"...Parce que j’ai pris conscience du fait que cela ne pouvait exister qu’à travers mille formes de complicité. Peut-être qu’à ma manière je participe au complot du grand décervelage..."
Un peu de découragement, beaucoup même. Nous sommes tous encore assommés par cette défaite.
Mais votre article pose aussi le problème médias.
Les médias sont, par nature, fait pour imposer. Le discours qu’ils véhiculent le mieux est simple et imagé au maximum.
Ainsi toute parole analytique n’y passe pas, parce que le fait qu’il y ait analyse contrevient, obliquement ou directement, à l’imposition que les médias opèrent.
Si une analyse réussit à passer, elle n’est pas recevable, ou peu, par quelques-uns, parce que la forme du discours analytique est rendue incongrue et obsolète par le flot de propos raccourcis, simplistes, affectives seulement qui se promènent à longueur de temps dans les médias.
C’est une contradiction majeure pour un discours de gauche qui a nécessité de déconstruire et de proposer des alternatives, forcément différentes, forcément à réfléchir, parce que construire du lien, de l’échange, de la société est bien plus difficile.
Bien plus difficile que de répéter le même, que de laisser aller, ou d’adapter mesures, postures et réflexions à la forme médiatique.
La contradiction vient de cette opposition entre un projet de gauche et le passage qu’il doit réaliser au travers des médias.
Pour le moment, naturellement, nous sommes perdants. Les médias tels qu’ils sont nous refusent, nous sabrent, nous dénaturent, nous et nos projets. C’est leur nature de le faire.
Ainsi, il faut que la gauche pense et mette en place d’autres médias qui permettent l’échange, la construction commune de paroles égales dans leur statut et dans la réponse qu’elle se donnent.
Pratiquement, les télés associatives, radio et autres...Mais nous retombons dans le problème de départ : médias dominants il y a, aux formes esclusives, aux contenus qui baignent l’ensemble de la société.
Comment faire autre chose, autre chose qui se fasse entendre et reconnaître, investir et prendre en charge par une majorité, ou du moins une fraction significative, pour une transformation sociale ?...
Je n’ai pas la solution, malheureusement.