirigeants occidentaux actuels et on n’y verrait probablement que du feu. Mieux encore : on pourra bientôt les glisser en VO, sans même prendre la peine de les traduire, car la transition d’une des dernières interventions de Barack Obama sur la Libye (« Il y aura toutefois des occasions où, même si notre sécurité n’est pas directement menacée, nos intérêts et nos valeurs le seront. ») au plus laconique « Amerika über Alles » ne va pas tarder à se produire et offrira aux linguistes du futur un passionnant cas d’étude.

Le champion, toutes catégories et de loin, du crime des crimes qu’est la « guerre non provoquée » sont les Etats-Unis d’Amérique. Et ce n’est pas l’antiaméricain qui fait ce constat, mais au contraire ce constat qui fait l’antiaméricain - d’un antiaméricanisme non pas « primaire » mais revendiqué, raisonné, justifié, serein, assumé et total. Le deuxième du classement du crime des crimes est l’état d’Israël. Et ce n’est pas l’antisioniste qui fait ce constant, mais au contraire ce constat qui fait l’antisioniste - d’un antisionisme non pas « primaire » mais revendiqué, raisonné, justifié, serein, assumé et total. (Au fait, quand est-ce que le cri de ralliement « Non à l’Apartheid » a-t-il été supplanté par « vous ne seriez pas antisémite, des fois ? »).

Il fut un temps, un temps lointain, où la gauche s’appelait, et se faisait appeler dans les médias, « la gauche ». Une époque où la droite n’osait pas se qualifier ainsi et préférait s’appeler, et se faire appeler dans les médias, « la majorité ». Aujourd’hui, la droite revancharde s’appelle « la droite » et la droite libérale préfère s’appeler, et se faire appeler dans les médias, « la gauche ». A destination des plus vieux d’entre nous qui ont encore la mémoire de ce temps jadis, on emploiera plus volontiers le terme de « gauche moderne » pour expliciter à ces retardés que « les temps changent, faut s’adapter, quoi ».

S’adapter, je n’ai rien contre. J’ai un téléphone portable, un ordinateur. J’ai même ma page Facebook où j’attends encore des amis. J’écoute du rap pour avoir un sujet de conversation avec mon fils. J’ai décroché le portrait de Lénine et remplacé par une litho signée « Ben » (nan, j’déconne). J’ai même fait la paix avec certains militants de Lutte Ouvrière. Et j’ai bien compris que la classe ouvrière avait disparue (quoique) et que nous sommes au temps du « tertiaire », les services, les services, rien que les services (à qui ? sera la question posée probablement un chouia trop tard).

Que leur faut-il de plus ? Que j’applaudisse à l’intelligence de leurs bombes ?

D’un autre côté, comment être encore « de gauche » lorsqu’on se contente d’observer le monde à travers les filtres des médias les plus réactionnaires, monopolistiques, influentes et « désinformantes » qui soient ? L’illusion de la « liberté » de l’Internet montre encore ses tristes limites. L’information est à portée de click mais l’explication demeure hors de portée pour aboutir à une sorte de « tout savoir et ne rien comprendre ».

Il n’en a pas toujours été ainsi. Les médias de masse, ces chevaux de Troie de la bêtise, pouvaient encore être contrés par mille et une petites astuces et actes de résistance. La « culture ouvrière » qui concrétisait les réalités économiques abstraites, quelques médias dignes de ce nom (en gros, la « presse communiste », mais pas que...), et même les expériences vécues (ces fameuses choses « une fois vues qu’on ne peut plus voir » dixit Arundhati Roy). Et surtout la voix, le courage et l’exemple de tous ces gens de bien que nous côtoyions tous les jours, tous ceux dont on pensait « arriverons-nous à leur ressembler un jour ? ».

