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Gens Tristes

Au soir du mercredi 25 mai 2011, le poète Yannis Varveris avait déjà salué ses amis dans un café à Halandri près d’Athènes. Il prit un taxi qui l’emmènerait chez lui au centre-ville, au numéro 51 de la rue Homère. Alors qu’il était assis sur la banquette arrière et que le véhicule roulait lentement à cause de la chaleur, personne n’a remarqué le moindre bruit. Yannis a dû certainement se rappeler de son poème : “En galopant dans un taxi”, et peut-être même chuchoter ses derniers versets. Il a dû penser surtout, que rien n’est accidentel.

“Yannis, nous sommes arrivés”. Le scénariste Dinos Petratos était assis sur le siège avant dans ce même taxi. Tourné vers le siège arrière où il s’était assis le poète, il a aussitôt distingué la tête de Varveris, qui s’était affalé. Il avait simplement laissé son dernier souffle à 56 ans, il souffrait d’insuffisance cardiaque. , “Nous sommes des gens tristes” avait affirmé Yannis Varveris dans un de ses poèmes. Effectivement. La semaine dernière, une institutrice a été réprimandée par la directrice de son établissement à Thessalonique, pour avoir enseigné aux élèves “la chanson de Kemal” de Manos Hadjidakis, s’agissant d’un poème de Nikos Gatsos, et suite à la protestation d’un parent “dénonçant la propagande islamiste”. Le quotidien To Vima, a publié la lettre-réquisitoire de l’enseignante dans son intégralité, mais entre temps, le texte avait déjà fait le tour des medias depuis mercredi dernier 29 mai : “Un parent s’est rendu à l’école pour se plaindre auprès de la direction. D’après lui, et comme j’avais enseigné aux enfants de la cinquième année la chanson de Hadjidakis, Kemal, il m’a accusé de faire ainsi de la propagande islamiste. La réaction de la directrice fut immédiate : Elle a aussitôt fait irruption dans ma classe saisissant les photocopies du texte de Nikos Gatsos que j’avais distribué aux élèves. Puis, elle m’a convoqué dans son bureau pour me dire combien elle fut déçue par mon travail. Elle a même analysé les raisons pour lesquelles et d’après sa conception, enseigner aux classes du primaire, signifie que notre seul but, doit être d’apprendre aux enfants à aimer leur patrie, de stimuler leur sentiment national. Si vous êtes les témoins de comportements semblables, et qui se seraient produits ailleurs, et ceci est un appel que je lance en direction des enseignants ainsi que de leurs proches, contactez-moi, parce que je constate que désormais, la situation échappe de notre contrôle. De ce fait nous devons réagir. Un minimum de réaction, consisterait à médiatiser ce type de comportement par le biais de nos témoignages. Il n’est plus possible pour nous enseignants, et surtout pour ce qui est des matières artistiques, de travailler et d’étudier sous le régime de la censure. Car nous découvrons alors médusés que ce même fanatisme qui règne en maître ailleurs, se faufile dans nos écoles avec la bénédiction des gestionnaires et de l’encadrement supérieur.” Décidément, certains... fruits seraient bien mûrs en ce moment car de saison.

Certes, le ministère de l’Éducation a ordonné une enquête, suite à la médiatisation de cette affaire et dénonçant en son tour cette “faute”, et “afin de contrôler les comportements anti-pédagogiques et autoritaires, qui entre autres, trahissent une certaine pauvreté culturelle y compris chez certains cadres du système éducatif”, quotidien To Vima. Certes, et d’après ce même reportage, “d’autres rumeurs rapporteraient que la plainte du parent en question ne concernait pas la chanson de Kemal, mais une autre chanson de Manos Hadjidakis”, sauf que l’essentiel fut déjà accompli et que “notre” grande presse sait aussi inventer. Rappelons enfin, que la chanson de Kemal est avant tout, un conte philosophique.

Et pour rester dans l’intégralité de meilleure poésie du moment, il faut rappeler que la semaine dernière, le poète Nanos Valaoritis a adressé une lettre ouverte à Antonis Samaras, se disant “très préoccupé de l’influence de l’Aube dorée”, et à laquelle Samaras a répondu jeudi, protestant “de sa détermination à lutter contre la percée néonazie en Grèce, alors que son zèle en la matière a été mis en doute en interne et à l’étranger par son rejet d’un projet de loi antiraciste”, voilà ce que croit en tout cas rapporter une certaine presse francophone, oubliant tout de même l’essentiel. Car en effet, nous serions des gens tristes et en plus, nous pataugeons dans la crise, autrement-dit, dans la fin des pseudo-certitudes du progrès, d’autant plus du progrès pour tous. Telle est l’ambiance ici. Mon ami S. qui est instituteur et aussi fin connaisseur de l’œuvre de Gatsos et de Hadjidakis, me disait ce matin à Trikala “que l’Aube dorée n’est pas la cause de la fascisation de la société, mais plutôt sa conséquence toutefois chronique, car ce processus ne date pas que du mémorandum”.

