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Extradition d’Assange : ce serait reconnaître la loi du plus fort

La Grande-Bretagne veut appliquer le droit à la lettre : il lui faut de toute urgence extrader Julian Assange vers la Suède. Une telle urgence n’était étrangement pas de mise à l’époque où le juge Garzón demandait l’extradition d’Augusto Pinochet (après son arrestation à Londres en 1998). Or ce dictateur était accusé d’avoir fait assassiner, disparaître et torturer des milliers de Chiliens, alors que le fondateur de WikiLeaks est suspecté d’un viol douteux dans le cadre d’une campagne manifestement orchestrée.

Mais la Grande-Bretagne va plus loin. Poster des policiers autour de l’ambassade de l’Equateur à Londres équivaut, toutes proportions gardées, à envoyer des porte-avions dans le golfe Persique dès les premières fluctuations des cours du pétrole. Et dans ses déclarations, le gouvernement britannique se fait de plus en plus menaçant. La Grande-Bretagne se dit prête, en se fondant sur une loi nationale absolument contraire à la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques, à priver l’ambassade de l’Equateur de sa qualité diplomatique et à y pénétrer au nom de “l’obligation légale d’extrader Assange”.

Et ensuite ? Sommes-nous revenus au pouvoir discrétionnaire du plus fort sur la scène internationale ? (Si tant est qu’il ait jamais disparu…) En se fondant sur la même logique que la Grande-Bretagne, la Chine aurait dû attaquer l’ambassade des États-Unis pour arrêter le dissident chinois Chen Guangchen en mai 2012. Toujours dans cette optique, qu’est-ce qui nous empêche d’entrer au Panamá ou aux États-Unis pour traîner en justice les banquiers, les anciens présidents et les politiques, qui, à la différence d’Assange, sont manifestement coupables de ce dont on les accuse ? Quelle sera la réaction de l’Organisation des États américains (OEA) ? Fera-t-elle preuve de la même complicité hypocrite que lorsque la Grande-Bretagne a envahi les Malouines ? On peut le craindre, quand on connaît le sort réservé à Bradley Manning, le soldat américain qui a révélé les vérités dérangeantes sur l’Irak, reprises par WikiLeaks. Ceux qui croient à la possibilité d’un procès équitable devant un tribunal américain doivent se souvenir de Guantánamo.

L’intransigeance des Britanniques augure mal du sort d’Assange. Au-delà des considérations juridiques, il y a une volonté politique évidente de sanctionner un homme qui a humilié ouvertement la diplomatie américaine. Et l’Équateur, totalement dans son droit, ne cédera pas.

Contexte

L’Equateur a accordé le 16 août l’asile diplomatique au cofondateur de WikiLeaks Julian Assange, réfugié à l’ambassade de l’Équateur à Londres depuis deux mois. Le Royaume-Uni avait en effet décidé de l’extrader vers la Suède, où il doit être interrogé dans le cadre d’une affaire de viol et d’agression sexuelle. L’Equateur a fourni onze raisons officielles à sa décision et notamment “de sérieux indices accréditant la probabilité de représailles de la part du ou des pays qui ont produit les informations révélées par WikiLeaks”. Dans l’état actuel des choses, Julian Assange ne peut prendre le risque de s’aventurer hors de l’ambassade de l’Équateur pour quitter la Grande-Bretagne car il risquerait d’être arrêté et extradé.

Note : * Sebastián Vallejo est éditorialiste à El Telégrafo. Ce quotidien, fondé en 1884, racheté par l’État équatorien en 2008 lors de la faillite de la banque qui en était propriétaire, est l’un des rares journaux progouvernementaux alors que la plupart des médias, contrôlés par des capitaux privés, sont extrêmement véhéments à l’encontre du gouvernement Correa.

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