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Vénézuéla : alphabétisation au coeur de la forêt amazonienne

9 juillet 2003

Reportage dans la forêt amazonienne

Titre : VENEZUELA : LA COLONISATION DU MARCHÉ

par Félix López , Ricardo López Hevia

C’est à Emiliano Luzardo, un vieux sage de la tribu Hivi de Sabaneta de Guayabal, dans la profondeur de la forêt amazonienne, que nous devons ces lignes.

Lui, qui a vécu 85 ans dans les parages, a ouvert ses bras, comme un vieux perroquet qui essaie de reprendre son envol, et nous a confessé, en sussurant, qu’il aimerait être un enfant et vivre depuis le début cette vague de changement qu’entraîne la Révolution bolivarienne dans le Venezuela d’aujourd’hui.

Pour Emiliano, la campagne d’alphabétisation (le Plan Robinson, NdT) ouvrira les yeux des peuples indigènes. L’ignorance - dit-il dans les mots crus de sa langue - nous a aveuglé, sans nous donner le temps de réagir face à ceux qui envahirent ces forêts et exterminèrent peu à peu ses richesses et sa culture :"Le coeur me fait mal quand je vois peu à peu nos fils et petits fils abandonner les coutumes, les chants et les pouvoirs que nous avons hérités de nos tribus".

Il y a déjà longtemps, nous dit-il en se levant de son hamac, cette route n’était pas là , il n’y avait que des arbres, des fleurs et des animaux ... Nous, les indiens, qui vivions dénudés et heureux, nous avons accueilli avec hospitalité ces hommes qui ont ensuite arraché les arbres et construit des routes pour quelques rares oiseaux de métal, dans lequels ils emportèrent l’or, les herbes médicinales et jusqu’à notre artisanat, davantage comme un butin que comme un souvenir d’une aventure dans la jungle.

Le vieux Emiliano, pas à pas, nous guide jusqu’au centre du village, tout en nous désignant du doigt, un à un les symboles d’une transculturation imposée par le marché et l’ambition sans scrupule de quelques hommes. Partout, on trouve les traces de l’exhibition symbolique du Capital : Coca-Cola, Pepsi, Nike, Adidas, sans oublier les paraboles captant les signals de dizaines de chaînes de télévision, par lesquelles on vend aux indiens des marques et des rêves, mais rien en ce qui concerne la santé, l’éducation et le respect de leur condition d’êtres humains.

Durant cette évocation du sage Emiliano Luzardo, qui maintenant veille à ce que tous ceux de la tribu s’assoient dans une salle de classe pour apprendre les premières lettres de l’alphabet, ce sont ces images qui font mal et indignent. Dans le Tobogán de la Selva, un centre touristique au milieu de la flore, des hommes blancs offrent des Polar (bière, NdT) fraîches et de la musique nord-américaine stridente à quelques étrangers qui regardent, curieux, les indiens hivis, et rigolent, amusés, de la manière dont ils portent leurs jeans aux hanches ; ou écoutent les histoires de José Pérez, un piailleur qu’Hollywood a emmené à Hawai en le payant une misère pour qu’il exhibe sa nudité et ses plumes dans un film médiocre du nom de Dragón Flay.

L’alphabétisation, assure Emiliano Luzardo, est la seule chose humaine qui est arrivée par cette route. Et il faut la défendre. Parce que d’elle dépend la fin de l’ignorance. Les indiens doivent connaître tout le mal que nous a fait la colonisation des marchands : " Merci à ce muchachoqui s’appelle Chávez, dit-il avec un éclat dans les yeux, je peux marcher tranquillement dans ce monde : Je crois qu’il est en train de mettre de l’ordre dans toutes les jungles, qui sont nombreuses par ici".


Traduction : Frédéric Lévêque, pour RISAL.

Article original :

"Venezuela : la colonización del mercado"

© COPYLEFT RISAL 2003.

Source : http://risal.collectifs.net/article.php3?id_article=528

URL de cet article 873
  

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