C’est d’actualité en ville, car dimanche 26 mai, l’Aube dorée a organisé un rassemblement à Trikala, et aussitôt, SYRIZA et une partie des autres formations de gauche se sont réunies en contre-manifestation antifasciste. Mais finalement l’essentiel quant à notre “post-modernisme” événementiel, tient du traitement médiatique de ce double événement, qui lui fut réservé par la presse locale, comme le quotidien Erevna du mardi 28 mai par exemple. Une stricte neutralité et une place similaire photos à l’appui, a été réservée aux deux événements, d’ailleurs placés côte à côte sur deux pages intérieures du quotidien. Signe de plus que les temps ont changé. Pourtant la vie a l’air de tourner comme avant. Sur la terrasse de l’ancienne forteresse transformée en café-restaurant, les habitants du département ainsi que les rares visiteurs venus d’ailleurs, se font toujours photographier devant l’horloge, avant de commander un café ou une boisson gazeuse. Mais il faut parfois ôter l’épiderme à la vie provinciale pour se rendre compte des légions de la crise.

Au même moment au village, et dans les limites du perceptible, le changement... ne ment pas ! Mon cousin Léo par exemple, abandonne son métier d’architecte d’intérieur pour se consacrer désormais à son potager et à la terre. Il est aidé il faut dire par son épouse, maintenant qu’elle ne sera plus jamais reconduite dans son poste d’enseignante de musique vacataire dans les collèges et les lycées de la région. Le voisinage s’en moque un peu car Léo n’avait jamais biné la terre, sauf qu’il est bien entouré au moins en ceci : il sait où s’adresser pour obtenir un conseil, d’ailleurs prétendument gratuit. Par contre Constantina, une autre habitante du village, n’a plus aucune envie de demander de conseils à quiconque. Elle est dégoutée :“Nous avons investi toutes les économies de la famille dans les photovoltaïques en 2010. Une belle arnaque finalement. Le rendement n’est pas celui annoncé au départ, le prix d’achat de l’électricité prétendument garanti par la Régie d’Électricité a cessé de l’être dès le mémorandum II, la Régie nous doit plus de trois mois de production d’énergie en ce moment, et cerise sur le gâteau, désormais les parcs photovoltaïques seront imposés. Lorsque nous avons signé, l’exonération fiscale était annoncée comme étant totale et surtout suffisamment longue dans le temps, car il ne faut pas oublier que nous avons également emprunté une partie de la somme nécessaire à l’investissement. Le pire c’est que mes deux enfants sont au chômage et que depuis, nos terres restent bloquées et fatalement inutilisables pour en faire autre chose”. Constantina, et ceci est très récent, reprendrait même le chemin de l’Église, tandis que Léo n’a plus envie de militer comme avant au sein de SYRIZA. Non pas, par mutation disons idéologique comme il préfère expliquer lui-même, “mais tout simplement parce qu’il va falloir remplir l’assiette”. En tout cas, sur le pont central en ville, et à la place des banderoles politiques et syndicales du mois de mai, on y découvre en ce moment celles posées par l’Église, ce qui consolera au moins Constantina.

L’autre nouvelle affaire et qui... trouble les esprits du village, tient du tout nouveau prix, fixé par la municipalité de Trikala s’agissant de l’eau destinée à l’usage agricole. Les reformes successives dont la dernière date de 2010, ont supprimé et regroupé toutes les communes du pays. La commune est privée de sa voix dans un sens. Ce programme, dit “Callicratès”, du nom d’un des architectes de l’Acropole d’Athènes au Ve siècle antique, et selon les habituels euphémismes en cours relevant du “beau parler” idéologique de la Grèce de notre temps, a réduit le nombre des échelons politiques et administratifs de cinq à trois. Le nombre de communes est alors passé de 1 034 à 325.

