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19 commentaires

Birmanie : c’est en ne soutenant pas le peuple birman que l’on fait le jeu de Washington

Dimanche 30 septembre 2007, (mis à jour le 1er octobre 2007 à 23h 53.)


Des centaines de milliers de manifestants, jeunes, employés, ouvriers du textile et des docks, paysans, qui affrontent police et forces armées, comptent leurs morts, repartent à l’assaut avec la rage de vaincre parce qu’ils se sentent déjà moralement vainqueurs. Ce qui se passe en Birmanie s’appelle le début d’une révolution. Il est trés probable que les USA sont à la manoeuvre et vont installer une coalition de "démocrates", de bonzes, de militaires repentis et d’espions au pouvoir pour aller installer leurs rangers dans les montagnes à proximité de la Chine et du Tibet. Mais le bouillonnement des masses ne leur simplifiera pas la tache ...

Rien ne sert de faire la fine bouche parce qu’il y des moines bouddhistes ! En Pologne en 1980 il y avait des curés et en Russie en 1905 il y avait des popes. Par contre, il est bon de rappeler quels sont le régime et la société birmanes. Un régime militaire 100% capitaliste. Soutenu par la Chine, la Russie et, discrétement, par la France.
M.Kouchner, homme lige des basses oeuvres de l’impérialisme français, s’est distingué voici quelques années par un rapport blanchissant la firme française Total de l’exploitation du travail forcé des paysans des minorités nationales opprimés à l’Est et au Nord de la Birmanie.

De sorte qu’expliquer "Je ne manifesterai pas pour la Birmanie" parce que ce sont des bourgeois, des pro-américaines, qui se sont arrogés le titre de défenseurs de la démocratie en Birmanie (voir sur le site www.legrandsoir.info/article.php3 ?id_article=5501 la position de Jean Bricmont sur ce point et le débat qui s’ensuit), c’est laisser le champ à ces soi-disant défenseurs qui ont déjà leur solution de rechange, légitimée par la réféfence à Aung San Su Kyi (en fait fille du fondateur du régime birman, militaire nationaliste qui manoeuvrait entre Japonais et Britanniques dans les années 1940) et dont on comprend bien qu’ils ont listé la Birmanie comme pays de l’ "Axe du mal" uniquement pour faire pression contre la Chine, de même qu’avec la Corée du Nord, et se moquent éperdument du peuple qu’on opprime et qu’on tue.

La cause des Birmans, des Karens, des Tchétchènes ou des femmes afghanes, c’est la cause de la classe ouvrière. Il serait temps que les communistes contemporains cessent de radoter la guerre froide quand certains refusaient de soutenir les soviets hongrois en 1956 [1] ou les syndicats polonais en 1980 [2]-et le soutien n’interdit jamais la critique mais au contraire la permet, faut-il le préciser. Ces causes sont nôtres. L’internationalisme ne se divise pas et en aucun cas la démocratie ne nous fait peur.

Les "soutiens" impérialistes à la "démocratie" en Birmanie préparent avec l’ONU une transition négociée qui préserve l’Etat et les bénéfices des firmes multinationales qui saignent les peuples de Birmanie, de Total à Haliburton. C’est à nous de dire, car c’est nous seulement qui pouvons dire :
Mort à la caste des généraux birmans !
Elections libres immédiates, liberté d’organisation et d’expression,
destruction de l’Etat militaro-mafieux !
Autodétermination des minorités nationales !

Nul doute que ça, çe ne fait pas le jeu de Washington !

Vincent Présumey)
http://site.voila.fr/bulletin_Liaisons




Birmanie : malgré l’embargo, la dictature reçoit du matériel militaire européen et israélo-étasunien ... par Gabriele Carchella.


Birmanie - Total, démocratie et à -côtés : la course aux richesses du Myanmar a commencé, A. d’ Argenzio, P. Pescali.


C’ est où la Birmanie ? Réponse de Jacques Richaud à "Pourquoi je n’ irai pas à la manif Birmanie" de Jean Bricmont, et débat avec Danielle Bleitrach.