Ne soyez pas étonnés par ce léger malaise qui vous saisit, ce n’est que l’effet produit par ces milliers et milliers de camarades qui se retournent dans leurs tombes. Alors quitte à les avoir réveillés, autant leur donner la parole :

« Citoyens,

Ne perdez pas de vue que les hommes qui vous serviront le mieux sont ceux que vous choisirez parmi vous, vivant votre vie, souffrant des mêmes maux. Défiez-vous autant des ambitieux que des parvenus ; les uns comme les autres ne consultent que leur propre intérêt et finissent toujours par se considérer comme indispensables. Défiez-vous également des parleurs, incapables de passer à l’action ; ils sacrifieront tout à un beau discours, à un effet oratoire ou à mot spirituel. Evitez également ceux que la fortune a trop favorisés, car trop rarement celui qui possède la fortune est disposé à regarder le travailleur comme un frère. Enfin, cherchez des hommes aux convictions sincères, des hommes du peuple, résolus, actifs, ayant un sens droit et une honnêteté reconnue. Portez vos préférences sur ceux qui ne brigueront pas vos suffrages ; le véritable mérite est modeste, et c’est aux électeurs à choisir leurs hommes, et non à ceux-ci de se présenter. Citoyens, Nous sommes convaincus que si vous tenez compte de ces observations, vous aurez enfin inauguré la véritable représentation populaire, vous aurez trouvé des mandataires qui ne se considèrent jamais comme vos maîtres.

Le Comité Central de la Garde Nationale »

Texte de l’affiche apposée avant l’élection de la Commune de Paris, 25 mars 1871.

Car il fut un temps, un temps oublié, où les progressistes comprenaient assez naturellement pas mal de choses.

Viktor Dedaj
« pourquoi "vieux jeu" ? Les règles du jeu ont changé depuis ? »

Print Friendly and PDF

COMMENTAIRES  

12/04/2011 09:45 par boloss

Bonjour
Merci pour cet article, hélas pour les gens biens, autrefois ils existaient, pour de ce qu’est intervention, il n’y en a jamais eu d’intervention, les grandes puissances n’ont aucun principe seulement des interets, et le cote qui s’opposait à cela n’existe plus, ce qu’on voit aujourd’hui ne sont pas des gens de gauches mais seulement des impostures opportunistes pour faire semblant que le. cote gauche existe toujours, nos médias enfins je veux dire journalistes ce n’est pas la vérité qui les motive seulement la belle carrière prometteuse qui les attends, quand on est accroché à ce bas monde quand on fait partie de la matrice on ne pourra jamais risquer sa vie pour déceler une verite qui sera et qui est la première victime ! Amicalement

12/04/2011 10:08 par kounet

Oui, hélas, partout, le terrain est occupé par les malfrats, les gens honnètes n’ont pas la parole, la gauche s’est fourvoyée au point que parmi tous ces gens qui se présentent aux suffrages, aucun ne correspond .
Le monde va mal et on ne voit pas comment il pourrait aller mieux .
Affligeant, désespérant .

12/04/2011 13:27 par Anonyme

Concernant la raison des guerres, E. Hemingway a, à mon sens, tout résumé dans une seule phrase :

"Never think that war, no matter how necessary, nor how justified, is not a crime."

"Ne pensez jamais que la guerre, peu importe à quel point nécessaire ou justifiée, n’est pas un crime."

Concernant la classe ouvrière, je ne crois pas à sa disparition en tant qu’objet social. Je pense plutôt que le capitalisme a réussi à masquer a elle-même son existence. La classe capitaliste a, elle, en a tout à fait conscience et de la lutte.
Warren Buffet ne déclarait-il pas au New York Times en 2006 :

"There’s class warfare, all right, but it’s my class, the rich class, that’s making war, and we’re winning."

"Il y a une lutte des classes, d’accord, mais c’est ma classe, la classe riche, qui la fait, et nous sommes en train de gagner."

12/04/2011 17:34 par pascal sacré

"« 66% des français soutiennent l’intervention en Libye » - les sondages, il paraît."

