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Intervention de Vladimir Poutine à la session plénière de la 19ème réunion annuelle du Club Valdai (texte complet)

Pour servir votre droit de savoir.

Mesdames et messieurs, chers amis,

J’ai eu l’occasion de me faire une idée de ce dont vous avez discuté ici au cours des derniers jours. Ce fut une discussion intéressante et substantielle. J’espère que vous ne regrettez pas d’être venus en Russie et de communiquer entre vous.

Je suis heureux de vous voir tous.

Nous avons utilisé la plate-forme du Club Valdai pour discuter, plus d’une fois, des changements majeurs et graves qui ont déjà eu lieu et qui sont en train de se produire dans le monde, des risques posés par la dégradation des institutions mondiales, l’érosion des principes de sécurité collective et la substitution des "règles" au droit international. J’ai été tenté de dire “ nous savons clairement qui a élaboré ces règles ”, mais ce ne serait peut-être pas une affirmation exacte. Nous n’avons aucune idée de qui a inventé ces règles, de ce sur quoi ces règles sont basées, ou de ce que contiennent ces règles.

Il semble que nous soyons témoins d’une tentative d’application d’une seule règle par laquelle les personnes au pouvoir – nous parlions du pouvoir, et je parle maintenant du pouvoir mondial – pourraient vivre sans suivre aucune règle et pourraient s’en tirer à bon compte. Ce sont ces règles que nous entendons constamment, comme on dit, rabâcher, c’est-à-dire en parler sans cesse...

Les discussions de Valdai sont importantes car on peut y entendre diverses évaluations et prévisions. La vie montre toujours à quel point elles étaient exactes, car la vie est le professeur le plus sévère et le plus objectif. Ainsi, la vie montre à quel point les prévisions des années précédentes étaient exactes.

Hélas, les événements continuent de suivre un scénario négatif, dont nous avons discuté plus d’une fois lors de nos précédentes réunions. De plus, ils se sont transformés en une crise majeure à l’échelle du système qui a touché, outre la sphère militaro-politique, les sphères économique et humanitaire.

Ce qu’on appelle l’Occident, qui est bien sûr une construction théorique puisqu’il n’est pas uni et qu’il s’agit clairement d’un conglomérat très complexe, mais je dirai quand même que l’Occident a pris un certain nombre de mesures au cours des dernières années et surtout au cours des derniers mois qui sont destinées à aggraver la situation. En fait, ils cherchent toujours à aggraver la situation, ce qui n’est pas nouveau non plus. Cela inclut l’incitation à la guerre en Ukraine, les provocations autour de Taïwan et la déstabilisation des marchés mondiaux de l’alimentation et de l’énergie. Ce dernier point n’a bien sûr pas été fait exprès, cela ne fait aucun doute. La déstabilisation du marché de l’énergie résulte d’un certain nombre d’erreurs systémiques commises par les autorités occidentales que j’ai mentionnées plus haut. Comme nous pouvons le voir maintenant, la situation a été aggravée par la destruction des gazoducs paneuropéens. Il s’agit là de quelque chose de tout à fait différent, mais nous sommes néanmoins témoins de ces tristes développements.

Le pouvoir mondial est exactement ce que le soi-disant Occident a en jeu. Mais ce jeu est certainement dangereux, sanglant et, je dirais, sale. Il nie la souveraineté des pays et des peuples, leur identité et leur singularité, et foule aux pieds les intérêts des autres États. De toute façon, même si la négation n’est pas le mot utilisé, c’est ce qu’ils font dans la vie réelle. Personne, à l’exception de ceux qui créent ces règles que j’ai mentionnées, n’a le droit de conserver son identité : tous les autres doivent se conformer à ces règles.

À cet égard, permettez-moi de vous rappeler les propositions faites par la Russie à nos partenaires occidentaux pour instaurer la confiance et un système de sécurité collective. Elles ont été une fois de plus rejetées en décembre 2021.

Cependant, s’asseoir sur ses lauriers peut difficilement fonctionner dans le monde moderne. Celui qui sème le vent récoltera la tempête, comme le dit le proverbe. La crise a en effet pris une dimension mondiale et a eu un impact sur tout le monde. Il ne faut pas se faire d’illusions à ce sujet.

L’humanité est à la croisée des chemins : soit elle continue à accumuler les problèmes et finit par crouler sous leur poids, soit elle travaille ensemble pour trouver des solutions – même imparfaites, du moment qu’elles fonctionnent – qui peuvent faire de notre monde un endroit plus stable et plus sûr.

Vous savez, j’ai toujours cru au pouvoir du bon sens. C’est pourquoi je suis convaincu que, tôt ou tard, les nouveaux centres de l’ordre international multipolaire et l’Occident devront entamer un dialogue sur un pied d’égalité au sujet d’un avenir commun pour nous tous, et le plus tôt sera le mieux, bien entendu. À cet égard, je vais souligner certains des aspects les plus importants pour nous tous.

Les développements actuels ont éclipsé les questions environnementales. Aussi étrange que cela puisse paraître, c’est ce dont je voudrais parler en premier aujourd’hui. Le changement climatique n’est plus en tête des priorités. Mais ce défi fondamental n’a pas disparu, il est toujours là, et il s’amplifie.

La perte de biodiversité est l’une des conséquences les plus dangereuses de la perturbation de l’équilibre environnemental. Cela m’amène au point essentiel pour lequel nous sommes tous réunis ici. N’est-il pas tout aussi important de maintenir la diversité culturelle, sociale, politique et civilisationnelle ?

Dans le même temps, l’Occident moderne cherche essentiellement à aplanir et à effacer toutes les différences. Qu’est-ce qui se cache derrière cela ? Tout d’abord, le déclin du potentiel créatif de l’Occident et la volonté de freiner et de bloquer le libre développement d’autres civilisations.

Il y a aussi, bien sûr, un intérêt ouvertement mercantile. En imposant aux autres leurs valeurs, leurs habitudes de consommation et leur standardisation, nos adversaires – je vais faire attention aux mots – tentent d’élargir les marchés pour leurs produits. L’objectif poursuivi sur cette voie est, en définitive, très primitif. Il est notable que l’Occident proclame la valeur universelle de sa culture et de sa vision du monde. Même s’ils ne le disent pas ouvertement, ce qu’ils font d’ailleurs souvent, ils se comportent comme si c’était le cas, comme si c’était une réalité, et la politique qu’ils mènent vise à montrer que ces valeurs doivent être acceptées inconditionnellement par tous les autres membres de la communauté internationale.

Je voudrais citer le célèbre discours de remise des diplômes d’Alexandre Soljenitsyne, prononcé à Harvard en 1978. Il a dit que ce qui caractérise l’Occident, c’est “ un aveuglement continu de la supériorité ” – et cela continue jusqu’à ce jour – qui “ soutient la croyance que de vastes régions partout sur notre planète devraient se développer et mûrir au niveau des systèmes occidentaux actuels ”. Il a dit cela en 1978. Rien n’a changé.

Au cours des presque 50 ans qui se sont écoulés depuis, l’aveuglement dont parlait Soljenitsyne, et qui est ouvertement raciste et néocolonial, a pris des formes particulièrement déformées, en particulier après l’émergence du monde dit unipolaire. De quoi s’agit-il ? La croyance en son infaillibilité est très dangereuse ; elle n’est qu’à un pas du désir des infaillibles de détruire ceux qu’ils n’aiment pas, ou comme ils disent, de les annuler. Il suffit de réfléchir à la signification de ce mot.

Même au plus fort de la guerre froide, au plus fort de la confrontation des deux systèmes, des deux idéologies et de la rivalité militaire, il ne venait à l’idée de personne de nier l’existence même de la culture, de l’art et de la science des autres peuples, de leurs adversaires. Cela ne venait à l’esprit de personne. Certes, certaines restrictions étaient imposées aux contacts dans les domaines de l’éducation, de la science, de la culture et, malheureusement, du sport. Mais néanmoins, les dirigeants soviétiques et américains ont compris qu’il était nécessaire de traiter le domaine humanitaire avec tact, d’étudier et de respecter son rival, et parfois même de lui emprunter des éléments afin de conserver les bases de relations saines et productives, au moins pour l’avenir.

Et que se passe-t-il maintenant ? Il fut un temps où les nazis en étaient arrivés à brûler des livres, et maintenant les “ gardiens du libéralisme et du progrès ” occidentaux en sont arrivés à interdire Dostoïevski et Tchaïkovski. La prétendue “ annulation de la culture ” et en réalité – comme nous l’avons dit à maintes reprises – la véritable annulation de la culture consiste à éradiquer tout ce qui est vivant et créatif et à étouffer la libre pensée dans tous les domaines, qu’il s’agisse d’économie, de politique ou de culture.