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COMMENTAIRES  

01/10/2007 16:47 par Raskolnikov

"C’est à nous de dire, car c’est nous seulement qui pouvons dire :
Mort à la caste des généraux birmans !
Elections libres immédiates, liberté d’organisation et d’expression,
destruction de l’Etat militaro-mafieux !
Autodétermination des minorités nationales !"

Vas-y Vincent ! Va donc en Birmanie pour scander, je te suis tout de suite après. ;)

02/10/2007 01:26 par VDJ

Moi je vais proposer à Delanoé l’organisation d’une techo-parade avec pleins de couleurs fluos pour faire peur aux généraux qui croiront que c’est un gros dragon venu pour les punir.

01/10/2007 23:47 par Fedorov

sur les véritables motivations des occidentaux..http://www.voltairenet.org/article151836.html

ensuite réflexions en vrac....pourquoi maintenant et pas avant ? c pas nouveau comme regime oppressif le Myanmar....

Ensuite qu’est ce qui va être après ? la réponse à cette question rejoint la prochaine...pourquoi ne pas s’interésser aux autres ennemis de la classe ouvrières qui eux n’ont pas les "faveurs" médiatiques ? ...la georgie nous montre le mécanisme à l’oeuvre (made in CIA...nouvelle version) et le futur si on cautionne la rhétorique impériale...

il ne faut pas être une larve... la situation birmane est terrible en effet mais autant que dans de nombreux pays. les mensonges de la classe dominante fonctionnent principalement sur l’ommision et l’info tronquée.. la chine et la russie ne soutienne pas la dictature birmane ce sont les occidentaux depuis le début.. pourquoi n’ont-ils plus leurs faveurs desormais ? question geostrategie (cf article) mais cela ne blanchit pas leur complicité pas plus que pour Hussein ou Noriega.
Pour ma part la situation me rappelle etrangement les reflexions de Chomsky sur le sujet.. voir Cambodge et timor oriental...

02/10/2007 01:21 par revizor

Personnellement je n’ai pas manifesté pour la Birmanie et il faut noter d’ailleurs qu’en France la mobilisation sur ce sujet a été très faible sinon ridicule malgré le soutien de Ségolène Royal, de RSF, de nos médias au service de l’UMP et du PS et malheureusemet du PCF social-démocratisé.
C’est un mouvement populaire, certes.Mais dans l’histoire on a connu d’autres mouvements populaires plus que douteux. C’était le cas de la chouannerie en Vendée qui a été battue par les armées de la jeune République Française.Plus récemment on a des connu des mouvements populaires dirigés par les fascistes et les nazis, sans parler de la Hongrie de 1956 ou de Solidarité.
Quand la gauche et particulièrement le PC abandonnent la centralité de la lutte des classes et la nécessité de la lutte pour le socialisme ils ne leur reste pas grand chose à opposer au sarkozysme de droite comme de gauche sinon une idéologie droitdelhommiste.

02/10/2007 20:39 par Viktor Dedaj

Je n’irai en aucun cas manifester pour la Birmanie.

La question de manifester ou non son "soutien" au peuple Birman ne se pose pas en réalité. Car nous sommes tous solidaires du "peuple" . Mais comme tout acte politique, il y l’intention des acteurs, l’interprétation des spectateurs (par médias interposés) et l’éventuelle (propable en réalité) récupération par les manipulateurs en chef.

Soudain la Birmanie fait son irruption sur la scène. Les "pourquoi ?" , les "comment ?" et les "qui ?" semblent se diluer dans des informations soi-disant brutes en provenance d’un pays sur lequel un chape de plomb de silence s’est abattu depuis des dizaines d’années. Avouons-le, tous autant que nous sommes, ne ne savons pratiquement rien de ce pays. Cela dit…

Nous aurions un peu plus de crédibilité à manifester pour la Birmanie si nous avions été - ne serait-ce que symboliquement - capables de manifester contre Guantanamo ou pour le peuple Irakien, Afghan et même Iranien (c’est bien des "peuples" dont nous parlons, d’accord ?). Ou même pour exiger la vérité sur le 11 septembre, le "fait déclencheur" de tout ce bordel dans le monde.

