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Un peu d’histoire : l’enfermement des Étasuniens d’origine japonaise pendant la Seconde Guerre mondiale

Comme chaque année le 8 mai est l’occasion, en France, en Europe, et dans le monde, de fêter la victoire sur l’Axe lors de la Seconde Guerre mondiale et de commémorer les morts de ce conflit. Si aujourd’hui les phases successives de la guerre sont assez connues, et leurs horreurs largement prouvées et démontrées, d’autres aspects de cette sombre période demeurent méconnus. C’est le cas des camps de « relocalisations » étasuniens, qui servirent à enfermer plus de 120 000 personnes, ressortissants Japonais et Étasuniens d’origine japonaises de 1942 à 1945.

L’élément déclencheur : l’attaque de Pearl Harbor

Le 7 décembre 1941 le Japon, alors allié de l’Allemagne nazie et de l’Italie fasciste, attaque par surprise la base étasunienne de Pearl Harbor, dans l’archipel d’Hawaï. Si le bilan matériel reste mitigé (trois croiseurs et trois destroyers détruits, quelques autres navires endommagés), le bilan humain est lui très élevé. Plus de 2 000 Étasuniens perdent la vie et plus de 1 100 sont blessés. En face les Japonais perdent 55 aviateurs. Mais l’impact psychologique sur la population des EU est forte. Les Etats-Unis sortent alors de leur isolationnisme et déclarent la guerre au Japon, dès le 8 décembre 1941. Trois jours plus tard, le 11 décembre, l’Allemagne et l’Italie déclarent, à leur tour, la guerre aux Etats-Unis.

Arrestations et enfermement des Étasuniens d’origine japonaise

Dès lors le vieux fantasme du « péril jaune », qui tend d’ailleurs à resurgir aujourd’hui contre la Chine, prend une autre dimension. Entre le 7 et le 11 décembre, le FBI procède à l’arrestation de plus de 1 370 Étasuniens d’origine japonaise. Le racisme s’empare de toute une partie de la société, particulièrement sur la Côte Ouest où l’on craint un éventuel débarquement nippon.

On estime alors à 127 000 le nombre d’Étasuniens d’origine japonaise. Une grande partie d’entre eux, environ 112 000, vivent sur la Côte Ouest. Par peur qu’ils n’aident les forces nippones, ces personnes vont être déplacées. Dans le décret-loi numéro 9066, signé le 19 février 1942 par le président des Etats-Unis, Franklin Delano Roosevelt, il est stipulé que le Département de la Guerre peut définir des zones militaires et en exclure toute personnes représentant un danger potentiel. Entre le 19 février et le 20 mars, le départ des populations se fait sur la base du volontariat. Il devient ensuite forcé à partir du 30 mars.

Jusqu’à août 1942, les personnes arrêtées sont envoyées dans des camps provisoires, dénommés Assembly centers. Les départs sont précipités, et les individus n’ont le droit d’emmener avec eux uniquement ce qu’ils peuvent porter. Les familles emmenées reçoivent des matricules. En quelques semaines plus de 120 000 personnes, hommes, femmes, enfants, vieillards, sont envoyés dans ces camps. Les deux tiers d’entre eux ont la nationalité américaine. Aucun recours en justice n’est possible et aucun procès n’a lieu pour justifier ces interpellations.

Puis, les plus de 120 000 incarcérés vont ensuite se répartir dans dix camps de concentration, officiellement appelés camps de « réinstallation » ou de « relocalisation ». Ils sont situés dans des zones reculées, dans des déserts ou en montagne. Ils sont constitués de baraquements, de toilettes collectives, et sont entourés de barbelés et de miradors. La police militaire a la charge de garder ces camps et a ordre de tirer sur tous ceux cherchant à s’échapper.

Certains furent libérés au bout de quelques mois. Mais, la grande majorité restera enfermée plusieurs années, jusqu’à la fin de la guerre. Certaines sources évoquent 5 000 enfants nés dans ces camps, et près de 2 000 morts, principalement par manque de soins.

Une longue attente

Après la guerre, le dernier camp, celui de Tule Lake, fermera ses portes en mars 1946, les prisonniers sont libérés. A leur sortie ils reçoivent une poignée de dollars pour seule compensation.

Il faudra attendre plusieurs années pour que les Etats-Unis reconnaissent leur faute. En 1988 le Congrès vote le Civil Liberties Act, permettant le versement de 20 000 dollars, plus de 20 ans après, à tous les survivants de ces camps. Un an plus tard, en 1989, « les législateurs californiens votèrent une résolution « obligeant les écoles publiques à enseigner que l’internement [de la population américano-japonaise] était une mesure raciste et hystérique due à la guerre, et constituait une décision regrettable de la part des dirigeants du pays. » (L’internement des américano-japonais pendant la Seconde Guerre Mondiale, article paru dans la Revue Française d’Etudes Américaines en 1996).

Contrairement à leurs compatriotes d’origine japonaise, les Étasuniens d’origine italienne et allemandes ne seront que peu, ou pas du tout, inquiétés pendant le conflit. De même si la crainte d’un débarquement sur la Côte Ouest pouvait être avéré au début du conflit, sa probabilité fut de plus en plus réduite au fur et à mesure de la progression des troupes étasuniennes dans le Pacifique.

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