Aujourd’hui, l’idéologie libérale elle-même a changé au-delà de toute reconnaissance. Si, à l’origine, le libéralisme classique signifiait la liberté de chacun de faire et de dire ce qu’il voulait, au XXe siècle, les libéraux ont commencé à dire que la société dite ouverte avait des ennemis et que la liberté de ces ennemis pouvait et devait être restreinte, voire annulée. On en est arrivé au point absurde où toute opinion alternative est déclarée propagande subversive et menace pour la démocratie.

Tout ce qui vient de Russie est taxé d’“ intrigues du Kremlin ”. Mais regardez-vous. Sommes-nous vraiment si tout-puissants ? Toute critique de nos adversaires – n’importe laquelle – est perçue comme des “ intrigues du Kremlin ”, “ la main du Kremlin ”. C’est insensé. Jusqu’où êtes-vous tombés ? Utilisez votre cerveau, au moins, dites quelque chose de plus intéressant, exposez votre point de vue de manière conceptuelle. Vous ne pouvez pas tout mettre sur le dos des manigances du Kremlin.

Fyodor Dostoïevski a prophétisé tout cela au 19e siècle. L’un des personnages de son roman Démons, le nihiliste Shigalev, a décrit l’avenir radieux qu’il imaginait de la manière suivante : “ Émergeant d’une liberté sans limites, je conclus par un despotisme sans limites ”. Voilà à quoi en sont arrivés nos adversaires occidentaux. Un autre personnage du roman, Pyotr Verkhovensky, lui fait écho, en parlant de la nécessité d’une trahison, d’une dénonciation et d’un espionnage universels, et en affirmant que la société n’a pas besoin de talents ou de plus grandes capacités : “ On coupe la langue de Cicéron, on arrache les yeux de Copernic et on lapide Shakespeare ”. C’est à cela qu’aboutissent nos adversaires occidentaux. Qu’est-ce que c’est, sinon la culture d’annulation occidentale ?

Ce sont de grands penseurs et, franchement, je suis reconnaissant à mes assistants d’avoir trouvé ces citations.

Que peut-on répondre à cela ? L’histoire remettra certainement tout à sa place et saura qui annuler, et ce ne seront certainement pas les plus grandes œuvres des génies universellement reconnus de la culture mondiale, mais ceux qui, pour une raison ou une autre, ont décidé qu’ils avaient le droit d’utiliser la culture mondiale comme bon leur semble. Leur amour-propre ne connaît vraiment aucune limite. Personne ne se souviendra de leur nom dans quelques années. Mais Dostoïevski continuera à vivre, tout comme Tchaïkovski et Pouchkine, même s’ils auraient voulu le contraire.

L’uniformisation, le monopole financier et technologique, l’effacement de toutes les différences, voilà ce qui sous-tend le modèle occidental de mondialisation, qui est de nature néocoloniale. Leur objectif était clair : établir la domination inconditionnelle de l’Occident dans l’économie et la politique mondiales. Pour ce faire, l’Occident a mis à son service l’ensemble des ressources naturelles et financières de la planète, ainsi que toutes les capacités intellectuelles, humaines et économiques, tout en prétendant qu’il s’agissait d’une caractéristique naturelle de la soi-disant nouvelle interdépendance mondiale.

Je voudrais ici rappeler un autre philosophe russe, Alexandre Zinoviev, dont nous célébrerons le centenaire de la naissance le 29 octobre. Il y a plus de 20 ans, il a déclaré que la civilisation occidentale avait besoin de la planète entière comme moyen d’existence et de toutes les ressources de l’humanité pour survivre au niveau qu’elle avait atteint. C’est ce qu’ils veulent, c’est exactement ce qui se passe.

De plus, l’Occident s’est d’abord assuré une avance considérable dans ce système parce qu’il en avait développé les principes et les mécanismes – les mêmes que les règles dont ils parlent aujourd’hui et qui restent un trou noir incompréhensible parce que personne ne sait vraiment ce qu’elles sont. Mais dès que les pays non occidentaux ont commencé à tirer quelques avantages de la mondialisation, surtout les grandes nations d’Asie, l’Occident a immédiatement modifié ou complètement aboli nombre de ces règles. Et les principes prétendument sacrés du libre-échange, de l’ouverture économique, de l’égalité de concurrence, voire des droits de propriété, ont été soudainement et complètement oubliés. Ils changent les règles sur le champ, sur place, là où ils voient une opportunité pour eux.

Voici un autre exemple de substitution de concepts et de significations. Pendant de nombreuses années, les idéologues et les politiciens occidentaux ont dit au monde qu’il n’y avait pas d’alternative à la démocratie. Certes, ils entendaient par là le style occidental, le soi-disant modèle libéral de démocratie. Ils ont rejeté avec arrogance toutes les autres variantes et formes de gouvernement par le peuple et, je tiens à le souligner, ils l’ont fait avec mépris et dédain. Cette manière de faire a pris forme depuis l’époque coloniale, comme si tout le monde était de second ordre, alors qu’eux étaient exceptionnels. Cela a duré des siècles et cela continue encore aujourd’hui.

Ainsi, actuellement, une majorité écrasante de la communauté internationale réclame la démocratie dans les affaires internationales et rejette toute forme de diktat autoritaire de la part de pays individuels ou de groupes de pays. Qu’est-ce que c’est, sinon l’application directe des principes démocratiques aux relations internationales ?

Quelle position l’Occident "civilisé" a-t-il adoptée ? Si vous êtes démocrates, vous êtes censés accueillir le désir naturel de liberté exprimé par des milliards de personnes, mais non. L’Occident appelle cela saper l’ordre libéral fondé sur des règles. Il recourt aux guerres économiques et commerciales, aux sanctions, aux boycotts et aux révolutions de couleur, et prépare et exécute toutes sortes de coups d’État.

L’un d’eux a eu des conséquences tragiques en Ukraine en 2014. Ils l’ont soutenu et ont même précisé la somme d’argent qu’ils avaient dépensée pour ce coup d’État. Ils ont le culot d’agir comme bon leur semble et n’ont aucun scrupule pour ce qu’ils font. Ils ont tué Soleimani, un général iranien. Vous pouvez penser ce que vous voulez de Soleimani, mais c’était un fonctionnaire d’un État étranger. Ils l’ont tué dans un pays tiers et en ont assumé la responsabilité. Qu’est-ce que cela est censé signifier, pour l’amour du ciel ? Dans quel genre de monde vivons-nous ?

Comme à l’accoutumée, Washington continue de qualifier l’ordre international actuel de libéral à l’américaine, mais en fait, ce fameux “ ordre ” multiplie chaque jour le chaos et, j’ajouterais même, devient de plus en plus intolérant même à l’égard des pays occidentaux et de leurs tentatives d’agir indépendamment. Tout est étouffé dans l’œuf, et ils n’hésitent même pas à imposer des sanctions à leurs alliés, qui baissent la tête en signe d’assentiment.

Par exemple, les propositions faites en juillet par les députés hongrois de codifier l’engagement envers les valeurs et la culture chrétiennes européennes dans le traité sur l’Union européenne ont été prises non pas comme un affront, mais comme un acte de sabotage pur et simple et hostile. Qu’est-ce que cela signifie ? Qu’est-ce que cela signifie ? En effet, cela peut plaire à certains, mais pas à d’autres.

En mille ans, la Russie a développé une culture unique d’interaction entre toutes les religions du monde. Il n’est pas nécessaire d’annuler quoi que ce soit, que ce soit les valeurs chrétiennes, les valeurs islamiques ou les valeurs juives. Nous avons également d’autres religions du monde. Il suffit de se respecter mutuellement. Dans un certain nombre de nos régions – je le sais de première main – les gens célèbrent ensemble les fêtes chrétiennes, islamiques, bouddhistes et juives, et ils aiment le faire car ils se félicitent mutuellement et sont heureux les uns pour les autres.

Mais pas ici. Pourquoi pas ? Au moins, ils pourraient en discuter. Incroyable.

Sans exagérer, il ne s’agit même pas d’une crise systémique, mais d’une crise doctrinale du modèle d’ordre international néolibéral à l’américaine. Ils n’ont aucune idée de progrès et de développement positif. Ils n’ont tout simplement rien à offrir au monde, si ce n’est de perpétuer leur domination.

Je suis convaincu que la démocratie réelle dans un monde multipolaire concerne avant tout la capacité de toute nation – j’insiste – de toute société ou de toute civilisation à suivre sa propre voie et à organiser son propre système socio-politique. Si les États-Unis ou les pays de l’Union européenne jouissent de ce droit, les pays d’Asie, les États islamiques, les monarchies du golfe Persique et les pays des autres continents l’ont certainement aussi. Bien sûr, notre pays, la Russie, a également ce droit, et personne ne pourra jamais dire à notre peuple quel type de société nous devrions construire et quels principes devraient la sous-tendre.

