14 

Renaissance du socialisme ? Ce que nous promet le "siècle chinois"

« Seul le socialisme peut sauver la Chine » affirmait le fondateur de la Chine moderne, Mao Zedong, voici maintenant plus de 70 ans. A la vérité le problème, par rapport à 1949, s’est renversé : depuis l’échec de l’URSS, la conversion des démocraties populaires d’Europe au néolibéralisme, la chute de presque tous les régimes socialistes du tiers-monde, ces idéaux égalitaires sont mourants. Il faut dire aujourd’hui : « Seule la Chine peut sauver le socialisme ».

À une époque où les inégalités explosent dans presque tous les pays, où l’on constate partout les impasses du court-termisme et de la démagogie démocratiques, où chacun a pris conscience de l’ampleur de l’effondrement environnemental en cours, le monde a besoin de solutions alternatives au « laisser-faire » capitaliste. Il faut que des formes de planification à long terme, d’allocation plus rationnelle des ressources, de rationnement équitable prennent le relais du catastrophique modèle néolibéral de la croissance sans fin. En un mot, le socialisme doit revenir à l’ordre du jour.

Le socialisme a mauvaise presse. Dans les nombreux pays où l’expérience collectiviste a été tentée, elle a toujours fini par échouer à plus ou moins brève échéance. Il faut se rendre à l’évidence, nous explique-t-on : le socialisme « ça ne marche pas ». C’est oublier un peu vite les succès incroyables de pays sortis en un temps record du sous-développement. C’est oublier, surtout, la guerre totale, le blocus économique et le pilonnage médiatique menés contre eux par « le monde libre ». Aucun pays socialiste n’a eu le loisir de se développer en paix. Reste l’exception chinoise : celle qui confirme la règle. Depuis quarante ans, le socialisme à visage chinois vole de succès en succès.

« Mais la Chine n’est pas socialiste ! » vous rétorquera-t-on. « Depuis la Réforme et l’Ouverture de Deng Xiaoping, la Chine accueille capitaux occidentaux et technologies étrangères, abaissant le pavillon de l’idéologie maoïste, elle a libéralisé son économie, autorisé la propriété privée, orchestré une explosion de la consommation, s’est intégrée au commerce global et à la finance mondiale. Elle n’a plus de socialiste que le nom ! »

Si, répond Alice Ekman, chercheuse au CNRS, dans Rouge vif, l’idéal communiste chinois (2020) un ouvrage qui a le mérite de faire fi des étiquettes superficielles pour s’appuyer avant tout sur des définitions et des constatations (« renoncer à l’idéologie pour partir des faits », prônait Deng Xiaoping). Elle fonde sa démonstration sur 10 constats simples. Fondements du communisme toujours présents, symboles du maoïsme toujours là, volonté du PCC de gérer le quotidien des individus, parti unique désireux de renforcer son emprise sur l’économie nationale (au lieu de la réduire, comme le voudrait l’idéal friedmano-hayékien), etc débouchant sur cette conclusion provisoire : la Chine est et reste un pays communiste, c’est-à-dire dirigé par le PC et ayant vocation à exporter ses méthodes et ses approches. Le progressif raidissement des positions chinoises est la conséquence de l’extravagante guerre de propagande que mènent à ce pays les Etats-Unis et qui a culminé avec l’épisode Trump.

L’affrontement sino-étasunien avait commencé sur le terrain relativement inoffensif de la concurrence commerciale, avant de s’étendre à l’économie (part croissante du PIB mondial), à la technologie (part dominante des brevets mondiaux), à la géopolitique (domination de l’espace eurasiatique), déjà nettement plus stratégiques, mais n’excluant pas encore absolument la coopération. Désormais nous assistons à l’ouverture du front idéologique : la Chine veut faire mentir Fukuyama. C’est en soutien à cet effort que la diplomatie chinoise tisse avec des moyens toujours plus importants un « cercle d’amis » appelé à concurrencer l’empire étasunien.

Selon Alice Ekman, « trois développements permettent d’affirmer que la Chine souhaite promouvoir un système politique et économique spécifique dans le monde, qui s’inspire de son système national ». Il s’agit en résumé de sa rhétorique officielle, de plus en plus critique vis-à-vis des modèles occidentaux traditionnels, de l’activisme diplomatique coordonné qu’elle déploie en toute occasion auprès de toutes les institutions internationales, et enfin des grands projets d’infrastructures (routes, ports, chemins de fer, mais aussi banques et institutions internationales) qu’elle conduit aux quatre coins du monde.

