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Lettre ouverte aux intellectuels de pacotille

Au fond de la caverne.

IL ETAIT UNE CAVERNE : « Il était une fois des hommes enchaînes au fond d’une caverne, qui discutaient sur les ombres en mouvement, qu’ils pouvaient discerner, sur les parois. Un d’entre eux put s’affranchir de ses chaînes, et chercha d’abord à gravir le mur pour SE « libérer ». Il tomba de multiples fois, avant de parvenir au sommet. En sortant de la caverne, son premier réflexe fut de se protéger de la lumière du soleil, tellement la luminosité était intense, lui dévoilant un monde inhabituel. S’habituant progressivement à la lumière il découvrit, à l’entrée de la caverne…. un « montreur de marionnettes »….. Ravi de s’être libéré, Il décida cependant de redescendre au fond de la caverne. Sa descente fut, là aussi, difficile, devant à nouveau s’habituer à la pénombre structurante. Enfin, de retour parmi les siens, racontant son aventure, ses ex-codétenus le condamnèrent à mort ».

LE MYTHE DE LA CAVERNE : Cette histoire est de Platon, philosophe grec d’Athènes. Il critiqua fortement les sophistes, qui usaient et abusaient de leur connaissance reconnue, pour maintenir le peuple dans l’ignorance. Dans ce texte, « le mythe de la caverne », les hommes enchaînés sont en fait l’Humanité des hommes, à qui on fait miroiter des débats apparents (ombres projetés sur le fond de la caverne). Le philosophe est celui qui se libérant des apparences (des ombres projetées) [1] gravit avec difficulté [2] (expliquant les chutes), la caverne, en sort et découvre ….. la réalité. D’où son besoin de se protéger du soleil, tellement les connaissances réelles sont aveuglantes. Les ombres discutées par les hommes enchaînes, ne sont que des discussions sur le reflet des marionnettes, ce qui ne peut que percuter le philosophe. Le débat avec les sophistes, consiste à se demander ce qu’il faut faire à ce moment-là ? Rester dans le monde des idées en brillant à la télé (c’est ce qui se passe avec les « philosophes médiatiques »), ou redescendre dans l’obscurité de la caverne, pour chercher à amener une réflexion critique ? Est philosophe, celui qui redescends dans la caverne, et qui par avance, sait qu’il subira la condamnation des apparences. C’est ce qui se passe, car les vérités, des « guetteurs sociaux » ne sont pas aimés. Il est toujours difficile aux « grands dirigeants » des structures (y compris progressistes) de reconnaître qu’ils n’ont pas su écouter, leurs « guetteurs sociaux ».

LA FAUTE AUX ROMS, AUX IMMIGRES, AUX ISLAMISTES, AUX FONCTIONNAIRES, AUX JEUNES, AUX STATUTAIRES, AUX SERVICES PUBLICS : Depuis la crise de 2008, dont la cause est dû au comportement erratique des marchés et notamment des banques (25 000 milliards de dollars brulé en 10 mois), on n’a jamais vu autant de « chasse aux sorcières » visant à segmenter le monde du travail. Le discours est facile, car s’appuyant sur le mouvement des apparences (des marionnettes), les médias mettent en scène et en boucle la culpabilisation individuelle systémique portée par les gouvernements successifs (reproduction du pouvoir).

  • Le chômage c’est la faute aux chômeurs, qui, c’est connu, ne cherchent pas d’emplois (ils font semblant de chercher, juste pour toucher les indemnités). Qu’importe la réalité des statistiques qui disent que seul un chômeur sur deux touche des indemnités, la condamnation est absolue.
  • La délinquance et l’insécurité ce sont les immigrés, et les roms, justifiant les politiques de contrôle au faciès, dans les cités abandonnés par la République, justifiant les politiques pénales,
  • La violence serait due aussi, aux islamistes, qui font de leur religion le glaive de la domination de Mahomet, oubliant au passage combien toutes les religions ont utilisé le glaive (dont la religion catholique), et surtout sans s’interroger sur le pourquoi du retour religieux, dans la République ???
  • La crise serait dû aussi aux fonctionnaires, trop protégés, trop payés, et ne foutant rien…
  • Les Jeunes, qui par nature foutent le bordel la nuit en bas de cités, « ils n’ont qu’à bosser au lieu de traîner »…et ne parlons pas des services publics qu’il faut supprimer pour des services payants.