Une menace directe pour le monopole politique, économique et idéologique de l’Occident réside dans le fait que le monde peut proposer des modèles sociaux alternatifs plus efficaces ; je tiens à le souligner, plus efficaces aujourd’hui, plus brillants et plus attrayants que ceux qui existent actuellement. Ces modèles vont certainement voir le jour. C’est inévitable. D’ailleurs, les politologues et analystes américains écrivent également à ce sujet. À vrai dire, leur gouvernement n’écoute pas ce qu’ils disent, bien qu’il ne puisse éviter de voir ces concepts dans les magazines de sciences politiques et de les voir mentionnés dans les discussions.

Le développement devrait s’appuyer sur un dialogue entre les civilisations et les valeurs spirituelles et morales. En effet, la compréhension de l’être humain et de sa nature varie selon les civilisations, mais cette différence est souvent superficielle, et toutes reconnaissent la dignité ultime et l’essence spirituelle des personnes. Une base commune sur laquelle nous pouvons et devons construire notre avenir est d’une importance capitale.

Voici un point sur lequel je voudrais insister. Les valeurs traditionnelles ne sont pas un ensemble rigide de postulats auxquels tout le monde doit adhérer, bien sûr que non. La différence avec les valeurs dites néo-libérales, c’est qu’elles sont uniques dans chaque cas particulier, car elles sont issues des traditions d’une société particulière, de sa culture et de son contexte historique. C’est pourquoi les valeurs traditionnelles ne peuvent être imposées à quiconque. Elles doivent simplement être respectées et tout ce que chaque nation a choisi pour elle-même au cours des siècles doit être traité avec précaution.

C’est ainsi que nous comprenons les valeurs traditionnelles, et la majorité de l’humanité partage et accepte notre approche. C’est compréhensible, car les sociétés traditionnelles d’Orient, d’Amérique latine, d’Afrique et d’Eurasie constituent la base de la civilisation mondiale.

Le respect des us et coutumes des peuples et des civilisations est dans l’intérêt de tous. En fait, c’est aussi l’intérêt de l’“ Occident ”, qui devient rapidement une minorité sur la scène internationale à mesure qu’il perd sa domination. Bien sûr, le droit de la minorité occidentale à sa propre identité culturelle – je tiens à le souligner – doit être assuré et respecté, mais, surtout, sur un pied d’égalité avec les droits de toute autre nation.

Si les élites occidentales pensent qu’elles peuvent faire en sorte que leurs peuples et leurs sociétés adoptent ce que je considère comme des idées étranges et à la mode, telles que des dizaines de genres ou des parades de fierté gay, qu’il en soit ainsi. Qu’ils fassent ce qu’ils veulent. Mais ils n’ont certainement pas le droit de dire aux autres de suivre leurs pas.

Nous voyons les processus démographiques, politiques et sociaux compliqués qui se déroulent dans les pays occidentaux. Il s’agit, bien entendu, de leurs propres affaires. La Russie ne s’immisce pas dans ces affaires et n’a pas l’intention de le faire. Contrairement à l’Occident, nous nous occupons de nos propres affaires. Mais nous espérons que le pragmatisme triomphera et que le dialogue de la Russie avec l’Occident authentique et traditionnel, ainsi qu’avec les autres centres de développement égalitaire, deviendra une contribution majeure à la construction d’un ordre mondial multipolaire.

J’ajouterai que la multipolarité est une réelle et, en fait, la seule chance pour l’Europe de restaurer son identité politique et économique. À vrai dire – et cette idée s’exprime explicitement en Europe aujourd’hui – la capacité juridique de l’Europe est très limitée. J’ai essayé de l’exprimer de façon modérée pour ne froisser personne.

Le monde est diversifié par nature et les tentatives occidentales de faire entrer tout le monde dans le même schéma sont clairement vouées à l’échec. Elles n’aboutiront à rien.

L’aspiration vaniteuse à la suprématie mondiale et, essentiellement, à la dictature ou à la préservation du leadership par le diktat, réduit réellement le prestige international des dirigeants du monde occidental, y compris les États-Unis, et accroît la méfiance à l’égard de leur capacité à négocier en général. Ils disent une chose aujourd’hui et une autre le lendemain ; ils signent des documents et y renoncent, ils font ce qu’ils veulent. Il n’y a aucune stabilité dans quoi que ce soit. Comment les documents sont signés, ce qui a été discuté, ce que nous pouvons espérer – tout cela est complètement flou.

Auparavant, seuls quelques pays osaient discuter avec l’Amérique et cela avait l’air presque sensationnel, alors qu’aujourd’hui, il est devenu habituel pour toutes sortes d’États de rejeter les demandes infondées de Washington, malgré ses tentatives continues d’exercer une pression sur tout le monde. C’est une politique erronée qui ne mène nulle part. Mais laissons-les faire, c’est aussi leur choix.

Je suis convaincu que les nations du monde ne fermeront pas les yeux sur une politique de coercition qui s’est discréditée. L’Occident devra chaque fois payer un prix plus élevé pour ses tentatives de préserver son hégémonie. Si j’étais membre de l’élite occidentale, je réfléchirais sérieusement à cette perspective. Comme je l’ai dit, certains politologues et politiciens aux États-Unis y pensent déjà.

Dans les conditions actuelles de conflit intense, je serai direct sur certaines choses. En tant que civilisation indépendante et distincte, la Russie n’a jamais considéré et ne se considère pas comme un ennemi de l’Occident. L’américophobie, l’anglophobie, la francophobie et la germanophobie sont les mêmes formes de racisme que la russophobie ou l’antisémitisme et, accessoirement, la xénophobie sous toutes ses formes.

Il faut simplement comprendre clairement que, comme je l’ai déjà dit auparavant, il y a deux Occident – au moins deux et peut-être plus, mais deux au moins – l’Occident des valeurs traditionnelles, essentiellement chrétiennes, de la liberté, du patriotisme, de la grande culture et maintenant aussi des valeurs islamiques – une partie importante de la population de nombreux pays occidentaux suit l’islam. Cet Occident est proche de nous en quelque sorte. Nous partageons avec lui des racines communes, voire anciennes. Mais il existe aussi un autre Occident, agressif, cosmopolite et néocolonial. Il agit comme un outil des élites néolibérales. Naturellement, la Russie ne se pliera jamais aux diktats de cet Occident.

En 2000, après mon élection à la présidence, je me souviendrai toujours de ce à quoi j’ai été confronté : Je me souviendrai du prix que nous avons payé pour détruire l’antre du terrorisme dans le Caucase du Nord, que l’Occident soutenait presque ouvertement à l’époque. Nous sommes tous des adultes ici ; la plupart d’entre vous présents dans cette salle comprennent ce dont je parle. Nous savons que c’est exactement ce qui s’est passé dans la pratique : un soutien financier, politique et informationnel. Nous l’avons tous vécu.

Qui plus est, non seulement l’Occident a soutenu activement les terroristes sur le territoire russe, mais, à bien des égards, il a entretenu cette menace. Nous le savons. Néanmoins, après la stabilisation de la situation, lorsque les principales bandes terroristes ont été vaincues, notamment grâce à la bravoure du peuple tchétchène, nous avons décidé de ne pas revenir en arrière, de ne pas jouer les offensés, mais d’aller de l’avant, d’établir des relations même avec ceux qui ont effectivement agi contre nous, d’établir et de développer des relations avec tous ceux qui le souhaitaient, sur la base de l’avantage mutuel et du respect de chacun.

Nous pensions que c’était dans l’intérêt de tous. La Russie, Dieu merci, a survécu à toutes les difficultés de l’époque, elle a tenu bon, elle s’est renforcée, elle a été capable de faire face au terrorisme interne et externe, son économie a été préservée, elle a commencé à se développer et sa capacité de défense a commencé à s’améliorer. Nous avons essayé d’établir des relations avec les principaux pays occidentaux et avec l’OTAN. Le message était le même : cessons d’être des ennemis, vivons ensemble en tant qu’amis, engageons le dialogue, construisons la confiance et, partant, la paix. Nous étions absolument sincères, je tiens à le souligner. Nous avons bien compris la complexité de ce rapprochement, mais nous l’avons accepté.

Qu’avons-nous obtenu en réponse ? En bref, nous avons reçu un “ non ” dans tous les principaux domaines de coopération possible. Nous avons reçu une pression toujours plus forte sur nous et des foyers de tension près de nos frontières. Et quel est, si je puis me permettre, le but de cette pression ? Quel est-il ? S’agit-il simplement de s’entraîner ? Bien sûr que non. Le but est de rendre la Russie plus vulnérable.

Le but est de faire de la Russie un outil pour atteindre leurs propres objectifs géopolitiques.

