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Le cas DIEUDONNE

Comment le militant antiraciste marqué à gauche qu’était Dieudonné dans la seconde moitié des années 1990 en est-il arrivé là  ? Au cours des années 2000, lors de son combat pour la reconnaissance et la mémoire de l’esclavage des Noirs, il se lance dans une logique de concurrence entre les victimes de l’esclavage et celles de la shoah. Progressivement, Dieudonné va se réapproprier tous les clichés et les thèmes traditionnels d’un antisémitisme qu’il masquera par un engagement « antisioniste », « les Juifs » deviennent les seuls boucs émissaires de la souffrance des Noirs, du « Dieu argent », et de la « pleurniche internationale ». Assez logiquement, Dieudonné en vient à fréquenter l’extrême droite qu’il avait autrefois combattue : le cap du symbolique est franchi lorsqu’il se rend la même année à la fête du Front National, où sa rencontre avec Le Pen est orchestrée sous l’oeil des caméras…

Cette « reconversion » de Dieudonné aboutit au printemps 2009 à la constitution de la Liste Antisioniste, conglomérat de négationnistes, d’intégristes chiites, de complotistes, de catholiques traditionalistes, de « rouges-bruns », sous la houlette de Yahia Gouasmi et d’Alain Soral, alors fraîchement éconduit de la liste du FN dont il convoitait la première place. Se drapant sous la bannière de l’antisionisme, l’objectif est, en recyclant de vieilles thématiques d’extrême-droite aux cotés de « représentants » de communautés minoritaires et discriminées (Dieudonné pour les Noirs, Gouasmi pour les musulmans), de les diffuser auprès de franges de la population à priori hostiles à l’extrême-droite « traditionnelle », notamment dans certaines banlieues, et de semer une confusion dans des repères politiques qui n’en avaient déjà pas besoin.

A différentes occasions on a pu noter dans son entourage la présence de l’anglo-australienne Michelle Renouf, qui, est très active dans le soutien judiciaire aux négationnistes, ou de Peter Rushton, figure de l’extrême droite britannique la plus radicale, Charles Alban Scheppens (ancien cadre du Renouveau Français), ou Thomas Werlet, dirigeant du Parti Solidaire Français, l’ancienne « Droite socialiste » dont plusieurs membres furent impliqués dans une fusillade contre des habitants d’une cité de l’Essonne en Juin 2008. Parmi les désormais vieilles connaissances de Dieudonné on retrouve : Frédéric Chatillon, ancien chef du GUD (duquel sont issues Unité Radicale, groupuscule auquel appartenait Maxime Brunerie, puis les Identitaires), un des principaux diffuseurs d’écrits révisionnistes au Moyen-Orient…

Le 11 novembre 2004, Dieudonné rencontre quatre rabbins de « Neturei Karta » qui prônent une conception très stricte de la loi religieuse juive orthodoxe. Dieudonné rencontre Hugo Chavez en 2006, déclarant : « A mes yeux, Hugo Chavez est le chef de la résistance mondiale à l’impérialisme américain ». En novembre 2009, en déplacement à Téhéran pour assister à un festival du court-métrage, Dieudonné a été reçu par le président iranien Mahmoud Ahmadinejad. En mars 2011, Dieudonné se rend en Libye, « pour rencontrer le colonel Kadhafi, afin de protester contre l’agression occidentale ».

Dieudonné entretient-il seulement la confusion comme certains de ces « fans » le disent, allant jusqu’à l’absurde de l’image que les médias on fait de lui ? S’agit-il d’une provocation permanente ? S’est-il engagé dans une fuite en avant avec l’impossibilité de faire demi-tour ? A-t-il eut l’impression d’être trahi, incompris et s’est-il enfermé dans un personnage ? A-t-il été récupéré par la mouvance négationniste et complotiste de l’extrême droite ? Toujours est-il que l’humoriste a même été agressé physiquement, preuve que Dieudonné concentre sur lui tous les extrêmes.

Dieudonné cultive l’ambiguïté, avec un jeu morbide, basé sur la concurrence entre les victimes noires opposées aux victimes de la shoah. Il reste cependant un acteur exceptionnel, dommage qu’il n’utilise pas son talent à bon escient, car il reste une bête de scène lorsqu’il aborde d’autres sujets que le « lobby juif ». Alors, Dieudonné, manipulé, manipulateur ou vulgaire « rouge-brun » ?

