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De la guerre qui viendrait

Vous voulez la paix ; vous la voulez profondément. Toutes les classes dirigeantes de l’Europe, les gouvernements et les peuples la veulent aussi, visiblement avec une égale sincérité. Et pourtant, dans cet immense et commun amour de la paix, les budgets de la guerre s’enflent et montent partout d’année en année, et la guerre, maudite de tous, redoutée de tous, réprouvée de tous, peut, à tout moment, éclater sur tous. D’où vient cela ?

Au risque de vous paraître affligé de la plus cruelle monotonie, je dois dire ici tout d’abord quelle est, selon nous, la raison profonde de cette contradiction, de ce perpétuel péril de guerre au milieu de l’universel désir de la paix. Tant que, dans chaque nation, une classe restreinte d’hommes possédera les grands moyens de production et d’échange, tant qu’elle possédera ainsi et gouvernera les autres hommes, tant que cette classe pourra imposer aux sociétés qu’elle domine sa propre loi, qui est la concurrence illimitée, la lutte incessante pour la vie, le combat quotidien pour la fortune et pour le pouvoir ; tant que cette classe privilégiée, pour se préserver contre tous les sursauts possibles de la masse, s’appuiera ou sur les grandes dynasties militaires ou sur certaines armées de métier des républiques oligarchiques ; tant que le césarisme pourra profiter de cette rivalité profonde des classes pour les duper et les dominer l’une par l’autre, écrasant au moyen du peuple aigri les libertés parlementaires de la bourgeoisie, écrasant ensuite, au moyen de la bourgeoisie gorgée d’affaires, le réveil républicain du peuple ; tant que cela sera, toujours cette guerre politique, économique et sociale des classes entre elles, des individus entre eux, dans chaque nation, suscitera les guerres armées entre les peuples. C’est de la division profonde des classes et des intérêts dans chaque pays que sortent les conflits entre les nations. [...]

Partout, ce sont ces grandes compétitions coloniales où apparaît à nu le principe même des grandes guerres entre les peuples européens, puisqu’il suffit incessamment de la rivalité déréglée de deux comptoirs ou de deux groupes de marchands pour menacer peut-être la paix de l’Europe. Et alors, comment voulez-vous que la guerre entre les peuples ne soit pas tous les jours sur le point d’éclater ? Comment voulez-vous qu’elle ne soit pas toujours possible, lorsque, dans nos sociétés livrées au désordre infini de la concurrence, aux antagonismes de classes et à ces luttes politiques qui ne sont bien souvent que le déguisement des luttes sociales, la vie humaine elle-même en son fond n’est que guerre et combat ?

Ceux qui de bonne foi s’imaginent vouloir la paix, lorsqu’ils défendent contre nous la société présente, lorsqu’ils la glorifient contre nous, ce qu’ils défendent en réalité sans le vouloir et sans le savoir, c’est la possibilité permanente de la guerre. C’est en même temps le militarisme lui-même qu’ils veulent prolonger. Car cette société tourmentée, pour se défendre contre les inquiétudes qui lui viennent sans cesse de son propre fonds, est obligée perpétuellement d’épaissir la cuirasse contre la cuirasse ; dans ce siècle de concurrence sans limite et de surproduction, il y a aussi concurrence entre les armées et surproduction militaire : l’industrie elle-même étant un combat, la guerre devient la première, la plus excitée, la plus fiévreuse des industries.
Et il ne suffit pas aux nations de s’épuiser ainsi à entretenir les unes contre les autres des forces armées ; il faut encore - et ici je demande la permission de dire nettement ma pensée - que les classes privilégiées, possédantes, de tous les pays isolent le plus possible cette armée, par l’encasernement et par la discipline de l’obéissance passive, de la libre vie des démocraties.

On ne nous a pas caché depuis vingt ans que c’était là aujourd’hui, en Europe, la conception des armées de métier. L’Assemblée nationale acclamait l’illustre rapporteur de la loi militaire disant : « Quand on parle d’armée, il ne faut plus parler de démocratie » ; et elle couvrait de huées le défenseur de Belfort, Denfert-Rochereau, réclamant contre le dogme de l’obéissance passive. Et au moment même où, de l’autre côté de la frontière, un empereur d’armée disait récemment à ses soldats qu’il avait désormais besoin surtout de leur fidélité contre l’ennemi intérieur et qu’ils devaient être prêts à tirer sans hésitation et sans faiblesse, sur leurs pères et sur leurs frères enrôlés par la démocratie sociale, à ce moment même où quelques jours après, dans cette discussion, on nous signifiait - et je remercie l’orateur du parti conservateur, comme je l’avais remercié l’autre jour, de sa sincérité et de sa franchise - on nous signifiait que l’armée était la grande sauvegarde au dehors et au dedans, nous avons compris ce que cela voulait dire.