En fait, c’est une règle universelle : ils essaient de transformer tout le monde en outil, afin d’utiliser ces outils à leurs propres fins. Et ceux qui ne cèdent pas à cette pression, qui ne veulent pas être un tel outil sont sanctionnés : toutes sortes de restrictions économiques sont exercées contre eux et à leur égard, des coups d’État sont préparés ou si possible réalisés, etc. Et à la fin, si rien ne peut être fait, l’objectif est le même : les détruire, les rayer de la carte politique. Mais il n’a pas été et ne sera jamais possible d’élaborer et de mettre en œuvre un tel scénario en ce qui concerne la Russie.

Que puis-je ajouter ? La Russie ne défie pas les élites occidentales. La Russie défend simplement son droit d’exister et de se développer librement. Il est important de noter que nous ne deviendrons pas nous-mêmes un nouvel hégémon. La Russie ne propose pas de remplacer un monde unipolaire par un ordre dominant bipolaire, tripolaire ou autre, ni de remplacer la domination occidentale par une domination de l’Est, du Nord ou du Sud. Cela conduirait inévitablement à une nouvelle impasse.

À ce stade, je voudrais citer les paroles du grand philosophe russe Nikolaï Danilevsky. Il pensait que le progrès ne consistait pas à ce que tout le monde aille dans la même direction, comme semblent le vouloir certains de nos adversaires. Cela ne ferait que stopper le progrès, disait Danilevsky. Le progrès consiste à “ parcourir le champ qui représente l’activité historique de l’humanité, en marchant dans toutes les directions ”, a-t-il déclaré, ajoutant qu’aucune civilisation ne peut s’enorgueillir d’être le summum du développement.

Je suis convaincu que la dictature ne peut être contrée que par le libre développement des pays et des peuples ; la dégradation de l’individu peut être contrée par l’amour de la personne en tant que créateur ; la simplification et l’interdiction primitives peuvent être remplacées par la complexité florissante de la culture et de la tradition.

L’importance du moment historique d’aujourd’hui réside dans les possibilités de développement démocratique et distinct de chacun, qui s’ouvrent devant toutes les civilisations, tous les États et toutes les associations d’intégration. Nous croyons avant tout que le nouvel ordre mondial doit être fondé sur le droit et la loi, et qu’il doit être libre, distinct et équitable.

L’économie et le commerce mondiaux doivent également devenir plus justes et plus ouverts. La Russie considère que la création de nouvelles plateformes financières internationales est inévitable ; cela inclut les transactions internationales. Ces plateformes devraient se situer au-dessus des juridictions nationales. Elles devraient être sécurisées, dépolitisées et automatisées et ne devraient pas dépendre d’un centre de contrôle unique. Est-ce que c’est possible ? Bien sûr que c’est possible. Cela demandera beaucoup d’efforts. De nombreux pays devront unir leurs efforts, mais c’est possible.

Cela exclut toute possibilité d’abus dans une nouvelle infrastructure financière mondiale. Elle permettrait d’effectuer des transactions internationales efficaces, bénéfiques et sûres sans le dollar ou l’une des monnaies dites de réserve. C’est d’autant plus important, maintenant que le dollar est utilisé comme une arme ; les États-Unis, et l’Occident en général, ont discrédité l’institution des réserves financières internationales. D’abord, ils l’ont dévalué avec l’inflation dans les zones dollar et euro, puis ils ont pris nos réserves d’or et de devises.

La transition vers des transactions en monnaies nationales va rapidement prendre de l’ampleur. C’est inévitable. Bien sûr, cela dépend du statut des émetteurs de ces monnaies et de l’état de leurs économies, mais ils vont se renforcer, et ces transactions sont appelées à l’emporter progressivement sur les autres. Telle est la logique d’une politique économique et financière souveraine dans un monde multipolaire.

En outre, les nouveaux centres de développement mondiaux utilisent déjà des technologies et des recherches inégalées dans divers domaines et peuvent concurrencer avec succès les sociétés transnationales occidentales dans de nombreux domaines.

Il est clair que nous avons un intérêt commun et très pragmatique à des échanges scientifiques et technologiques libres et ouverts. Unis, nous avons plus à gagner que si nous agissons séparément. C’est la majorité qui devrait bénéficier de ces échanges, et non des sociétés individuelles super-riches.

Comment les choses se passent-elles aujourd’hui ? Si l’Occident vend des médicaments ou des semences de culture à d’autres pays, il leur dit de tuer leurs industries pharmaceutiques nationales et leur sélection. En fait, tout se résume à ceci : ses fournitures de machines-outils et d’équipements détruisent l’industrie mécanique locale. Je m’en suis rendu compte à l’époque où j’étais Premier ministre. Dès que vous ouvrez votre marché à un certain groupe de produits, le fabricant local fait instantanément faillite et il lui est presque impossible de relever la tête. C’est ainsi qu’ils établissent des relations. C’est ainsi qu’ils s’emparent des marchés et des ressources, et que les pays perdent leur potentiel technologique et scientifique. Ce n’est pas du progrès, c’est de l’asservissement et la réduction des économies à des niveaux primitifs.

Le développement technologique ne devrait pas accroître les inégalités mondiales, mais plutôt les réduire. C’est ainsi que la Russie a traditionnellement mis en œuvre sa politique technologique étrangère. Par exemple, lorsque nous construisons des centrales nucléaires dans d’autres pays, nous créons des centres de compétences et formons le personnel local. Nous créons une industrie. Nous ne nous contentons pas de construire une centrale, nous créons toute une industrie. En fait, nous donnons à d’autres pays une chance de franchir de nouvelles étapes dans leur développement scientifique et technologique, de réduire les inégalités et d’amener leur secteur énergétique à de nouveaux niveaux d’efficacité et de respect de l’environnement.

Permettez-moi de souligner à nouveau que la souveraineté et une voie de développement unique ne signifient en aucun cas l’isolement ou l’autarcie. Au contraire, il s’agit d’une coopération énergique et mutuellement bénéfique fondée sur les principes d’équité et d’égalité.

Si la mondialisation libérale consiste à dépersonnaliser et à imposer le modèle occidental au monde entier, l’intégration consiste, au contraire, à exploiter le potentiel de chaque civilisation au profit de tous. Si le mondialisme est un diktat – ce à quoi il aboutit en fin de compte –, l’intégration est un travail d’équipe visant à élaborer des stratégies communes dont chacun peut bénéficier.

À cet égard, la Russie estime qu’il est important d’utiliser plus largement les mécanismes de création de grands espaces qui reposent sur l’interaction entre pays voisins, dont les économies et les systèmes sociaux, ainsi que les bases de ressources et les infrastructures, se complètent. En fait, ces grands espaces constituent la base économique d’un ordre mondial multipolaire. Leur dialogue donne lieu à une véritable unité de l’humanité, qui est beaucoup plus complexe, unique et multidimensionnelle que les idées simplistes professées par certains maîtres occidentaux.

L’unité de l’humanité ne peut être créée par des commandements tels que “ faites comme moi ” ou “ soyez comme nous ”. Elle se crée en tenant compte de l’opinion de chacun et en abordant avec soin l’identité de chaque société et de chaque nation. C’est le principe qui peut sous-tendre une coopération à long terme dans un monde multipolaire.

À cet égard, il pourrait être utile de revoir la structure des Nations unies, y compris son Conseil de sécurité, afin de mieux refléter la diversité du monde. Après tout, le monde de demain dépendra beaucoup plus de l’Asie, de l’Afrique et de l’Amérique latine qu’on ne le croit aujourd’hui, et cette augmentation de leur influence est sans aucun doute une évolution positive.

Permettez-moi de rappeler que la civilisation occidentale n’est pas la seule, même dans notre espace eurasien commun. En outre, la majorité de la population est concentrée à l’est de l’Eurasie, où sont apparus les centres des plus anciennes civilisations humaines.

La valeur et l’importance de l’Eurasie résident dans le fait qu’elle représente un complexe autosuffisant possédant d’énormes ressources de toutes sortes et d’immenses possibilités. Plus nous nous efforçons d’accroître la connectivité de l’Eurasie et de créer de nouveaux moyens et de nouvelles formes de coopération, plus nos réalisations sont impressionnantes.

Le succès de l’Union économique eurasienne, la croissance rapide de l’autorité et du prestige de l’Organisation de coopération de Shanghai, les initiatives à grande échelle “ Une ceinture, une route ”, les plans de coopération multilatérale pour la construction du corridor de transport Nord-Sud et de nombreux autres projets, sont le début d’une nouvelle ère, d’une nouvelle étape dans le développement de l’Eurasie. J’en suis convaincu. Les projets d’intégration qui y sont menés ne se contredisent pas mais se complètent – bien sûr, s’ils sont réalisés par les pays voisins dans leur propre intérêt et non introduits par des forces extérieures dans le but de diviser l’espace eurasiatique et de le transformer en une zone de confrontation entre blocs.