Il faut néanmoins aborder une question qui me parait sous-jacente : la mobilisation (éventuelle) pour la Birmanie permettrait-elle de "relancer" le moteur des luttes de solidarité ? Si tel était le cas, alors oui, tous dans la rue. Mon intime conviction me fait dire que ce ne sera pas le cas.

Se mobiliser aujourd’hui, dans ce cadre là , pour la Birmanie revient tout simplement à entériner les guerres fascistes passées et à venir, reconnaissant "de facto" , aux yeux du reste du monde, que nous sommes plus "préoccupés" par la démocratie en Birmanie que par les crimes commis en notre nom ou par nos alliés. Ceux qui manifesteront n’auront pas cette idée en tête, évidemment (pour la plupart) - mais d’autres s’en chargeront pour le montrer ainsi. Sans parler de la simple opinion publique des pays arabes ou autres.

Notre crédibiité à tous aurait gagné SI nous avions été moins plus actifs…

Manifester pour la Birmanie, sur ordre des médias soudainement prolixes, revient à enterrer un peu plus profondément les résistants Irakiens dans le silence, ainsi que ceux de Gaza, et d’ailleurs.

La bataille ne se déroule pas en Birmanie. Elle se déroule en Amérique latine, en Irak, quelque part par là .

Alors quand l’impérialiste montre la Birmanie du doigt, le révolutionnaire hausse les épaules et poursuit son combat.

Ce n’est pas de l’indifférence, ni du mépris : c’est le résultat de la formule :

ACTION = (Energie Disponible + Détermination) / (Nb de Problèmes) x Enjeu x (Crédibilité / 100)

Un rapide calcul me fait dire que les bonzes devront se débrouiller sans moi.

A moins que...

03/10/2007 13:27 par vincent présumey

"La bataille ne se déroule pas en Birmanie. Elle se déroule en Amérique latine, en Irak, quelque part par là ."

Décidemment, mon article a des vertus thérapeutiques : il chatouille les préjugés des militants-à -qui-on-la-fait-pas et les fait monter sur le cocotier, illustrant ainsi le proverbe selon lequel plus on monte au cocotier, plus on montre son ...

Aberrant. La bataille se déroule partout (et s’il faut vraiment désigner des endroits clefs, on pourrait choisir New York et Shanghaï ...) , et d’abord où nous sommes.

Mais parlons-nous de la même bataille ? Moi, je parle de la lutte des classes, pas des bons pays contre les méchants, et je cherche à favoriser le combat contre le capital, pas la prochaine guerre "anti-impérialiste". La lutte des classes, ce sont les exploités et les opprimés qui la mènent, et personne d’autre. Opposer les beaux latinos et les braves irakiens aux moches birmans, non seulement c’est irrationnel (pour ne pas dire stupide), mais est-ce que ça ne fait le jeu de Bush, un peu ?

03/10/2007 23:39 par Viktor Dedaj

Alors faites nous voir comment vous faites pour être "partout" (comme BHL ?) - et sans perdre des plumes au passage - car je veux bien noter la recette. J’ai déjà du mal avec les deux/trois sujets qui me tiennent à coeur (et que je crois connaître).

Oui, la bataille se déroule partout. Mais NOUS ne pouvons pas nous être partout et, surtout, ce qui dicte mon agenda, c’est ma conscience, mon expérience et ma perception des enjeux. Pas les médias.

04/10/2007 11:39 par vincent présumey

Il n’est pas question de BHL, mais de lutte des classes. Karl Liebnechkt disait "L’ennemi principal est dans notre propre pays", à savoir le capital comme classe internationale : en disant cela, il était "partout", c’està -dire à sa place, avec sa classe internationale. "Etre partout", c’est d’abord comprendre, et traduire dans une politique ici et maintenant, sur place là où l’on est, que la lutte des classes est mondiale. Cela suppose évidemment qu’on traite des questions mondiales qu’elles qu’elles soient.

