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"L’impôt est un tribut que le peuple se verse à lui-même"

J’ai suivi, sur le journal télévisé de 13 h de France 2, ce jour, le sujet suivant : "Une baisse d’impôts dès janvier 2017, une mesure polémique".

Le journaliste : "Surprise fiscale en vue, la baisse d’impôts sur le revenu attendue pour l’été 2017 arrivera finalement dès janvier pour les contribuables mensualisés, en février pour les autres. Avis divergents dans les rues de Toulouse (Haute-Garonne) sur cette mesure anticipée. "Ça ne servira pas à sauver le bilan de ce gouvernement, mais c’est toujours ça de pris", explique un Toulousain.

"On ne va pas dire non, ça nous fera plus de pouvoir d’achat pour partir en vacances ou autre chose", estime un autre homme. Une femme dit : "De toute façon, même s’ils baissent, pour une petite partie des classes moyennes, de toute façon on a de plus en plus d’impôts locaux".

Le journaliste de nouveau : "Concrètement, cinq millions de contribuables seront concernés. Dans le détail, un célibataire sans enfant touchant 1 700 euros par mois verra ses mensualités baisser de 95,60 euros à 76,50 euros. Un couple avec deux enfants touchant 4 100 euros par mois verra quant à lui varier ses mensualités de 179,90 à 143,90 euros. Enfin, les contribuables ayant des revenus compris entre 18500 euros et 20500 euros, bénéficieront d’une réduction de moins de 20 %. Hier soir, le secrétaire d’État (Christian Eckert) au budget se félicitait dans un tweet : "La nouvelle baisse d’impôts redonnera du pouvoir d’achat aux Français dès janvier (pour ceux qui sont mensualisés)". L’opposition, elle, dénonce une manipulation liée à des considérations électorales. On voit Gilles Carrez, député LR et président de la commission des finances de l’Assemblée nationale : "C’est une sorte de surprise du chef et pour moi c’est lié exclusivement à des considérations électoralistes. On utilise la fiscalité pour des raisons uniquement électorales, je trouve que ce n’est vraiment pas de bonne politique".

L’administration fiscale n’a plus qu’à réimprimer à la hâte des avis d’imposition. Au total, la baisse d’impôts s’élève à 1 milliard d’euros." Fin du sujet.

Remarque 1. Tous les Toulousains interrogés répondent comme si les impôts représentaient un une perte sèche pour les contribuables (et, apparemment, les journalistes de France 2 ne trouvent rien à y redire). Comme si l’impôt était une indemnité de guerre versée à un État ennemi dont les ressortissants s’appelleraient fonctionnaires.

Remarque 2. Ce qui est navrant, dans cette affaire, c’est que le gouvernement actuel (théoriquement de gauche...) a adopté le point de vue de la droite (et même de la droite la plus ultralibérale) pour laquelle les impôts sont un hold-up, un vol perpétré par l’administration fiscale sur les citoyens. Alors que le principe de l’impôt actuel remonte à la Révolution française (puisque c’est le refus des privilégiés de contribuer au renflouement des caisses vidées par la guerre d’Amérique qui, de fil en aiguille, a entraîné la Révolution). Révolution dont un gouvernement socialiste se place (en principe dans la lignée du Cartel des gauches et du Front Populaire.
Car les impôts s’appelaient autrefois "Contributions" (contributions directes, contributions indirectes). Les termes ne sont pas innocents : avec les impôts, on "impose" quelque chose aux citoyens, avec les contributions, les citoyens contribuent aux dépenses d’intérêt collectif de la nation, auxquels ils consentent librement, par l’intermédiaire de leurs élus.

Remarque 3. Ce dont les Toulousains interrogés n’ont pas l’air le moins du monde de se rendre compte, c’est que cette diminution d’impôts qui, en théorie, va leur profiter (plus de vacances, plus de téléphones portables, plus de cadeaux de Noël ou d’anniversaire, plus d’essence pour la voiture...) va, en fait, se traduire par une plus grande gêne dans leur vie quotidienne car 1 milliard d’euros en moins, ce sont des postes d’instituteur ou de professeurs supprimés, ce sont des classes sans remplaçant durant des semaines, voire des mois, ce sont des attentes qui se prolongent au service des urgences de l’hôpital, ce sont des affaires qui traînent au tribunal faute de magistrats pour les traiter, ce sont des policiers en moins pour faire des rondes...
Or, tout cela représente de l’argent, beaucoup d’argent. A l’endroit où l’école est supprimée, les parents devront faire de plus longs parcours pour amener leurs enfants, et ce sera autant de pris sur leur temps de loisir, de repos, éventuellement même de leur temps de travail. Les attentes dans la douleur aux urgences de l’hôpital, parce qu’il n’y a pas assez de médecins, c’est combien d’argent en pretium doloris ?

Remarque 4. Tous ces éléments, qu’on pourrait appeler les effets démultipliés de la réduction d’impôt (en dégradation de la qualité de vie), sont aussi démultipliés dans un autre sens en ce que les services qui ne sont plus pris en compte par la collectivité (État, région, département, commune), vont l’être par des entreprises privées – par exemple l’école ou la santé – qui factureront leurs services bien plus cher, pour une moindre qualité, une moindre efficacité et une moindre justice sociale : il n’est que de comparer le coût et l’égalité sociale de la santé ou de l’éducation supérieure – ou des retraites – entre, par exemple, les États-Unis et la France.

L’impôt, disait Condorcet, est un tribut que le peuple se verse à lui-même.

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Chroniques de GAZA 2001-2011
Christophe OBERLIN
L’auteur : Christophe OBERLIN est né en 1952. Chirurgien des hôpitaux et professeur à la faculté Denis Diderot à Paris, il enseigne l’anatomie, la chirurgie de la main et la microchirurgie en France et à l’étranger. Parallèlement à son travail hospitalier et universitaire, il participe depuis 30 ans à des activités de chirurgie humanitaire et d’enseignement en Afrique sub-saharienne, notamment dans le domaine de la chirurgie de la lèpre, au Maghreb et en Asie. Depuis 2001, il dirige régulièrement des (...)
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