RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

Extradition d’Assange : ce serait reconnaître la loi du plus fort

La Grande-Bretagne veut appliquer le droit à la lettre : il lui faut de toute urgence extrader Julian Assange vers la Suède. Une telle urgence n’était étrangement pas de mise à l’époque où le juge Garzón demandait l’extradition d’Augusto Pinochet (après son arrestation à Londres en 1998). Or ce dictateur était accusé d’avoir fait assassiner, disparaître et torturer des milliers de Chiliens, alors que le fondateur de WikiLeaks est suspecté d’un viol douteux dans le cadre d’une campagne manifestement orchestrée.

Mais la Grande-Bretagne va plus loin. Poster des policiers autour de l’ambassade de l’Equateur à Londres équivaut, toutes proportions gardées, à envoyer des porte-avions dans le golfe Persique dès les premières fluctuations des cours du pétrole. Et dans ses déclarations, le gouvernement britannique se fait de plus en plus menaçant. La Grande-Bretagne se dit prête, en se fondant sur une loi nationale absolument contraire à la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques, à priver l’ambassade de l’Equateur de sa qualité diplomatique et à y pénétrer au nom de “l’obligation légale d’extrader Assange”.

Et ensuite ? Sommes-nous revenus au pouvoir discrétionnaire du plus fort sur la scène internationale ? (Si tant est qu’il ait jamais disparu…) En se fondant sur la même logique que la Grande-Bretagne, la Chine aurait dû attaquer l’ambassade des États-Unis pour arrêter le dissident chinois Chen Guangchen en mai 2012. Toujours dans cette optique, qu’est-ce qui nous empêche d’entrer au Panamá ou aux États-Unis pour traîner en justice les banquiers, les anciens présidents et les politiques, qui, à la différence d’Assange, sont manifestement coupables de ce dont on les accuse ? Quelle sera la réaction de l’Organisation des États américains (OEA) ? Fera-t-elle preuve de la même complicité hypocrite que lorsque la Grande-Bretagne a envahi les Malouines ? On peut le craindre, quand on connaît le sort réservé à Bradley Manning, le soldat américain qui a révélé les vérités dérangeantes sur l’Irak, reprises par WikiLeaks. Ceux qui croient à la possibilité d’un procès équitable devant un tribunal américain doivent se souvenir de Guantánamo.

L’intransigeance des Britanniques augure mal du sort d’Assange. Au-delà des considérations juridiques, il y a une volonté politique évidente de sanctionner un homme qui a humilié ouvertement la diplomatie américaine. Et l’Équateur, totalement dans son droit, ne cédera pas.

Contexte

L’Equateur a accordé le 16 août l’asile diplomatique au cofondateur de WikiLeaks Julian Assange, réfugié à l’ambassade de l’Équateur à Londres depuis deux mois. Le Royaume-Uni avait en effet décidé de l’extrader vers la Suède, où il doit être interrogé dans le cadre d’une affaire de viol et d’agression sexuelle. L’Equateur a fourni onze raisons officielles à sa décision et notamment “de sérieux indices accréditant la probabilité de représailles de la part du ou des pays qui ont produit les informations révélées par WikiLeaks”. Dans l’état actuel des choses, Julian Assange ne peut prendre le risque de s’aventurer hors de l’ambassade de l’Équateur pour quitter la Grande-Bretagne car il risquerait d’être arrêté et extradé.

Note : * Sebastián Vallejo est éditorialiste à El Telégrafo. Ce quotidien, fondé en 1884, racheté par l’État équatorien en 2008 lors de la faillite de la banque qui en était propriétaire, est l’un des rares journaux progouvernementaux alors que la plupart des médias, contrôlés par des capitaux privés, sont extrêmement véhéments à l’encontre du gouvernement Correa.

»» http://www.courrierinternational.com/article/2012/08/23/extradition-d-...
URL de cet article 20909
  

Même Thème
Figures Révolutionnaires de l’Amérique latine
Rémy HERRERA
Cet ouvrage propose au lecteur sept chapitres consacrés à quelques-uns des révolutionnaires les plus importants d’Amérique latine et caribéenne : Simón Bolívar, José Martí, Ernesto Che Guevara, Hugo Chávez, Fidel Castro et Evo Morales. L’Amérique latine et caribéenne offre depuis le début des années 2000 l’image de peuples qui sont parvenus à repasser à l’offensive, dans les conditions historiques très difficiles qui sont celles de ce début de XXIe siècle. C’est cette puissante mobilisation populaire qui est (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

(CUBA) "Tant qu’il y aura l’impérialisme, nous ne pouvons nous permettre le luxe du pluri-partisme. Nous ne pourrions jamais concurrencer l’argent et la propagande que les Etats-Unis déverseraient ici. Nous perdrions non seulement le socialisme, mais notre souveraineté nationale aussi"

Eugenio Balari
in Medea Benjamin, "Soul Searching," NACLA Report on the Americas 24, 2 (August 1990) : 23-31.

"Un système meurtrier est en train de se créer sous nos yeux" (Republik)
Une allégation de viol inventée et des preuves fabriquées en Suède, la pression du Royaume-Uni pour ne pas abandonner l’affaire, un juge partial, la détention dans une prison de sécurité maximale, la torture psychologique - et bientôt l’extradition vers les États-Unis, où il pourrait être condamné à 175 ans de prison pour avoir dénoncé des crimes de guerre. Pour la première fois, le rapporteur spécial des Nations unies sur la torture, Nils Melzer, parle en détail des conclusions explosives de son enquête sur (...)
11 
Comment Cuba révèle toute la médiocrité de l’Occident
Il y a des sujets qui sont aux journalistes ce que les récifs sont aux marins : à éviter. Une fois repérés et cartographiés, les routes de l’information les contourneront systématiquement et sans se poser de questions. Et si d’aventure un voyageur imprudent se décidait à entrer dans une de ces zones en ignorant les panneaux avec des têtes de mort, et en revenait indemne, on dira qu’il a simplement eu de la chance ou qu’il est fou - ou les deux à la fois. Pour ce voyageur-là, il n’y aura pas de défilé (...)
43 
Le DECODEX Alternatif (méfiez-vous des imitations)
(mise à jour le 19/02/2017) Le Grand Soir, toujours à l’écoute de ses lecteurs (réguliers, occasionnels ou accidentels) vous offre le DECODEX ALTERNATIF, un vrai DECODEX rédigé par de vrais gens dotés d’une véritable expérience. Ces analyses ne sont basées ni sur une vague impression après un survol rapide, ni sur un coup de fil à « Conspiracywatch », mais sur l’expérience de militants/bénévoles chevronnés de « l’information alternative ». Contrairement à d’autres DECODEX de bas de gamme qui circulent sur le (...)
103 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.