[...] Et voilà comment, [mesdames], messieurs, vous aboutissez à cette double contradiction : d’une part, tandis que tous les peuples et tous les gouvernements veulent la paix, et malgré tous les congrès de philanthropie internationale, la guerre peut naître d’un hasard toujours possible ; et d’autre part, alors que s’est développé partout l’esprit de démocratie et de liberté, se développent aussi les grands organismes militaires qui, au jugement des penseurs républicains qui ont fait notre doctrine, sont toujours un péril chronique pour la liberté des démocraties. Toujours votre société violente et chaotique, même quand elle veut la paix, même quand elle est à l’état d’apparent repos, porte en elle la guerre, comme la nuée dormante porte l’orage. [Mesdames], Messieurs, il n’y a qu’un moyen d’abolir enfin la guerre entre les peuples, c’est d’abolir la guerre entre les individus, c’est d’abolir la guerre économique, le désordre de la société présente, c’est de substituer à la lutte universelle pour la vie, qui aboutit à la lutte universelle sur les champs de bataille, un régime de concorde sociale et d’unité. [...]

Si nous poursuivons le capitalisme, c’est parce qu’il donne à l’homme prise sur l’homme ; si nous combattons dans cette force du capital la prolongation du vieil esprit de domination et de conquête, ce n’est pas pour subir ce vieil esprit de domination et de conquête sous sa forme la plus brutale, quand il fait ouvertement violence de la conscience des peuples et quand il coupe en deux par l’épée des âmes qui veulent rester unies.
Si nous combattons le militarisme, ce n’est pas pour lui laisser son dernier trophée. Dans nos conflits intérieurs, dans nos grèves, dans nos luttes économiques, nous nous indignons quand le soldat de France est exposé à tirer sur ses frères. Mais à quoi donc sont exposés ceux qui sont enrôlés ailleurs par le militarisme impérial, sinon à tirer un jour sur des frères ? [...]

Ce n’est pas seulement le développement des libertés politiques, c’est surtout le développement de la justice sociale qui abolira les iniquités de nation à nation, comme les iniquités d’individu à individu. De même qu’on ne réconcilie pas des individus en faisant simplement appel à la fraternité humaine, mais en les associant, s’il est possible, à une œuvre commune et noble, où, en s’oubliant eux-mêmes, ils oublient leur inimitié, de même les nations n’abjureront les vieilles jalousies, les vieilles querelles, les vieilles prétentions dominatrices, tout ce passé éclatant et triste d’orgueil et de haine, de gloire et de sang, que lorsqu’elles se seront proposé toutes ensemble un objet supérieur à elles, que quand elles auront compris la mission que leur assigne l’histoire, que Chateaubriand leur indiquait déjà il y a un siècle, c’est-à-dire la libération définitive de la race humaine qui, après avoir échappé à l’esclavage et au servage, veut et doit échapper au salariat.

Dans l’ivresse, dans la joie de cette grande œuvre accomplie ou même préparée, quand il n’y aura plus de domination politique ou économique de l’homme sur l’homme, quand il ne sera plus besoin de gouvernements armés pour maintenir les monopoles des classes accapareuses, quand la diversité des drapeaux égaiera sans la briser l’unité des hommes, qui donc alors, je vous le demande, aura intérêt à empêcher un groupe d’hommes de vivre d’une vie plus étroite, plus familière, plus intime, c’est-à-dire d’une vie nationale, avec le groupe historique auquel le rattachent de séculaires amitiés ? Et comme c’est la classe des salariés, comme c’est, en tout pays, la classe prolétarienne qui pressent le mieux l’ordre nouveau, parce qu’elle souffre le plus de l’ordre présent, comme c’est elle qui dès aujourd’hui prépare le mieux l’accord international des peuples par l’accord international du prolétariat, avec elle et comme elle nous sommes internationalistes pour préparer l’abolition des iniquités sociales, qui sont la cause des guerres, et l’abolition des guerres, qui sont le prétexte des armées.
Jean Jaurès, le 7 avril 1895, à la Chambre des députés (1)

