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Le CRIF et la Dépêche du Midi ligués contre Georges Ibrahim Abdallah.

L’histoire est parfois une engeance qui a de la mémoire. Ce qui est imprimé sur le papier a encore la vie longue.

Dans cet esprit, on ne se lasse pas de relire quelques articles parus dans des journaux aussi inoffensifs que Le Monde et Libération. Par exemple en 2014 au moment de la mort d’Evelyne Baylet, la tsarine toulousaine du quotidien La dépêche du Midi. Donc à l’heure de sa « nécro », on pouvait lire dans ces deux feuilles nationales quelques mots qui nous réjouissent, comme un horloger qui met sa pendule à l’heure.

Libé tire le premier : « René Bousquet est entré à la Dépêche du Midi en 1962. Evelyne Baylet pouvait difficilement ne rien savoir de son passé de secrétaire général de la police du maréchal Pétain. Jean Baylet avait siégé en 1949 au tribunal qui a puni René Bousquet de cinq ans de privation de droits civiques au motif d’intelligence avec l’ennemi ».

Puis Le Monde arrive avec son art raffiné des coups de pieds donnés en vache : « Evelyne-Jean Baylet s’installe rue Bayard à Toulouse dans le bureau de PDG du journal qu’elle dirigera d’une main de fer pendant près de 40 ans. Cette même année 1959, celle qui deviendra pour tous les salariés du journal – journalistes, employés, ouvriers et cadres – « la patronne », appelle à ses côté René Bousquet. L’ancien chef de la police de Vichy, ami de François Mitterrand, devient l’administrateur du journal auquel il imprime une ligne éditoriale très antigaulliste. En 1965, lors de la campagne pour l’élection présidentielle qui oppose le leader socialiste au général de Gaulle, La Dépêche soutiendra sans coup férir le premier ».

Ah qu’il est doux de se rafraichir les idées sous cette douche de Bousquet, de savoir par quel chas la liberté de la presse a dû passer pour, enfin triompher dans les colonnes de La Dépêche...

Si j’en reviens à ce passé, celui du bourreau français et du journal qu’il a administré, c’est que La Dépêche du Midi vient de s’illustrer dans un admirable exercice de repentance. Sans doute pour rattraper les anciens errements d’Evelyne – qui pour trop avoir servi du velouté aux truffes à un nazi français a fini par le confondre avec Jaurès- – pousse sur le tard à rectifier le tir ; et choisir aujourd’hui de donner corps aux mensonges du CRIF. Saluons ! La repentance est salutaire et l’oxymore figure obligée pour qui veut rejoindre ce paradis où Hollande et BHL ont déjà étalé leurs serviettes de plage.

Ce rappel à l’histoire est nécessaire puisque nous allons évoquer la dernière saillie du journal de l’amusant Jean-Michel Baylet, fils de sa mère. Un considérable leader qui a quand même obtenu 0,64% des voix en 2011 lors du scrutin qui, à « gauche », a désigné le candidat à la présidence de la République.

Ainsi, le 26 janvier dernier, Utopia la chaine fraternelle du cinéma intelligent, met sa salle de Toulouse à la disposition d’associations. L’objectif de ces militants est de projeter le film Après la guerre c’est toujours la guerre, un documentaire réalisé en 2008. Après le spectacle il est prévu de discuter du sort de George Ibrahim Abdallah, un libanais retenu en prison par la France depuis 32 ans. Dans une démocratie, même engrossée au cassoulet, on pourrait admettre que cette soirée à Utopia est l’expression bien normale de la libre parole... Pas du tout. La veille de la réunion-débat, Utopia est puni, attaqué par des démocrates nocturnes qui vandalisent ses portes. Bilan, 4000 euros de dégâts. Bref, la salle est chaude.

Le 29 février, le Crif fait enfin entendre la sagesse et ses grandes orgues. Grâce aux colonnes ouvertes et complaisantes de La Dépêche, les gardiens du communautarisme peuvent faire prospérer leurs mensonges. Selon le Crif, la projection de ce film « est une manifestation de soutien à un terroriste qui frôle dangereusement avec l’apologie du terrorisme... Quelles seront les prochaines étapes ? Des manifestations de soutien à Mohammed Merah, des cagnottes pour Y. Foufan (sic), un film sur le destin tragique des Kouachi ?... Il est intolérable qu’un cinéma d’art et d’essai se fasse le porte-voix de cette idéologie mortifère ». Merci au Crif : en panne de Télérama on a parfois du mal à distinguer entre les films permis et les interdits. Désormais, pour rester dans les clous, avant de nous plonger dans la pénombre d’une salle de ciné, nous irons consulter Franck Touboul, le patron communautariste de la Ville rose. Une chose est claire, Touboul n’aime pas Après la guerre c’est toujours la guerre, eh bien c’est noté !

La question centrale reste donc celle des sottises et mensonges de nos amis du Crif. En quoi l’organisme religieux est-il habilité à se prononcer sur le sort d’Abdallah ? Parce que ce dernier a été (injustement nous le verrons plus loin) condamné pour « complicité » d’assassinat contre deux agents secrets (CIA-Mossad) séjournant en France, l’un américain, l’autre israélien.