Chaque île, à part la Crète et l’Eubée, ne constitue qu’une administration communale unique, ce qui pose d’innombrables problèmes, sauf apparemment pour ce qui est de “gérer” l’administration locale “autrement”. Par exemple, en facilitant les injonctions directes aux affaires régionales de l’éparchie, par... notre Secrétaire d’État parlementaire auprès de la ministre fédérale du Travail et des Affaires sociales, Hans-Joachim Fuchtel. D’ailleurs, c’était durant la semaine dernière, que nous avons pu voir très furtivement une courte vidéo montrant ce sympathique monsieur Fuchtel et ceci sans guillemets, lorsque les figurants du journal télévisé expliquèrent à nous autres habitants... des territoires, “que le gouvernement allemand, prépare un plan de réformes concernant les systèmes éducatifs des pays du Sud de l’Europe, et ceci, afin de professionnaliser davantage les filières”,NET-TV, semaine du 27 mai. Sauf qu’au village on ne parle que de l’eau. C’est ainsi que le prix fixé par l’hyper-municipalité de Trikala, à savoir 14 euros l’heure d’utilisation pour chaque puits communal pour toute la durée de l’été 2013, est alors jugé excessif par les agriculteurs, sauf par les deux plus grands d’entre eux. “Ils se sont mis d’accord pour accepter ce prix et ainsi l’imposer aux autres qui à terme, disparaitront. Les P. et les S., vont ainsi acheter ou louer la terre des autres pour ainsi devenir les seuls véritables exploitants des terres du village. Comme avant, du temps des ancêtres”, explique Yannis, un voisin qui ne possède plus beaucoup de terre il faut bien le dire.

Tandis que de nombreux jeunes, plus d’une centaine aux dires des habitants ont déjà quitté ce village pour s’installer en Allemagne où ils travaillent pour le compte des restaurateurs Grecs et pour de salaires mensuels qui ne dépassent pas les mille euros, ceux qui restent, verront peut-être un jour, la transformation de l’ancienne prison de la ville en centre culturel ou en musée, car les travaux ont commencé récemment. À condition de pouvoir mettre de l’essence dans le réservoir pour s’y rendre et par les temps qui courent.

Tout est alors plus grave qu’avant et en même temps, si bien “compréhensible” par tous. Une affiche posée près du parking de l’hôpital de la ville met en garde de ce qui arrive : “Ils s’enrichissent sur le désespoir et sur la souffrance humaine. Aujourd’hui, ils achètent de l’or ou ils prêtent sur gage. Demain ils achèteront de la même manière les reins des gens. Avoir honte n’est pas une mission. Restez loin du marché noir comme des usuriers. Notre arme, c’est notre solidarité”.

On sent alors que la “barrière anatomique” des représentations sociales serait presqu’atteinte. La vie ou la mort d’un hôpital, peuvent en témoigner par ce temps de crise, autrement-dit, de la peur, des paupérisations et des menaces de toute sorte. Récemment, sur la porte d’entrée du service des urgences à l’hôpital public de Trikala, cohabitèrent trois affiches, résumant à elles seules les cristallisations du moment. À gauche, ce fut un appel pour un arrêt de travail, une action au niveau national initiée par les syndicats du personnel hospitalier en guise d’opposition mais largement insuffisante, à la politique d’austérité dans le domaine de la santé publique. À droite et vers le bas, ily avait une affiche d’information et de sensibilisation éditée par le ministère de la Santé, quant à la réapparition de la rage en Grèce et ceci après 40 ans d’éradication de cette maladie. D’ailleurs, le premier nouveau cas connu de la transmission de la rage à l’homme sur le territoire grec, a été détecté dans la région de Trikala, après qu’une femme âgée a été mordue par un chat “semi-desposé”, c’est-à-dire à moitié errant, qu’elle nourrissait alors régulièrement. Enfin, par la troisième affichette, en haut à droite, on apprenait qu’un médecin ou un autre professionnel de la santé, issu de l’hôpital ou pas, c’est impossible à déterminer rien que par cette affichette, “propose ses services en privé” comme on dit.

Pourtant à Trikala l’hôpital fonctionne toujours. Il a l’air bien entretenu et il reste visiblement très propre. Certes, les visiteurs et les malades sont invités à apporter par exemple le papier hygiénique, mais le matériel ne manquerait pas encore si cruellement comme parfois ailleurs. Évidemment, de nombreux examens ne sont pas ou plus pratiqués, ainsi les patients, doivent... patienter pour obtenir un rendez-vous assez improbable, au CHU de Larissa, la capitale de la région Thessalie, voire à Thessalonique ou à Athènes. Ou lorsque c’est possible s’adresser au secteur privé, mais payer plusieurs centaines d’euros, souvent non remboursés.