L’humanité est maudite, si pour faire preuve de courage elle est condamnée à tuer éternellement. Le courage, aujourd’hui, ce n’est pas de maintenir sur le monde la sombre nuée de la Guerre, nuée terrible, mais dormante, dont on peut toujours se flatter qu’elle éclatera sur d’autres. Le courage, ce n’est pas de laisser aux mains de la force la solution des conflits que la raison peut résoudre ; car le courage pour vous tous, courage de toutes les heures, c’est de supporter sans fléchir les épreuves de tout ordre, physiques et morales, que prodigue la vie. Le courage, c’est de ne pas livrer sa volonté au hasard des impressions et des forces ; c’est de garder dans les lassitudes inévitables l’habitude du travail et de l’action. Le courage, dans le désordre infini de la vie qui nous sollicite de toutes parts, c’est de choisir un métier et de le bien faire, quel qu’il soit. [...] Le courage, c’est d’aimer la vie et de regarder la mort d’un regard tranquille ; c’est d’aller à l’idéal et de comprendre le réel ; c’est d’agir et de se donner aux grandes causes sans savoir quelle récompense réserve à notre effort l’univers profond, ni s’il lui réserve une récompense. Le courage, c’est de chercher la vérité et de la dire ; c’est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe, et de ne pas faire écho, de notre âme, de notre bouche et de nos mains aux applaudissements imbéciles et aux huées fanatiques.
Jean Jaurès, le 30 juillet 1903, Discours à la jeunesse (2)

Tout cela est bien dit, mais ces discours font partie de l’Histoire : Jaurès avait combattu, en vain, la guerre qui viendrait.

« Nous débarquions la nuit, sans prévenir... Dans la majorité des cas, les renseignements fournis par les informateurs irakiens étaient faux et nous n’avons rien trouvé. L’une des fusillades à laquelle j’ai participé a causé la mort de civils, car nous nous étions trompés de cible. J’en ai été très affecté. Peut-être aurais-je pu tolérer tout cela si j’avais cru en une guerre juste, mais ce n’était pas le cas. L’effet cumulé m’a convaincu que nous créions bien plus d’ennemis que nous n’en tuions. Il y a d’avantage d’islamistes radicaux dans le monde aujourd’hui qu’au moment du 11 septembre. Notre stratégie est clairement contre-productive. La politique américaine au Moyen-Orient depuis 2003 est un désastre complet, elle n’a servi qu’à générer le chaos et le conflit (Brian Van Reet, vétéran états-unien d’Irak, Humanité du 12 avril 2018).

Ce chaos, ces conflits, qui perdurent, ne sont pas inutiles, bien au contraire, car «  le capitalisme porte toujours en lui la guerre comme la nuée porte l’orage  ». Cette stratégie est contre-productive pour l’avènement de la paix, mais réaliste en période de crise de surcapacité : il n’y a pas de guerre juste, mais juste des guerres qui profitent à quelques-uns. Il n’y a, là, rien de nouveau...

Présentement, le deus ex machina, le Trumpion de service, participe à l’aventurisme, au bellicisme ambiant. Est-il encore temps de lui rappeler ? «  La guerre est toujours la sanction d’un échec. Serait-ce notre seul recours face aux nombreux défis actuels ? [...] Et c’est un vieux pays, la France, d’un vieux continent comme le mien, l’Europe, qui vous le dit aujourd’hui, qui a connu les guerres, l’Occupation, la barbarie. Un pays qui n’oublie pas et qui sait tout ce qu’il doit aux combattants de la liberté venus d’Amérique et d’ailleurs. Et qui pourtant n’a cessé de se tenir debout face à l’Histoire et devant les hommes. Fidèle à ses valeurs, il veut agir résolument avec tous les membres de la communauté internationale. Il croit en notre capacité à construire ensemble un monde meilleur. » (Villepin, 14 février 2003, Conseil de sécurité de l’ONU, cf. note 3) 

PERSONNE

(1) http://www.jaures.eu/ressources/de_jaures/le-capitalisme-porte-en-lui-la-guerre-1895/
Le discours complet est disponible sur le site de la BNF : ouvrage «  Patriotisme et internationalisme », 1895

(2) https://www.humanite.fr/jean-jaures-le-courage-cest-de-chercher-la-verite-et-de-la-dire-641332