On peut ajouter à cela l’exemple récent de la crise mondiale du Covid : alors que la Grèce et l’Italie étaient les premiers pays de l’UE touchés, leurs voisins se barricadèrent chacun derrière ses frontières, tandis que les États-Unis annonçaient à l’avance qu’un futur vaccin serait réservé à leurs ressortissants, et c’est de Chine qu’est venue d’abord l’aide, rapide et efficace. D’où cette constatation, brandie le plus souvent avec horreur par les têtes pensantes de la presse occidentale : le modèle chinois du « destin partagé » commence à séduire une partie de la population mondiale, et notamment (surprise ?) dans des pays de tradition démocratique. Faut-il s’en s’effrayer de ce nouveau "virus chinois" ?

Pour mieux comprendre les « valeurs asiatiques » que voudrait propager la Chine, une analyse intéressante est offerte par Cyrille Javary (Souplesse du dragon, 2002). Il insiste sur le fait que l’on ne peut pas comprendre ni interpréter correctement la culture et l’esprit chinois à partir de référents euro-centrés. Les Chinois, nous rappelle-t-il, ne se sont jamais passionnés comme les Européens sur les questions métaphysiques, celle des origines ou de l’au-delà. Contrairement à ces derniers, les descendants de Laozi et Confucius n’ont pas non plus formaté leur esprit à des raisonnements mathématiques binaires vrai/faux, ouvert/fermé, bon/mauvais. Au lieu d’en conclure (en bon Européen sûr de l’universalité de ses valeurs) qu’ils ont fait historiquement fausse route, Cyrille. Javary explicite la logique « graduée » du Yin et du Yang qui ne sont pas contraires mais complémentaires et comprennent chacun une parcelle de l’autre.

Le Yi Jing (Classique des Changements) abondamment cité, résume tout cela en une phrase : « La seule chose qui ne changera jamais est que tout change tout le temps ». A la question du pourquoi, si européenne, si fertile en théories et en suppositions invérifiables, les Chinois préfèrent celle du comment, tellement plus pragmatique et productive. C’est ici que se trouve peut-être la clé de la différence entre le Consensus de Washington et celui, en gestation, de Pékin.

Le consensus de Washington, on s’en souvient, c’est l’ensemble de recettes de l’orthodoxie économique et financière que l’Occident entend imposer à lui-même et au monde entier. Ouvrir tous les marchés à la concurrence étrangère, privatiser tous les secteurs économiques, lever les barrières tarifaires, accepter l’hyperinflation et/ou le chômage de masse comme les signes avant-coureurs d’un inévitable retour à l’équilibre et à la prospérité... à une échéance non précisée. A ces approches parfois efficaces mais socialement brutales voire contre-productives, la méthode chinoise préfère celle dite « tâter les pierres sous le courant » qui se résume par : la stabilité à tout prix, quitte à avancer lentement ; inventer un cheminement adapté à ses propres conditions et situations ; fixer un cap à long terme. Autant dire le contraire exact de la thérapie de choc du FMI et de la Banque mondiale qui préconise justement, ainsi que l’a parfaitement décrit Naomi Klein (The Shock Doctrine, the Rise of Disaster Capitalism, 2007) (La Stratégie du choc : la montée d’un capitalisme du désastre), la prise aussi rapide que possible de mesures draconiennes et irréversibles.

Que doit-on attendre de ce « siècle chinois » qui s’ouvre, à en croire la majorité des éditorialistes patentés ? Selon eux, bien sûr, l’émergence de la Chine représente une menace terrible. Pourtant il y fort à parier qu’il sera bien plus paisible que le « siècle américain » qui se referme.

Tout d’abord parce que la Chine ne vise pas la domination au sens étasunien. Une puissance insulaire (comme les Etats-Unis) ne se sent ni menacée ni concernée par les malheurs et les calamités qui frappent des pays éloignés. Puissance continentale, la Chine est au contraire historiquement préoccupée de la stabilité de ses voisins, tout désordre d’abord lointain pouvant rapidement se traduire par des menaces sur ses frontières. Et dans le contexte moderne, tous les pays sont voisins. Il est frappant d’observer le contraste qui existe entre l’activisme politique des Etats-Unis, sans cesse occupés à saper les systèmes politiques étrangers par des sanctions économiques et en y fomentant révoltes et soulèvements, et la sage retenue de la Chine qui se borne à d’amicales relations commerciales ou de coopération stratégique avec les pays qui en ont le désir.

