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Un événement majeur pour l’Amérique latine

A voir le titre, vous vous dites sûrement : "Tiens, un article sur les élections brésiliennes !"

Eh non ! Il ne s’agit pas d’élections. Il s’agit à peine (!) de politique. Il s’agit plutôt d’un événement qui remue les sentiments profonds des hommes et des femmes d’Amérique latine et encore plus spécialement celle du peuple argentin.

Il s’agit de la disparition subite d’un ami et même d’un frère pour plusieurs. Il s’agit de la disparition d’un être exceptionnel [1]. L’Argentine est en deuil de Nestor Kirchner [2]. Non seulement l’Argentine, mais toute l’Amérique latine.

Nestor Kirchner, vous en avez vaguement entendu parler... Ouais, on a souligné entre deux entrefilets qu’il était décédé, mais bon… Kirchner… bah ! Ce n’est tout de même pas le président états-unien, ou le président de la France ou du Royaume-Uni !

En plus, ce Kirchner, pour ce qu’on en a déjà dit (AFP, Radio-Canada, CyberPresse), c’était une sorte de "croche populiste" qui a laissé le pouvoir à sa femme pour mieux contrôler le pays en arrière-scène !

On parlait de la "dynastie" Kirchner… Ginette Lamarche de Radio-Canada, se plaisait à nommer Mme Cristina Fernandez et M. Nestor Kirchner, « le couple K » [3]. On disait qu’ils s’en mettaient plein les poches, lui et sa femme, qu’ils magouillaient tous les deux en cachant de l’argent ou en étant de mèche avec des combines pharmaceutiques. Bref, la dévalorisation classique des politiciens socialistes qui "négligent" trop l’entreprise privée et qui s’occupent trop de la pauvreté, de la justice et de l’égalité. Eh oui, Nestor Kirchner, à l’instar des politiciens de gauche d’Amérique latine, a été souvent déshumanisé pour le rendre conforme à une caricature bien utile servant le discours de dénigrement des prédateurs économiques frustrés par ces politiques trop humaines et pas assez "économiques".

Pour ne pas trop altérer cette caricature du « croche populiste », Radio-Canada comme la majorité de nos médias de masse, n’ont pas couvert les cérémonies, manifestations et témoignages entourant cet événement qui a terrassé l’ensemble de l’Amérique latine allant des présidents jusqu’aux petites gens. Oui, un événement majeur. Un événement humain. Bien sûr, cet événement touche la politique, mais il touche encore plus les coeurs. Nestor Kirchner était avant tout, un Homme de coeur. Chaleureux, simple et sincère. Il était un humaniste.

Un humanisme mis à la disposition de ses concitoyens. Nestor Kirchner est celui qui a eu le courage de lutter pour sortir son pays du marasme et de la dictature du FMI et de la Banque mondiale, ces organismes outils utilisés par les prédateurs économiques internationaux.

En tenant tête à ces dictateurs de l’économie mondiale, il est parvenu à affirmer la souveraineté de l’Argentine. Par cette prise de position courageuse, il a pu inverser les rôles. Il a permis à la population mise trop longtemps au service de l’économie de se libérer pour enfin mettre l’économie à leur propre service.

Nestor Kirchner a dit non aux plans d’austérité imposés par le FMI limitant ou anéantissant les services sociaux et servant à satisfaire le désir insatiable de croissance des prédateurs économiques mondiaux. Il a su redonner la dignité à sa population, il a su solidariser le peuple argentin en éliminant l’exclusion des plus démunis. Les taux de pauvreté et de chômage ont chuté de façon remarquable. L’Argentine a pu ainsi sortir la tête haute d’une de ses pires crises de l’Histoire.

De plus, il a eu le courage de juger les acteurs des terribles dictatures passées. Les mères de la Place de Mai [4] ont enfin eu un allié à la tête du gouvernement. Plus question d’amnistier ces tortionnaires et criminels des dictatures passés.

