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John Kerry et la règle du "dernier recours" comme source d’optimisme (The Vineyard of the Saker)

En écoutant Kerry aujourd’hui, je suis passé par une série d’émotions assez contradictoires. Tout d’abord, je me suis senti dégoûté, un dégoût qui se transforma en colère, puis à l’émerveillement pur et simple et, à la fin, je me sentais plutôt heureux. Laissez-moi vous expliquer pourquoi.

Tout d’abord, bien sûr, mon estomac se retourne chaque fois que j’entends ce représentant typique de ploutocratie des 1% parler au monde comme s’il était une sorte d’empereur-instituteur en train de gronder une classe d’enfants plutôt bêtes et indisciplinés en leur promettant une fessée. Nous savons tous que des gens comme Obama ou Bush fils ne sont que des marionnettes, une coquille presque vide montrée au public zombifié comme « Le président et commandant en chef », alors qu’en réalité ces gars-là sont avant tout des porte-paroles. Mais pour Kerry, ce n’est pas le cas. Il est de la classe d’un Dick Cheney ou d’un James Baker, pas tout à fait au sommet de la pyramide du pouvoir, mais beaucoup plus haut. Ce sont des gens qui interviennent lorsque la pauvre marionnette paumée fait un gâchis et que certains cerveaux sont nécessaires sur les lignes de front. Je trouve ces gens profondément répugnants (bien que je ne pouvais pas m’empêcher d’admirer de fantastiques talents diplomatiques de James Baker).

Mon dégoût initial s’est transformé en rage quand j’ai entendu Kerry énoncer des mensonges à faire rougir de honte même un politicien. La plupart de ce que Kerry a dit doit être littéralement retournée à 180 degrés pour devenir vraie. Même si j’ai 50 ans et que j’ai vu au fil des ans toutes sortes de mensonges, tromperies, trahisons et mensonges, il y a encore une voix naïve en moi qui s’exclame « comment peut-il dire ça ? » , « Il n’a pas honte ? », « comment peut-il encore se regarder dans un miroir ? ». Je sais. Je suis naïf et idéaliste. Je n’arrive pas à m’y habituer. Même après 50 ans.

Finalement, ma rage s’est transformée en étonnement pur et simple. À ce stade, on était au-delà du bien et du mal, j’étais émerveillé par le culot qu’il faut pour se présenter à la télévision devant le monde entier et dire en substance que la terre n’est pas ronde, mais triangulaire, que 2 +2 = 317 et que le noir c’est du rose avec des points verts. Il a même ajouté qu’il était impossible de virer le noir au gris, que le noir n’était que ça, du noir. A ce moment là, j’étais impressionné.

Et puis, tout à coup, ça m’a frappé. Kerry et les intérêts qu’il représente sont vraiment terrifiés et frustrés. Sa déclaration est une tentative désespérée de faire ce que les juristes appellent la « règle de dernier recours ». Elle s’énonce ainsi : « Si vous avez la loi avec vous, martelez la loi. Si vous avez les faits avec vous, martelez les faits. Si vous n’avez ni la loi ni les faits, martelez la table ». Kerry martelait la table vraiment très, très fort et j’ai réalisé qu’il s’agissait d’un aveu implicite que ni le droit (international ) ni les faits n’étaient de son côté. S’il avait eu les faits ou la loi de son côté, il n’aurait évidemment pas eu besoin de marteler la table.

Sa panique et frustration ont également été montrées lors de son attaque plutôt maladroite contre la chaîne de télévision Russia Today. Voici ce qu’il a dit :

« En fait, le porte-voix de la propagande soutenue par l’état qu’est Russia Today, a été déployé afin de promouvoir - en fait, le réseau Russia Today - a été déployé pour promouvoir les élucubrations du président Poutine sur ce qui se joue sur le terrain. Ils consacrent pratiquement tout leur temps à cet effort de propagande et à déformer les événements en Ukraine. Alors que, au vu et au su de tous, la Russie continue de financer, coordonner, et alimenter un mouvement séparatiste armé à Donetsk. »