Deuxièmement, en contraste avec le riche passé de pillage de ressources et d’aventures militaires intercontinentales des Étasuniens, la Chine est toujours restée concentrée sur ses problèmes intérieurs, les seules exceptions portant sur quelques différends frontaliers assez mineurs. Contrairement aux Etats-Unis qui revendiquent ouvertement un droit d’ingérence dans les affaires du monde entier, quitte à malmener à l’occasion l’ONU et le droit international, la Chine s’engage en toute occasion pour l’égalité des droits entre nations, le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et le primat de l’ONU dans le règlement des conflits.

Troisièmement, la Chine est une civilisation historiquement habituée à gérer l’égalité dans la diversité. La Chine a su au cours de son histoire organiser la cohabitation de peuples historiquement divers, contrairement au melting pot étasunien construit sur le génocide de la population d’origine et l’esclavage de populations africaines. Une compétence historique qui pourrait s’avérer cruciale pour l’avenir du monde globalisé.

Quatrièmement, contrairement aux deux millions et demi d’immigrants arrivés d’Europe sur un continent vierge aux ressources illimitées où ils forgèrent leur idéal d’expansion économique infinie, la Chine a de tout temps dû composer avec la surpopulation, le manque de ressources naturelles, la gestion de la pénurie. Une expérience historique qui arrive elle aussi à point nommé dans un monde surpeuplé dont on découvre aujourd’hui la finitude.

Enfin, cinquièmement, le système politique de la Chine, fait de planification et de concertation (aux niveaux district, commune, région, province et national) est le seul capable de s’appliquer dans le long terme à des populations immenses et variées telles que la sienne. A comparer au bilan des « grandes démocraties » : des politiques économiques en permanent affrontement, inféodées aux multinationales qui entraînent désindustrialisation, chômage de masse et mécontentement populaire. Un cirque électoral qui désorganise régulièrement les pays en faisant naître des promesses irréalistes, immanquablement trahies. Et une solidarité de façade du « camp démocratique » qui tourne au sauve-qui-peut à la moindre crise, qu’elle soit financière ou sanitaire.

Tout cela considéré, on se prend à imaginer que le monde dominé par la Chine que nous promettent les prophètes médiatiques ne sera pas forcément si terrible. Dans les années 1990, le monde entier s’était réjoui de voir terrassés les totalitarismes socialistes : on croyait alors la paix et la démocratie universelles à portée de main. La guerre froide appartenait au passé et la bienveillante toute-puissance de l’Oncle Sam allait conduire vers une félicité universelle tous les pays enfin réconciliés. Quelques interminables guerres inutiles, une crise démocratique persistante et des soubresauts économiques mondiaux ont eu raison de nos espoirs irréalistes.

Aujourd’hui, on veut au contraire nous effrayer par une influence chinoise forcément synonyme de terreur et de cauchemar. Les recettes chinoises, qu’il s’agisse de la cuisine, de la gestion de la crise des subprimes en 2008-09 ou de la lutte contre le Covid-19, se sont avérées plutôt plus savoureuses, pragmatiques et efficaces que celles dictées par Washington à ses vassaux. Une dose de sinisme pourrait-elle soulager un peu notre indigestion d’américanisme ?

COMMENTAIRES  

10/02/2021 12:52 par Dominique

Avec la gestion du covid qui est un véritable coup d’état mondial des super-riches, ce n’est pas de cynisme dont nous avons besoin mais du développement rapide d’un mouvement de résistance tout azimut. Pour un état des lieux complet, voir https://www.globalresearch.ca/the-2020-worldwide-corona-crisis-destroying-civil-society-engineered-economic-depression-global-coup-detat-and-the-great-reset/5730652

11/02/2021 10:03 par J.J.

Il faut se rendre à l’évidence, nous explique-t-on : le socialisme « ça ne marche pas ».

Et "ça" ne peut pas marcher, attendu que lorsqu’un pays et un peuple deviennent socialistes(des vrais...), il se trouve des gens assez puissants pour faire œuvrer des forces plus ou moins occultes pour briser tout progrès social.
Il y a toujours des Napoléon, des Thiers, des Gorbatchev et autres exécuteurs plus ou moins sanguinaires de basses œuvres pour mettre sous le boisseau des espoirs de progrès.

