La guerre pour et contre la Sécu a commencé !
17 mai 2004
Lors de son récent voyage aux Etats-unis, M. Sarkozy déclarait, en substance, au cours d’un banquet : « Ici aux USA on a la culture de la réussite, en France quand on subit un échec on perçoit une allocation ».
Ne nous y trompons pas ! Aidé sans doute par l’atmosphère du banquet auquel il participait, M. Sarkozy avait alors le mérite d’exprimer tout haut ce que les libéraux pensent tout bas : pas de pitié pour les « perdants » !
Le sort réservé aux intermittents du spectacle comme, dans un premier temps, aux « recalculés » de l’UNEDIC, la réduction de l’aide médicale d’Etat qui laissera sans soins des milliers de sans-papiers, la transformation du RMI en RMA indique concrètement que la société américaine est bien le modèle de la droite française.
L’assurance maladie américaine : la jungle pour des millions d’Américains
Il fallait quand même beaucoup de présomption pour aller aux USA dénigrer notre système de solidarité et encenser la jungle libérale qui règne dans ce pays.
Il suffit pourtant de comparer.
En France l’assurance maladie obligatoire permet à tous de recevoir des soins alors qu’aux USA, 43,6 millions de personnes n’ont aucune couverture maladie.
Notre système de soins a été classé premier par l’OMS en 2000 alors que celui des USA était relégué à la 37ème place. Pourtant, les USA dépensent 13,9 % de leur PIB pour la santé et la France 9,6 %.
Mais, s’il est vrai que le système de soins des USA est un cauchemar pour des millions d’Américains, c’est aussi un paradis pour les sociétés d’assurance, les cliniques privées et l’industrie pharmaceutique.
Voilà pourquoi le Medef et la droite veulent nous imposer une contre-réforme de notre assurance-maladie qui nous rapprocherait dangereusement du « modèle » américain : tant pis si les Français sont mal soignés, du moment que les profits augmentent.
Un déficit qui tombe à pic !
Selon les libéraux le déficit de la Sécu est « abyssal ». Pourtant il ne représente que 3 % du budget de la Sécurité sociale alors que le déficit du budget de l’Etat représente plus de 20 % de ce budget. Pourtant, entre 1999 et 2001, le régime général de la Sécurité sociale était excédentaire. Pourtant, la droite n’a pas hésité à « charger la barque » en augmentant les honoraires des médecins.
En réalité, les causes du déficit ne sont pas difficiles à identifier :
Les effets de la politique économique et sociale menée depuis 2002 : envolée du chômage et diminution du nombre d’emplois en 2003, pour la première fois depuis 12 ans. Ce qui réduit d’autant le montant des cotisations sociales.
Le refus des employeurs d’augmenter le taux de leurs cotisations sociales depuis plus de 20 ans.
Pire, les exonérations de cotisations sociales au profit des employeurs se sont multipliées : 15 milliards d’euros chaque année, dont 2 milliards ne sont pas compensés par l’Etat à la Sécurité sociale.
L’absence de politique de prévention (2,3 % seulement des dépenses de santé !).
La multiplication des accidents du travail et des maladies professionnelles mis à la charge de l’assurance-maladie alors qu’ils devraient relever de la branche accidents du travail, financée par les seules cotisations patronales.
La contradiction fondamentale de notre système d’assurance-maladie. D’un côté des ressources socialisées, mis dans un pot commun pour ceux qui en ont besoin. De l’autre une industrie pharmaceutique privée guidée par la recherche du profit, des cliniques privées, des professionnels de santé payés à l’acte.
Renforcer l’assurance-maladie solidaire
L’assurance maladie obligatoire devrait rembourser tous les soins utiles à 100 %.
Le plan hôpital 2007 qui programme l’exclusion de nombreux malades devrait être abrogé et l’hôpital public devrait pouvoir bénéficier des moyens humains et matériels lui permettant de soigner convenablement tous les malades.
Des réseaux de santé organisés sous l’égide de l’assurance maladie obligatoire, devraient permettre l’association de l’hôpital public, de la médecine de ville, des structures de soins à domicile afin de prendre en charge les malades dans leur globalité physique mais aussi sociale (rééducation, réinsertion...)
Le prix des médicaments, leur mise sur le marché, leur distribution devraient être strictement contrôlés. Il n’est pas tolérable que nos dépenses de médicaments représentent plus de 20 % de nos dépenses de soins contre 10 %, en moyenne pour les autres pays riches.
La démocratie sociale doit présidée au fonctionnement de notre assurance maladie. Les élections à la Sécurité sociale doivent être rétablies mais selon le seul principe réellement universel et démocratique « un assuré social, une voix » et non pas selon un « suffrage censitaire » qui accorde d’emblée 50 % des sièges aux représentants du patronat.
En 20 ans, les profits ont gagné 9 points aux dépens des salaires (de salaires directs et des cotisations sociales) dans le partage des richesses créées chaque année dans les entreprises. Les salaires devraient regagner ces 9 points (plus de 120 milliards chaque année) : il serait alors possible de financer l’assurance-maladie, de véritables retraites, l’augmentation des salaires directs et la réduction du temps de travail.
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Attention traitrise raffarinesque contre la Sécu !
On a, comme sur les retraites un jeu de va et vient. D’abord Raffarin et Mattéi annoncent une reforme de la Sécu dés cette rentrée d’automne 2003.
Puis ils feignent de retarder et de laisser "courir le trou" courant 2004.
Ils prévoient une réforme négociée pour fin 2004 et courant 2005.
Puis ils avancent le calendrier et assurent que le budget 2004 sera resserré.
Puis ils commencent sournoisement à mettre ne oeuvre leur politique sans concertation, sans négociation de façon à créer les circonstances qui leur permettront d’atteindre leur but, privatiser la Secu.
Mettre en place trois niveaux de santé, Détruire le système en place...
Le gouvernement Raffarin est un gouvernement d’idéologues sectaires, ultra libéraux, thatcheriens, très dangereux. Ce sont des menteurs comme Bush et Blair sur les armes de destruction massive, c’est une méthode de gouvernement des ultra-libéraux : antidémcorates, il leur faut abuser les peuples pour parvenir à leurs fins.
La guerre pour et contre la Sécu a commencé !
G F pour D&S
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– Vient de paraître : "Sos Sécu" Ed. Le Bord de l’eau, mai 2004, Jean-Jacques Chavigné, Gérard Filoche, Gérard Berthiot.
– Dossier Sécu D&S www.democratie-socialisme.org
– Lire : Les mirages du financement de la sécu, par Michel Husson. Le raisonnement le plus courant consiste en effet à dire qu’en « taxant » la main-d’oeuvre, la cotisation favorise indûment les entreprises et secteurs qui en emploient relativement peu, et qu’elle favorise une mécanisation ou une précarisation exagérées. Cet argument témoigne d’une incompréhension à peu près totale du fonctionnement concret du capitalisme.
– Lire aussi à propos de « Ici aux USA on a la culture de la réussite, en France quand on subit un échec on perçoit une allocation ». : Lettre ouverte à Mr Sarkosy, par Charles Hoareau.