Réfléchissez : Russia Today ne diffuse pas en ukrainien ou russe. Il diffuse en anglais, en espagnol et en arabe. La seule chose que RT diffuse en russe sont ses documentaires sur son site dédié : http://doc.rt.com/on-air/ . Il ne s’agit là que d’une petite fraction de ce que la chaîne diffuse réellement et son audience en Russie ou en Ukraine est infime par rapport aux grandes chaînes de télévision russes. Alors pourquoi Kerry s’en est-il pris à Russia Today  ? La réponse est évidente, bien sûr, c’est parce que Russia Today est une chaîne de télévision très populaire en dehors de la Russie ou l’Ukraine. Selon Wikipedia :

« Le signal du réseau est diffusé par 22 satellites et plus de 230 opérateurs, et accessible à quelques 644 millions de personnes dans plus de 100 pays. Russia Today America est accessible à 85 millions de personnes aux États-Unis. En 2011, elle a été la deuxième chaîne étrangère la plus regardée aux États-Unis, derrière BBC World News, et la première chaîne étrangère dans cinq grandes zones urbaines des États-Unis en 2012. Elle est également très populaire parmi les jeunes Américains, les étudiants d’universités américains, et dans les centres-villes des États-Unis. En 2013, RT est devenue la première chaîne d’information de l’histoire à atteindre 1 milliard de vues sur YouTube. Selon Broadcasters’ Audience Research Board, entre 2,2 et 2,3 millions de Britanniques ont réglé leurs téléviseurs sur RT au cours du second semestre de 2012, ce qui en fait la quatrième chaîne d’informations en continue en Grande-Bretagne, derrière BBC News, Sky News et Al Jazeera en anglais. »

Rappelez-vous l’aveu franc de Walter Isaacson , président de la Broadcasting Board of Governors, qui a ouvertement déclaré que,

« Nous ne pouvons pas nous permettre d’être dépassés en termes de communication par nos ennemis, vous avez Russia Today, Press TV Iran, TeleSUR au Venezuela, et bien sûr, la Chine qui lance une chaîne d’informations en continue avec des correspondants dans le monde entier et aurait [a] investi entre $ 6 et10 milliards de dollars - nous devons montrer ce chiffre à Capitol Hill [congrès US - NdT] - pour étendre leurs activités dans les médias à l’étranger. »

Et voilà. Le problème n’est pas que Russia Today sème l’agitation en l’Ukraine orientale, le problème est que, grâce à Russia Today, les gens en Occident commencent à voir à travers la propagande officielle ! Voilà la vraie raison de l’explosion frustrée de Kerry.

Donc, pour résumer les choses :

  1. La loi n’est pas du côté de Kerry.
  2. Les faits ne sont pas du côté de Kerry.
  3. Les gens en Occident commencent à voir à travers les mensonges de la machine de propagande.
  4. L’Empire n’y peut rien.

S’il fallait encore une confirmation, elle est venue aujourd’hui avec l’incroyable performance de Mark Levine à l’émission CrossTalk. (...)

Levine a transformé l’émission CrossTalk [conversations croisées – NdT] en CrossShout [cris croisés – NdT], au cours d’un nouvelle démonstration de « martèlement du poing sur la table ». Pourquoi ? Pour les mêmes raisons que Kerry. C’est désormais tout ce qui lui reste.

Depuis que Poutine est arrivé au pouvoir, la Russie ne joue plus selon les règles édictées par l’Empire. Que ce soit en Syrie ou en Ukraine, la Russie a très délicatement mais fermement repoussé la ploutocratie Anglosioniste internationale et desserré son emprise sur la planète et ceci se reflète directement dans la rage impuissante de Kerry et ses collègues des 1%.

Ce qui constitue, je pense, une très bonne nouvelle.

Salutations

The Saker

http://vineyardsaker.blogspot.fr/2014/04/john-kerry-and-last-resort-rule-as.html

Traduction « bis repetita : ceux qui observent le monde uniquement à travers les médias (occidentaux) parlent d’un monde qui n’existe pas. D’où la difficulté de communiquer avec eux » par Viktor Dedaj pour le Grand Soir avec probablement toutes les fautes et coquilles habituelles.

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