’Les statistiques sont comme les bikinis, ça donne une idée, mais ça cache l’essentiel’

’Ce n’est pas parce qu’ils sont nombreux à avoir tort qu’ils ont raison.’

Coluche

 ;-)

12/04/2011 18:08 par Vania

Bonne réflexion M.Dedaj.Je pense que le problème s’explique, en partie, par les discours ÉDULCORÉS d’Obama et son équipe (Sarkozy etc) qui sont très NÉFASTES,car ils arrivent à convaincre une plus grande partie de l’opinion publique. La classe dirigeante "bildenbourgeois" (Sorros etc) a compris qu’il fallait bannir les discours brutaux de Bush, pour ainsi "convaincre" l’opinion d’accepter l’inacceptable : les crimes et LA VIOLENCE comme seuls moyens pour résoudre les problèmes !!C’est lamentable !!Et les jeunes dans tout ça ??...ils sont aujourd’hui des enfants "clients" victimes de grand-mère "marketing" trop occupés avec leurs "gadgets" et autres somnifères du marché pour se réveiller et AGIR !

12/04/2011 19:01 par Anonyme

Les sondages mentent !

12/04/2011 20:15 par milela

Je partage parfois le sentiment de vivre dans un monde sans issue auquel tout le monde applaudit. Le plus oppressant c’est sans doute cette condamnation manichéenne unanime de tout ce qui ne pense pas comme la norme, on tue les dissonants à coups de syllogismes faciles qui les conduisent ainsi de la critique du capitalisme à l’antisémitisme ou au fascisme. Je reviens d’un voyage en Andalousie où j’ai pu voir exhumer les corps de centaines de disparus victimes du franquisme et lire avec effroi la pudeur de la symbolique utilisée par les victimes pour rendre un dernier hommage à leurs morts sans froisser les bourreaux. Le sentiment profond que rien n’est terminé m’a traversée, comme il traverse encore beaucoup de gens qui vivent dans la terreur, chuchotent encore pour parler de ces horreurs, terreur de voir surgir avec les masques de la semaine sainte les vieux démons du passé. Le temps des assassins n’est pas loin.

12/04/2011 22:23 par Roland

Je pense qu’il faut rester aussi réservé que d’habitude sur ce chiffre. Quelle est la question à laquelle on répond, tout ce genre de choses... Ce qui me semble beaucoup plus révélateur c’est le nombre de réactions hostile à la guerre sur des sites biens tels que le Figaro, le Point etc . C’est cela qui est le plus intéressant.

12/04/2011 23:10 par Dominique

Il y a quelque chose de nouveau (enfin, pour moi !) dans le comportement de nos dirigeants publics comme privés, c’est l’irresponsabilité avouée et parfois même revendiquée.

On entend constamment les ministres dénoncer leur propre incurie sans même sans rendre compte. Ainsi le ministre du logement proteste contre le manque de logements et le prix des loyers comme si cela n’avait rien à voir avec lui. La ministre de l’économie s’insurge contre la spéculation et les mauvaises pratiques des banques comme si elle était dans l’opposition. Le ministre du budget dénonce les problèmes fiscaux et les fraudes fiscales comme s’il n’était pas au gouvernement et tout le gouvernement se plaint des dépenses de l’état comme si d’autres qu’eux vivaient comme des princes aux frais des contribuables.

Dans le privé c’est pareil, les grands patrons comme carlos B à Renault n’y sont pour rien quand leur entreprise déconne et continuent de percevoir des salaires pharamineux et d’être considérés par les médias et le gouvernement comme des personnes qui les méritent pour leur immense compétence...

Je crois qu’en termes clinique cela s’appelle de la schizophrénie. Mais pour que personne ne relève cette anomalie de comportement, il faut que toute la société la partage.

Un gouvernement malade, des dirigeants malades, un système malade et des alliés malades correspondent à une société malade...

13/04/2011 02:38 par JA

Les gens de bien ont commencé à passer trop de temps devant leur télé, ce qui a un petit peu rabougri leur cerveau.