Se croire trés malin en taisant ce que l’on s’imagine être des causes dictées par les médias, c’est encore être prisonnier des médias et avoir une conscience aliénée. Si ta conscience te dicte de ne pas suivre les médias, tu es toujours leur prisonnier, tu rentre dans les cases où ils veulent te faire rentrer : à BHL la Birmanie, aux gauchistes la Palestine, et que les vaches soient bien gardées, ainsi est préservé l’ordre bourgeois mondial.

Faut apprendre à penser par soi-même : l’émancipation des travailleurs sera l’oeuvre des travailleurs eux-mêmes. Ou ne sera pas.

04/10/2007 19:24 par Anonyme

tu devrais relire celà Vincent :

http://www.legrandsoir.info/article.php3?id_article=1919

l’orange en Ukraine,le Safran en Asie
toutes les couleurs de l’arc en ciel vont y passer quend on déclenche des révolutions via les medias interposés au compte d’intérêt bien occidentaux.

Bof, bof,et rebof et ce n’est pas de l’indifference au peuple birman soumis à la dictature.

Ou sont les organes de pouvoirs et d’independance de la classe ouvrière ?
Au portugal, en hongrie, Tcheko, Pologne, Palestine il y en avait.
En Irak, les mvts armés montrent la même chose.

Quels sont les arguments, les faits qui te font dire que ce mvt a une existence propre et independante ?

Si tu nous fais une expose net et precis avec des faits avérés, alors on adhère en attendant on laisse BHL monter au creneau au creneau.

Bambuck

05/10/2007 01:06 par vincent présumey

Mais je n’ai pas dit que ce mouvement avait une existence "propre et indépendante". Si la condition pour qu’il y ait un début de révolution c’est d’être "propre et indépendant", alors cette condition est rarement réunie.

Qu’est-ce qui permet de parler de début de révolution ? Le fait qu’il y a soulèvement de couches urbaines, jeunes, qui affrontent l’appareil d’Etat avec l’objectif déclaré de le détruire, à une échelle de masse. C’est le minimum dont on est sûrs. On ne l’avait pas en Ukraine dans l’article auquel tu renvoie (mais on l’avait en Serbie lors de la chute de Milosevic, démonstration que l’on peut trouver dans d’autres articles de P.Broué, même si l’idéologie de la "révolution orange" a été essayée pour la première fois précisément là ). Et si l’on pense que ce sont les médias occidentaux qui sont capables de déclencher un mouvement comme ce qui vient de se produire en Birmanie, c’est là qu’il faudrait en donner les preuves !

Il est probable que l’idéologie saisie par le mouvement birman actuel est un mélange de "démocratie occidentale" et de bouddhisme, puisqu’il n’a que ça à sa disposition. Loin de moi l’idée de n’y voir aucun problème, mais

1. je ne leur demande pas d’être "propres et indépendants" pour les soutenir contre la répression et

2. ce soutien est une condition pour critiquer et combattre cette idéologie et tous ses "BHL" efficacement.

3. et je pense que le dénigrement des masses birmanes, car c’est d’elles qu’il s’agit, sur le thème des "médias", de "BHL", de la CIA, etc. est le meilleur service qu’on puisse rendre, dans cette situation, à tous ces gens là ...

Ceci dit, je te concède qu’on n’a pas de nouvelles sur des organes de pouvoir type "soviets" ou même de vrais syndicats indépendants de masse ou de choses qui, sous un autre nom ou une autre enveloppe (comme les chouras en Iran en 79) relève de cette catégorie. Je ne parle donc que de "début de révolution", début d’une sorte de "révolution de février" si tu veux, sans certitude sur son développement ou sur son avortement.

