RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

La démonstration par l’absurde et le covid- 19

La démonstration par l’absurde et le covid-19

« Hélas dit la souris, le monde devient plus étroit chaque jour. Il était si grand autrefois que j’ai pris peur, j’ai couru, j’ai couru, et j’ai été contente de voir enfin, de chaque côté, des murs surgir à l’horizon ; mais ses longs murs courent si vite à la rencontre l’un de l’autre que me voici déjà dans la dernière pièce, et j’aperçois là-bas le piège dans le lequel je vais tomber.
– Tu n’as qu’à changer de direction , dit le chat en le dévorant. »
(Franz Kafka, La fable de la souris)

En Mathématiques, pour démontrer qu’une affirmation est fausse, on utilise parfois le raisonnement par l’absurde. On suppose que la dite proposition est vraie et en suivant un cheminement logique tout en s’appuyant sur des vérités démontrées, on aboutit à une contradiction. Est-il possible de faire de même face aux affirmations des responsables politiques, des experts et des technocrates ?

Avant le covid-19

Le 15 juin 2017, le Président Macron affirma que « nous ne devons plus essayer d’adapter nos systèmes par des réformes... ça ne marche plus. Ce que nous avons à conduire ensemble, c’est une révolution en profondeur de nos modèles : nos modèles de pensée, nos organisations économiques et sociales, nos façons de nous comporter. »(1)

Dans le viseur des propos présidentiels : la protection sociale et sanitaire dont le système social des retraites hérité du Conseil national de la résistance (CNR), les services publics de transports dont la SNCF. Et l’Education nationale qui est, en théorie du moins, la fondation sur laquelle se construisent les biens communs cités ci-dessus. En premier lieu, la pensée et non « nos modèles de pensée. »

Il n’est pas inutile de préciser que le modèle économique et social que défend Emmanuel Macron est le même que celui défendu par ses prédécesseurs. Un modèle en parfaite harmonie avec le système idéologique néo-libérale mondialisé. Seul le rythme de sa mise en application a changé au cours du temps. Un rythme fonction de la variable résistance sociale et politique. Mais en ne mettant pas en cause le fondement même de son existence, à savoir la propriété privée, la résistance sociale et politique ne peut que ’’ ralentir’ ’ sa mise en application et ’’ adoucir " ses effets.

Tout se passe comme dans la fable de La Fontaine. Le loup a permis à l’agneau de s’exprimer librement et de défendre son point de vue mais cela n’a pas sauvé l’agneau pour autant.

Juin 2017 : grève des cheminots...Novembre 2018, mouvement des gilets jaunes. Depuis décembre 2019, grèves et manifestations : réforme des retraites...Privatisation de la SNCF ...Aéroport de Paris...Réforme pour ’’ démanteler ’’ le mammouth, à savoir l’Education nationale... Grèves dans le milieu hospitalier. Quel que soit le service public d’où surgit le mécontentement social, les mêmes revendications : créer des emplois, combattre la précarité, améliorer les services, renforcer la protection sociale, défendre l’enseignement public...

Bref, défense du Bien commun face aux marchés financiers...Et puisqu’en mars 2020, les femmes et les hommes travaillant dans la santé mènent une bataille sans merci contre le covid-19, il est normal de rappeler leurs cris d’alarme. Au hasard :

_’’ L’heure n’est plus aux mesures palliatives, mais à de vraies actions efficaces, menant à la sécurité et à la qualité dans les soins prodigués aux patients. ’’
– ’’ Recrutement de 10 000 paramédicaux pour les urgences. ’’
—  L’Hôpital est mort, réanimez-le !

Pourtant, un an avant, le 23 octobre 2018, le Président déclara solennellement que « la priorité de l’année qui vient est simple : nous devons construire l’Etat providence du XXIe siècle... Un Etat providence émancipateur, universel, efficace, responsabilisant, c’est-à-dire couvrant davantage, protégeant mieux, s’appuyant aussi sur les mêmes droits et les mêmes devoirs pour tous. » (2)

Nulle contradiction entre la volonté présidentielle affichée en 2018 et les revendications économiques, sociales et culturelles exprimées par les salariés. Pourtant le mécontentement social a perduré. Un mécontentement social exprimé par des femmes et des hommes qui, peut-être, n’ont pas le sens de la formule, mais la réalité du terrain leur suffit pour prendre conscience que le Bien commun est dans un processus de démantèlement et de marchandisation.

Mais qui avait raison ?

De Bucarest, le 25 août 2017, le président Macron avait déjà répondu : « ... Il faut lui expliquer où on va, et il faut lui proposer de se transformer en profondeur... »(3) . ’’ Lui ’’ étant le peuple français !

Ainsi tous les ministres se sont armés pédagogiquement et se sont mis en branle-bas de combat pour expliquer... Comme par exemple, l’ancien secrétaire d’État auprès du Permier ministre Benjamin Grivaux qui, pour convaincre que le pouvoir d’achat avait augmenté, affirma sans sourciller que « moins plus moins, cela fait plus. » Et il paraît qu’il faut être mathématicien pour savoir que « moins plus moins, cela fait encore moins. »

Entre parenthèses, un précaire illettré sait que cela relève du bon sens et si démonstration, il faut, un raisonnement par l’absurde est tout indiqué !

Ainsi les responsables politiques avec leurs idéologues adoptèrent et adoptent toujours la posture du professeur : j’ai raison et l’autre ne comprend pas donc il faut que j’explique... Ils ne disent jamais : il faut que je démontre... Car ils pensent qu’ils savent mais ils ne savent pas qu’ils croient !

...Avec le covid-19, une démonstration par l’absurde...

