RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

4 août, « un an de Cne » : un maudit contrat.


Le 4 août c’était la date de l’abolition des privilèges, aujourd’hui, on veut nous le présenter comme la date anniversaire de la restauration du privilège de pouvoir licencier sans motif.


On nous abreuve d’une prétendue « polémique » pour ou contre les bienfaits du Cne, ce « contrat nouvelle embauche » institué sans concertation par ordonnance, c’est-à -dire par un coup de force du ministre Villepin en plein été 2005.

On cherche à nous faire participer à un « débat » sur l’intérêt d’un tel Cne qui se serait, paraît-il, « installé » dans le paysage (sic, France inter). Mais ce dont il s’agit, c’est d’un recul des droits de l’homme et du travail en même temps.

Le Cne, c’est la pire atteinte que l’on puisse faire à un salarié : l’atteinte à sa dignité ! On peut le « virer » à nouveau du jour au lendemain sans motif : c’est le retour au XIX° siècle, à Zola, le porion peut « virer » le mineur Lantier, le réduire à la mendicité, sans même que le patron lui jette un regard. Et l’on nous affirme, qu’il vaut mieux que les Lantier d’aujourd’hui soient à nouveau soumis à ce régime, plient l’échine, ne puissent de syndiquer, ni se révolter, plutôt que d’être au chômage !

On croyait cet esclavage révolu : la convention internationale n°158 de l’Oit affirme que l’on ne peut « licencier sans motif », toutes les déclarations des droits de l’homme affirment que l’on ne peut « licencier sans motif ». Et la France - qui n’a jamais été aussi riche - de MM Chirac-Villepin-Sarkozy-Dutreil rétablit sous le prétexte mensonger de lutter contre le chômage, la possibilité d’un employeur de fouler aux pieds la dignité élémentaire d’un humain qui travaille pour lui : « - Dehors !... et je n’ai pas à dire pourquoi ! ».

Il n’y a pas de « débat » possible autour du Cne, il n’y a qu’un combat : un combat pour le droit, un combat pour la dignité, un combat pour le droit élémentaire du licenciement.

La prétention qu’il y ait 55 000 emplois créés par le Cne est une fable indigne : il y aurait 550 000, soit 8,8 % des intentions d’embauche en Cne dans les entreprises de moins de 20 salariés, dont 10 % (sic) n’auraient pas été créés autrement (c’est à dire pas par le biais de 950 000 Cdd et des 650 000 intérimaires existants par ailleurs).

Mais la même enquête affirme que 30 % des Cne ont été interrompus « avant six mois » ! Cela signifie que 180 000 salariés ont été « jetés » sans motif, sans droit, sans explication, sans défense, et il n’y aurait, hélas, que 370 plaintes aux prud’hommes recensées, soit autour de 0,2 %.

On nous dit que la rupture émanerait du salarié dans 45 % des cas, ce qui, si c’est vrai, ne démontre qu’une chose, c’est qu’il y a, en dépit du poids du chantage à l’emploi, un nombre important de salariés (presque un sur deux) qui préfèrent s’évader de ce système d’exploitation où l’on est corvéable à merci, où l’on ne peut rien refuser à l’employeur !

Car un employeur qui choisit d’embaucher en Cne à la place d’un Cdi, il faut le désigner du doigt, il a tout pour rendre méfiant : c’est qu’il a l’intention de tirer le maximum du salarié, sans vouloir s’embarrasser de respecter ses droits ! Le Cne, c’est une invention perverse qui va chercher les moins bonnes intentions d’un petit employeur puisque l’argument de « vente » de ce maudit contrat, c’est « - N’hésites pas à l’embaucher puisque tu pourras le virer sans problème ».

Quand vous n’avez pas de droit face à un licenciement « abusif », et sans « cause réelle et sérieuse », en fait, chacun le comprend, vous n’avez plus de droit du tout, en amont, vous ne pouvez plus réclamer le paiement de vos heures supplémentaires (des milliards d’heures supplémentaires sont impayées, volées aux salariés, volées aux caisses de protection sociale) car si vous le faites, on vous vire ! Et c’est pareil pour vos conditions de travail, l’hygiène la sécurité, ainsi de suite, précarisés vous êtes !