Au demeurant -je ne dis pas ça pour toi, je n’en sais rien te concernant, encore que ce que tu dis sur les groupes armés irakiens pourrait véhiculer de telles représentations, mais je n’en sais rien- il arrive que ce que certains entendent par "propre et indépendant", c’est quand on a quelques colonels de gauche nationalo-stalinien moustachus au langage "marxiste-léniniste" et là , il vous servaient la garantie qu’on avait une révolution pur jus puisque les chefs parlaient une langue qu’on pensait connaître, alors que les choses importantes pour juger,c’est au niveau des masses. Jusqu’à ce que, comme au Mozambique, au Cambodge ou ailleurs, longtemps aprés que ces chefs aient écrasé dans le sang toute velleité de vraie révolution, ceux-ci se reconvertissaient au "marché" sans aucun état-d’âme ...

02/10/2007 23:05 par Catherine

"Ce qui se passe en Birmanie, c’est une révolution" ? Si c’est le cas, tant mieux. Et, même, je ne doute pas que les quelques dizaines de morts annoncées soient en réalité quelques centaines.

Ce qui se passe en Irak, c’est un GENOCIDE. Un million cent mille morts recensés à ce jour. Quatre millions d’exilés. "Vingt-quatre millions de vies détruites" (William Blum).

Ce qui se passe en Palestine, c’est une épuration ethnique totale étalée sur soixante ans de tortures diverses à côté de quoi les nazis allemands commencent à pâlir.

Et tout ça, figurez-vous, n’est pas le fait d’une junte lointaine mais d’un empire dont votre pays fait partie (à titre de caniche n°2).

Qu’est-ce que vous avez fait au juste (mises à part quelques paroles verbales) pour empêcher ces CRIMES COMMIS EN VOTRE NOM ET GRACE A VOS IMPOTS ?

Soutenir les Birmans dans leur lutte ? Oui, sans aucun doute. Mais en quoi faisant ? Si c’est en envoyant Kouchner en taule pour incitation au meurtre et au viol de toutes les lois internationales (droit d’ingérence, n’est-ce pas), alors, d’accord. Si c’est en refusant de verser l’impôt qui permet aux "monstres malades" (Gideon Levy) de solder grassement leurs armées de mercenaires tueurs, alors oui, mille fois oui, parce que de cette façon, les Birmans ne seront pas les seuls (autrement illusoires) bénéficiaires de votre courage. Parce qu’alors, ce que vous ferez s’appellera avoir des principes et les appliquer.

Si c’est pour aller manifester dans la rue pour la millionnième fois parce que les médias ont dit qu’il fallait y aller, alors NON, MILLE FOIS NON. Les medias sont les plus grands assassins de masse des XXe et XXIe siècles : sans eux, sans leur complicité très active, rien de ce qui se commet n’eût été, ne serait jamais, possible.

Et arrêtez d’être de mauvaise foi en parlant de bonzes ! Vous savez bien que les bonzes n’ont rien à voir dans la décision de Bricmont (qui enseigne, pour le cas où vous ne le sauriez pas, dans une université catholique).
Lorsque vous évoquez les prêtres polonais de Solidarnosc et autres lieux, vous pouvez vous faire croire qu’ils ont libéré la Pologne du joug soviétique, et vous arranger pour ne pas voir qu’ils ont surtout jeté plusieurs générations de jeunes (principalement femmes) en pâture au proxénétisme international industrialisé. Après tout, vos fantasmes vous regardent.

Enfin, si le rôle des prêtres dans les révolutions vous paraît important, vous allez sûrement vous débrouiller pour montrer à un maximum de Français la vidéo de la rencontre d’un certain nombre de rabbins orthodoxes avec le président Ahmadinejad, à New York et leur faire entendre ce qu’ils se sont dit ? Elle n’est en effet visible, pour l’instant, que sur un site islamiste, mais je suis sûre que c’est par hasard et que l’oubli va être bientôt réparé.
D’accord, ces rabbins ne font pas "une révolution". Ils essaient juste d’empêcher l’Apocalypse. Leurs ambitions sont vraiment trop modestes !
Catherine.

03/10/2007 10:26 par Vincent Présumey

Chère Catherine,

Cette irruption de morale est déplacée, car elle repose sur un préjugé que rien ne prouve : vous êtes visiblement convaincue, sans même y avoir réfléchi, que celui qui se prononce pour la défense du peuple birman est forcément quelqu’un qui jamais n’a manifesté ni ne manifestera pour les Palestiniens ou pour les Irakiens !

