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Il faut répéter encore et partout que la retraite à 60 ans n’a jamais existé !

Nous constatons aujourd’hui, après 6 mois de « débats » sur les retraites, que beaucoup de citoyens pensent encore que les Français ont la retraite à 60 ans et que la réforme Sarkozy veut la faire passer à 62 ans.

Or depuis longtemps des millions de Français ont droit à une retraite à taux plein (les décotes ont toujours été très dissuasives) seulement à partir de 62, 63, 64 ou 65 ans. Pour la simple et bonne raison qu’il y a toujours eu en France 2 conditions pour bénéficier d’une retraite à taux plein : une condition d’âge (âge légal ou minimal), et une condition d’annuités.

De 1945 à 1983 : âge mini 65 ans et nombre d’annuités 37,5

De 1983 à 1993 : âge mini 60 ans et nombre d’annuités 37,5

En 1993 (réforme Balladur) : âge mini 60 ans et nombre d’annuités 40 (seulement pour les salariés du privé et par transition progressive de 1993 à 2003)

En 2003 (réforme Fillon) : âge mini 60 ans et nombre d’annuités 40 également pour la Fonction publique (par transition progressive de 2003 à 2008) … et passage à 41 annuités pour tous (par transition progressive de 2008 à 2012)

Le taux plein étant garanti à 65 ans (Sarkozy veut le repousser à 67 ans), même pour ceux n’ayant pas les 41 annuités

Ces « réformes » passées ont donc conduit à ce que des millions de Français aient droit à une retraite à taux plein seulement à partir de 62, 63, 64 ou 65 ans. Prenons pour être concret et précis l’exemple des salariés qui ont aujourd’hui entre 55 et 58 ans. Avant la réforme Sarkozy-Medef, à quel âge ont-il droit à une retraite à taux plein, puisqu’il faut avoir 41 annuités ? Il suffit d’ajouter 41 ans à l’âge auquel ils ont commencé à travailler.

Ceux qui ont commencé à travailler à 18 ans ont leurs droits à 60 ans (seront concernés par le report à 62 ans)

Ceux qui ont commencé à travailler à 19 ans ont leurs droits à 60 ans (seront concernés par le report à 62 ans)

Ceux qui ont commencé à travailler à 20 ans ont leurs droits à 61 ans (seront concernés par le report à 62 ans)

Ceux qui ont commencé à travailler à 21 ans ont leurs droits à 62 ans

Ceux qui ont commencé à travailler à 22 ans ont leurs droits à 63 ans

Ceux qui ont commencé à travailler à 23 ans ont leurs droits à 64 ans

Ceux qui ont commencé à travailler à 24 ans ont leurs droits à 65 ans

Ceux qui ont commencé à travailler à 25 ans ont leurs droits à 65 ans (66 ans après la réforme Sarkozy)

Ceux qui ont commencé à travailler à 26 ans ont leurs droits à 65 ans (67 ans après la réforme Sarkozy)

Ceux qui seront concernés par le report à 62 ans de l’âge minimal sont donc eux qui ont commencé à travailler les plus jeunes et auront cotisé le plus ( 44 annuités pour ceux qui ont travaillé à partir de 18 ans)

La sous-information que l’on constate fréquemment tient principalement à 3 facteurs :

Par raccourci, tout le monde parle de retraite à 60 ans que Sarkozy veut faire passer à 62 ans.

Sarkozy-Medef-UMP ne cessent de répéter que tous les autres pays sont déjà passés à 65 ou 67 ans, sans jamais dire :

a) quel est le nombre d’annuités requises dans ces pays (souvent très inférieur aux 41 annuités en France)

b) qu’en France tous les bacs + 3 ont droit à une retraite à taux plein au plus tôt à 62 ans (21 ans + 41 annuités) … s’ils trouvé du travail dès la fin de leurs études

c) qu’en France tous les bacs + 5 ont droit à une retraite à taux plein au plus tôt à 64 ans (23 ans + 41 annuités) … s’ils trouvé du travail dès la fin de leurs études

Enfin, la désinformation fonctionne à plein régime, par omission volontaire ou involontaire. D’où le titre de l’appel que nous avions lancé en février 2010 : « Retraites, Chômage - Arrêtons la désinformation ! »

Quelques éléments de conclusions

Avant même la réforme Sarkozy, la France figure déjà parmi les pays qui ont les conditions les plus drastiques, en matière de retraite à taux plein, c’est-à -dire sans décote dissuasive.