Bon allez on ne va pas se décourager. Notre société a peut-être juste besoin de toucher le fond pour se réveiller. On y arrive, patience.

« Là où croît le péril, croît aussi ce qui sauve. » [ F. Hölderlin ].

13/04/2011 08:25 par Marie

Excellent article !

Que je partage totalement et j’ai aussi cette rage au ventre qui me tient, pas seulement contre Sarko, Juppe, la Gauche bien pensante, Obama, je suis en colère parce qu’il n’y a personne dans les rues pour refuser, dénoncer et s’opposer à ces guerres !

On bombarde c’est normal, banalisé....quel horreur ! quel malaise !
Où va t on mes amis, frères, camarades ?

Et toutes ces femmes et hommes politiques de droite (sans surprise) mais de gauche aussi dans ce concensus !

Alors que les manifestations anti guerre se succèdent aux Etats Unis nous que faisons nous !

13/04/2011 08:58 par Fred.D

Ce pourcentage doit sans doute ressembler à celui pour la peine de mort. Hier on allait au gibet pour profiter du spectacle, aujourd’hui on le voit dans le petit écran, et quel pied !...

Jetez vos télés par la fenêtre (faites attention aux gens en dessous quand même).

13/04/2011 09:04 par Anonyme

Jetez vos télés par la fenêtre (faites attention aux gens en dessous quand même)

.

Sauf si les passants sont des administrateurs du GS. Ils ne sortent pas sans leur casque depuis qu’Article XI leur a promis des coups de manche de pioche s’ils mettent le nez dehors.

Il peut pleuvoir des télés, ils croient qu’il grêle. Et en plus, ils ricanent. Sont agaçants !

13/04/2011 10:14 par emcee

Je suis d’accord avec Viktor : où sont les pacifistes ?

Où sont passés ces progressistes qui ont applaudi au discours de Villepin contre la guerre en Irak et qui, aujourd’hui, approuvent (ne serait-ce que tacitement) l’invasion d’un autre pays avec le même conditionnement que pour le précédent, et des moyens en armes bien supérieurs pour une population de 8 millions d’habitants (contre 30 millions en Irak) ?

En Irak, il s’agissait de la guerre des US, sorte de revanche personnelle de la première guerre du Golfe, aujourd’hui, c’est une coalition internationale qui s’y colle, avec l’ONU, l’OTAN, la France, la Ligue Arabe, que sais-je encore - que du beau linge.

Et pour quel objectif proclamé ? Porter secours à un mouvement "révolutionnaire" dont les représentants officiels à l’étranger sont d’anciens hauts responsables libyens - un peu comme si la population française se soulevait contre sarkozy et acceptait d’être représentée par Juppé et Fillon entrés en dissidence dès les premiers jours de l’insurrection - et protéger la population des bombes de Kadhafi (ceci, en larguant des tonnes de bombes dévastatrices sur le pays).

Il y a tout de même quelque chose qui m’échappe dans cette intervention humanitaire.

Ah, oui, j’allais oublier, il y a un dictateur à renverser - un indiscutable dictateur, un fou furieux qui fait tirer sur sa propre population. Et on sait comme nos démocraties occidentales détestent les dictateurs qui font tirer sur leur propre population.

Pourtant, ce n’est pas comme si nous n’avions pas d’exemples multiples des bienfaits de l’invasion d’un pays souverain par une coalition internationale : l’Irak, l’Afghanistan, le Pakistan (partiellement et en dégât collatéral) et d’autres, ne cessent de nous remercier d’être venus protéger la population, instaurer la démocratie et les droits de l’homme, et imposer l’égalité hommes-femmes, tout comme chez nous.

Curieux alors, devant tant d’incohérences, devant la duplicité évidente de cette "communauté internationale", que ce soit ceux qui s’opposent à cette intervention armée jusqu’aux dents qui soient condamnés pour "soutenir un dictateur".

