RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

Allemagne. Le SPD ne veut plus des armes nucléaires étasuniennes

Se désolidarisant de la doctrine offensive de Donald Trump, les sociaux-démocrates allemands plaident le refus du transport et du stationnement de ses bombes.

La direction du Parti social-démocrate (SPD) revendique la fin de la « participation » (nukleare Teilhabe) de l’Allemagne au déploiement nucléaire étasunien sur son territoire et revendique un débat au Bundestag sur cette question. Cette « participation » est établie par un dit « contrat de fonctionnement » de l’Otan qui transforme automatiquement, en cas de conflit, les avions de la Bundeswehr en porteurs des armes atomiques étasuniennes stationnés outre-Rhin. La proposition a soulevé aussitôt des réactions indignées de la CDU/CSU, troublant quelque peu l’ambiance d’ « union sacrée face au coronavirus » qui semblait caractériser d’autant plus le climat politique dans le pays que la gestion des affaires relève déjà d’une « grande coalition » entre la CDU/CSU d’Angela Merkel et le SPD.

Dans le monde, près de 2 000 milliards de dollards sont dépensés pour les armes

Appuyé par les deux nouveaux coprésidents du parti, Saskia Esken et Norbert Walter-Borjans, le président du groupe parlementaire SPD au Bundestag, Rolf Mützenich, apparaît comme l’un des principaux protagonistes de cette initiative. Il la justifie au vu de la nouvelle doctrine nucléaire de Donald Trump qui envisage désormais l’emploi de la bombe atomique, « non plus sur un strict plan dissuasif », mais possiblement en lien avec une intervention militaire offensive.

Répondant à une interview du quotidien berlinois Tagesspiegel, Mützenich s’appuie sur ce changement de donnée stratégique pour réclamer en toute logique « la fin du stationnement des armes nucléaires états-uniennes sur le sol allemand ». Élu en 2019 à la tête du groupe SPD du Bundestag, le député, qui appartient à l’aile gauche du parti, relie aussi la démarche aux enseignements qu’il conviendrait de tirer de la crise du coronavirus. « Dans le monde, pointe Mützenich , près de 2 000 milliards de dollars sont dépensés pour les armes. N’est-il pas temps d’en consacrer au moins une partie pour combattre la pandémie et reconstruire l’économie ?  »

Trump insiste pour que l’Allemagne augmente son budget militaire

L’initiative a ravivé brusquement les fractures qui se dessinaient déjà avant la crise du Covid-19 au sein du pouvoir. La ministre de la Défense CDU, Annegret Kramp-Karrenbauer (AKK), a choisi une orientation à l’exact opposé des demandes du SPD. Elle vient en effet de donner son accord à un très coûteux achat de 45 avions états-uniens F-18 fabriqués par Boeing, destinés à remplacer les Tornado vieillissants de la Bundeswehr, ceux-là mêmes qui sont censés transporter les bombes nucléaires états-uniennes. La démarche, qui lui a valu les félicitations du secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, répond aux demandes réitérées de Trump à Berlin, à chaque réunion de l’Alliance atlantique pour que l’Allemagne augmente son budget militaire et le porte à 2 % de son PIB (contre 1,3 % aujourd’hui.)

Le débat pour le désarmement est lancé

Au sein du SPD, les débats risquent également d’être houleux. Une vieille garde schröderienne, à laquelle appartiennent plusieurs poids lourds du gouvernement, dont Olaf Scholz, le ministre des Finances, et Heiko Maas, celui des Affaires étrangères, a accueilli favorablement la démarche de la ministre de la Défense, et juge « inapproprié » de se mettre ainsi en froid avec Trump, en dépit de sa nouvelle stratégie nucléaire.

Le débat n’est pas près de s’éteindre. Même si les circonstances de la pandémie peuvent sans doute permettre à la chancelière, comme à l’aile droite du SPD, d’éviter un collapse gouvernemental immédiat. Il pourrait resurgir très rapidement au sein d’un SPD dont nombre de militants n’entendent plus avaler les couleuvres de la grande coalition. En particulier quand il s’agit de cet enjeu si crucial de la lutte pour le désarmement. On comprend combien ce combat-là aurait toutes les raisons d’être positivement relayé de ce côté-ci du Rhin et plus largement en Europe.