13/02/2021 11:05 par CN46400

Pour comprendre la Chine actuelle, il suffit de relire Marx, Engels et surtout Lénine quand il parle de la NEP et du "capitalisme d’état". Ce capitalisme qui peut se développer très classiquement pour accumuler le capital primitif, mais ne peut plus contrôler l’état. Alors qu’il doit se plier (voir Jack Ma...) aux contrôles tatillons de cet état. C’est ainsi que l’on doit comprendre les campagnes anti chinoises de nos médias occidentaux qui sont payés pour nous convaincre que le bonheur s’épanouit quand leurs patrons dominent nos états... La révolution ce n’est pas la fin du capitalisme, c’est la fin de sa domination sur nos états et donc sur nos vies !

13/02/2021 19:35 par jean du 13

Une remarque concernant le terme "communisme". Autant je peux admettre que l’on ait de la sympathie pour le peuple chinois qui a tant souffert, comme tous les autres peuples d’ailleurs, autant j’ai du mal à voir en quoi le régime chinois peut être qualifié de communiste. Sauf à considérer que chaque pays définit cette notion à sa guise. L’existence d’un parti communiste, même au pouvoir, n’implique en rien que le "communisme" soit à l’oeuvre.
Marx et Engels, me semble-t-il, associaient le communisme a minima au dépérissement de l’Etat et, but ultime "au développement de chacun comme condition du développement de tous". Je n’y vois pas la notion du "parti qui s’occupe de la vie chacun" ! Encore moins le fait que les personnes soient subordonnées à un certificat de citoyenneté à points.
L’aliénation de fait dans les sociétés capitalistes (dépossession des producteurs du fruit de leur travail qui se pose en face d’eux comme propriétaire privé) ne me paraît pas dépassée en Chine par la présence d’entreprises multinationales à base chinoise.
Qu’il y ait spécificité d’un capitalisme nationaliste chinois sans doute moins "sauvage" qu’en Russie et atypique par rapport à la zone OTAN, ok. Mais cela me fait hélas penser à la période précédant la guerre de 14.18 qui résulta d’une opposition entre états capitalistes défendant les visées expansionnistes de leurs champions.
Communisme ?

14/02/2021 08:14 par CN46400

Le concept de "dépérissement de l’état" est lié à l’existence d’une, ou plusieurs, classes qui se servent de l’état pour dominer le reste de la société. Lorsque ces classes ne peuvent plus contrôler l’état, celui-ci devient obsolète et on peut envisager son "dépérissement".
Encore faut-il que les forces productives aient atteint un niveau suffisant pour que les besoins essentiels de la population puissent être satisfaits, c’est "l’accumulation primitive du capital’ dont Marx a montré la supériorité du capitalisme pour la réaliser (chapitre 1 du Manifeste).
C’est à ce niveau qu’intervient Lénine avec le "capitalisme d’état" (mars 1918) et la NEP(1920) et, bien plus tard, Deng Xiao Ping (1979) qui admettent cette supériorité du capitalisme, mais en lui ôtant toutes possibilité de contrôle sur l’état. Et ce, alors qu’en Occident tous les états, même les plus petits, sont dans la main du capital privé. A l’inverse, comme dans la NEP de Lénine, l’état chinois laisse le capitalisme proliférer tant qu’il satisfait, sous son étroit contrôle, des besoins réels de la population.
Ce qui ne veut pas dire que cette situation soit éternelle. Lorsque les besoins matériels de la société pourront être satisfaits hors du capitalisme et que les contradictions, internes et externes, de classes seront suffisamment atténuées, le dépérissement de l’état viendra naturellement à l’ordre du jour. Mais je concède que tant qu’il faudra cohabiter avec des Trump, Biden et consort ce temps n’est pas prévisible....