L’Europe, extrémité occidentale de la Grande Eurasie, pourrait également en devenir la partie naturelle. Mais nombre de ses dirigeants sont entravés par la conviction que les Européens sont supérieurs aux autres, qu’il est indigne d’eux de participer d’égal à égal aux entreprises des autres. Cette arrogance les empêche de voir qu’ils sont eux-mêmes devenus une périphérie étrangère et se sont transformés en vassaux, souvent sans droit de vote.

Collègues,

L’effondrement de l’Union soviétique a bouleversé l’équilibre des forces géopolitiques. L’Occident s’est senti vainqueur et a décrété un arrangement mondial unipolaire, dans lequel seuls sa volonté, sa culture et ses intérêts avaient le droit d’exister.

Aujourd’hui, cette période historique de domination sans limite de l’Occident sur les affaires mondiales touche à sa fin. Le monde unipolaire est relégué dans le passé. Nous sommes à un carrefour historique. Nous allons probablement vivre la décennie la plus dangereuse, la plus imprévisible et en même temps la plus importante depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. L’Occident est incapable de diriger l’humanité à lui tout seul et la majorité des nations ne veulent plus le supporter. C’est la principale contradiction de cette nouvelle ère. Pour citer un classique, il s’agit en quelque sorte d’une situation révolutionnaire – les élites ne peuvent pas et les peuples ne veulent plus vivre ainsi.

Cet état de fait est lourd de conflits mondiaux ou de toute une chaîne de conflits, ce qui constitue une menace pour l’humanité, y compris pour l’Occident lui-même. La principale tâche historique d’aujourd’hui est de résoudre cette contradiction d’une manière constructive et positive.

Le changement d’époque est un processus douloureux, mais naturel et inévitable. Un futur ordre mondial se dessine sous nos yeux. Dans cet ordre mondial, nous devons écouter tout le monde, prendre en considération chaque opinion, chaque nation, société, culture et chaque système de perspectives mondiales, d’idées et de concepts religieux, sans imposer une seule vérité à quiconque. Ce n’est que sur cette base, en comprenant notre responsabilité pour le destin des nations et de notre planète, que nous pourrons créer une symphonie de la civilisation humaine.

A ce stade, je voudrais terminer mes remarques en exprimant ma gratitude pour la patience dont vous avez fait preuve en les écoutant.

Je vous remercie beaucoup.

Traduction “ les anticonspis ne vont pas tarder à me qualifier de traducteur officiel de Poutine ” par Viktor Dedaj avec probablement toutes les fautes et coquilles habituelles

 http://en.kremlin.ru/events/president/news/69695
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COMMENTAIRES  

30/10/2022 05:40 par T 34

Voici le discours de Poutine doublé en français : La vidéo dure 3 h 43. Les 43 premières minutes sont les discours de Vladimir Poutine le reste est sa réponse aux questions du public.

Discours de Vladimir Poutine lors du Club de discussion Valdaï le 27.10.2022

30/10/2022 08:40 par bostephbesac

Merci T 34 . Je ne pourrai tout voir, évidemment, mais une partie oui.

30/10/2022 09:14 par Erno Renoncourt

On peut reprocher ce qu’on veut à cet homme politique, on peut ne pas l’aimer, mais il y a plusieurs choses en sa faveur qui sont en flagrante opposition avec les profils minables des dirigeants occidentaux actuels : sa culture, sa dimension à toujours se situer dans l’histoire pour ne pas laisser ses émotions dicter sa conduite en public et surtout le respect de l’autre qu’il affiche en public, même quand il parle d’hommes politiques qui demandent a l’assassiner et le décrivent comme un tueur.

Bref, tout cela tend à prouver que l’Occident n’est qu’un gigantesque empire régi par le chaos, et qui recrute pour le diriger des barbares capables de maintenir le monde dans un état permanent de chaos. Et ce n’est pas un hasard. Pour cause, et la mythologie à la base du récit fictionnel de la civilisation occidentale (les mythes des empires), et la science occidentale (Big Bang) assument que le chaos est l’origine du monde et sera sa destinée. Replongez dans les mythes d’Ovide et d’Hésiode, et prenez le temps de comprendre le sens profond de l’origine de l’univers dévoilé par la théorie du Big Bang, tout ne parle que de chaos. Mème la plus connue des équations de la relativité, dans sa forme la plus séduisante (E=M*C*C) n’est qu’un éloge au chaos que l’on peut fredonner ainsi :

Le chaos était de la matière inerte, il est devenu énergie mise en mouvement par un chaos plus grand. Et ce n’est pas hasardeux si la vitesse est synonyme de chaos, car le C mis pour célérité de la lumière dans l’équation (E=MC2) ne représente au fait que le chaos.
Énergie= Matière * Chaos * Chaos

Le surgissement de l’univers ressemble à l’écoulement dans l’espace d’un flux d’énergie mis en mouvement, à un certain instant t, par le foudroiement chaotique de la masse de matière qui avant stagnait comme un chaos inerte. Faut-il rappeler que les bâtisseurs des empires du passé avaient aussi leur formule pour bâtir leur empire et cela avait rapport avec le chaos, et bizarrement, la formule renvoie à la même équation que celle de la relativité.

Souvenez-vous du raccourci : Donnez moi de la matière et du mouvement, et je vous fais un empire ! . En mettant en équation cette demande, on trouve le fondement du néolibéralisme : la mondialisation !
En effet, Empire = Matière * Mouvement
Or Mouvement = Variation dans l’Espace et dans le Temps
Plus la matière est élevée, plus mouvement doit être aussi élevé (rapide), et plus l’empire sera grand.

Faut-il que je précise que ce mouvement n’est que le chaos imposé par la Mondialisation qui tend a déformer les écosystèmes, donc à élargir les espaces, supprimer les frontières pour accéder à plus de Matières et tout cela en comprimant le Temps (inversion du temps) , en nous imposant un rythme toujours plus élevé pour consommer sans comprendre, pour décider en urgence.

Selon le paradigme barbare de la mondialisation, L’univers est régi par 3 variables : Matières comme ressources naturelles a exploiter et Humaines à abrutir, Espace pour se déplacer, donc à déformer pour accédér à ces matières et Temps qu’il faut toujours raccourcir pour atteindre plus vite et en premier les espaces où se trouvent les matières. Voilà le chaos du monde occidental dans sa version mythologique, scientifique, économique. Toute la géostratégie est de trouver les barbares permettant d’agir sur ces trois variables en limitant la violence. Matières à exploiter, Masse humaine à dompter, Espace à augmenter ou à déformer et Temps à contourner ou à réduire. Empire= Matières * Mouvement ( déformation de l’espace dans le temps).

D’où le besoin d’abrutir le plus grand nombre en leur imposant un cycle d’urgence en permanence pour tuer le temps de la réflexion et faire en sorte que les gens ne savent plus donner de sens à leurs rapports avec eux-mêmes et avec leur environnement. Une perte de sens qui produit du chaos, pour ainsi dire du mouvement : détérioration de ses rapports avec l’espace et avec le temps
C’est le chaos qui est la base de tout dans ce monde de fous. Et la vitesse, c’est toute l’intelligence du chaos !

L’ouvrage de Paul Virilio, architecte et marxiste français, Vitesse et Politique, permet de comprendre beaucoup de choses, notamment dans ce qui se passe dans la guerre des drones en Ukraine. Juste un petit extrait de la page 70 sur ce qu’il appelle l’intelligence dromocratique (la vitesse) qui foudroie parce que permettant de détruire un espace sans le conquérir :

« L’intelligence dromocratique ne s’exerce pas contre un adversaire militaire plus ou moins déterminé, elle s’exerce comme un assaut permanent donné au monde et à travers lui comme un assaut donné à la nature de l’homme, la disparition de la faune et de la flore, l’abrogation des économies naturelles ne sont que la lente préparation de destructions plus brutales, elles font partie d’une économie plus vaste, celle du blocus, du siège, c’est-à-dire des stratégies d’inanition. La guerre économique qui ravage actuellement la terre n’est que la phase lente de la guerre déclarée, d’un assaut rapide et bref à venir car c’est elle qui perpétue dans la non-bataille[...]
 »

La mondialisation n’est elle pas un assaut permanent livré contre la nature et contre l’humain par les barbares pour accaparer les ressources ?

Tout est intelligible à qui dispose du temps pour comprendre, et c’est justement ce temps de la compréhension que l’intelligence artificielle (drone libéré sur les territoires de nos cerveaux) viendra nous enlever. Le Big Data est une affaire de vitesse : Vitesse de traitement de données, Vitesse de calcul des processeurs, vitesse de diffusion des médiocrités..... Plus de temps pour réfléchir, et nous voilà devenus des Indigents Automatisés (IA) au profit de l’empire. Et bizarrement, dans mon récit sur l’axiomatique de l’indigence, de mon shithole étant, j’ai consigné tout cela dans un petit chapitre : du chaos originel au chaos néolibéral, une même géostratégie de déshumanisation.