De même, à la place de ce qui est réellement écrit, vous fantasmez : vous imaginez que j’ai écrit que les curés ont libéré la Pologne alors que j’ai écrit que le mouvement ouvier de 1980 a été trahi avec la bénédiction du pape, et j’ajoute pour que ce soit bien clair : trahi par les curés alliés aux canailles staliniennes reconverties, trahi non parce que les chefs de Solidarnosc ont combattu le régime "communiste"’, mais parce qu’ils ont pactisé avec lui pour restaurer ensemble le capitalisme ...

Bref : votre vision des luttes sociales à l’échelle mondiale n’oppose pas des classes vivantes, des exploiteurs et des exploités, les capitalistes et tous leurs alliés, aux prolétaires, aux paysans, à la majorité, mais des camps géostratégiques avec des "bons" et des "mauvais". C’est exactement là l’ilustration de ce que j’appelle le "radotage de la guerre froide" : vous pensez comme Bush, mais en mettant un signe positif là où il met un signe négatif. Amadinejad ne vaut pas mieux que Bush et taire le caractère réactionnaire de son régime c’est faire le jeu de Bush. Le meilleur coup qui pourrait être porté à Bush serait que les Iraniens renversent ce régime.

Plus généralement, plusieurs réactions à mon article sont exemplaires des fantasmes d’une génération de militants qui peinent à sortir des schémas anciens qui nous ont pourtant fait perdre le XX° siècle.

Remarquable symptôme : on leur dit qu’il y aurait comme quelque chose qui ressemble à un début de révolution du côté de Rangoon et les voila, ces valeureux barbudos et ces moudjahidines du net, qui s’insurgent comme des oies blanches et rougissent comme des vierges effarouchées ! Même de gentilles plaisanteries sur "Va donc à Rangoon" (ce que je ne ferai évidemment pas : l’ennemi principal est dans mon pays ! ) paraitraient déplacées et ne se feraient pas à l’encontre d’un article sur la Palestine. Mais là ... Sans s’ en rendre compte, des gens qui en leur temps ont peut-être manifesté pour le Vietnam qualifient aujourd’hui la Birmanie de "lointaine".

Il y a du boulot à faire pour revenir au réel, c’est-à -dire à la bonne vieille lutte des classes, et à l’unité mondiale de la lutte des classes. Mais c’est indispensable si nous voulons gagner au XXI° siècle. Et débarasser le monde des Bush, des Amadinejad et même de leurs rabbins orthodoxes de service !

Vincent Présumey

03/10/2007 15:57 par inanov

tout ce qui bouge n’est pas rouge, mais les trotskystes m’apprendront jamais et leur opportunisme leur conduira à chaque fois à soutenir les entreprises les plus douteuses, tout en délaissant (ou sabotant) les vrais foyers de lutte anti-impérialiste dans le monde comme on peut le vérifier actuellement avec la Palestine et l’Irak

04/10/2007 01:09 par Vincent Présumey

Et voila, ça devait arriver, à force de réveiller les morts : un chasseur de trotskystes ! Qui les a vues, ces vipères lubriques, saboter "les vrais foyers de lutte anti-impérialiste" ! Il l’a même vérifié, qu’il dit ! En Palestine et en Irak, s’il vous plait !

Comme quoi que tout ce qui se dit rouge ne l’est pas ...

