RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher
Jyrki Katainen, vice-président de la Commission européenne : « Nous ne changeons pas la politique en fonction des élections »

Rupture ou soumission

Sacré Jean-Claude ! Si M. Juncker, l’actuel président de la Commission européenne, n’existait pas, il faudrait l’inventer. L’ancien premier ministre luxembourgeois est un vieux briscard des institutions européennes qu’il fréquente depuis trois décennies. Il dit souvent tout haut ce que ses collègues préfèrent taire.

Quatre jours après le scrutin grec, il avertit dans Le Figaro (29/01/15) qu’« il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens ». De bonnes âmes se sont indignées. A tort : Jean-Claude Juncker a simplement traduit tant la lettre que l’esprit de l’intégration européenne.

Car « l’Europe » n’est pas une « idée », une « aventure », un « espoir ». C’est avant tout une construction juridique réellement existante : des règles, des institutions, des procédures. Avec en clé de voûte « l’effet-cliquet » : dès lors qu’ils sont adoptés, les « acquis communautaires » sont irréversibles. Et s’imposent donc aux gouvernements nationaux, quand bien même ceux-ci seraient issus d’un vote populaire qui a congédié une majorité précédente. Il ne s’agit pas d’un « déficit démocratique » ou d’une malfaçon de l’UE, mais tout simplement de la raison d’être de cette dernière.

Pour le malheur de son peuple, le cas de la Grèce en constitue la plus brutale illustration. Ainsi, quand le ministre allemand des finances martèle qu’aucune discussion n’était possible tant qu’Athènes ne reprenait pas à son compte les engagements – l’austérité mortifère – précédemment souscrits, il ne fait que rappeler le droit européen. Chacun avec sa propre tonalité et dans un subtil jeu de rôles, la Commission comme les autres capitales – à commencer par le président français – ne disent pas autre chose. Et si par hypothèse d’école, elles étaient tentées par l’indulgence, elles ne le pourraient pas sauf à condamner le « projet européen » à une explosion rapide.

Car si une règle obligatoire devenait de fait facultative, c’est toute la construction – fondée sur la glorification constante de l’« Etat de droit » – qui se déliterait. Comment justifier qu’une « fleur » accordée à la Grèce ne le soit pas demain au Portugal, à l’Italie ou à la France ? Le principe inscrit dans les traités d’une « union toujours plus étroite » partirait ainsi à vau l’eau. C’est ce qu’exprimait à sa manière le vice-président de la Commission chargé de l’euro, le Finlandais Jyrki Katainen : « nous ne changeons pas la politique en fonction des élections ». En d’autres termes : si les peuples étaient libres d’opérer leurs propres choix politiques, sept décennies d’intégration européenne auraient perdu toute raison d’être.

Et si Angela Merkel a réaffirmé que « le but de notre politique était et reste que la Grèce demeure définitivement dans l’euro », ce n’est pas parce qu’économiquement, le départ de celle-ci aurait des conséquences catastrophiques pour l’Allemagne. C’est parce que si un pays quittait le navire, ce serait le point de départ d’un détricotage irréversible. Or la monnaie unique n’est pas d’abord un objet économique, c’est avant tout un projet politique, que les tenants de l’intégration entendent maintenir quel qu’en soit le prix (« whatever it takes », selon l’expression anglaise rendue célèbre par le patron de la Banque centrale européenne).

« Nous voulons corriger le cadre européen, pas le détruire », a confirmé le premier ministre grec. Tant qu’il restera dans cet état d’esprit, Alexis Tsipras demeure à la merci de ses bourreaux. Ses « partenaires » européens ont bel et bien imposé que soit maintenue la tutelle de la Troïka, fût-elle diplomatiquement débaptisée.

Or la dynamique qui avait suivi son élection, et ses première annonces, avaient élargi encore le soutien populaire qui l’a porté au pouvoir. L’arrogance et les menaces de la BCE ont fait spontanément descendre dans la rue des milliers de citoyens, mus par un remarquable sentiment de dignité. C’est sur cette force que M. Tsipras pourrait s’appuyer pour rompre.

Faute de quoi, le scénario est déjà écrit.

Pierre LEVY

Éditorial paru dans l’édition du 25/02/15 du mensuel Bastille-République-Nations
Information et abonnements : http://www.brn-presse.fr
Pierre Lévy est par ailleurs l’auteur d’un roman politique d’anticipation dont une deuxième édition est parue avec une préface de Jacques Sapir : L’Insurrection

»» http://www.brn-presse.fr/#Cinq_01a.L
URL de cet article 28140
  

Karl Marx, le retour - Pièce historique en un acte
Howard ZINN
Moins de cinq cents personnes contrôlent deux mille milliards de dollars en actifs commerciaux. Ces gens sont-ils plus nobles ? Travaillent-ils plus durement ? N’ai-je pas dit, voilà cent cinquante ans, que le capitalisme allait augmenter la richesse dans des proportions énormes mais que cette richesse serait concentrée dans des mains de moins en moins nombreuses ? « Gigantesque fusion de la Chemical Bank et de la Chase Manhattan Bank. Douze mille travailleurs vont perdre leur emploi… Actions en (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

Comment devenir un expert médiatique millionnaire :

- Ne jamais avoir la moindre idée de ce dont vous parlez.
- Avoir systématiquement tort sur tout.
- Ne jamais admettre qu’on vous a prouvé que vous aviez tort.
- Dire la vérité uniquement lorsque cela sert le pouvoir.
- Ne jamais recevoir d’invités de gauche ou anti-impérialistes.

Caitlin Johnstone

La crise européenne et l’Empire du Capital : leçons à partir de l’expérience latinoaméricaine
Je vous transmets le bonjour très affectueux de plus de 15 millions d’Équatoriennes et d’Équatoriens et une accolade aussi chaleureuse que la lumière du soleil équinoxial dont les rayons nous inondent là où nous vivons, à la Moitié du monde. Nos liens avec la France sont historiques et étroits : depuis les grandes idées libertaires qui se sont propagées à travers le monde portant en elles des fruits décisifs, jusqu’aux accords signés aujourd’hui par le Gouvernement de la Révolution Citoyenne d’Équateur (...)
Médias et Information : il est temps de tourner la page.
« La réalité est ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est ce que nous croyons. Ce que nous croyons est fondé sur nos perceptions. Ce que nous percevons dépend de ce que nous recherchons. Ce que nous recherchons dépend de ce que nous pensons. Ce que nous pensons dépend de ce que nous percevons. Ce que nous percevons détermine ce que nous croyons. Ce que nous croyons détermine ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est notre réalité. » (...)
55 
Appel de Paris pour Julian Assange
Julian Assange est un journaliste australien en prison. En prison pour avoir rempli sa mission de journaliste. Julian Assange a fondé WikiLeaks en 2006 pour permettre à des lanceurs d’alerte de faire fuiter des documents d’intérêt public. C’est ainsi qu’en 2010, grâce à la lanceuse d’alerte Chelsea Manning, WikiLeaks a fait œuvre de journalisme, notamment en fournissant des preuves de crimes de guerre commis par l’armée américaine en Irak et en Afghanistan. Les médias du monde entier ont utilisé ces (...)
17 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.