Faut-il encore que j’explique pourquoi je n’ai pas encore trouvé un éditeur courageux et compétent pour mon manuscrit !

30/10/2022 10:00 par BEYER Michel

Je prends le risque d’être traité de Poutinocrate. J’affirme qu’il s’agit d’un grand discours. Connaissez-vous un seul chef d’état occidental capable d’un tel discours ?
Lors du rendez-vous du club "Valdaï", ce discours aurait pu faire la part belle à l’Ukraine. C’est à peine évoqué. C’est un discours de portée mondiale.

30/10/2022 10:03 par Xiao Pignouf

il y a deux Occident - au moins deux et peut-être plus, mais deux au moins - l’Occident des valeurs traditionnelles, essentiellement chrétiennes, de la liberté, du patriotisme, de la grande culture et maintenant aussi des valeurs islamiques - une partie importante de la population de nombreux pays occidentaux suit l’islam. Cet Occident est proche de nous en quelque sorte. Nous partageons avec lui des racines communes, voire anciennes. Mais il existe aussi un autre Occident, agressif, cosmopolite et néocolonial. Il agit comme un outil des élites néolibérales

J’ai des réserves sur ces propos de V. Poutine. La dichotomie qu’il propose est par trop simpliste.

Les déclarations récentes de la néo-fasciste Meloni en faveur de l’Ukraine, sans parler des positions anti-russes de la Pologne tendent à démontrer que l’Occident « chrétien et traditionaliste » est souvent russophobe. Que ce soit par amalgame avec la Russie soviétique ou par pur racisme anti-slave.

En outre, la Corée du sud et le Japon sont aussi aux côtés de cet Occident belliciste.

30/10/2022 11:28 par lou lou la pétroleuse

Merci T34.

Deux remarques concernant le propos de V. Poutine :

la déstabilisation des marchés mondiaux de l’alimentation et de l’énergie. Ce dernier point n’a bien sûr pas été fait exprès, cela ne fait aucun doute.

Je n’en suis pas si sûre : Qui pourra lutter contre la privation de nourriture, de chauffage, de moyens de se déplacer, par ceux qui auront alors toutes libertés pour s’approprier gratos l’ensemble des ressources de la planète, en échange des quelques miettes dont ils contrôleront seuls la distribution ? Nous pouvons lutter contre la restriction de nos droits, l’insuffisance de nos salaires, retraites, allocations chômage, contre les contradictions du système en matière de transport, de distribution, de santé...
Si nous sommes encore capables d’unir nos forces, nous pouvons espérer mettre en place des systèmes garantissant à tous la satisfaction de leurs besoins essentiels et l’accès à ceux dont on est en train de priver les populations occidentales : le droit a l’information, l’accès aux cultures, le droit pour tous de disposer de soi-même, etc.
Mais les grandes famines, les grandes épidémies n’ont jamais engendré de révolution. Elles n’ont engendré que la mort et la décimation des populations impuissantes face à ces calamités.
Parmi ceux qui dirigent le monde il y a en a certainement qui rêvent de le contrôler totalement et d’augmenter encore leurs inutiles profits.

lorsque nous construisons des centrales nucléaires dans d’autres pays, nous créons des centres de compétences et formons le personnel local.

C’est louable bien sûr, mais ce type d’énergie risque de compromettre le respect de "tout ce que chaque nation a choisi pour elle-même", car si chaque nation est en droit de déterminer les risques qu’elle accepte d’affronter, les inconvénients des centrales nucléaires ne se font pas sentir que dans le pays où elles sont implantées, tous les pays alentours peuvent en être victimes. On a déjà eu l’occasion de s’en apercevoir...

30/10/2022 13:00 par koursk

Poutine et Xi sont très aimés des partisans de l’intérêt général, de ceux qui veulent un monde stable, éthique *** Les africains souhaitent que la Russie et la Chine et leurs alliés les soutiennent contre les multimilliardaires qui règnent sur l’otanie, avec leurs multinationales, et leur esprit colonial, pour par exemple mettre fin au franc cfa *** La Russie et la Chine ne se laisseront pas piller leurs richesses *** En rattachant les régions russophones du territoire ukrainien à la Russie, la Fédération brise une partie les projets malveillants des élites économiques qui commandent économiquement, et donc politiquement et médiatiquement à washington et bruxelles.

30/10/2022 15:21 par Geb

Je dirais : Un discours révolutionnaire sinon dans la forme mais surtout sur le fond.

Il va falloir l’étudier en profondeur sujet par sujet.

Entre parenthèse la publication de la séance par les Esseniens doublée en Français, est une catastrophe à écouter. Et en Anglais chez d’autres c’est pareil. Pourtant s’il ya des personnes qui parlent bien les langues étarngères c’est bien les Slaves en particulier.

Il auraient au moins pu filer un "fil" au traducteur qui traduit des concepts qu’il ne comprend pas.

Et je me sens pas capable de saisir les détails techniques de tout le discours et des interventions en Russe qui suivent.

J’ai tout chargé en attendant une version sous-titrée ; en Russe, ou sinon en Français ou en Anglais.

30/10/2022 16:55 par Dominique

Pour les anglophones, Alexander Mercouris analyse ce discours avec sa finesse et son bon sens habituel... Pour lui c’est un discours philosophique, qu’aucun autre chef d’état actuel ne serait capable de prononcer, sous entendant par là, à mon sens, que Poutine est le plus grand chef d’état actuel. Opinion que je partage...
https://rumble.com/v1qcspd-putins-valdai-speech-warns-western-elites.html

30/10/2022 17:06 par Obrigado

Merci à LGS pour cette traduction. C’est le seul média entre officiel et souterrain qui ose le faire. C’est dire la profondeur du fossé dans lequel tout ce qui est presse nationale et même PQR est tombé. Il a suffi de deux événements majeurs impliquant des décisions politiques fortes et des choix géo-stratégiques pour qu’émergent les dominants.
Dans le cadre du COVID, la finance mondiale liée aux labos. Dans le cas de la guerre en Ukraine, le complexe militaro-industriel mondial, lié lui aussi à la finance mondiale.
La presse "officielle" se trouve réduite à faire le porte-voix en l’espace de deux ans. C’est la nécessaire ré-affimation des rapports de force qui sous-tendent le monde depuis un siècle qui ont balayé les fumerolles de l’actualité médiatique.

30/10/2022 19:50 par Geb.

@ Erno Renonourt...

"Ordos ab chaos".

"L’Ordre issu du Désordre"..

30/10/2022 23:50 par Auguste Vannier

Sans nier la complexité de la situation mondiale, Poutine développe dans ce discours une pensée claire et cohérente, se permettant même de faire appel au bon sens qui semble être, malgré Descartes, bien peu partagé dans l’occident américaniste.
Cela confirme ce que j’ai avancé ici à plusieurs reprises : l’Ukraine n’est pas l’essentiel, elle est le chiffon rouge qui détourne l’attention des buts de la stratégie de la Russie tout en révélant aux yeux du monde ce qu’est au fond la "civilisation occidentale" , violente et aveuglée par la certitude de sa supériorité (monde qui du reste l’avait déjà expérimentée avec les génocides conquérants, l’esclavagisme, le colonialisme, le néocolonialisme, le pillage de ses ressources et l’hégémonisme géopolitique du dieu dollar-in God we trust.).
La stratégie qui s’explicite dans ce discours n’est rien moins que d’initier, accompagner, soutenir, et mener à bien une "révolution géopolitique" fondée sur l’intégration de la diversité culturelle et civilisationnelle pour faire face par la coopération aux défis des catastrophes déjà là et qui s’annoncent. Comment ? par le respect des "souverainetés", des singularités et des identités, la mise en oeuvre par des institutions mondiales renouvelées d’un véritable Droit International.
Quoiqu’on pense des "discours" en général et Poutine en "particulier", Il y a bien longtemps que je n’avais pas entendu quelque chose d’aussi intéressant dont il est possible de partager l’ambition, tout en restant lucide sur la dose d’illusion nécessaire pour y croire. Mais je préfère croire à cela qu’aux illusions d’un post-libéralisme contrôlé par le gendarme US avec ses 700bases militaire, ses GAFAM, l’OTAN et ses supplétifs, au nom de la religion des marchés, dont par ailleurs on perçoit bien où cela mène le monde...

31/10/2022 11:25 par Erno Renoncourt

Pour @Obrigado

Vous avez raison de le souligner, ces deux contextes , celui de la crise sanitaire et celui de l’Opération militaire en Ukraine, sont riches d’enseignement pour ceux qui sont capables de problématiser et de relier les évènements par delà leur floutage médiatique. Ils sont comme des fissures qui révèlent les failles de la civilisation occidentale, hier encore si infatuée de sa science, si opulente dans son abondance, et si heureuse de sa croissance. l’impensé sanitaire et l’impensé énergétique de ce deux contextes sont en lien, car ils contiennent les variables de la grande réinitialisation qui est la solution que l’empire doit trouver pour compenser la fin de l’abondance. Et c’est pourquoi le fascisme ressurgit au travers de ces deux contextes.