(3) https://www.humanite.fr/dominique-de-villepin-donne-de-la-voix-la-diplomatie-francaise-640976

COMMENTAIRES  

14/04/2018 13:08 par Danael

Une centaine de missiles a été lancés contre la Syrie par les EU, la France et l’Angleterre en violation du droit international. Va-t-on les laisser longtemps sacrifier des vies humaines inutilement alors que la Syrie est aux premières lignes de la lutte contre les terroristes dans la région ? Nous devons exiger dans nos manifestations le retrait immédiat de la France de la Syrie et la fin des hostilités américaines. Un Vaste mouvement de paix doit accompagner nos mouvements de revendications sociales à l’avenir .

14/04/2018 14:56 par Assimbonanga

Journal Le Télégramme : À combien va se chiffrer le coût de la plus importante opération de maintien de l’ordre depuis les événements de mai 1968 ? Faute de réponse des pouvoirs publics, nous avons procédé à notre propre évaluation : au moins 275 000 € par jour ! Près de 3 000 gendarmes et policiers mobilisés, un hélicoptère, 4 blindés (huit autres prêts à intervenir depuis Angers), des drones, des blessés, de la casse matérielle… Quelle va être la facture de cette opération d’évacuation et de « déconstruction » des squats de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes ? Le ministère de l’Intérieur n’a pas répondu à nos sollicitations. Nous avons pris notre calculatrice. Et ciblé les principaux postes de dépenses. Un hélicoptère. Plusieurs assurent une disponibilité H24 (pas de vol constant). Selon la gendarmerie, l’heure de vol d’un EC-135 est de 1 500 €. Comptons quatre heures par jour : 6 000 €. Les indemnités journalières. Gendarmes mobiles et CRS perçoivent une indemnité journalière d’absen...

14/04/2018 15:05 par Assimbonanga

En 2012, les keufs avaient pompeusement baptisé "opération César" leur invasion de la ZAD qui s’était soldée par une retraite lamentable. Cette nouvelle saison, ils ont préféré éviter de lui donner un nom... "Opération Jupiter", pour risquer la déconfiture, ça l’aurait pas fait ! "Opération pharaon", eut été pas mal non plus, pour la rigolade. En attendant,le roi des intelligents a lancé son petit Vietnam intérieur. Ces trucs-là, on sait quand on commence, on ne sait pas comment l’arrêter.
Des foules de sympathisants, soldats de la paix, militants, indignés, affluent sur le bocage qui n’est pas très équipé pour ça.
Guerre intérieure, guerre extérieure avec les bombes sur la Syrie. C’est la guerre. Il n’a pas l’air de réaliser, le ravi de la crèche.

14/04/2018 15:17 par Assimbonanga

Deux blindés, trois fourgons sont signalés en approche de zone. Source radio klaxon.
(En France, NDDL, mais oui !)

14/04/2018 15:29 par Assimbonanga

Aux Fosses Noires, les flics se préparent à attaquer. Samedi 14 avril 2018. FRANCE

14/04/2018 19:01 par Jean-Yves Leblanc

D’accord avec Danael.
Cet article traitant de généralités sur la guerre et sur la responsabilité du capitalisme en général dans la guerre me semble en décalage total avec l’actualité brûlante du monde réel.
On ne dirait pas que, cette nuit, les USA, la France et le Royaume Uni ont commis un acte de guerre d’une gravité exceptionnelle et une agression impardonnable qui nous a amené à un cheveu de la guerre mondiale. On ne dirait pas, à lire ce texte qui tend à renvoyer un peu toutes les armées armées dos à dos, que les agressés (La Syrie et la Russie) ont sauvé (momentanément) la paix mondiale en de ripostant pas et en acceptant l’humiliation. A lire ce texte, on ne dirait pas que dans le monde réel du 14 avril 2018 il y a 2 camps : celui de l’impérialisme des USA et de leurs valets et celui de la Syrie, de la Russie et de leurs alliés. L’heure n’est certainement pas à renvoyer les deux camps dos à dos (cf le tweet de Quatennens : "Le suivisme d’Emmanuel #Macron est irresponsable et dangereux. Si détestable que soit le régime d’El-Assad, on ne fait pas respecter le droit international en le violant soi-même").
L’heure exige que l’on choisisse son camp. L’heure est aux grandes manifestations anti-US, anti-Macron et anti-guerre. Or il me semble que la gauche française - fût-elle "radicale" - ainsi que les syndicats tournent la tête pour ne pas voir. A part quelques déclarations ils leur semble urgent de ne rien faire. Q’il est loin le temps des manifs contre la guerre du Vietnam. Il est bien triste de constater que les prises de position les plus claires contre l’agression militaire française ... viennent de droite ! C’est un comble !
Je me suis surpris, hier, à compter le nombre de commentaires qui suivent les articles du GS qui traitent de la Syrie (ou même des cheminots). Il y en a bien peu ! Rien à voir avec la logorrhée qui s’empare de nos amis quand on parle ZAD ... Il serait grand temps qu’on regarde le monde réel en face.