Bruno Odent, L’Humanité, lundi 11/05/2020

»» https://www.humanite.fr/allemagne-le-spd-ne-veut-plus-des-armes-nuclea...
URL de cet article 36122
  

Même Thème
Histoire du fascisme aux États-Unis
Larry Lee Portis
Deux tendances contradictoires se côtoient dans l’évolution politique du pays : la préservation des “ libertés fondamentales” et la tentative de bafouer celles-ci dès que la “ nation” semble menacée. Entre mythe et réalité, les États-Unis se désignent comme les champions de la « démocratie » alors que la conformité et la répression dominent la culture politique. Depuis la création des États-Unis et son idéologie nationaliste jusqu’à George W. Bush et la droite chrétienne, en passant par les milices privées, (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

Depuis 1974 en France, à l’époque du serpent monétaire européen, l’État - et c’est pareil dans les autres pays européens - s’est interdit à lui-même d’emprunter auprès de sa banque centrale et il s’est donc lui-même privé de la création monétaire. Donc, l’État (c’est-à -dire nous tous !) s’oblige à emprunter auprès d’acteurs privés, à qui il doit donc payer des intérêts, et cela rend évidemment tout beaucoup plus cher.

On ne l’a dit pas clairement : on a dit qu’il y avait désormais interdiction d’emprunter à la Banque centrale, ce qui n’est pas honnête, pas clair, et ne permet pas aux gens de comprendre. Si l’article 104, disait « Les États ne peuvent plus créer la monnaie, maintenant ils doivent l’emprunter auprès des acteurs privés en leur payant un intérêt ruineux qui rend tous les investissements publics hors de prix mais qui fait aussi le grand bonheur des riches rentiers », il y aurait eu une révolution.

Ce hold-up scandaleux coûte à la France environ 80 milliards par an et nous ruine année après année. Ce sujet devrait être au coeur de tout. Au lieu de cela, personne n’en parle.

Etienne Chouard

L’UNESCO et le «  symposium international sur la liberté d’expression » : entre instrumentalisation et nouvelle croisade (il fallait le voir pour le croire)
Le 26 janvier 2011, la presse Cubaine a annoncé l’homologation du premier vaccin thérapeutique au monde contre les stades avancés du cancer du poumon. Vous n’en avez pas entendu parler. Soit la presse cubaine ment, soit notre presse, jouissant de sa liberté d’expression légendaire, a décidé de ne pas vous en parler. (1) Le même jour, à l’initiative de la délégation suédoise à l’UNESCO, s’est tenu au siège de l’organisation à Paris un colloque international intitulé « Symposium international sur la liberté (...)
19 
Lorsque les psychopathes prennent le contrôle de la société
NdT - Quelques extraits (en vrac) traitant des psychopathes et de leur emprise sur les sociétés modernes où ils s’épanouissent à merveille jusqu’au point de devenir une minorité dirigeante. Des passages paraîtront étrangement familiers et feront probablement penser à des situations et/ou des personnages existants ou ayant existé. Tu me dis "psychopathe" et soudain je pense à pas mal d’hommes et de femmes politiques. (attention : ce texte comporte une traduction non professionnelle d’un jargon (...)
46 
Le DECODEX Alternatif (méfiez-vous des imitations)
(mise à jour le 19/02/2017) Le Grand Soir, toujours à l’écoute de ses lecteurs (réguliers, occasionnels ou accidentels) vous offre le DECODEX ALTERNATIF, un vrai DECODEX rédigé par de vrais gens dotés d’une véritable expérience. Ces analyses ne sont basées ni sur une vague impression après un survol rapide, ni sur un coup de fil à « Conspiracywatch », mais sur l’expérience de militants/bénévoles chevronnés de « l’information alternative ». Contrairement à d’autres DECODEX de bas de gamme qui circulent sur le (...)
103 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.