Des « opposants déterminés » à la réforme Sarkozy refusent le report à 62 ans de l’âge minimal. Ils proposent à la place d’allonger la durée de cotisation. Ils veulent donc repousser à plus de 62 ans l’âge de la retraite à taux plein pour les bacs+3 et à plus de 64 ans l’âge de la retraite à taux plein pour les bacs+5 … Surtout n’oubliez pas d’ajouter votre nombre d’années de redoublement et le nombre d’années que vous avez mis à trouver un premier emploi ! Ceux qui s’y connaissent un peu en matière de retraites ne voient plus de différences essentielles entre de telles propositions et la réforme Sarkozy-Medef-UMP. Il va falloir nous expliquer ces différences. Il va falloir aussi fixer des ordres de grandeur en matière de taux de remplacement (rapport entre la première pension et le dernier salaire), au moins pour les salaires bas et moyens. Sinon, des millions de salariés pourraient remplir les conditions d’âge et d’annuités pour prendre leur retraite, mais être condamnés à faire des petits boulots précaires, parce que leur pension de retraite ne leur permettrait pas de (sur)vivre décemment.

André Martin

http://www.retraites-enjeux-debats.org/spip.php?article425

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COMMENTAIRES  

21/10/2010 17:05 par argeles39

Le taux plein est une chose, le départ sans décote en est une autre. Ceux qui n’auront pas les 41 ans à 67 ans ne partiront pas à taux plein, mais partiront sans décote.
Dans la propagande de l’UMP on parle de 67 ans pour le taux plein, mais c’est plutôt 67 ans pour un départ sans décote.
Cette borne à 67 ans est très injuste pour ceux qui ont eu des carrières hachées, notamment les mères de famille.
Votre article ne met pas en exergue la position grotesque du PS "droit à la retraite à 60 ans, mais augmentation de la durée de cotisation car on meurt moins vite". La position du PS, exprimée par Martine AUBRY, est du même tonneau que la réforme Sarko, modulo quelques mois de différence.

21/10/2010 17:27 par Danton

Etrange cet article : la retraite à 60 ans effective n’aurait jamais existé, certes, comme la liberté, l’égalité ou la fraternité.

Répéter cela ne peut conduire qu’à aggraver la situation et à l’aligner sur le gouvernement. C’est à dire accpeter la retraite à 67 ou 70 ans.

Avant qu’elle ne disparaisse.

21/10/2010 21:01 par Anonyme

J’ai pris ma retraite à 60 ans, et à taux plein. Ce qui ne l’empêche pas d’être misérable, bien que mes ressources soient supérieures au "seuil de pauvreté".

Qui n’a pas fait d’enquête n’a pas droit à la parole (Mao) Seule la vérité est révolutionnaire (Guevara)

22/10/2010 07:52 par Pépère 55

LA RETRAITE A 55 ANS A EXISTE, AUSSI.
A une époque où il fallait 37,5 annuités, j’ai pris ma (pré)retraite de France Télécom à 55 ans dans les conditions suivantes : prime de départ, paiement intégral du salaire jusqu’à 60 ans, comptage des annuités jusqu’à 60 ans, poursuite jusqu’à 60 ans de mes possibilités d’avancement indiciaire.
Comme j’avais commencé à travailler à 18 ans, j’avais accumulé 42 annuités, soit 4,5 de trop et de perdues car, contrairement au droit de polluer, ça ne se revend ni ne s’échange.

Je suis dans toutes les manifs pour ceux (dont mes enfants) qui sont traités comme si la France se gouvernait à la godille : toi dehors, toi reste.

22/10/2010 11:18 par vladimir

Ce qui n’est toujours pas dit dans les fraudes du Foreclosuregate aux USA, comme dans la question des retraites, qu’elles soient par repartion ou par capitalisation, c’est le mecanisme financier institutionnel qui est derriere partout :

la creation monetaire privée par le monopole du credit illimité des banques qui fabrique la dette illimitée des Etats et des particuliers.

L’addition a venir ,pres de 2000 milliards a rembourser par les generations a venir, juste pour la France, jamais evoquée dans les corteges d’adultes responsables,alors que tombe l’annonce du passage aux 60H/hebdo en Roumanie,a la demande du FMI ?? .

Les jeunes ont compris seuls ?,la nature du systeme de la retraite post mortem en route...

La nature parasite du système monétaire actuel

19/10/2010 à 09h21

Global Research, Amanda Molales, 18 octobre 2010

Parfois induits en erreur par les grands médias et les soi-disant « experts, » même les gens les plus instruits ne parviennent pas à identifier la cause profonde du ralentissement économique actuel. Ils ont tendance à confondre les symptômes (inflation, chômage, etc.) avec la cause. D’autres facteurs déclenchants inexacts, souvent mis en avant, sont la cupidité inhérente à l’homme, la surpopulation, les générations du baby-boom, l’abandon de l’étalon-or, la réserve bancaire fractionnaire, les monnaies fiduciaires, la surconsommation, et même la technologie.