Voilà l’ensemble des ombres qui nous sont quotidiennement projetés par les médias, triste spectacle « d’intellectuels de pacotille » vendus au plus offrant… Quel est le salaire de PUJADAS ??? 12.000 euros par mois, pour nous réciter la leçon du marché du marché « libre et non faussé  », du journaliste enchaîné.

NOTRE COMBAT : Le combat des philosophes d’aujourd’hui (économistes, sociologues, philosophes, intellectuels), n’est pas de dénoncer des « cas particuliers médiatisés », mais de montrer que derrière toutes les injustices et violences individuelles, il y a un système, un système d’exploitation qui porte le nom de « capitalisme mondialisé ». Derrière le théâtre des ombres projetés sur le mur de la caverne des « esclaves de notre temps », dénommés précaires, rmistes, jeunes, immigrés, Roms, S.D.F, fonctionnaires, chômeurs, prolétaires, se cachent dans les faits de l’analyse du mouvement réel, un système d’exploitation inique, jamais encore atteint à aujourd’hui, que les « philosophes de pacotilles » appellent MONDIALISATION [3], qui n’est que le capitalisme, tel que Marx l’a décrit, mais accumulé à l’échelle mondiale, ce que le « spectre  » avait aussi analysé et anticipé (relisez les passages du manifeste sur « la mondialisation du capital »).

LA COOPERATION DU CAPITAL : Au niveau mondial, les capitalistes ne se font pas la guerre et encore moins concurrence, ils s’entendent entre eux, pour le partage des dividendes, en exploitant le prolétariat à l’échelle du monde, dénommé « libre échange » (ce que les experts appellent Division Internationale du Travail). La phrase terminale du film « le Capital » de Costa-Gavras est : « continuons notre métier de banquier, nous allons continuer d’enrichir les riches en piquant aux pauvres  ». Tout est dit. Nul ne peut se prétendre philosophe, économiste, sociologue, intellectuel, s’il ne dénonce pas cette prédation…de la « finance libre » dans un « marché libre et non faussé » sur le « travail libre » (traduisez, « prolétariat esclave »).

LE THEATRE DES OMBRES : Les « intellectuels de pacotille » ne sont là, que pour attirer la lumière sur le « théâtre des ombres », autrement dit, la médiatisation des culpabilisations individuelles successives et en boucle, permettant de justifier le capitalisme libéral et l’économie de marché comme système indépassable (thèse sur la « fin de l’Histoire », donc de la fin de « la lutte des classes »)..

LA LIBERATION PHILOSOPHIQUE : Comme Diogène, dans son tonneau, « revendiquant son soleil », un « philosophe authentique  », ne peut se reconnaître sans ce préalable de la dénonciation de la domination de la finance sur la société, qui a pour effet, de cacher effectivement le soleil, empêchant de ce fait, tout « développement humain durable ». La finance de marché, c’est le « trou noir » de la société. Sans ce préalable fondamental, pas de philosophes, ni de philosophies possibles. La libération philosophique ne vise plus à comprendre le monde, et en discuter entre initiés, mais à le transformer : « les philosophes n’ont fait qu’interpréter diversement le monde, il faut désormais le transformer » [4].

LA LUTTE DES CLASSES : La seule logique du capital étant l’accumulation du capital « accumulez, accumulez, c’est la loi et les prophètes » [5], le rôle principal du philosophe, de l’économiste, du sociologue, de l’intellectuel, dans ce système imposé de l’extérieur, est de dénoncer cette logique de courte vue, en vue d’inciter les prolétaires du monde [6] à se libérer de leurs chaînes, quitte à être dénoncés par des médias « enchainés  » dans leur promotion permanente du système (D’où l’ultra-médiatisation du FN).

A L’ECHELLE DE L’HISTOIRE : Le philosophe et la philosophie ne sont pas « une chanson à la mode », car ils combattent le mouvement de l’apparence des ombres projetées sur le fond de la caverne, mais la ritournelle patiente et têtue qui rentre dans l’Histoire. Le philosophe ne vise pas une reconnaissance d’opérette digne du C.A.C 40 et de ses mouvements erratiques, il vise « l’émancipation de l’Humanité », sans se soucier préalablement du jugement premier ou dernier… selon la mode en vigueur.