On y côtoie par contre, comme avant et comme toujours, la vie, la mort et alors entre les deux, leur inséparable dérision. Heureusement d’ailleurs que la crise n’y change pas grand-chose. Tel ce chat “adespote” sur le parking des médecins, ou encore ce vélo “véhicule pour handicapé” garé juste devant l’entrée principale de l’hôpital.

Petros S., chef de service dans ce même hôpital, estime “que tout fonctionne encore certes, mais dans la mesure où une certaine fierté du personnel ainsi que les bons résidus de l’organisation d’avant, ne laissent pas encore la situation se dégrader de manière catastrophique. Pour le moment, car nous manquons de personnel, les jeunes médecins par exemple, soit ils ne sont plus embauchés, soit ils préfèrent émigrer. Prenons les cas de Pavlos, d’Aris et de Yannis, ces trois jeunes médecins qui se spécialisent en ce moment dans mon service. Ils gagnent moins de mille euros par mois et ne pensent qu’à une seule chose : partir aux États-Unis, ou en Allemagne le plus rapidement possible”.

Pour le reste, notre imbroglio organisé du... signifiant hospitalier règne toujours en maître absolu sur les pratiques et sur les lieux. Il n’y a pratiquement pas d’heure de visite respectée, et les familles demeurent constamment présentes dans les chambres, agissant en... anges gardiens des intérêts évidents de leurs proches malades. Parfois, c’est en répondant aux carences propres au système de santé helladique, souvent, c’est aussi pour bénéficier au plus près de certains liens et liens certains, de patronage ou d’amitié, politique ou pas, noués avec une partie du personnel hospitalier. C’est toujours utile et ce n’est guère lié à la crise. Seule enfin, la pratique de l’enveloppe contenant “la somme -cadeau”, serait en perte de vitesse, déjà pour cause de paupérisation et seulement de manière secondaire par crainte des sanctions. Les téléphones mobiles sonnent alors dans les chambres puisque la communication des familles, dont celles des malades sont apparemment jugées plus importantes sur l’échelle des valeurs, que le silence. Il n’est pas rare non plus, que les malades eux-mêmes, et comme au café, entament certaines discussions quasi-interminables et autant répétitives, sur la politique et sur l’économie du moment. On commente alors, et à l’instar de presse locale, cette nouvelle attitude des parents face à leurs enfants : “Ils préfèrent que leurs enfants sachent biner, plutôt que de gagner leur vie en travaillant dans les bureaux ou au sein des administrations”.

Espérons du moins, que nous ne finirons pas... scotchés à “notre terre qui ne ment pas”. Ce n’est guère un sondage mais j’ai constaté que dans une chambre à quatre lits de cet hôpital, tous occupés par des patients âgés, il y avait, un Syriziste, un adepte du KKE le PC grec, un inconditionnel de la Nouvelle démocratie d’Antonis Samaras, et enfin un récent adepte de l’Aube dorée. Ce dernier, un petit commerçant de la ville, menacé d’ailleurs de faillite, expliqua ceci aux autres malades, sans trop de fioritures : “Je m’en fiche de l’idéologie de l’Aube dorée comme de toutes les idéologies. Je vote, et je voterai encore Aube dorée car c’est la seule formation à mes yeux, dont les cadres oseront égorger les politiciens. Jusqu’à me prouver le contraire évidemment”. En rigolant, ces petits vieux, au demeurant tous des hommes, étaient au moins tombés d’accord sur un seul point : “Voyez-vous, il n’y a pas de Pasokien parmi nous, on est certes malades mais pas fous”. La social-démocratie historique, sous sa forme Pasokienne en tout cas, semble appartenir désormais au passé.

Les trains grecs arrivent et partent souvent à l’heure dans cette région. Le voyage à bord demeure agréable et surtout bon marché. Lorsque c’est possible, alors toute la Grèce s’y met, ainsi, les rames sont souvent bien remplies. Pour atteindre la Thessalie profonde par le train et dont les Météores, cela reste d’ailleurs le seul moyen encore abordable, moins de 40 euros A/R depuis Athènes, mais il faut souvent emprunter un train de correspondance à la gare de Paléopharsalos. Gare de triage à Paléopharsalos, arrêt obligatoire. Sur la porte des toilettes des hommes, un slogan “étrangement” ineffaçable et ceci depuis voilà plus de six mois : “Sang - Honneur - Aube dorée. Communistes - Traîtres et Salopards”. Sur celle des toilettes des femmes par contre, toujours rien de semblable. Il y aurait encore de l’espoir alors.