14/04/2018 20:22 par JC

@Danael : En l’occurrence on peut se féliciter que les 2/3 de ces missiles aient été interceptés et qu’il semblerait qu’il n’y ait que 3 blessés. En revanche ils ont détruit certains lieux oui, et n’ont rien construit ou amélioré.

14/04/2018 20:40 par JC

"Il est bien triste de constater que les prises de position les plus claires contre l’agression militaire française ... viennent de droite ! C’est un comble !"
Et bien ça dépend ce que vous appelez encore droite et gauche, et si vous trouvez que ce clivage est le plus fort qui existe, tandis que d’autres trouvent que c’est celui entre souveraineté et euro-atlanto-mondialisme. Il semblerait que tellement de monde s’est réclamé de la "gauche" et que les médias en particulier aient tellement réussi à retourner certaines causes pour les gauchiser, que tout ce milieu a été épuré des gens qui réfléchissent encore, et donc il en reste à droite (pas grave, ce sont les méchants...).

Je ne sais pas, est-ce qu’il faut prévoir le cimetière de droite et le cimetière de gauche, ou est-ce qu’on va accepter de mettre ces querelles culturelles (elles dépendent surtout du milieu d’où on vient et de ce qu’on a lu ou vécu, autrement dit chacun a des raisons de penser ce qu’il pense) de côté et s’accorder sur l’essentiel ?

14/04/2018 21:03 par Danael

@JC
Cette opération n’a rien, en effet, du succès annoncé par eux à grand roulement de tambour. Une défaite plutôt. Mais en attendant, les laisserons-nous continuer à terroriser les populations, à faire diversion pour qu’Israël perpétue ses crimes sans être mis à l’index et à agir impunément contre les régimes progressistes d’Amérique latine ? Quand aurons-nous le courage de dire haut et fort dans nos manifestations : ÇA SUFFIT ! Des services publics pas des missiles pour la France ! À bas l’impérialisme américain et Israël criminel !

15/04/2018 02:29 par Salvador

Ciotti pour le coup est de droite... et a en effet condamné les frappes.
Les avantages de l’opposition.

15/04/2018 11:35 par Assimbonanga

Déclarations pacifistes : Ciotti ou Le Pen se la jouent grands princes. Tout est cul par-dessus tête, le grand n’importe quoi. La plupart ne cherchent que la singularité qui le fera exister médiatiquement. La connerie humaine de prétendre que "être dans l’opposition" fait de vous un rebelle. Alors que toute la politique, les actions, de ces droitiers sont de toute éternité à la sanction, à l’entreprise, à l’exploitation de son prochain, à la propriété privée, à l’accumulation, à l’enrichissement, commerce & industrie, pollution, etc.
ZAD PARTOUT ! A NDDL, c’est le gros bordel, flics partout, pluie d’armes, lacrymo, incapacitants, désencerclement, flashball, démolitions, flicages, contrôles, arrestations. Les travailleurs flics blessés par leurs propres armes. Et tout ça pour quoi ?

15/04/2018 12:17 par Dominique

La gauche est presque complètement crétinisée par des pseudos intellectuels qui se rangent systématiquement derrière l’empire et face auxquels bien peu de voix s’élèvent et surtout réussissent à se faire entendre. Quand aux médias, ils ne sont pas mieux et comme ils sont majoritairement de droite, il n’est pas étonnant que les voix critiques que l’on entendent soient le plus souvent de droite.

Quand à cet article, je suis bien d’accord, mais il faudrait le mettre en perspective en montrant aussi ce qui rend possible cet état de fait. On en arrive alors à remettre en cause la dualité constante qui perverti constamment et de façon systématique notre société. Cette dualité commence avec notre concept même de civilisation qui oppose civilisation à la Nature et à l’humanité. Il s’agit de raser les forêts pour y construire des villes et d’apporter la civilisation à nos semblables, ceci sans leur demander leur avis et en les qualifiant de sauvages.