Faisons simpliste évidemment, pourquoi toujours compliquer les choses : le raisonnement binaire à la Bush a fait des émules jusque dans les rangs des "progressistes" : "soit tu es avec nous, soit tu es contre nous", l’axe du Mal et du Bien, quoi, l’abominable dictateur arabo-musulman contre le gentil démocrate occidental pétri de chrétienté et donc, d’amour du prochain, dont la vocation est de voler au secours des opprimés.

Oui, finalement, ça doit être ça. Et nous, bêtement, on ne le voit pas.

13/04/2011 18:46 par Jokarus

Merci pour cet article.
Au delà des idées politiques, de TOUS ce qui nous divise en fait, je suis persuadé que pour être un "homme bon" pour ses semblables, il faut avoir un VISION GLOBALE, cesser de tomber dans le piège de la division, justement, cesser de ne penser qu’à sa meute (sa famille, ses amis).
LA SEULE MEUTE QUI EXISTE ET QUI IMPORTE EST LA NOTRE : L’ESPECE HUMAINE, QUELQUE SOIT SA RACE !
Je crois résolument dans ce concept.
Nous sommes tous tellement inter-connectés, inter-dépendants de nos jours.
Il faut bien sûr un maximum d’empathie pour avoir ce ressenti, cette appartenance au groupe.
Cela permet d’écarter tout endoctrinement , dogme et autre asservissement et de révéler toutes ces inepties, absurdités que nous subissons au quotidien ( et qui nous paraissant tellement évidentes et indispensables comme l’armée).
C’est dans la nature humaine que de choisir, de défendre sa meute.
Nous sommes au quotidien, en mode de séduction pour bien montrer son appartenance à tel ou tel groupe.
L’éthologie permet de bien comprendre nos comportement instinctifs
et enfin de réaliser qu’ils représentent le pire obstacle à notre intelligence.
Je rêve d’un monde ou chaque individu ait une conscience du collectif, de son espèce, ou le bien le plus précieux soit la vie, la vie d’un être humain.
Il faut s’élever !
Il existe un texte que l’on appelle "la déclaration universelle des droits de l’homme(celle de 1948, violée au quotidien). Et bien je rêve d’un autre plus constructif : le précis du relationnel humain, appris aux gamins le plus tôt possible et cela, dans tous les pays du monde.
Le changement ne se fera pas par nous mais par ces nouvelles générations, éveillées le plus tôt possible.
Tout cela vous paraît sûrement bien utopique, irréalisable ?
Et bien j’y crois.
Marre de toujours devoir prendre parti contre moi-même au final !
Pensons avec nos coeurs et nos tripes !
A bon entendeur...

13/04/2011 19:08 par Maryvonne Leray

Les gens de bien, sont restés bien, il est là le problème. Bien sous tout rapport. Bien polis, bien rangés,bien calme (on dit zen)parfois bien payé ( et là il faut être plus bien que bien), tout est bien et tout va bien pourvu que l’on garde la tête dans le sac. Bien propre sur soi, bien dans sa tête, assoiffés de bien être. Quelques uns sont même marchand de biens... tout se vend aujourd’hui même le bien.

Ils sont pour l’humanitaire, l’écologie, heureux de vivre dans le pays des droits de l’homme, fiers d’avoir fait une révolution il y a 222 ans...

Non vraiment tout va bien, pourvu qu’on vienne pas me faire ch... et qu’il n’y ait pas trop d’arabes dans ma rue. Il vont bien les gens de bien je vous assure...

Il ont seulement oublié de devenir .