Pourtant, même si c’est son droit, et qu’il est légitime que le Crif proteste contre la pluie quand les nuages abusent, il n’est pas légitime de se prononcer sur le décès, en France, d’un attaché militaire étranger. Ou alors le Crif doit protester aussi contre tous ces fonctionnaires de l’OLP assassinés dans l’hexagone au cours de l’histoire. A notre connaissance jamais Abdallah n’a été incriminé pour avoir été associé à un crime raciste. Pourquoi alors, sauf à construire une théorie du complot, comparer le chrétien Abdallah à Merah, à Foufana (sic) ou aux Kouachi ? On ne comprend rien, sauf à épouser les desseins de la politique d’Israël.

Pourquoi cet activisme pour le compte d’un pays étranger ? Nous allons vous le dire. Parce que depuis qu’Abdallah est en prison (1984), il existe une conjuration américano-israélienne qui agit de concert, et avec tous ses relais, pour que le marxiste libanais reste en prison. Cette pintade d’Hillary Clinton, Wikileaks nous le montre, a elle-même agi auprès de Valls et de Hollande afin que le natif du pays des cèdres reste à l’ombre. Faut-il ajouter que nos deux gouvernants, sur le sujet parfois plus radicaux que Natanyahou lui-même, n’avaient pas besoin des conseils de la rivale de Monica Lewinski. Un ami magistrat nous a lâché cette remarque : « Dans le passé ce sont les ambassadeurs des Etats-Unis et d’Israël qui se rendaient dans les ministères, maintenant c’est l’inverse, ils vont aux ordres ».

Et Abdallah dans tout cela, juridiquement libérable depuis 2012 et qui entame pourtant sa sixième année de « rab », quelle est son histoire ? Elle est simple. En 1982 Ray, agent étasunien et Barsimentov, agent israélien sont assassinés en France. En 1984, accusé d’être le cerveau de ces crimes revendiqués par les Fraction Armées Révolutionnaires Libanaises (FARL), George Ibrahim Abdallah est arrêté. En 1986, alors qu’il est à la Santé, Abdallah est illégalement extrait de sa cellule par des agents de le DST qui le torturent. Le libanais est prié de fournir des informations sur des attentats qui terrorisent les rues de Paris, dans lesquels il ne peut rien avouer puisqu’il ne sait rien de cette vague commandée par l’Iran....

Dans la foulée, le SDECE, service secret français parvient à fournir à Abdallah un avocat qui est d’abord l’un de ses agents ! Vive la défense libre. Enfin, et c’est le clou, lors du procès l’accusation se montre fière d’avoir trouvé une valise miraculeuse. Elle contient à la fois l’arme utilisée pour tuer Ray et Barsimentov et une bouteille de Corrector portant les empreintes d’Abdallah. La cause est entendue. Timide et prude, l’accusation glisse toutefois sur le fait que, dans cette même valise, on trouve aussi l’exemplaire d’un journal qui date d’après l’incarcération du militant révolutionnaire... Visiblement celui qui a fabriqué une fausse preuve a été maladroit. Pas grave, en 87 Abdallah est condamné à la perpétuité. Aujourd’hui le prisonnier de Lannemezan a donc bien plus le statut d’otage que de détenu.

Tout cela n’est pas très grave. Au pays de l’affaire Calas, avec le temps, on s’est habitué à faire lit commun avec l’erreur.

Pour vous éviter des cauchemars en ces temps difficiles, voici le réconfortant communiqué de citoyens qui, eux, ne se sentent pas représentés par le Crif, ceux de l’Union Juive Française pour la Paix :

« Ainsi, lutter contre l’antisémitisme à Toulouse pour le CRIF et la LICRA, c’est soutenir, de fait, ceux qui confondent délibérément la démarche citoyenne de la campagne BDS (Boycott Désinvestissement Sanctions tant qu’Israël ne se conforme pas au droit international) avec l’assassinat d’enfants devant leur école.
L’Union Juive Française pour la Paix est totalement solidaire de l’équipe d’Utopia comme de la campagne pour la libération de Georges Ibrahim Abdallah et remercie Utopia de poursuivre inlassablement son travail d’éducation culturelle et citoyenne »
.

Faut-il ajouter que, sans doute médusée par le poids de son passé, La Dépêche oublié de donner la parole à toute autre vérité que celle du Crif. Pas un mot de réponse accordé aux associations « pro-palestiniennes » et « pro-Abdallah », celles qui ont convié les toulousains à assister à cette soirée de la liberté. Bien fait !

Jacques-Marie BOURGET

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Les éditocrates - Mona Chollet, Olivier Cyran, Sébastien Fontenelle, Aude Langelin
Vous les connaissez bien. Leur visage et leur voix vous sont familiers. Ils signent tous les jours un éditorial dans la presse écrite ; ils livrent une chronique chaque matin sur une antenne de radio ; ils occupent les plateaux des grandes - et des petites - chaînes de télévision ; chaque année, voire plusieurs fois par an, leur nouveau livre envahit les tables des librairies. « Ils », ce sont les « éditocrates ». Ils ne sont experts de rien mais ils ont des choses à dire sur (presque) (…)
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