Avec le capitalisme on en est toujours là. Les écolos veulent distribuer des panneaux solaires au autochtones. Ils ont de puissantes ONG pour les aider, ONG financée par des sociétés comme Veolia, et pour ces souteneurs, ils s’agit simplement de faire rentrer les derniers sauvages dans la civilisation de consommation de masse et de leur permettre d’utiliser et donc d’acheter tous les biens de consommation électriques. Ce genre d’écologie n’est donc rien d’autre qu’une nouvelle forme de colonialisme. Et pourtant les écolos devraient être les premiers à savoir que la sixième extinction de masse ne s’arrêtera pas grâce à plus de société industrielle de consommation de masse. Leurs pratiques prouvent simplement, qu’à l’instar des autres formations politiques, ils ont adopté le slogan de guerre de Georges Bush : "Notre mode de vie n’est pas négociable".

De temps en temps, il faut quand même être un peu réaliste. Ce qui est en jeu aujourd’hui n’est rien de plus que la survie de l’humanité en temps qu’espèce sur sa seule source de vie, la Terre. À l’école, on nous apprends que l’histoire commence avec la première civilisation et qu’avant c’est la préhistoire. Nous sommes aujourd’hui à la fin de l’histoire, de cette malheureuse et criminelle histoire des civilisations suprématistes et la seule inconnue est de savoir si cette fin se fera avec ou sans nous.

15/04/2018 13:13 par Jean-Yves Leblanc

Je suis d’accord avec la remarque de JC du 14/04/2018 à 20:40.
Cette remarque s’applique pleinement à la gauche politique (politicarde) et syndicale actuelle, y compris en grande partie à ses composantes "radicales". Cette gauche-là est effectivement sur les mêmes lignes "euro-atlanto-mondialistes" que la droite libérale.

Pour moi, le mot "gauche" est un raccourci qui désigne (...devrait désigner !) l’anticapitalisme (et donc ce qui, autrefois, tournait autour du Parti Communiste). L’anticapitalisme étant un objectif à long terme, la gauche doit d’abord impulser tous les combats à court terme pour les droits sociaux, pour la défense du peuple. Elle doit aussi impérativement choisir son camp à chaque étape de la guerre de l’impérialisme contre les peuples et clairement identifier les points névralgiques de l’offensive capitaliste. Dans la situation actuelle l’urgence est donc de défendre la souveraineté nationale contre l’UE, de combattre vigoureusement l’atlantisme, de soutenir la Russie contre les USA, de construire un front anti-Macron et anti-guerre. Non pas à la place de la lutte SNCF mais en plus de cette lutte car cette lutte est vouée à l’échec si, en amont, on laisse les mains libres aux fossoyeurs de la SNCF ou si on accepte d’être subordonnés au diktat bruxellois..

Le clivage entre ce vrai sens du mot "gauche" et la droite est fondamental et n’a rien d’une "querelle culturelle". C’est même la seule raison valable de faire de la politique.

Le silence assourdissant de la gauche au lendemain du 14 avril est non seulement catastrophique, il tue l’espoir. Il confirme l’incapacité de cette gauche à se positionner contre l’euro-atlantisme même dans ses exactions les plus caricaturales. Quand je dis qu’il est triste de voir que les paroles anti-US les plus claires viennent de droite, c’est parce que si la gauche s’avère être plus zélée encore dans la défense de l’UE et des USA que les capitalistes déclarés que sont les gens de droite, il ne reste guère d’issue. La gauche doit impulser des fronts pour défendre la souveraineté nationale ou combattre la guerre américaine. Ces fronts peuvent inclure des gens de droite sur des objectifs précis. Mais laisser le monopole de la souveraineté à la droite ou laisser Wauquiez se faire champion de l’indignation face aux frappes US, voilà la meilleure façon de boucher durablement un horizon socialiste.