« En attendant, c’est vrai que l’on s’interroge et l’on se demande s’il a même conscience de son obsession. En plus il a fait des adeptes comme un gourou dans une secte. Franchement on regrette tous le temps où il nous faisait rire de sujets graves sans malaise ! « …SAID

Publié sur Conscience Citoyenne Responsable

http://2ccr.unblog.fr/2012/01/26/le-cas-dieudonne/

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COMMENTAIRES  

01/02/2012 06:19 par un homme qui passe

La vie est faite de nuances. Dès qu’on commence à catégoriser sur la base d’entités fabriquées par les tenants du vrai pouvoir sans nuancer, on est dans l’erreur. Qui est l’extrême droite ? Je donne ma langue au chat pour celui qui saurait me répondre. Pour le savoir avec certitude, il n’existe qu’un moyen qui n’est même pas souhaitable. Il faut que la France rentre dans une crise aiguë à la limite d’une faillite totale, et là vous allez voir le vrai pouvoir avec qui il va se mettre pour défendre ses privilèges. Je vous le donne en mille, ça serait avec l’extrême droite. Ainsi tout le monde serait fixé de qui est vraiment de l’extrême droite ou pas. La plupart de ceux qu’on désigne d’extrême droite à l’heure qu’il est, s’avéreront ne pas l’être du tout et la plupart de ceux qui s’en prennent à l’extrême droite actuelle, s’avéreront l’être. L’extrême droite est une notion volatile, comme le sont les notions de droite et de gauche. La véritable extrême droite est à droite actuellement parce qu’elle est au pouvoir et que ses privilèges ne sont pas vraiment menacés ni par la droite qui se dit de droite, ni par la droite qui se dit de gauche et encore moins par la droite qu’on dit de l’extrême droite. Quant à toujours nous présenter le cas de l’Allemagne avec le nazisme et autres avec le fascisme comme des cas d’école, c’est faire dans l’esbroufe. Ils ne sont pas des cas d’école mais des cas historiques spécifiques et intimement lié à l’histoire de l’Europe et non pas de l’humanité toute entière qui avait à en souffrir sans mot dire.

03/02/2012 10:59 par gérard

@un homme qui passe

La vie est faite de nuances. Dès qu’on commence à catégoriser sur la base d’entités fabriquées par les tenants du vrai pouvoir sans nuancer, on est dans l’erreur.

Que la raison critique vous entende !
J’adhère complètement à tous vos propos,...mais ce n’est pas facile à gérer !
On ne peut pas admettre le parcours et les fréquentations de Dieudonné, il est des "cases" insupportables !
...On se dit alors:quels gâchis !

Quant à toujours nous présenter le cas de l’Allemagne avec le nazisme et autres avec le fascisme comme des cas d’école, c’est faire dans l’esbroufe.

Je dirais oui, mais tel que cela nous a toujours été présenté : la SA et Röhm d’un côté, la Wehrmacht, la SS, et déjà le complexe militaro-industriel ( les financiers et industriels allemands mais pas que allemands ) de l’autre, comme étant les même composants d’un seul et même mouvement : le nazisme donc l’extrême droite... C’est faire une analyse trop rapide des causes profondes de "la nuit des longs couteaux" :

La véritable extrême droite est à droite actuellement parce qu’elle est au pouvoir et que ses privilèges ne sont pas vraiment menacés ni par la droite qui se dit de droite, ni par la droite qui se dit de gauche et encore moins par la droite qu’on dit de l’extrême droite.

Et là je souscris encore totalement !
La Wehrmacht, mais plus précisément son haut commandement, ainsi que les industriels se sont vus menacés par la SA : Röhm et la SA attendaient des réformes sociales et contestaient les pouvoirs des "puissances de l’argent" ! Ils étaient devenus l’ennemi de la VRAIE extrême droite...La "nuit des longs couteaux" a résolu le problème : plus de SA, et la voie était libre pour le premier complexe militaro-industriel de l’Histoire !

Nous sommes exactement dans le même cas de figure : les partis d’extrême droite d’Europe entre autre, sont équivalent à la SA, et pour la plupart de leurs composants....des ennemis de ce que je résumerais par "Système".
Comme, compte tenu des énormes divergences qui nous séparent, la fameuse équation mathématique, " les ennemis de nos ennemis sont nos amis" ne peut en aucun cas s’appliquer, je dirais trivialement : c’est le bordel !

il n’existe qu’un moyen qui n’est même pas souhaitable. Il faut que la France rentre dans une crise aiguë à la limite d’une faillite totale,

L’Occupation allemande de 1940 fut une situation de crise aigüe et de faillite totale. On a pu voir clairement le clivage entre le monde des Affaires...qui a continué à faire des affaires...et les autres avec même des gens de droite, et même des royalistes qui sont peu ou prou entrés en résistance.
L’Histoire étant parait il "un éternel recommencement"...il faut entrer en résistance, et le seul qui le déclare ouvertement, c’est Mélenchon.
Peut-être que Dieudonné n’aurait pas rejoint la "SA" si un mouvement comme le FdG avait eu cet ampleur, peut-être....C’est vraiment "un Cas" Dieudonné !

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