AU FOND DE LA CAVERNE : Le philosophe se juge à l’échelle de « l’Histoire de l’Humanité », pas moins, ce que ne peuvent concevoir et réaliser, vu leurs sauts de lilliputiens, les « intellectuels de pacotilles » promus par des médias « bien en cour » (du pouvoir), qui ne portent comme « discours », que celui des marchés, c’est-à-dire le « croisement entre une courbe d’offres et de demandes », fixant un prix instantané, celui du marché, d’un équilibre des apparences, cause de l’esclavage des temps modernes, matrice des déséquilibres et des crises mondiales de l’Humanité enchaînée… au fond de la caverne.

De ma caverne, le 31 Décembre 2014, Fabrice.

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COMMENTAIRES  

24/01/2015 23:05 par Geb.

Merci Fabrice.

Pour moi ce qu tu écris c’est clair. Reste à savoir qui est encore à même parmi les jeunes de le saisir au bon degré. Et sans en rigoler comme de pures vaticinations de vieillards sectaires aigris.

Tout ça on l’apprenait dans les écoles du Parti il y a encore 30 ans, (Des siècles). Tu n’as fait que l’actualiser, avec brio d’ailleurs.

Mais les "mauvais prophètes" et un niveau certain de recherche de la facilité, ont réussi à nous faire abandonner tout ça comme étant de l’"endoctrination sectaire".

C’était tellement facile le "Tout le Monde il est beau, tout le Monde il est gentil".

Et puis quand on abandonne "son" endoctrination, on se prend automatiquement celle des autres. Ca on avait "oublié" de nous en parler.

Et plus que jamais nous sommes retournés dans la caverne. Encore plus profond et encore plus affaiblis.

Un de nos camarades un peu plus âgé que moi a posté ces jours-ci sur son blog : "Quarante ans de perdus", en parlant de ses quarante dernières années militantes. Pourtant il a mis du temps avant de comprendre.

Moi je dirais plutôt 40 ans éparpillés en déconstruisant les acquis révolutionnaires des quarante années précédentes. Que nos parents avaient gagnées dans le sang et que nous avons laissé saccager dans des diversions oiseuses sans rien faire.

Comme tu peux le constater à ma remarque, selon ou on est situé dans la caverne, l’aspect des choses ne semble pas tout à fait le même pour chacun.

Tu te rappelles de La Ciotat et de la Section ??

C’était il y a 15/20 ans.

Il y avait quand même des sonnettes d’alarme pour qui savait décoder... Non ?

Aujourd’hui il y a de nouveau les Nazis à la porte. Avec en plus la nouvelle version de la CIA, "islamo-fascistes".

Je sais pas si on va encore avoir beaucoup de temps pour philosopher et faire de l’éducation politique.

Faut espérer que les jeunes vont s’y remettre. Entre autres priorités.

25/01/2015 12:40 par Clocel

Marrant, le mythe de la caverne de Platon n’est aussi venu à l’esprit lorsque j’ai vu la réaction des quatre millions de zombis media-contrôlés défilant pour une "liberté d’expression" dont ils ne seraient que faire s’ils l’obtenaient… Des drones humains aux mains de l’oligarchie…

Les fils de la manipulation sont devenus si fins, que la plupart d’entre eux, sont prêts à se battre pour sauvegarder des droits qui ne nous ont jamais été donné.
On se "bat" pour des coquilles vides, la république, la démocratie, la liberté, la laïcité, tout cela sur le mode performatif, comme s’il suffisait de les demander pour les obtenir…

Les demander à QUI ???

La forme pyramidale de domination est si totalement intégrée que nous levons les yeux vers le haut dès que nous souhaitons obtenir quelque chose, preuve de notre immaturité assumée...
C’est que, l’école y travaille ferme pour nous maintenir sous domination, c’est son rôle premier, les media, les institutions, les entreprises, alimenteront la chaudière sans relâche, il paraît que les bœufs conservaient leurs œillères jusqu’à l’abattoir...