Je l’avais déjà souligné dans un commentaire sur un autre sujet, mais personne ne l’avait retenu : L’élément fondateur qui relie ces deux contextes est Bill Gates. Il est l’un des bénéficiaires de la crise du Covid par les profits réalisés sur les vaccins et l’influence qu’il exerce sur l’OMS (organisation mondiale de la santé), en outre, il est au cœur de la stratégie de trouver des alternatives énergétiques pour maintenir la croissance mondiale par un impératif de zéro carbone qui sous tend un besoin de contrôler, sinon de freiner le taux de croissance de la population mondiale. C’est dans son équation à zéro carbone qu’il faut trouver le lien entre l’impensé énergétique, révélé par la guerre en Ukraine qui porte justement le nom de OMS (organisation militaire spéciale), et l’impensé sanitaire révélé par le coronavirus.

En 2010, Bill Gates a proposé une équation pour atteindre le zéro carbone. et rxduire l’empreinte écologique du monde.

Cette équation s’écrit ainsi :

Empreinte Écologique = Population*Services Consommés*Énergie de Production des Services*Carbone Émis par cette Énergie

En prêtant attention aux variables de cette anodine équation, on trouve le lien entre le vaccin et l’énergie. Réduire l’empreinte écologique sous tend la décroissance de l’une ou l’autre des variables de l’équation.
Decroissance de la population
Decroissance des services consommés
Decroissance de l’energie de production
Decroissance du taux de carbone émis

Posez vous la question, quelle option reste-t-il à celui qui veut réduire l’empreinte énergétique de l’homme, sans modifier son mode de production (services proposés à la consommation) et son mode de consommation d’énergie (énergie de production) pour garder ses profits ? Réfléchissez aux contradictions des décisions prises par l’Union Européenne pour se passer du gaz russe : un retour aux énergies polluantes qui démentent leur volonté de lutter contre le réchauffement climatique, et vous trouverez la solution.

La seule option est le contrôle de la croissance mondiale : de bons petits vaccins à ciseaux génétiques (variante de l’ARN messager) qui ciblent les gènes des populations les plus prolifiques pour mutiler les plus vulnérables et les moins rentables. ET tout rente dans l’ordre. Le Covid était un terrain d’essai de la solution a venir pour régler le problème énergétique qui menace la croissance mondiale. Tout est lié. La performance du capitalisme est dans sa capacité à flouter ses décisions en les dissimulant dans des boites noires pour les segmenter en de valeurs intermédiaires et délocalisées pour ne pas alarmer la population.C’est comme transporter une arme fatale en de petites pièces détachées et sur des distances éloignées. Si personne ne sait à quoi ressemble l’arme fatale, personne ne prêtera attention aux pièces.....et un fois a destination, entre les bonnes mains ....et Boom !

Souvenez-vous de ce que je vous dis : l’Intelligence artificielle est l’arme fatale de l’extinction de l’espèce . Encore un fois, c’est le chaos qu’il simule par la vitesse des données manipulées...pour générer plus d’incertitudes.....Seuls ceux qui n’ont pas le museau rivé vers la gamelle du succès minimal insignifiant confortable peuvent contextualiser ces évènements pour leur donner du sens. Souvenez-vous de mon texte provocateur :Merci Coronavirus et Merci Poutine ! Ces deux évènements m’ont apporté assez d’indices confirmant la validité de mon axiomatique de l’indigence : La grande convergence humaine vers l’effondrement de la conscience.

En ce sens, Obrigado a parfaitement raison.

31/10/2022 16:08 par Erno Renoncourt

Pour @Geb

Merci de me rappeler cette maxime "Ordos ab chaos : L’Ordre issu du Désordre".. qui résume le rôle que s’attribuent les papes de la mondialisation et qui nous confirme aussi la persistance des processus de boites noires et de la stratégie du double standard. Toujours en couple, on les retrouve. Il faut du chaos en amont pour étendre le monopole sur les matières, et en aval des impostures d’ordre pour gouverner le chaos. Et chaque fois qu’il faut renouveler les impostures (effritées), il faut générer du chaos, et ainsi de suite. J’ai un texte en ce sens à soumettre au Grand Soir (j’espère qu’il sera publié) pour montrer comment du chaos originel de la création du monde au chaos permanent de la mondialisation les variables restent les mêmes : Matières, Espace, Temps.

Et c’est ce lien invariant qui explique pourquoi la maitrise des matières premières, comme ressources de base pour la croissance, conduit à cette nécessaire globalisation de la géostratégie de la déshumanisation par l’effondrement de la conscience humaine et l’enfumage de la culture. Car la seule valeur que reconnaît la mondialisation est la monnaie, car elle permet le contrôle de trois variables stratégiques ( Finance + Commerce + Géopolitique)....Donc pour reprendre le modèle orlovien de l’effondrement : celui qui veut empêcher l’effondrement de la Finance Mondiale, du Commerce mondial et la perte de son influence géopolitique sur les écosystèmes des États et sur la culture doit s’assurer de maintenir la conscience humaine dans un effondrement permanent. C’est dommage, j’ai soumis un texte qui analyse cette problématique au Grand Soir, mais il n’est pas (encore) publié. Voici une illustration de cette géostratégie de l’effondrement de la conscience par le chaos. Tout est intelligible à qui prend du temps pour problématiser et relier....tout ce que la culture, du point de vue du marché, nous interdit de faire ....Car comme l’écrivait Bourdieu : " l’essence du néolibéralisme est de détruire les capacités de résistance collective pour que le libre marché triomphe intégralement".

01/11/2022 13:36 par Yannis

Bien résumé Arno R.

J’ajouterai que parce que vous venez de et vivez (?) à la marge du système monde en Haïti, (du moins vu depuis l’Europe), vous pouvez vieux constater les effets pervers et les ficelles du système mondialiste esclavagisant. Vous vous adressez ici à des lecteurs et lectrices qui ne supportent pas cette image d’esclave, qui s’en excluent pour la plupart.

D’où la non-publication d’un certain nombre de vos textes. Moi aussi j’ai eu cette patience, puis de la déception.

Juste sur le diagnostique de l’état agonisant du monde mondialisé, LGS pas plus que LFI n’a pas de remède, malheureusement, sinon le rêve et la providence. Mais le réveil sera de plus en plus brutal concernant l’impression de surplomb intellectuel depuis Paris.

Bon courage pour le retour au réel et saludos aux participants de ce forum avec lesquels j’ai eu d’intéressantes discussions et connu des sites de réinfo et autres pertinents.

01/11/2022 15:45 par Xiao Pignouf

@Yannis

Vous vous adressez ici à des lecteurs et lectrices qui ne supportent pas cette image d’esclave, qui s’en excluent pour la plupart

Belle théorie, dont tu t’exclus je suppose...

D’où la non-publication d’un certain nombre de vos textes

Bah tiens, et quand tu dis « un certain nombre », tu sais combien ? Peu importe ce que tu crois savoir. Je lis le GS depuis des années et Erno (avec un E) Renoncourt est un des auteurs les plus régulièrement publiés ici. Si l’un de ses textes ne l’est pas, j’imagine que ça ne veut pas dire qu’il est censuré, juste qu’il doit revoir sa copie ou que le sujet évoqué n’intéresse pas le site, comme partout, comme tout le monde.

Sauf toi. Parce que toi tu n’es pas du genre à te remettre en question.

Juste sur le diagnostique de l’état agonisant du monde mondialisé, LGS pas plus que LFI n’a pas de remède

Sans déconner. Il eût été étonnant que tu rédigeasses un texte de quelques lignes sans en référer à la FI...

Tu vas (encore) dire que je ne suis pas gentil avec toi. Mais relis-toi. C’est ton commentaire qui est déplaisant avec les lecteurs de ce site, des moutons dont bien sûr tu t’exclus aussi, qui ne t’ont rien demandé mais au bon souvenir desquels tu ne peux t’empêcher de venir rappeler ta supériorité de temps en temps. D’où ma réponse. Sans ça, le train de ta vanité aurait roulé sur le rail de mon indifférence.

01/11/2022 17:02 par Erno Renoncourt

Merci @Yannis pour cette mise au point et je comprends tout le malaise que cela peut procurer de raviver cette barbarie. Mais je ne joue pas les victimaires en le faisant, j’essaie de situer les axes du repère de l’intelligible errance de mon peuple dans les strates de son histoire qui n’est que le récit de l’effondrement de sa conscience, l’enfumage de sa culture et les fissures de sa mémoire collective.