13/04/2011 20:08 par EW

Ici encore le peuple apparaît comme un mouton de panurge auquel on aura greffé un système neuronal d’huitre famélique... Mais le peuple est souverain, toujours, ceci sont ses règles et cela sont ses lois ; ceux qui ont tentés de le détourner de ses choix ont au mieux étés ignorés et au pire morts dans l’indifférence générale. (vous pouvez intervertir mieux et pire sans aucun problème)

Ce qui reste de gens de biens se résume à un amas d’illuminés de tous bords incapables d’accorder leurs divergences assez longtemps pour mériter ne serai-ce que le titre de "mouvement". Amas donc qui a une probabilité de voir ses rêves d’humanité se concrétiser à peu près inversement proportionnelle à sa foi aveugle dans le triomphe du bien sur le mal, tatata ! (Oue, je fais vachement bien l’exclamation dramatique). Je ne jette pas la pierre, comptez moi parmi ceux-là .

Alors quoi, de l’espoir ? Peau de chagrin jetée sur le feu d’une réalité sans échappatoire aucune ; les gens de bien sont des esclaves comme les autres, le bien n’est pas rentable.

D’aucuns disent que l’époque n’est plus aux héros (les gens de bien n’en sont-ils pas ?), c’est faux, c’est juste que se faire éclater dés la seconde où on touche les plates-bandes des "puissants" (dont la puissance provient in fine du peuple, cqfd) ne couvre de gloire que la surface sur laquelle le héros se meurt dans un dernier râle de détermination (tatata ?) ; un bon héros est un héros mort et ça nous en fait un paquet dont la vaine lutte n’a fait que détourner, par lassitude, l’attention du peuple du bien, le bien étant implicitement déclaré cause perdue.

Il est facile alors de sombrer dans le on va tous crever, même si bien sûr c’est foncièrement indubitable ce n’est pas tout à fait exact, il serait plus judicieux de dire : on va tous crever comme des cons, les gens de bien en premier.

Que sont devenus les gens de bien ?

Pour répondre à cette question, répondons à celle-là  :

Quelle place réservons nous aux gens de bien ?

Morituri te salutant.

14/04/2011 19:27 par Eddie

Les résultats de l’expérience d’obéissance de MILGRAM, reprise dans diverses parties du monde et à différentes époques, montrent un taux d’obéissance de 61 à 66% des populations à une quelconque autorité qui peut être un supérieur hiérarchique, des médias, des parties politiques...Entre 24 et 29% sont de simples non obéissants, et 10% sont des réfractaires à toutes autorités.
Voilà l’explication des 66% des français qui soutiennent l’intervention en Libye. Et d’ailleurs notre "démocratie" repose uniquement sur le bourrage de crâne, via les médias asservis, de ces 61 à 66% d’obéissants.

15/04/2011 08:25 par lola07

Un grand Merci,

Ca fait du bien de lire ca.Je me sentais bien isolée !!!

15/04/2011 12:56 par Isabel

à Jokarus : Le poids des mots est impressionnant, veillons donc à ne pas diffuser des concepts que nous combattons. Le racisme n’est possible que parce qu’il intègre un énorme mensonge biologique, l’existence des races différentes chez les humains. Il n’y a qu’une seule race, la race humaine !!!

13/05/2011 15:50 par Skiloper

Bonjour

Sale race d’ailleurs que la race humaine !
Une des rares, avec certaines sociétés d’insectes, qui pratique la guerre totale !

Bon ce mouvement d’humeur passé, c’est pour moi un grand plaisir de rencontrer des gens de bien, un peu partout dans les couches sociales, justement parce qu’ils sont rares. Et en général ils font ce qu’ils doivent faire, le mieux possible, en dépit, ou malgré les gens et le système avec lesquels il doivent vivre.

Gardez courage, et comme le colibri de Rabbi : faites votre part !
Que faire ?

Cordialement.

23/10/2012 14:57 par antimatière

Bonjour,
Et aujourd’hui ?
Pour qui avez-vous voté ?
Pour Fabius ?
Et qu’est-ce qu’il fait Fabius ?
Le bien ?

(Commentaires désactivés)
 Twitter        
 Contact |   Faire un don
logo
« Informer n'est pas une liberté pour la presse mais un devoir »
© CopyLeft :
Diffusion du contenu autorisée et même encouragée.
Merci de mentionner les sources.