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Un progrés important vers la création d’ une banque du Sud, par Charlotte Bozonnet.








L’Humanité-Dimanche, 13 mai 2007.


Les ministres de l’économie de six pays d’Amérique latine (Argentine, Bolivie, Brésil, Equateur, Paraguay, Venezuela) se sont réunis, jeudi 3 mai, à Quito (Equateur) pour parler du projet de Banque du Sud. Eric Toussaint, président du CADTM-Belgique, revient d’Equateur où il a été associé, par la présidence de la République, aux travaux préparatoires à cette rencontre.



Quel bilan peut-on tirer de la réunion ministérielle du 3 mai, à Quito (Equateur) ?

Elle constitue un progrès important vers la création d’une Banque du Sud. Jusqu’ici le projet était porté par l’Argentine, le Venezuela et la Bolivie auxquels s’étaient dernièrement ajoutés le Paraguay et l’Equateur. Ce 3 mai, le Brésil, qui était jusqu’alors observateur, a dit être partie prenante de cette initiative. Un calendrier a été fixé : le 11 mai aura lieu une réunion technique sur les fonctions de la Banque, le 22 mai, une réunion ministérielle puis en juin, le 22 ou le 26, un sommet où les six Présidents annonceront publiquement la création de la Banque du Sud. D’ici là , ils inviteront les autres pays latino-américains à les rejoindre.


Au terme de la rencontre du 3 mai, qu’y-a-t-il d’acquis sur le fond ?

Six pays se doteront d’une banque publique de développement qui sera financée en partie par une dotation publique des gouvernements prélevée pour une part sur leurs réserves de change. Vient maintenant le débat sur le mode de répartition des droits de vote à l’intérieur de la Banque. Soit on choisit la formule en vigueur au FMI et à la Banque mondiale : le droit de vote est proportionnel à l’apport financier de chaque pays. Ce qui est, à mes yeux, antidémocratique. Soit, comme le propose l’Equateur, on adopte la règle un pays = une voix.


Quels pourraient être les objectifs de la Banque ?

Tout d’abord, soutenir des projets d’intégration régionale, notamment d’infrastructures (voix ferrées, routes, gazoduc). On espère que la définition et le financement d’une politique commune dans les domaines universitaire, de la recherche et du développement fera aussi partie des priorités. Plusieurs pays souhaitent également renforcer l’industrie pharmaceutique en faveur de la santé publique.
La Banque pourrait soutenir les Etats dans leurs politiques de souveraineté alimentaire ou de renforcement industriel. Ainsi, pour financer un projet, un pays n’aurait pas à recourir au FMI ni à la Banque mondiale et donc subir leurs conditionnalités habituelles.


Justement, en quoi cette Banque serait-elle différente des institutions existantes ?

Selon le projet présenté par l’Equateur et auquel j’ai participé, la Banque devrait être un modèle alternatif démocratique grâce à la règle un Etat = une voix, à un fonctionnement transparent (sa documentation devrait être publique), et responsable. Les administrateurs de chaque pays devant rendre des comptes devant leur Parlement respectif ; et les dirigeants de la Banque être responsables de leurs actes devant la loi, contrairement au système d’immunité en vigueur au FMI et à la BM.
Sur le fond, la Banque devrait avoir pour mission de favoriser le secteur public et non le privé comme c’est le cas aujourd’hui. Avec un objectif : renforcer les capacités des Etats à répondre aux besoins de leurs populations. L’Equateur propose que le premier principe de cette institution soit la garantie des droits humains.


La création de cette Banque peut-elle modifier l’architecture financière mondiale ?

Il y a aujourd’hui une logique de régionalisation d’accords monétaires et de banques de développement, qui soient vraiment sous le contrôle des pays concernés et non plus des pays les plus industrialisés. C’est le cas par exemple en Asie de l’Est. C’est une nouvelle tendance historique. En Amérique latine, il ne s’agit pas seulement d’une régionalisation mais d’une nouvelle orientation, sociale voire socialiste d’une série de gouvernements. C’est un changement fondamental. Il y a seulement six ans, personne n’aurait pu imaginer cela.

Charlotte Bozonnet


 Sur le même sujet : Un projet révolutionnaire est lancé en Amérique du Sud : une Banque du Sud sorte d’anti-Banque mondial, par Véronique Kiesel.

 Source : CADTM www.cadtm.org




Premier sommet énergétique sud-américain au Venezuela, par Raul Dellatorre.

L’Amérique latine déclare son indépendance, par Noam Chomsky.


Amérique latine : La bipolarisation inévitable Raul Zibechi.






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Je pense que les institutions bancaires sont plus dangereuses pour nos libertés que des armées entières sur le pied de guerre. Si le peuple américain permet un jour aux banques privées de contrôler le devenir de leur monnaie, d’abord par l’inflation, ensuite par la récession, les banques et les compagnies qui fleuriront autour des banques priveront le peuple de tous ses biens jusqu’au jour où ses enfants se retrouveront sans toit sur la terre que leurs parents ont conquise.

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