RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

En bas des tours du business

Préambule : J’ai pendant des années développé dans des textes de nature technique une analyse du capitalisme, visant à démontrer la cause de ses déséquilibres, dénommés crises. Quelques-uns de ces textes sont parus dans les colonnes du Grand Soir. A force de répéter les mêmes analyses, j’ai cherché à écrire autrement, de manière plus littéraire. Le texte qui suit est une description tout juste romancée de la réalité de mon environnement de travail. En fait, chaque salarié peut voir les mêmes choses que moi, mais peu d’entre eux, du fait de « l’idéologie qui endort et asservit », les observent réellement pour en faire une lecture socio-politique. Comme haut cadre fonctionnaire à 2 ans de la retraite, à la limite, je n’ai pas à me plaindre, mais je dois dire que je ne supporte plus ce système d’esclavagisme rampant et c’est ce qui me fait réagir de manière aussi sensible. Chaque violence urbaine que mes yeux distinguent me glace d’effroi et me pousse à écrire instantanément l’insupportable de la situation, juste pour montrer ce que personne ne voit ou refuse de regarder, car cette violence de l’urbanisme érigé en système (« métropolisation des rapports sociaux »), a des causes profondes, de nature politique. Sous ce texte romancé, c’est ce soubassement politique que je dénonce. J’espère que les lecteurs du Grand Soir y trouveront matière à réflexion. Tel est le tréfonds de ce texte.

* * *

Il était une fois, dans la plus grande métropole du royaume présidé par Jupiter, des tours aux vitrages bien opaques. Celles-ci sortaient de terre à la vitesse de l’éclair, tellement l’immobilier spéculatif était initialement arrosé de fonds publics, au point qu’à la Joliette les costards-cravates du business se substituèrent aux bleus de travail auparavant dominants. Le midi, on n’entendait parler que de process, d’input, de deadline et autres anglicismes du marché libre. Cependant, pour celles et ceux qui trimaient, les bureaux calfeutrés de moquette étouffaient tout juste les souffrances subies.

En bas des tours, le « territoire » faisait résonner l’écho d’une mondialisation de langues, tellement les prolétaires du béton armé s’étaient vu appliquer, à « l’insu de leur plein gré » la directive libérale des « travailleurs détachés », de... « L’Europe de l’emploi ».

Pas ou peu de syndicats dans ce monde-là, la compétitivité ayant écrasé ce qui restait de résistance à l’oppression du « tout profit ». Oppression de l’argent pour l’argent, d’une accumulation sauvage et imbécile, destructrice d’humanité et de savoirs vivre, tandis que dehors, sur les trottoirs immaculés, s’entassaient les cohortes de mendiants, aux pantalons rapiécés de Germinal.

On reconnaissait les migrants, exilés des pays en guerre, aux poussettes vides de bébé mais remplies de déchets ménagers mis à disposition dans les poubelles de la gentrification, planifié par des politiques qui ne voulaient plus de pauvres ici-bas. On y croisait aussi les chômeurs aux regards tristes car s’en allant pointer à Pôle emploi pour toucher les allocs de survie.

À midi, l’espace public restant vrombissait des commandes de repas données aux ubérisés du pédalage forcé à toute heure, tandis que des étudiantes au béret aguichant, en publicité moulante, déambulaient en patin roulette sur les terrasses du port.

Les cafés, bondés des clients du jour, donnaient l’impression d’une ruche en suractivité, débordant du pollen à traiter dare-dare, avant que de reprendre obligatoirement le chemin du bureau, au 6ème étage d’une tour anonyme, desservie par le métro vertical.

Pendant que les employés et cadres blancs s’en allaient rejoindre leur foyer dans un immeuble cossu, protégé par digicode individuel, une armée de femmes-esclaves importée d’Afrique prenait possession des bureaux en vue de nettoyer les saletés du jour produites, laissant ainsi leurs enfants travailler seuls leurs devoirs, ou trainer dans les rues à la merci du moindre trafic et règlement de compte.

C’est l’heure à laquelle les voitures du patronat victorieux rugissaient leurs moteurs, rajoutant ainsi à la pollution de l’air déjà saturé, pour rejoindre un conseil d’Administration secret, qui déciderait sans doute de rajouter des tours aux tours, pour boucher l’horizon. Soirée branchée french-tech pouvant se terminer par une sauterie, pas simplement dédiée à rassasier les papilles gustatives...

Pendant ce temps, les trafics, la prostitution, les précarités, les mendicités et les pauvretés métropolitaines se développaient sans fin... En bas des tours du business...

26 Septembre 2017, Fabrice

URL de cet article 32364
  

L’Espagne dans nos coeurs
Loic RAMIREZ
On a beaucoup écrit sur la guerre civile espagnole et si peu sur ses suites. Refusant la défaite, les républicains ont poursuivi leur combat durant plus de trente ans contre la dictature franquiste. Majoritairement exilés en France, ils ont eu pour principal soutien le parti communiste français et ses militants. Diffusion de tracts et de propagande, campagnes de solidarité, déplacement de clandestins et soutien logistique, les femmes et les hommes du PCF ont prêté main-forte aux "rouges" tout au (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

Je n’ai aucune idée à quoi pourrait ressembler une information de masse et de qualité, plus ou moins objective, plus ou moins professionnelle, plus ou moins intelligente. Je n’en ai jamais connue, sinon à de très faibles doses. D’ailleurs, je pense que nous en avons tellement perdu l’habitude que nous réagirions comme un aveugle qui retrouverait soudainement la vue : notre premier réflexe serait probablement de fermer les yeux de douleur, tant cela nous paraîtrait insupportable.

Viktor Dedaj

Appel de Paris pour Julian Assange
Julian Assange est un journaliste australien en prison. En prison pour avoir rempli sa mission de journaliste. Julian Assange a fondé WikiLeaks en 2006 pour permettre à des lanceurs d’alerte de faire fuiter des documents d’intérêt public. C’est ainsi qu’en 2010, grâce à la lanceuse d’alerte Chelsea Manning, WikiLeaks a fait œuvre de journalisme, notamment en fournissant des preuves de crimes de guerre commis par l’armée américaine en Irak et en Afghanistan. Les médias du monde entier ont utilisé ces (...)
17 
"Un système meurtrier est en train de se créer sous nos yeux" (Republik)
Une allégation de viol inventée et des preuves fabriquées en Suède, la pression du Royaume-Uni pour ne pas abandonner l’affaire, un juge partial, la détention dans une prison de sécurité maximale, la torture psychologique - et bientôt l’extradition vers les États-Unis, où il pourrait être condamné à 175 ans de prison pour avoir dénoncé des crimes de guerre. Pour la première fois, le rapporteur spécial des Nations unies sur la torture, Nils Melzer, parle en détail des conclusions explosives de son enquête sur (...)
11 
Lorsque les psychopathes prennent le contrôle de la société
NdT - Quelques extraits (en vrac) traitant des psychopathes et de leur emprise sur les sociétés modernes où ils s’épanouissent à merveille jusqu’au point de devenir une minorité dirigeante. Des passages paraîtront étrangement familiers et feront probablement penser à des situations et/ou des personnages existants ou ayant existé. Tu me dis "psychopathe" et soudain je pense à pas mal d’hommes et de femmes politiques. (attention : ce texte comporte une traduction non professionnelle d’un jargon (...)
46 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.