Renaud Dutreil ose affirmer que ceux qui combattent le Cne (dont il propose qu’il soit « étendu en 2007 »... si la droite gagne) relèvent du « Jurassic Park à la française ». Il y a toujours eu des gens de droite comme lui, pour rêver d’en revenir avant l’abolition des privilèges, avant la Révolution Française, avant la Commune, avant le Front populaire, avant la Libération, avant Mai 68, avant l’inspection du travail, avant le droit syndical, avant le droit élémentaire du travail, c’est ce qu’ils appellent à contrario « la France d’après ».

Mais ces réactionnaires passéistes viennent encore d’être battus par des millions de salariés, de manifestants, par toute la jeunesse, par plus de 80 % de l’opinion, au printemps 2006 ! Ca ne fait rien : ils s’obstinent, ils osent essayer de ranimer un « débat » dans les médias pour leur misérable contrat : vivement que cette droite intégriste-là soit battue !

Gérard Filoche, Inspecteur du Travail, 4 août 2006, pour D&S www.democratie-socialisme.org



A LIRE : Retrait du CPE/CNE = défense du CDI et reconquête d’un droit protecteur des salariés, par CGT - Inspecteurs du Travail.




URL de cet article 3954
  

Même Auteur
SALARIÉS, SI VOUS SAVIEZ... DIX IDÉES RECUES SUR LE TRAVAIL EN FRANCE
Gérard FILOCHE
« Le droit du licenciement doit être assoupli », « les 35 heures n’ont pas profité aux salariés », « les charges sociales sont trop lourdes », « les fonctionnaires sont des privilégiés », « à terme, on ne pourra plus financer les retraites », etc. Telles sont quelques-unes des idées reçues qui dominent le débat public sur le travail en France. En dix réponses critiques, chiffres à l’appui, Gérard Filoche bat ici en brèche ces préjugés distillés par la vulgate néolibérale pour tenter de liquider un siècle de (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

"A quoi bon avoir des droits si on nous les retire au moment où on en a le plus besoin ?"

Kyle Kulinski

La crise européenne et l’Empire du Capital : leçons à partir de l’expérience latinoaméricaine
Je vous transmets le bonjour très affectueux de plus de 15 millions d’Équatoriennes et d’Équatoriens et une accolade aussi chaleureuse que la lumière du soleil équinoxial dont les rayons nous inondent là où nous vivons, à la Moitié du monde. Nos liens avec la France sont historiques et étroits : depuis les grandes idées libertaires qui se sont propagées à travers le monde portant en elles des fruits décisifs, jusqu’aux accords signés aujourd’hui par le Gouvernement de la Révolution Citoyenne d’Équateur (...)
Analyse de la culture du mensonge et de la manipulation "à la Marie-Anne Boutoleau/Ornella Guyet" sur un site alter.
Question : Est-il possible de rédiger un article accusateur qui fait un buzz sur internet en fournissant des "sources" et des "documents" qui, une fois vérifiés, prouvent... le contraire de ce qui est affirmé ? Réponse : Oui, c’est possible. Question : Qui peut tomber dans un tel panneau ? Réponse : tout le monde - vous, par exemple. Question : Qui peut faire ça et comment font-ils ? Réponse : Marie-Anne Boutoleau, Article XI et CQFD, en comptant sur un phénomène connu : "l’inertie des (...)
93 
Appel de Paris pour Julian Assange
Julian Assange est un journaliste australien en prison. En prison pour avoir rempli sa mission de journaliste. Julian Assange a fondé WikiLeaks en 2006 pour permettre à des lanceurs d’alerte de faire fuiter des documents d’intérêt public. C’est ainsi qu’en 2010, grâce à la lanceuse d’alerte Chelsea Manning, WikiLeaks a fait œuvre de journalisme, notamment en fournissant des preuves de crimes de guerre commis par l’armée américaine en Irak et en Afghanistan. Les médias du monde entier ont utilisé ces (...)
17 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.