Vincent Présumey

06/10/2007 01:22 par Catherine

Cher Présumey,
J’adore recevoir des leçons de gauchisme.
J’adore encore plus voir les futurs Kouchner, Glucksman, Brückner, Furet, Revel, Sollers, and C° - j’arrête, la liste est trop longue, comment il a fait Marchais pour ne pas couler plus vite ? - s’exciter sur une Nième révolution exotique, se battre une fois de plus par procuration. Ca me rajeunit.
Mais quittons ces hauteurs. Ce que j’aimerais savoir, c’est - lorsqu’un de ces malheureux Birmans échappé de son enfer viendra s’abattre à l’intérieur de vos frontières pour y demander l’asile politique, et qu’il en aura été rejeté par les soins attentifs de votre socialiste ministre de la colonisation tous azimuts et de votre Président des flics à tasers - ce que vous avez l’intention de faire pour soutenir sa lutte ? Pratiquement. Ici et pas ailleurs. Je pourrais peut-être, le cas échéant, me joindre à vous. Remarquez, on pourrait aussi demander aux Birmans de défiler pour vous soutenir. A mon avis, ce ne serait pas un luxe.
A bientôt sur les barricades.
Catherine.

PS. Alors, vous ne le savez vraiment pas que Solidarnosc a été financé, dès le jour de sa création (i.e. a été créé) par le Pape et la CIA ? Vous devriez demander à Hobsbawm. Il a connu celui qui signait les chèques.

07/10/2007 01:01 par Anonyme

Chère Catherine,

alors comme ça, de même que certains connaissent l’homme qui a vu l’homme
qui a vu l’ours, vous vous connaissez l’homme qui connaît celui qui signait
les chèques !

Je pourrais vous dire que les soupçons ne manquent pas envers Walesa d’avoir
travaillé pour la police politique "communiste" pour contenir, canaliser et
dévier le mouvement de Solidarnosc, mais même si c’est vrai il n’y est pas
arrivé tout seul, il a fallu un coup d’Etat militaire pour faire rentrer les
gens au travail et pouvoir ensuite leur prendre leur organisation, et
réduire les choses à cela serait me situer sur le même terrain stupide de
petits agents de police que ce que vous écrivez. Car Solidarnosc n’est pas
né du pape et de la CIA, mais d’une grève de masse, ce fut en 1980 un
mouvement de 10 millions de travailleurs qui ont tenté de reprendre leurs
usines. Les ennemis de la classe ouvrière, les policiers du régime qui
expliquaient que ce mouvement était manipulé par le pape et la CIA sont les
mêmes qui ont négocié avec le pape, la CIA et Walesa leur reconversion en
hommes d’affaires une fois le Solidarnosc de 1980 réprimé. Et puis vous
savez, expliquer que des ouvriers grévistes le sont grace à des agents
occultes qui leurs signent des chèques, les patrons des mines savaient déjà 
faire au XIX° siècle. Au fait, et pour revenir au sujet initial, les manifs
en Birmanie n’ont pas démarré avec les bonzes, mais avec des mères de
famille désespérées contre la hausse des prix. Connaissez vous l’homme qui
connaît celui qui leur a fait le chèque ?

Vincent Présumey

07/10/2007 10:31 par vincent présumey

Sur le lien ci-dessous (sur l’ancien site de la CISL, je vois tout de suite le bataillon des spécialistes en CIA indignés que l’on se réfère à un tel site, mais il s’agissait d’une organisation syndicale avant sa fusion dans la CSI et s’il y avait des infos du côté de l’ancienne FSM, je les prendrai aussi ! ), des infos sur le mouvement syndical en Birmanie, antérieures aux évenements actuels, mais pas sans intérêt :

http://www.icftu.org/displaydocument.asp?Index=991224120&Language=FR

07/10/2007 12:23 par Anonyme

"Catherine", visiblement poursuit une logique et des combats du siècle dernier.

Elle n’a pas encore admis que le stalinisme soit mort, ressasse celà et fait de la libre discussion un combat personnel où son égo importe plus que la vérité.

L’agressivité qu’elle emploie, couplée à l’irrationalisme de sa pensée, font qu’il est difficile de suivre le moindre raisonnement. En ce sens ses contributions sont purement "émotionnelles" et ses émotions difficiles à partager.

Celà est d’autant plus vrai que d’autres membres ou anciens membres du PC, doté d’une vraie honneteté intellectuelle et sensibilité personnelle ont considérablement évolué et participent sur ce forum aux débats de façon constructive.

Elle souhaite se fossiliser, celà concerne essentiellement les futurs paléontologues des siècles prochains.