Je dis merci au journal LGS de donner de la visibilité à certains de mes textes, car même les médias haïtiens, ne publient que rarement et exceptionnellement mes textes, car ils dérangent le confort de lecteurs qui ne veulent pas toujours comprendre. Car comprendre engage à agir.....

Mais, je sais qu’il y a quelques lecteurs intranquilles qui savent que parce que le réel est chargé d’incertitudes, parce que la complexité se moque des conforts, des humeurs et des émotions de l‘homme, celui-ci ne peut trouver l’équilibre dans le chaos qu’en accédant aux informations qui ne sont pas toujours plaisantes pour trouver la brèche vers un possible humain vivable

Et mille excuses à ceux et celles qui pour mille raisons et autres besoins de tranquillité ne souhaitaient pas lire une tribune chargée de vérités dérangeantes. Mais pour régénérer l’humanité de ses défaillances, on a besoin de savoir ce qui a failli dans son évolution. A ce propos, voici pour les lecteurs intranquilles, un lien vers un texte qui contextualise l’intelligible errance d’Haïti dans ce qui est une géostratégie de la déshumanisation performante entre cycle de turbulences, cycle d’urgence et cycle de résilience. Si performante qu’elle se rejoue ailleurs sans qu’on n’y prenne garde. Car la stratégie de choc de la COVID est une géostratégie de déshumanisation qui nous rapproche de l’esclavage, et celle de la guerre en Ukraine est encore pire.

Donc je comprends, mais je ne joue que les lanceurs d’alerte pour dire que l’avenir ne sera que la recomposition des trames du passé occulté dans la performance et le confort d’un présent médiocre et imparfait. C’est justement pour cela que le néolibéralisme abrutit pour empêcher de comprendre, car comprendre engage. Et c’est une philosophe française, Myriam Revault d`Allonnes, qui le dit en rappelant La faiblesse du vrai par sa solitude. Elle soutient que soutient que "notre indifférence à la vérité porte atteinte à la possibilité d’un monde commun". Et cela fait la force du néolibéralisme.

Je vous remercie infiniment @Yannis de m’offrir cette brèche, car tous mes articles visent a dire une seule chose : c’est dans la conscience que se trouve la faille qui fait le succès du néolibéralisme que nous combattons infructueusement sur des terrains politiques.

A bientôt.

01/11/2022 21:14 par Marco

Pour la traduction en Francais, on peut toujours aller sur le site de l’ambassade russe
https://france.mid.ru/fr/presse/discours_du_pr_sident_russe_vladimir_poutine_lors_du_forum_du_club_valda/

02/11/2022 00:04 par Erno Renoncourt

Cher @ Xiao Pignouf,

Vous ne croyez pas si bien dire : je suis très populaire chez LGS, et je leur dois une fière chandelle. Mes textes sont lus en ha♪9ti parce qu’ils sont publiés sur le site du LGS. Cela peut paraître étrange pour ceux et celles qui ne connaissent pas la complexité de cette petite île : ici on ne vous accepte que si vous réussissez à l’extérieur. ET c’est pourquoi, tous cherchent a fuir et a se projeter dans les reves blancs. Si encore c’était pour venir éclairer le shithole, mais c’est pour l’enfumer davantage.

Je sais que sans LGS, mes articles n’auraient intéressé personne. Et c’est là le drame pour Haïti, car parce que je dis des choses qui dérangent les éditorialistes haïtiens, ils refusent de publier mes textes, mais ils ignorent que je ne cherche pas de la visibilité pour moi, sinon je ne serais pas resté en Haïti. Je cherche à dire à mon collectif ce que mes études, mes recherches, mes lectures m’ont permis de comprendre pour aider les autres à éviter les pièges de l’errance qui apportent des rentes ! ceux qui la structurent.
Franchement, si quelques uns de mes articles ne sont pas publiés ici, je n’ai aucun reproche a adresser à LGS. Je sais qu’il m’arrive d’envoyer par intranquille agitation, 3 versions d’un même texte ....Ce n’est que longtemps après que je m’en rends compte. La cause à un AVC ischémique droit qui me donne souvent des trous de mémoire.....et souvent le stress m’empêche de bien écrire, car je que je pense, je l’écris souvent dans le désordre. C’est comme s’il y a un décalage entre mon esprit et mes doigts qui écrivent. C’est sans doute dû a la petite lésion cérébrale qui ralentit les flux sanguins et d’oxygène...Bref, c’est pas pour me plaindre, car je me porte mieux, dès que je dors beaucoup et fais du sport..... Mais c’est pour dire aux administrateurs du site que je ne fais pas exprès de leur bombarder parfois avec plusieurs versions d’un même texte et avec des fautes..

Cela dit, je vais apprendre à ne pas monopoliser le débat.,...mais, vous savez, je suis un insulaire, et j’ai le délire du verbe ! Dans le gouffre, je cherche simplement à remplir l’espace de mots (d’éloquence) comme rempart contre les maux (d’indigence)....

Tout est dit..

02/11/2022 08:55 par Danael

Cette déclaration de Poutine reflète d’abord le regard critique d’une majorité de Russes qui voient leur pays le plus sanctionné au monde par les mêmes empires qui voulaient exercer leur emprise sur la Russie, puis l’URSS, puis la Russie afin d’imposer leurs lois et dérober la plupart de ses richesses. Cette déclaration reflète aussi la position d’une majorité de pays qui tolèrent de moins en moins les interventions militaires, le chantage et l’exploitation des plus grandes puissances impérialistes aux dépens des besoins et des cultures des populations dans le monde. Au sein des pays occidentaux aussi, des courants politiques et culturels rejettent les valeurs décadentes du néolibéralisme et sa domination asphyxiante pour les classes populaires ainsi que ses effets néfastes pour la biodiversité.
« L’humanité est à la croisée des chemins : soit elle continue à accumuler les problèmes et finit par crouler sous leur poids, soit elle travaille ensemble pour trouver des solutions – même imparfaites, du moment qu’elles fonctionnent – qui peuvent faire de notre monde un endroit plus stable et plus sûr », dit Poutine.

Mais les courants politiques les plus traditionalistes en terme de valeurs et de religions ne sont pas les plus émancipateurs. On ne remplace pas la lutte de classe en la noyant dans un conformisme défensif qui à la longue bloque toute dynamique culturelle, politique et scientifique.
Je me demande si Poutine a aussi pleinement conscience qu’un ordre mondial plus égalitaire et efficace pour les populations et la biodiversité implique de rompre avec le néolibéralisme et la domination des oligarques financiers et industriels en général pour passer à un développement planifié, contrôlé par l’État et des collectifs sociaux autorisés. Autrement dit de passer aussi, concernant la Russie, à un certain socialisme façon russe.
Poutine dit des vérités importantes tout en révélant pas mal ses contradictions et celui de son parti à mon avis, vu ses nombreuses critiques vis-à-vis du passé soviétique et son acceptation du système économique russe en place où domine cependant la présence d’une oligarchie forte suite au dépeçage du pays par des oligarques nationaux et des capitaux étrangers sans scrupules. Même si Poutine a remis en place parfois cette oligarchie quand elle a défié le pouvoir de l’État, elle n’en demeure pas moins un potentiel et un pouvoir de manipulation et de corruption car c’est dans sa nature.

02/11/2022 11:16 par babelouest

Cher Danael, je pense que la solution pour que la lutte des classes n’ait plus de sens, c’est de SUPPRIMER la classe dite "supérieure", d’abolir le système de l’actionnariat, de ne plus avoir que des très petites entreprises, des entreprises moyennes sur la base de la mutualisation (rien que des parts avec un revenu tout symbolique, donnant droit à UNE voix par personne physique – pas de personnes dites "morales" parmi les sociétaires), et enfin des entreprises d’État pour tout ce qui est services publics. Absolument rien d’autre, et même les filiales d’entreprises étrangères devraient être obligées soit de se plier à cette règle (où les plus-values éventuelles devraient obligatoirement rester sur le sol français), soit de fiche le camp immédiatement en laissant les installations en place et intactes pour être remplacées par des coopératives.

On PEUT le faire, ce n’est qu’une question de volonté commune. Bien entendu cela implique la sortie de ce machin branlant et qui coûte cher nommé union européenne : voir articles 61 et 62 de la Convention de Vienne de 1969 sur le droit des traités, qui vu la façon dont le peuple de France a été volé de sa décision du 29 mai 2005 (alors que c’est seulement lui qui a le pouvoir de décision en dernier ressort), peut s’appliquer immédiatement. L’article 50 d’un traité qui a été refusé NE PEUT PAS S’APPLIQUER, quoi qu’en dise Asselineau, qui reste malgré tout un fonctionnaire habitué à obéir aux diktats les plus aberrants, sans accepter d’en apprécier en toute objectivité la pertinence.

08/11/2022 14:23 par Louis

Je n’y ai entendu/lu que Paix.

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