14/02/2021 08:49 par babelouest

@ Jean du 13
A mon avis (mais je me trompe peut-être), le seul communisme, comme la seule vraie démocratie, ne peuvent se baser que sur l’anarchie égalitaire, celle où chacun est co-responsable de la vie sociale de tous.C’est Élisée Reclus, il me semble, qui avait résumé la chose ainsi :

« L’anarchie est la plus haute expression de l’Ordre. »

C’est aussi certainement la forme de gouvernement la plus difficile pour tous, qui demande à chacun de porter une partie du poids de la vie ensemble, et d’en apprécier à la fois les joies, mas aussi les difficultés. C’est d’ailleurs ce dont j’avais apporté une certaine approche en quelques pages il y a plusieurs années.
https://ti1ca.com/t8oqg46m-Anarchie-A5-2018-08-Anarchie-A5-2018-08.pdf.html

Ce n’est certainement pas pour rien qu’au temps de la Première Internationale socialistes et anarchistes travaillaient ensemble. Marx et Engels avaient autant de largeur d’esprit que des Bakounine,Kropotski et autres. Après, des personnages moins fins ont prononcé la coupure, qui n’a cessé de s’élargir.

14/02/2021 09:28 par Assimbonanga

Je prends la suite de Jeandu13. Le totalitarisme doit faire partie de la nature humaine... Voici comment un système vertueux peut prendre une mauvaise pente : https://www.youtube.com/watch?v=p2uBL0mrhUs&feature=emb_logo
Les femmes du terrain ont fait un énorme travail qui reste entre elles, couché sur des cahiers et la petite jeune, zélée, veut informatiser toutes les données. Quelle folie !

14/02/2021 13:01 par act

@Babel :
Belles références !
Cela écrit, sauf si vous avez d’autres sources que j’ignore (merci de faire suivre ;), c’est bien Karl Marx qui exclut les anarchistes de la 1ere...Bakounine, aussi génial soit-il, avait -comme Marx- un égo sur-dimensionné, qui n’a clairement pas aidé à empêcher la rupture entre le rouge et le noir, bien au contraire.
Que Sandino et d’autres comme le mouvement du 26 juillet réconcilieront et que Fidel portera aux épaulettes, hasta siempre.

15/02/2021 01:29 par BrianDu64

Article surprenant. Je n’ai pas la même vision de la Chine que Christophe Trontin ou Alice Ekman. C’est un pays magnifique, admirable par rapport à son indépendance qu’il a su acquérir au prix de luttes terribles, ce qui en fait un pays souverain, mais socialiste ? Il me semble que la Chine d’aujourd’hui est très loin du socialisme, du moins celui décrit par Orwell lorsqu’il arrive à Barcelone fin 1936 ("Hommage à la Catalogne"), où il y a une volonté de vivre dans une société sans classe. La Chine d’aujourd’hui c’est quand même une société de classes sans volonté de les abolir, beaucoup de pognon, beaucoup d’importance accordée au statut social. Dans certains endroits comme Pékin, il est important de vouvoyer ses supérieurs hiérarchiques. D’ailleurs je n’ai jamais vu une telle concentration de Mercedes, de BMW et d’Audi qu’à Pékin. Tout cela n’a rien à voir avec le socialisme, en tout cas ceux qui rêvent de socialisme ne rêvent pas de ça, ne rêvent pas que leur fille se marie seulement avec un homme qui a un (bon) statut social et est propriétaire d’un appartement et d’une voiture.
M’enfin bon, je ne suis que BrianDu64, commentateur anonyme de LGS, alors que Christophe Trontin écrit à LGS et au Monde Diplo, et Alice Ekman est chercheuse au CNRS...

15/02/2021 08:33 par CN46400

@BrianDu64
Il y a beaucoup de riches, et même de capitalistes, dans la rue chinoise, mais c’est insuffisant pour pour juger la société si on ne tient pas compte de la densité humaine de la Chine, ni de l’évolution économique du reste, énorme, de la population. Il fût un temps où l’on vantait le "bol de riz en fer" et maintenant on aurait tendance à négliger le fait que la pauvreté extrême est en train de disparaître en Chine, notamment au Xinxjian.
Au plan mondial, la Chine joue un rôle bien plus positif, à mon sens, que toutes les autres grandes puissances réunies. C’est aussi à cela qu’on reconnaît le socialisme. Au lieu de le détruire, le PCC utilise le capitalisme pour obtenir ce pourquoi ce système a démontré son efficacité : l’accumulation primitive du capital, domaine clef sur lequel l’URSS s’est cassé les dents. Ce qui ne veut pas dire que le capitalisme est éternel, en Chine comme partout.
En URSS il n’y avait pas de BMW ou autres Audi dans les rues, mais il y avait des jeunes femmes qui vous proposaient leur corps pour une paire de bas nylon (Kiev 1985)....