Concernant le débat, l’ensemble des réponses me font évoluer.

Il est parfaitement vrai que le peuple birman lutte contre la dictature depuis 1/2 siècle et que ce combat mérite le respect.
Il est juste de dire que l’absence de preuves d’une manipulation doit avant tout leur profiter.
Le fait que les "démocraties" occidentales cherchent à exploiter les évènements actuels ne justifient pas à lui seul une position de neutralité que j’avais préconisé dans un 1er temps par réaction primaire, contre les medias.

Je ne suis pas convaincue à 100 %, mais désire ne plus leur fait de faux procès,ils ont déjà bien à faire comme celà avec la repression.

Je note entre autre par exemple que les bonzes manifestent contre l’avis de leur "conseil" dont les MEMBRES sont nommés par la junte militaire.

L’existence d’une "mouvement révolutionnaire" affirmé par "Vincent" reste largement à prouver. Notamment il conviendait de regarder plus attentivement s’il existe des formes de regroupement d’une direction révolutionnaire (propre étant à prendre au sens "personnel" et nom celui d’une rectitude morale. Faute de celà ce mouvement restera une simple jacquerie.

Mais Même une jacquerie est repectable,à condition qu’elle ne se soumette pas ou qu’elle ne s’autodétruise pas.

La question du soutien à la manif est autre. Je note néanmoins que le parti communiste y a appelé n’ayant pas peur de se mélanger avec les "gauchistes" de tout poil.

Bambuck

08/10/2007 10:55 par vincent présumey

... il est important d’avoir une discussion raisonnable, non seulement sur la Birmanie, mais sur ce que révèle ce débat survenu à propos de la Birmanie. Car trop de militants, de bons camarades avec lesquels, on le sait bien, on se retrouvera dans des luttes quotidiennes, contre Sarkozy, et c’est sans doute le cas de "Catherine", fonctionnent sur la base de réflexes conditionnés non par la réalité, qu’il s’agit de percevoir et d’analyser à travers le rideau médiatique, mais par des stimuli, des habitus, dont il faut bien admettre à mon avis, fondamentalement, qu’ils ont été façonnés par le XX° siècle stalinien.

Ce serait un débat historique d’anciens si des évènements comme la Birmanie ne nous rappelaient pas que le problème est actuel et que pour que le socialisme gagne au XXI° siècle -comme alternative vitale à la destruction du monde ...- il doit surmonter cet héritage et assumer entièrement la démocratie, la vraie démocratie, en arrétant de croire que la démocratie est une arme de Bush, par exemple.

De même, combien de militants alters et de la gauche de la gauche pensent que, "puisque nous n’avons plus de modèle" (sous-entendu puisqu’on a perdu l’URSS, sacré "modèle" !! )il faut tout refaire, "reconstruire une alternative" et qu’en attendant on ne peut que "résister", alors qu’en vérité les luttes réelles ont le pouvoir et l’avenir comme enjeu immédiat, et qu’avec ce genre de vision du monde il s’agit en fait d’attendre cinquante ans et de demander à la jeune génération d’en faire autant ? -cela sans se rendre compte que cette vision "gauchiste-attentiste" est au fond la même que celles des socio-libéraux à la DSK qui expliquent eux qu’il n’y a qu’à s’adapter à l’ordre capitaliste tel qu’il est, et que les deux se complétent !

Au vu de la discussion, je fais moi aussi un amendement : l’affirmation selon laquelle il y a révolution en Birmanie est évidemment un peu rapide, et les infos manquent cruellement. J’ai volontairement "tordu le bâton" car je pense qu’il est dramatique que des militants attendent de voir la casquette du colonel, la moustache du général ou le keffié du meneur pour reconnaître un mouvement social des exploités et des opprimés, ce dont il est évident que cela se produit en Birmanie. Là encore ils cherchent leurs gris-gris plutôt que de s’efforcer à voir le réel. Et personne n’a jamais "redressé" un mouvement de masse plein d’illusions en commençant par en nier l’existence ou par l’accuser d’être payé par des espions.

Cordialement,
VP

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