Décidément, et comme l’écrivait samedi dernier le peintre et universitaire Dimitris Sevastakis, “la société grecque n’attend pas Valaoritis, d’abord parce qu’elle ignore la poésie, ensuite la langue, ainsi qu’enfin le logos. Donc, elle ne peut pas tirer certains enseignements et de ce fait, elle reproduit et elle légitime en habilitant les formations néofascistes. Elle permet ainsi cette propagation de la métaphysique néofasciste à travers le corps politique et social dans son ensemble. Parce que le phénomène du néofascisme y est plus large, plus durable et en tant que tel, il dépasse alors les règles préétablies”, quotidien “Elefterotypia”. J’y ajouterais, pour ce qui est de la gauche en Europe, et aussi, en tant qu’observateur heureux et néanmoins perplexe du récent débat entre Jacques Sapir et Cédric Durand, qu’il y a certes comme le souligne Jacques Sapir une erreur de perspective, directement liée avec la tradition marxiste, considérant que la seule lutte sociale concentre en elle-même toutes les autres luttes, dont celle pour la démocratie. Sauf qu’il aurait encore plus grave à craindre pour ce qui est des erreurs. Comme par exemple cette transition très actuelle par laquelle, la notion de la dignité humaine se séparerait des ses fondements matériels et exégèses en même temps, de l’idéal de l’égalité. Autrement-dit, nos démocraties de masse et de type occidental ne pourront ou ne “voudront” plus garantir un certain niveau de vie et de consommation à tout le monde. Soit alors la raréfaction réelle ou provoquée des biens ou sinon la peur d’en arriver à ce stade “ultime”, attribueront à la politique un caractère biologique rendant ainsi “évidente” toute “nouvelle parousie fasciste”. D’ailleurs, la tradition politique occidentale porte déjà en elle et ceci depuis longtemps, ces sinistres concepts et “instruments”, liés aux diverses variantes du biologisme. Il serait également erroné que de croire, comme le fait une bonne partie de la gauche grecque par exemple, que le fascisme nouveau ne se renforce essentiellement que par la diffusion à travers l’opinion, du vieux corpus idéologique nazifiant ou du racisme par exemple.

C’est ainsi que plus qu’idéologique, le nouveau fascisme est déjà celui de la peur. “Les Aubedoriens à Trikala, sont d’abord des gens qui ont peur et qui en ont bavé, et ceci de tout point de vue. Ils n’ont pas de véritable ciment idéologique me semble-t-il. C’est ainsi qu’il y en a aussi désormais chez nous, je vais dire parmi les instituteurs. Les instits sont par tradition bien ancrée et infériorisée, des êtres peureux”, estime mon ami enseignant à Trikala. C’est alors la peur et le biologisme que notre pays transpire presque en entier en ce moment. En Grèce actuellement, les acheteurs des journaux se déterminent essentiellement et s’orientent dans leurs choix, par les seules offres des quotidiens en coupons alimentaires détachables, des bons d’achat valables dans les supermarchés du pays.

C’est une des raisons en tout cas, qui expliquerait l’échec patent de toute tentative sérieuse et politiquement rationnelle de promouvoir la pesse anti-mémorandum. Il en est de même pour ce qui tient des luttes syndicales et politiques disons classiques, et d’abord celles de la gauche : en Grèce et pas seulement, elles ont toutes échoué, en tout cas jusqu’à présent. C’est ainsi que la seule politique conduite par l’économie, cette dernière étant réduite à la seule litote austéritaire, autrement-dit à la survie anthropophage, devient alors un processus implacable. Inéluctablement, il rend secondaire toute quête collective habituelle à l’Occident et à gauche, quant au meilleur régime juste, alors possible. En ce sens c’est la fin de l’Occident... chez lui, et nous en sommes là. D’ailleurs la Grèce est plutôt un petit miroir de l’Occident, mais ceci relève encore d’un autre débat. C’est sous cet angle, celui de la peur, de la litote biologique, et de l’anthropophagie que la problématique débattue entre Jacques Sapir et Cédric Durand, à propos de la lutte sociale et en même temps celle pour la démocratie, devient ainsi plus dramatique que jamais car elle est urgente. Nos poètes avaient quelque part raison. Yannis, nous sommes arrivés et nous sommes des gens tristes. Rien ne serait accidentel.

Panagiotis Grigoriou

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