
Le Front national n’est pas parvenu à l’emporter dans les régions qu’il convoitait.
La mobilisation d’une proportion assez importante des abstentionnistes a fait la différence.
Là où seuls demeuraient des candidats de droite face à l’extrême droite, la majorité des électeurs de gauche a choisi de faire barrage à la famille Le Pen, le choix du moindre risque, un vote au goût amer.
Le cénacle qui gravite autour de l’Élysée espérait que l’essor du FN, les configurations triangulaires au second tour garantiraient la conservation de régions dans l’escarcelle socialiste.
C’est le cas. Et ces stratèges jugent avec jubilation que le coup pourrait fonctionner en 2017. Comme si le destin de la France pouvait être risqué au casino ! Ce scrutin, comme ceux des derniers années, témoigne d’une exaspération profonde du pays devant la politique conduite par François Hollande et Manuel Valls, une colère qui affaiblit la gauche. Toute surdité à l’égard du mécontentement des abstentionnistes et aux signaux adressés par les électeurs se paiera cash.
Il serait hasardeux de compter sur des ministres qui, pour certains, rêvent ouvertement d’une grande coalition avec la droite sous le parapluie du libéralisme pour changer de cap. C’est pourtant indispensable pour ne pas laisser s’infecter les haines que dispensent l’extrême droite et son hostilité de toujours à l’égard de l’égalité. Un immense chantier s’ouvre donc pour réunir les progressistes, les syndicalistes, les militants associatifs, tous les citoyens attachés à la liberté, la fraternité et l’égalité, pour construire les rassemblements et les mobilisations qui feront renaître l’espoir et obtiendront que soit reprise la marche vers le progrès social. Des certitudes devront être bousculées, des routines abandonnées, des expériences tentées…
Mais il ne sera pas possible de rester l’arme au pied.
Patrick Apel-Muller
L’Humanité, 13 décembre 2015