Le système monétaire est devenu le carcan mondial de l’esclavage alimenté par la dette que nous connaissons aujourd’hui au travers d’une série d’évolutions : invention de l’usure (prêt à intérêt composé), établissement du prêt sur fraction des réserves (c’est-à -dire, prêt d’argent inexistant), privatisation de la masse monétaire, création des banques centrales, abolition de l’étalon-or et mise en circulation légale des monnaies fiduciaires.

Désormais, dans les pays occidentaux, environ 96% de l’argent est de la dette (crédit d’argent), créée par les banques d’affaires sous forme de promesses de remboursement (reconnaissances de dettes). Les sommes déposées à la banque et prêtées sont simplement inscrites dans la comptabilité, sans être soutenues par des avoirs réels (comme de l’or, par exemple).

Ce qui donne du prix à ces piles de paperasses autrement sans valeur, c’est le travail humain. C’est seulement en s’arrêtant pour réfléchir que nous pouvons commencer à comprendre la nature profondément frauduleuse du prêt bancaire : la promesse d’un emprunteur en garantie d’un prêt pour quelque chose qu’il ne possède pas encore (par exemple une voiture qu’il achète à crédit) contre de l’argent que le prêteur n’a pas réellement dans ses réserves.....

Amanda Morales est une analyste financière vénézuélienne qui a vécu et travaillé en Europe pendant plusieurs années. On peut la contacter à l’adresse ama.morales@yahoo.com.

Original : www.globalresearch.ca/index.php?context=va&aid=21494

Traduction copyleft de Pétrus Lombard

http://www.lepost.fr/article/2010/10/19/2272269_la-nature-parasite-du-systeme-monetaire-actuel.html

Un debut de prise en compte par l’atelier du monde, le modele du capitalisme chinois mondialisé en question :

La Chine change de cap RIA Novosti

Article publié le:19/10/2010

http://m.alterinfo.net/index.php?action=article&numero=50935

suite du feuilleton :

Vincent Benard - Foreclosuregate (VII) : Nouvelles ramifications de la fraude, premières estimations des coûts judiciaires, et autres brèves

http://www.objectifeco.com/economie/anticipations-tendances/article/vincent-benard-foreclosuregate-vii-nouvelles-ramifications-de-la-fraude-premieres-estimations-des

un debut de reponse pratique :

Participez au retrait massif d’argent et "clôture" de nos comptes secondaires (épargne) ?

http://stopbanque.blogspot.com/

23/10/2010 16:16 par papou

Le nombre d’annuités est une choses mais je pense que ce qui fait le plus de différence sur le montant d’une retraite est la base de calcul je m’explique :

J’ai pris ma retraire cette années ma retraite a été calculées sur les 21 meilleures années, pour ma compagne qui prendra sa retraite dans 5ans ce sera la moyenne des 25 meilleures.
Ma belle soeur a pris sa retraite fin 2009 la base de calcul a été ses 6 derniers mois de salaire (mairie). Pourquoi tant de disparité....

Je vous en supplie dans tous vos textes ne parlez plus de REFORMES des retraites mais de casses, de démentèlement, destruction,

23/10/2010 16:25 par CD

Jadis ceux qui entraient dans le travail jeune et y restaient sans chômage pouvaient partir à 60 ans sans souci. Les temps ont changé. Que l’on ne puisse plus prendre sa retraite à taux plein depuis qu’une fraction de la population cumule études longues et chômage ou précarité est une évidence. Mais une évidence qui n’enlève rien à la nécessité sociale et politique d’imposer la barre des 60 ans. C’est une question de civilisation ! Une barre significative.

Du coup la question est : Quelle est la leçon de l’article ? Abandonner la référence à 60 ans ou revendiquer un nombre d’annuités qui permette de réaliser la retraite à 60 ans pour tous et toutes (à l’exception du travail pénible partant à 55 ans) ?

CD

05/11/2010 10:34 par andré martin

Une coquille sur la date s’est glissée dans mon article. Au lieu de "De 1983 à 1983 : âge mini 60 ans et nombre d’annuités 37,5", il faut lire "De 1983 à 1993 : âge mini 60 ans et nombre d’annuités 37,5"

andré martin
co animateur du site http://www.retraites-enjeux-debats.org/

05/11/2010 10:50 par legrandsoir

C’est corrigé.

LGS

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