15/04/2018 15:21 par Dominique

@ Jean-Yves Leblanc

Je suis d’accord avec l’essentiel de ce que tu dis. Par contre le soutien à la Russie ou au Hezbollah doit être inscrit dans une perspective révolutionnaire dans laquelle il faut avoir à l’esprit que nous vivons une guerre mondiale du moins de 1% contre tous les peuples du monde. Face à cela il est de la plus haute importance de soutenir les luttes de tous les peuples. Par exemple, la lutte du peuple syrien contre Bachard el Assad était légitime, et pour la contrer non seulement l’empire à manipulé les islamistes dès les premières manifestations, mais Bachard en a fait autant, ceci peut-être avec l’appui déjà des russes et du Hezbollah car ils étaient déjà présents sur le terrain. Aucune guerre n’a jamais régler le fond du problème, elle ne font qu’apporter des tyrans dans le cas des guerres coloniales, et remplacer des tyrans par d’autres dans le cas de guerres entre impérialistes.

Ce qui implique que plus que de soutenir une nation impérialiste comme la Russie, il est encore plus important de soutenir les luttes des peuples en lutte partout sur la planète, comme par exemple celles des anarchistes polonais qui sont les seuls à essayer de combattre le gouvernement d’extrême-droite de ce pays et qui font face à une répression féroce, ou de soutenir les nombreuses luttes des travailleurs US dont nos médias ne parlent jamais, et pour cause ils ont trop peur que les révolutionnaires de tous pays s’unissent. Soutenir aussi les luttes des paysans de proximité partout sur la planète pour ne pas disparaître face à des géants comme Monsanto-Bayer et la filière de l’agriculture industrielle. Etc., liste non exhaustive.

Aussi, nous devons bien comprendre que la situation de la planète est telle, avec la sixième extinction de masse que nous n’avons d’autre choix que de régler une fois pour toute le fond du problème qui est notre concept suprématiste de civilisation, et que dans ce contexte le capitalisme n’est l’ennemi, il n’est que l’outil économique actuel de l’ennemi. L’ennemi est notre mode de vie, et celui-ci pour l’ensemble des formations politiques qui se disputent le pouvoir, n’est pas négociable. Ces formations font donc parties intégrantes du problème et il ne faut envisager aucun soutien de leur part autre que ponctuel sur des luttes bien précises, ceci car régler le fond du problème n’a jamais été dans leur agenda.

15/04/2018 23:34 par alain harrison

Bonjour.
Il faut sans doute nuancer :

« « leur assigne l’histoire, que Chateaubriand leur indiquait déjà il y a un siècle, c’est-à-dire la libération définitive de la race humaine qui, après avoir échappé à l’esclavage et au servage, veut et doit échapper au salariat. » »
Du salariat imposé par le privé.
M. Friot lui donne un autre sens dans le cadre de la cotisation. Voir le programme du CNR.
Le salariat dans le cadre des coopératives autogérées, à temps partagé versus les faux emplois, dont la multitude d’agences de placement financier par exemple. Il semble que ce soit devenu un débouché ? Que penser des entreprises d’assurance ?

16/04/2018 14:07 par Assimbonanga

Hervé Kempf. Les mensonges sanglants de M. Macron. https://reporterre.net/Les-mensonges-sanglants-de-M-Macron 16 avril 2018

16/04/2018 18:50 par alain harrison

Bonjour.
Il faut sans doute nuancer :

« « leur assigne l’histoire, que Chateaubriand leur indiquait déjà il y a un siècle, c’est-à-dire la libération définitive de la race humaine qui, après avoir échappé à l’esclavage et au servage, veut et doit échapper au salariat. » »
Du salariat imposé par le privé.
M. Friot lui donne un autre sens dans le cadre de la cotisation. Voir le programme du CNR.
Le salariat dans le cadre des coopératives autogérées, à temps partagé versus le privé.

Appel, tout le PIB à la cotisation (Réseau salariat), un article que tous devraient lire et réfléchir.
En faire la promotion, vite vite

En même temps
« « tant que cela sera, toujours cette guerre politique, économique et sociale des classes entre elles, des individus entre eux, dans chaque nation, suscitera les guerres armées entre les peuples. C’est de la division profonde des classes et des intérêts dans chaque pays que sortent les conflits entre les nations. [...] » »
La division, le conflit interne que tout individu ressent à certain moment, c’est le même processus qui conduit le conflit entre individus, de même dans et entre chaque nation (bien sûr l’économie en est un élément) qui conduit à la guerre.
Je conseille la lecture de Krishnamurti-Bohm : Le Temps Aboli.