15/02/2021 18:29 par BrianDu64

@CN46400
Il ne me vient nullement à l’esprit de nier les avancées chinoises, mais personnellement j’assimile cette efficacité à la souveraineté (retrouvée) de la Chine, ainsi que plus généralement à l’efficacité des est-asiatiques d’aujourd’hui, plutôt qu’au socialisme. Je suis admiratif, rien de moins.
Maintenant comme vous le dites, il y a beaucoup de capitalistes. La société chinoise est une société bourgeoise, et je ne pense pas qu’elle évolue vers autre chose que ça. Rien n’indique une quelconque volonté d’abolir les classes sociales, les différences de richesse, le statut accordé à certains postes, l’héritage, etc... On peut appeler ça "socialisme" si on veut, perso je m’en fiche, je suis né trop tard pour avoir aucune attache affective à ce terme, mais quand même.

17/02/2021 05:52 par alain harrison

Merci pour cet éclairage.
Qu’il faut répéter avec de nouveaux angles d’attaques et des exemples concrets retracés dans les différents pays avec lesquels la Chine a des relations.

Un article intéressant sur les peurs lancées par l’Occident (Oncle Sam).

L’Extrême-Orient russe face à la menace chinoise
par L’Ours Blanc (son site)
lundi 15 février 2021
Depuis la chute de l’URSS, on entend régulièrement parler de la menace chinoise sur la Russie. La démographie et la croissance fulgurantes de la Chine font peser sur l’Extrême-Orient un risque de débordement. Depuis 1991, ce risque revient régulièrement et agit sur la politique russe. L’Extrême-Orient est-il réellement menacé par la Chine ?........................
.................
La Russie a cependant eu raison de garder à l’esprit ce risque et de construire une toile de relations de dépendances et d’amitié, pour préserver son territoire. Comme dans son étranger proche, elle a su bien joué de ses relations. Il reste maintenant à Vladimir Poutine à rehausser le niveau de vie russe. En début d’année 2020 des mesures allaient être engagées, mais la crise du covid a bouleversé le calendrier. La survie de la Russie dépend pourtant d’une forte augmentation de la natalité.
https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/l-extreme-orient-russe-face-a-la-230961?utm_source=feedburner&utm_medium=email&utm_campaign=Feed%3A+agoravox%2FgEOF+%28AgoraVox+-+le+journal+citoyen%29

Nous sommes encore dans l’Époque dicté par la géopolitique contemporaine oblige (Mondialisation systématisé et déstructuré).

18/02/2021 04:19 par alain harrison

Bonjour.

Tien, au sujet de la gestion de la crise des subprimes, en 2008-09, par la Chine, il serait intéressant que quelques articles traitent de cette question. Après tout, ce fut une crise majeure qui affecte le monde encore et dans quel sens, la Grèce s’en n’est toujours pas relevée, et ailleurs dans l’UE, nous n’avons pas d’idées sur les évolutions.
Mais cette crise, ne cacherait-elle pas autre chose ? Comme on dit , l’arbre qui cache la forêt ! La forêt étant la finance (OMC, BM (BCE une filière), FMI, grands investisseurs (black rock), fonds vautours, paradis fiscaux, la bourse (le YO YO), les agences de notation et la talentueuse JPMorgan (des états autoritaires, pour quoi faire). Décidément cette pandémie tombe bien.
Mais nous savons quelles instances sont derrières le capitalisme sauvage et qui en font parti.
Cela nous empêche-t’il de promouvoir l’Ère des Peuples ?

18/02/2021 07:57 par CN46400

La crise des subprimes a surtout concerné l’Occident et les USA en particulier. Les capitalistes US ont cru qu’au bout du prêt à des consommateur incapables de rembourser, ils allaient largement profiter de la revente des maisons hypothéquées. Sauf qu’il y eut trop de maison à revendre et les cours se sont effondrés. Des capitalistes occidentaux, toujours prêts pour le premier train du profit, ont emboîté le pas des US. Personne ne parle plus des propositions de Sarko et Ségolène Royal, en campagne (2007), pour introduire ce système en France. Par contre il est clair que le PCC n’a pas autorisé les capitalistes chinois à se lancer dans cette manipulation purement spéculative. Une preuve de plus sur l’efficacité du "capitalisme d’état" chinois...

(Commentaires désactivés)