Voilà dans un survol très succinct les réalisations majeures de Nestor Kirchner. Des réalisations presque "banales" lorsqu’on considère l’Homme. Ces réalisations ne sont que des conséquences "normales" découlant de la qualité de cet Homme d’exception.

Les Argentins et Argentines pleurent un être proche. Nestor Kirchner était un Homme de coeur, qui avait des rapports chaleureux et sincère non seulement avec ses concitoyens, mais aussi avec les dirigeants des autres pays. La presque totalité des dirigeants latino-américains s’est rendue en Argentine pour lui rendre un dernier hommage et pour souhaiter le meilleur des courages à son épouse, la présidente Cristina Fernandez.

Lors d’une entrevue sur TeleSur, c’est avec les yeux bien aqueux que le président Lula du Brésil témoigna de l’amitié qui le liait à M. Kirchner. Il en fut de même pour tous les présidents. Ils ont tous perdu non pas simplement un allié politique, mais un ami sincère.

Des milliers d’Argentins et d’Argentines ont défilé à la Casa Rosada (siège du pouvoir exécutif) ou l’ont accompagné à son dernier repos dans sa ville natale ou encore ont manifesté dans les rues de plusieurs villes du pays. Certains pays ont même été jusqu’à déclarer trois jours de deuil national.

Nestor Kirchner étant de la "mauvaise" (sic) idéologie, son départ n’a pas eu droit à une couverture médiatique de la part de nos médias au service du néolibéralisme. Malgré son ampleur, cet événement a été totalement "négligé" par Radio-Canada. Aucun reporter sur place. Aucun reportage pouvant altérer la caricature que notre Société d’État forge concernant ces "vilains" dirigeants "gauchistes". Quelle honte pour la qualité de l’information !

Serge Charbonneau
Québec

P.S. :

Nestor Kirchner, le 54e président argentin (2003 à 2007) est né à Rio Gallegos (capitale de Santa Cruz, province de Patagonie), complètement au sud de l’Argentine (vis-à -vis les îles Malouines).

Il fut maire de, Rio Gallegos, de 1987 à 1991, puis gouverneur de sa province natale, Santa Cruz, de 1991 à 2003.

Malgré qu’il soit arrivé deuxième au premier tour de l’élection de 2003 (bien qu’il avait une réelle popularité et que les sondages le disaient gagnant), il parvient toutefois à se faire élire au second tour alors que le meneur impopulaire, l’ex-président Carlos Menem, se désiste.

En 2007, il cède sa place à son épouse Cristina Fernandez.

En 2009, il est élu député de la province de Buenos Aires.

Le 4 mai 2010, il est nommé premier Secrétaire général de l’UNASUR (Unión de Naciones Suramericanas).

Un de ses premiers gestes importants (et courageux) suite à son élection présidentielle fut de décréter anticonstitutionnelles les lois d’amnistie passées sous Raúl Alfonsà­n (1986 et 1987) ainsi que plusieurs amnisties individuelles décrétées par Carlos Menem. Les mères de la Place de Mai [4 ] lui en sont très reconnaissantes.

Les droits de l’homme est un des thèmes dont avait à coeur Nestor Kirchner.

[1] Hommage à Nestor Kirchner 1950-2010
http://www.youtube.com/watch?v=D5EujLcnv7U

¡Viva Néstor Kirchner !
http://www.radiomundial.com.ve/yvke/noticia.php?473977

[2] Photos
http://www.parismatch.com/Actu-Match/Monde/Photos/L-Argentine-pleure-N...

Reportage France 24
Les Argentins rendent un dernier hommage à Nestor Kirchner
http://www.france24.com/fr/20101030-depouille-kirchner-quitte-le-palai...

Maradona rend un dernier hommage à Nestor Kirchner
http://www.courrier-picard.fr/courrier/Actualites/People/Argentine-Mar...

[3] Le couple "K" Ginette Lamarche
http://www.radio-canada.ca/nouvelles/international/carte-interactive/r...

[4] Les mères de la Place de Mai (Madres de la Plaza de Mayo)
http://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A8res_de_la_Place_de_mai

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