16/04/2018 20:51 par alain harrison

Bon dans certain commentaire, il est question de l’amalgame gauche droite, et la Le Pen semble réussir son coup de récupération, semant la zizanie et la confusion.
La gauche doit se relever et les solutions claires avec un agenda politique claire semble la seule sortie du piège de l’amalgame.
Reparler du programme du CNR mis à jour, du développement des coopératives autogérées,....
Il y a un développement qui est crucial : le nouveau paradigme économique qui devrait fondamentalement briser cette économie déséquilibré (le problème structurel), le concevoir et le promouvoir systématiquement et en faire le lien avec la vie de tous les jours versus le système économique actuel qui génère insécurité, conflit clientéliste, une subdivision de la division des classes des travailleurs, du secteur des services, des professionnels, des précaires, des individus-entrepreneurs........
Les grèves tournantes ou cycliques (2 jour sur 5) initié par les cheminots est l’occasion pour l’effet d’entraînement. Donc tous les militants de la gauche peuvent se relayer pour rassembler. Les différents secteurs publiques et sans doute dans le privé où les syndicats sont encore significatifs peuvent se relayer dans une grève perpétuel : faire tomber Macron.
Donc il faut qu’en tout temps, il y est un ensemble de grèves imposantes de telle sorte que les matraques et les casseurs se tiennent à carreau. le 2 sur 5, est à combler. Quand un ensemble cesse la grève après deux jours, un autre embarque en boucle.
Et ça tombe bien, l’hiver achève.
Aussi, préparer des marées humaine........
Des événements, comme la Fête de l’humanité, devaient servir à « « travailler » » l’agenda politique pour le mouvement de changement : la passage de l’état de droit à l’état Démocratique (démocratie directe). Promouvoir la participation du peuple et comment cela est faisable.
Ce qui se passe à Notre Dame des Landes est dans le continuum de la destruction de la Lybie , du dépeçage de la Grèce, de l’embargo contre Cuba et de la guerre économique contre le Vénézuéla, de l’acharnement en Syrie, contre la Russie et la Chine.
D’ailleurs la Chine essaie-t-elle d’ envahir le Viet Nam. Une partie de l’Ukraine n’a-t-elle pas fait un référendum pour rejoindre la Russie ? Pour ne nommer que quelques aspects des événements mis sous pressions démagogiques occidentales.
Le Vénézuéla est à l’étape de prendre de nouvelles mesures, comme prendre le contrôle de l’économie, dont nationaliser les banques et en faire des biens publiques cogérés citoyen-gouvernement, exproprier le privé (enquête paradis fiscaux, abus sur les employés......) dans le cadre du droit, oui, mais aussi en promouvoir le fait que si des travailleurs veulent prendre possession de leur entreprise, le gouvernement doit préparer des lois en ce sens (la Constitution qui est renouvelé semble-t-il par la Constituante), et prévoir des dédommagements raisonnables nonobstant les dettes engagées par le privé. Donc explorer toutes les niches de l’économie pour la remettre à l’endroit, dans son sens légitime, le seul, d’être au service du peuple, et non l’inverse comme nous pouvons le constater avec maintes preuves à l’appui qu’il suffit d’expliquer adéquatement au peuple, ainsi que les solutions.

Explorons et travaillons ensemble pour le passage de l’état de droit (e) failli vers l’état Démocratique

17/04/2018 10:55 par Assimbonanga

MARDI 17 AVRIL 2018. De la guerre qui viendrait...
8 h : L’opération de gendarmerie pour reprendre le carrefour stratégique de la Saulce, sur la D81, a commencé ce mardi vers 8 h. Deux blindés et une cinquantaine de fourgons sont arrivés par le nord de la Saulce, selon le fil d’actualité du site d’information de la Zad. Des affrontements ont eu lieu entre zadistes et gendarmes au niveau du carrefour, avec jets de pierres sur la centaine de gendarmes présents d’un côté et grenades lacrymogènes et assourdissantes de l’autre, selon un journaliste de France info présent sur place.
10 h 15 : Des machines de déblaiement — pelleteuses et camion-benne — sont arrivés au carrefour de la Saulce sur la Zad de Notre-Dame-des-Landes, mardi 17 avril un peu avant 10 h, selon un flash de Radio Klaxon. Le camion-benne serait rempli de terre pour reboucher les tranchées et les trous et les pelleteuses auraient commencé à détruire les barricades, selon l’automédia. Vers 10 h 10, une équipe de gendarmes avec des chiens se dirigeait vers la barricade sud du carrefour.

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