Enfin, arrive le 12 mars 2020 et j’entends le Président s’adressant au peuple français en ces termes : « ce que révèle d’ores et déjà cette pandémie, c’est que la santé gratuite sans condition de revenu, de parcours ou de profession, notre Etat-providence ne sont pas des coûts ou des charges mais des biens précieux, des atouts indispensables quand le destin frappe. Ce que révèle cette pandémie, c’est qu’il est des biens et des services qui doivent être placés en dehors des lois du marché. » (4)

Rien à ajouter ! Car, comme rappelé ci-dessus, c’est ce que défendaient et défendent les salariés en général et, en particulier, ceux du service public.

Souveraineté, réindustrialisation, nationalisation des grands moyens de production... Bravo, monsieur le Président. Mais encore faut-il que de telles mesures ne soient pas temporaires... Au service de l’oligarchie financière... C’est le combat idéologique et politique à venir !

...Et sur le plan international

Le 12 mars 2020, le président Macron a utilisé le mot guerre.
Oui, l’Etat français est en guerre mais le champ de bataille n’est nullement la France et encore moins, les hôpitaux !

L’Etat français est en guerre en tant que soutien logistique et vendeur d’armes à la coalition menée par l’Arabie saoudite contre le peuple yéménite. Un peuple vivant à huis clos un drame humanitaire et sanitaire d’une grande ampleur. En guerre en Syrie, sous couvert de responsabilité de protéger sous étendard Otanien... Protégé comme l’est le peuple libyen !...Irak...Liban...Iran. Mais confinée dans l’Otan, la politique internationale française se résume en deux verbes : Il décide et j’obéis tout en faisant semblant d’être souverain... Quant au peuple palestinien vivant sous occupation et dans une prison à ciel ouvert, il est, si j’ose écrire, durement ’’confiné’’ par le colonialisme israélien depuis 1948.

Non ! Nous ne sommes pas égaux face au covid-19.

Enfin pour conclure, le Covid-19 agit tel un Big-Brother invisible. Il a imposé à l’animal humain une pause y compris aux puissants qui croient que sans eux la terre ne serait pas ronde. Il revient à chacun de nous de mettre à profit cette pause pour enrichir notre part d’ humanité. Et de la mettre au service du Bien commun... A commencer par changer de direction.

(1)https://www.lefigaro.fr/vox/economie/2017/06/27/31007-20170627ARTFIG00...
(2)https://www.lemonde.fr/politique/article/2018/10/23/etat-providence-in...
(3)https://www.lefigaro.fr/politique/le-scan/2017/08/25/25001-20170825ART...
(4)https://www.elysee.fr/front/pdf/elysee-module-15339-fr.pdf

3/04/2020

URL de cet article 35950
  

Le « populisme du FN » un dangereux contresens, d’Annie Collovald et Guerre aux chômeurs ou guerre au chômage, d’Emmanuel Pierru
DIVERS
Récemment apparues, les éditions du Croquant, issues d’une dissidence des héritiers de Pierre Bourdieu, publient des ouvrages riches, au coeur des problèmes sociaux actuels et offrant un regard juste et pertinent. Deux d’entre eux ont particulièrement retenu notre attention : Le « populisme du FN » un dangereux contresens A travers cet ouvrage, Annie Collovald a voulu déconstruire et remettre en cause le terme de « populisme » qui sert aujourd’hui d’explication au succès électoral du Front national. (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

"Bon, j’imagine que vous ne pouvez tout de même pas tuer vos subordonnés"

seule réponse fournie par les élèves d’une école de commerce de Philadelphie
lorsque le professeur demanda à ses élèves de lui donner un exemple de
comportement repréhensible dans une entreprise.

Cité par Serge Halimi, dans le Monde Diplomatique de février 2005, page 2

Reporters Sans Frontières, la liberté de la presse et mon hamster à moi.
Sur le site du magazine états-unien The Nation on trouve l’information suivante : Le 27 juillet 2004, lors de la convention du Parti Démocrate qui se tenait à Boston, les trois principales chaînes de télévision hertziennes des Etats-Unis - ABC, NBC et CBS - n’ont diffusé AUCUNE information sur le déroulement de la convention ce jour-là . Pas une image, pas un seul commentaire sur un événement politique majeur à quelques mois des élections présidentielles aux Etats-Unis. Pour la première fois de (...)
23 
La crise européenne et l’Empire du Capital : leçons à partir de l’expérience latinoaméricaine
Je vous transmets le bonjour très affectueux de plus de 15 millions d’Équatoriennes et d’Équatoriens et une accolade aussi chaleureuse que la lumière du soleil équinoxial dont les rayons nous inondent là où nous vivons, à la Moitié du monde. Nos liens avec la France sont historiques et étroits : depuis les grandes idées libertaires qui se sont propagées à travers le monde portant en elles des fruits décisifs, jusqu’aux accords signés aujourd’hui par le Gouvernement de la Révolution Citoyenne d’Équateur (...)
Le DECODEX Alternatif (méfiez-vous des imitations)
(mise à jour le 19/02/2017) Le Grand Soir, toujours à l’écoute de ses lecteurs (réguliers, occasionnels ou accidentels) vous offre le DECODEX ALTERNATIF, un vrai DECODEX rédigé par de vrais gens dotés d’une véritable expérience. Ces analyses ne sont basées ni sur une vague impression après un survol rapide, ni sur un coup de fil à « Conspiracywatch », mais sur l’expérience de militants/bénévoles chevronnés de « l’information alternative ». Contrairement à d’autres DECODEX de bas de gamme qui circulent sur le (...)
103 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.