« Celui qui ne bouge pas, ne sent pas ses chaînes » disait Rosa Luxemburg…

Il semble que de toutes les sciences, celles que nous ayons les plus à craindre, ce sont les sciences sociales, c’est sur elles que s’appuient tous les prédateurs, et malheur à nous lorsque que cela ne fonctionnera plus, ou moins bien, le vernis de la « civilisation » écaillé, nous retrouverons intacte la barbarie qui ne nous a jamais quitté...

On mesure tout de même combien il suffirait de si peu de choses pour que tout bascule d’un côté ou de l’autre vers quelque chose qui fera de toutes manières moins peur que la course à l’abîme actuelle.
Peut-être nos archontes commettront-ils l’erreur de reprendre trop et trop brutalement le peu de mou qu’il restait dans nos laisses...

Un lien intéressant : http://arretsurinfo.ch/la-france-sous-influence/

25/01/2015 15:42 par Dwaabala

Pour l’article lui-même, je ne trouve rien à redire.
Petite inexactitude dans le résumé de l’allégorie de la caverne : les montreurs de marionnettes sont eux-mêmes dans la caverne, derrière un muret entre le feu et ceux d’en-bas. Et les prisonniers ne reçoivent également que les échos de leurs voix, qu’ils traitent comme ils traitent les ombres.
C’est sur ce point que Platon se révèle être un philosophe idéaliste car en fait, lorsqu’ils les rencontrent, les prisonniers détachés accèdent déjà ainsi à la réalité de ce qui n’apparait qu’en tant qu’ombre. Et le monde réel, éclairé par le soleil, qu’ils finiront par pouvoir contempler symbolise, paradoxalement chez Platon, le monde des idées duquel ils tâcheront de rendre compte en retournant en bas, en tant que réalité supérieure.
Pour le philosophe matérialiste en théorie de la connaissance, les choses ne se passent pas du tout comme cela, puisque c’est à travers leur expérience quotidienne des milliards de fois répétée puis conceptualisée, puis vérifiée par leur pratique, que les hommes parviennent à l’intelligence théorique, à l’explication puis à la transformation consciente de la réalité.

26/01/2015 23:27 par AUBERT FABRICE

Je suis content de voir que cet article suscite des réactions. Lorsque je l’ai écrit, de fait, je ne savais pas vraiment où j’allais en venir. Puis dans le cheminement, j’ai compris qu’il s’agissait en fait d’un appel à réfléchir, d’où son sous-titre, tellement je supporte plus tous les minus qui passent en permanence dans les médias en boucle. L’article ne prétend de ce fait qu’à réfléchir et à se positionner.

A Geb, je vois que tu m’as collu dans une autre vie, Mais Geb, je sais pas qui c’est... Je garde de La Ciotat une profonde meurtrissure, qui perdure, car il n’y a pas qu’à La Ciotat, que des "grands dirigeants" liquident pour leur petits pouvoirs, des militants authentiques... J’en fait d’ailleurs une phrase. Après on se demande pourquoi les structures politiques et syndicales sont si faibles, mais c’est la conséquence directe, des pratiques politiques réelles des "dirigeants". Là aussi il va falloir faire des ruptures.

29/01/2015 17:14 par mimi

Bravo. Cet article est super !

On nous fait croire qu’on est libre. Libre de penser, libre de choisir notre mode de vie. Mais tout est illusion. On croit penser par soi-même mais on pense comme les états veulent nous faire penser. On est inconsciemment sous état de tutelle. Et tout va bien pour tant que personne ne se met à penser par lui même. Et en outre, tout va encore mieux dès qu’une personne qui réussi à briser ces chaînes qui l’emprisonnent dans une pensée non propre à lui se fait traiter de "fou" !!

30/01/2015 07:55 par Clocel

http://www.plumenclume.net/articles.php?pg=art1670

" l’ingénierie sociale est la modification planifiée, durable et furtive du comportement. Il s’agit de transformer définitivement la nature d’un être social, individu ou groupe, et pas seulement de le manipuler ponctuellement. Pour y parvenir, il faut la plupart du temps pirater l’être social en question, c’est-à-dire le modifier sans son consentement éclairé, de manière subliminale, furtive, de sorte qu’il reste inconscient de la transformation." Lucien Cerise.

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